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me en 1692 ; & il faut joindre à cette lecture, celle de l’article de Fontevraud dans la derniere édition du Dictionnaire de Bayle. (D. J.)

FONTICULE, s. m. (Chirurgie.) petit ulcere artificiel pratiqué par le Chirurgien en différens endroits du corps, soit pour prévenir une maladie qu’on prévoit avec certitude, soit pour rétablir la santé. Le mot de cautere dont on se sert communément dans le même sens, est bien moins propre que celui de fonticule, parce qu’il est équivoque, & qu’il signifie généralement ou un fer rouge, ou un remede corrodant & caustique.

Les Chirurgiens en pratiquant un fonticule, se proposent d’imiter la nature qui produit quelquefois d’elle-même des ulceres de cette espece, par lesquels elle chasse comme par des égouts les matieres surabondantes ou viciées, qui ne manqueroient pas sans ce secours de causer des maladies fâcheuses.

Les parties du corps où l’on ouvre le plus communément & le plus commodément ces ulceres artificiels, sont 1°. la partie supérieure de la tête ; 2°. le cou ; 3°. les bras sur lesquels on choisit la partie la plus basse, ou l’extrémité du muscle deltoïde & du biceps ; 4°. les parties inférieures du corps, particulierement le genou, le côté intérieur de la cuisse, à l’endroit où il y a une cavité qu’on apperçoit au doigt ; 5°. enfin le dessous du genou, c’est-à-dire le côté intérieur de la jambe où l’on remarque une espece de cavité.

La plus courte méthode de former un fonticule, un ulcere artificiel, est celle où après avoir marqué l’endroit qu’on veut cautériser, on tient la peau élevée avec les doigts, & on fait avec le bistouri une incision dans laquelle on puisse aisément introduire un pois. Lorsque le pois est placé, on le couvre d’un emplâtre ; ensuite on leve cet appareil soir & matin, on nettoye l’ulcere, on introduit un nouveau pois, & l’on applique de-rechef l’emplâtre & le bandage. En peu de jours le petit ulcere se trouve formé, & jette une humeur purulente.

Une autre maniere de former un fonticule, est d’ouvrir la peau avec un fer rouge : cette seconde méthode est effrayante, mais elle produit surement quand elle est nécessaire, une révulsion considérable. Une troisieme maniere de cautériser, c’est de se servir d’une substance rongeante & caustique. Voyez Cautere & Caustique.

De quelque maniere que le petit ulcere ait été pratiqué, il en faut faire le pansement tous les jours, & quelquefois deux fois par jour. En même tems à chaque pansement on nettoyera toûjours soigneusement la plaie avec un linge propre. On substituera un nouveau pois à celui qu’on aura ôté ; on appliquera un emplâtre à-peu-près de la largeur de la paume de la main, ou au lieu d’emplâtre un morceau d’étoffe de soie couvert de cire, ou même une feuille de lierre qu’on fixera par un bandage. M. Heister trouve que les bandages de linge sont moins commodes que ceux de cuir, ou qu’une plaque de cuivre, à laquelle sont ajustés des cordons ou des agraffes, de maniere qu’un malade peut se les appliquer sans aucune incommodité. Voyez-en la machine dans cet auteur.

On tiendra le fonticule ouvert, jusqu’à ce que la maladie pour laquelle on l’avoit pratiqué soit radicalement guérie. Les adultes attaqués de maux invétérés, feront sagement de garder ces petits ulceres jusqu’à la mort, s’ils veulent éviter de s’exposer aux accidens qu’ils avoient éloignés par ce moyen.

Les avantages principaux que l’on attend des fonticules, c’est la guérison ou l’affoiblissement de plusieurs maladies de la tête, des yeux, des oreilles, des mammelles, & d’autres parties, comme aussi des douleurs de la sciatique. Comme dans tous ces

cas, on a quelquefois inutilement recours à ce remede, alors il faut promptement refermer l’ulcere ; & pour cet effet il ne s’agit que d’ôter le pois.

S’il se forme à la partie qui a été ulcérée des excroissances fongueuses, on les emportera avec un peu de poudre d’alun brûlé. Si les fonticules cessent de suppurer dans les vieillards, & que les bords de l’ulcere deviennent secs, livides, ou noirs ; cet état est très-dangereux ; il menace d’une maladie violente, & même d’une mort prochaine. Il est donc à propos de recourir promptement aux remedes capables de prévenir l’un ou l’autre de ces accidens.

Comme cette matiere est d’une grande importance, différens auteurs en ont traité expressément. Voyez entr’autres.

Galvani (Dominici) trattato delle fontanelle. In Padoua, 1620. 4°. c. f. æneis.

Wolter (Gualther Ambros.) Pyrotechnicum opusculum de cauteriorum, seu fonticulorum usu. Vratiflaviæ, 1672. in-8o.

Glandorpius (Matth. Lud.) Gazophylacium fonticulorum & setonum reseratum. Bremae, 1632. 4°. editio prima.

Hoffmanni (Frederici) de vesicantium & fonticulorum circonspecto in medicina usu. vol. VI. de l’édit. de Geneve, 1740.

Pour ce qui regarde en particulier la maniere de pratiquer un cautere ou un ulcere artificiel à la suture coronale, voyez la dissert. d’Hoffman que nous venons de citer ; & sur les avantages de cette opération, consultez Marc Donatus, liv. II. hist. estiral. cap. jv. M. A. Severinus, Pyroth. Chirurg. liv. II. part. I. cap. vj. Riviere, cent. ij. obs. 93. Aquapendente, operationes chirurgicæ, cap. j. Claudinus, respons. de cauterio in sutura coronali. Heister, Chirurgie, &c. (D. J.)

FONTINALES, s. f. plur. (Mythol. & antiquit. rom.) Fontinalia, fête que les Romains célebroient à l’honneur des nymphes qui présidoient aux fontaines & aux sources.

Les payens accoûtumés à se faire des dieux de toutes choses, ne manquerent pas d’en imaginer, auxquels ils attribuerent un pouvoir sur les fleuves & sur les fontaines. Ils appellerent ces dieux, les dieux des eaux, dii aquatiles, comme on le voit par une inscription rapportée par Reinésius ; mais ils mirent ces divinités dans le rang des demi-dieux qu’ils distinguerent par des noms différens. Les nymphes marines furent nommées néréides, parce qu’elles étoient filles de Nérée. On donna le nom de nayades à celles qui présidoient aux fontaines. On appella potamides, les nymphes des fleuves & des rivieres, & limmades, les nymphes des lacs & des étangs : enfin le mot de nymphes, nymphæ, signifioit souvent les seules divinités des fontaines. Voyez Nereides, Nymphes, &c.

On étoit si fort persuadé de l’existence de ces nymphes, que l’on faisoit des fêtes tous les ans à leur honneur ; le jour en étoit fixé au 13 Octobre, qui étoit le troisieme jour devant les ides ; pour lors on jettoit des fleurs dans les fontaines, & l’on en couronnoit les puits. Festus nous apprend que ces fêtes étoient célebrées à une des portes de Rome que l’on nommoit fontinalis porta. Voyez Festus, Varron, Struvius, & autres auteurs de ce genre. (D. J.)

FONTS Baptismaux, ou simplement FONTS, s. m. pl. (Théolog. & Hist. Eccl.) c’est un vaisseau de pierre ou de marbre, qui est à l’entrée intérieure des églises paroissiales, où l’on conserve l’eau dont on se sert pour baptiser. Voyez Baptême.

Les fonts baptismaux étoient autrefois la marque d’une église paroissiale. Voyez les articles Paroisse & Église.

Les fonts baptismaux sont aujourd’hui auprès de