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jusqu’à ce qu’il ait bien disposé avec la main gauche le chanvre, qui étant tortillé, doit augmenter la longueur du fil : alors il desserre un peu la main droite, & le tortillement se communique au chanvre qui avoit été disposé par la main gauche ; & en reculant un petit pas, il fait glisser la lisiere sur le fil qui se tortille actuellement. En repétant cette même manœuvre, le fil prend de la longueur ; & quand il en a assez, le fileur l’accroche dans les dents d’un ratelier ; ce qu’il repete dans la longueur de la filerie toutes les fois qu’il le juge à propos, car il y a de ces rateliers de distance en distance.

Quand le fileur est arrivé au bout de la filerie, il en avertit par un cri : alors on détache le fil de la molette, & on se dispose à le devider sur les tourets. Voyez l’article Corderie, & les Planches.

Fileur, (Drap.) ouvrier employé dans le travail des étoffes en laine. Voyez l’article Manufacture en laine, au mot Laine.

FILEUSE, s. f. (Manufacture en soie.) ouvriere employée au travail & à la préparation de la soie. Voyez l’article Soie.

FILEUX ou TAQUETS, s. m. (Marine.) ce sont des crochets de bois à deux branches courbées en façon de croissant, que l’on attache ordinairement au vibord pour amarrer les manœuvres. (Z)

FILIAL, adj. (Théol.) signifie ce qui appartient à la relation de fils ; voyez Fils.

Les théologiens distinguent la crainte servile & la crainte filiale : la crainte qu’ils appellent simplement servile, simpliciter servilis, est bonne & loüable : celle qu’ils nomment servilement servile, serviliter servilis, est mauvaise ; elle se trouve même dans le cœur des plus grands scélérats : mais la crainte, timor filialis, qui résulte de l’amour & du respect filial, est la plus parfaite, & se rencontre dans les ames les plus justes ; voyez Crainte. (G)

FILIATION, s. f. (Jurisprud.) c’est la descendance de pere en fils.

La maxime de droit en matiere de filiation, est que pater est quem nuptiæ demonstrant ; mais cela ne s’entend que de la filiation légitime qui procede du mariage, & il peut aussi y avoir une filiation naturelle qui est celle des enfans procréés hors le mariage.

L’ordonnance de 1667, tit. xx. art. 7, veut que les preuves de l’âge & du mariage soient reçûes par des registres en bonne forme, qui font preuve en justice.

L’art. 9. ordonne que dans l’article des baptêmes, il sera fait mention du jour de la naissance, qu’on y nomme l’enfant, le pere, la mere, le parrain & la marraine.

Il est ordonné par l’article suivant, que les baptêmes seront écrits aussi-tôt qu’ils auront été faits, & signés par le pere, s’il est présent, & par les parrains & marraines, & que si aucuns ne savent signer, ils le déclareront, étant de ce interpellés par le curé ou vicaire, dont il sera fait mention.

Si les registres des baptêmes sont perdus, ou qu’il n’y en ait jamais eu, l’art. 14. porte que la preuve en sera reçûe, tant par titre que par témoins, & qu’en l’un & l’autre cas, les baptêmes & mariages pourront être justifiés, tant par les registres ou papiers domestiques des pere & mere décédés, que par témoins, sauf à la partie de vérifier le contraire.

Il y a encore des cas où l’on est obligé d’avoir recours à d’autres preuves qu’aux registres de baptêmes, & où la preuve, même testimoniale, est admise : c’est lorsque l’enfant n’a pas été baptisé ni ondoyé, ou que l’acte n’a pas été porté sur les registres, ou que l’enfant y a été déclaré sous des noms supposés.

L’éducation donnée à un enfant n’est pas seule une

preuve de filiation ; mais la possession d’être traité comme enfant, est une preuve assez forte & suffit pour faire adjuger à l’enfant une provision alimentaire jusqu’à ce que le contraire soit prouvé.

Voy. la loi 1. §. 12. ff. de agnosc. liberis, & la loi 14. au cod. de probat. Franc-Marc, t. II. quest. 457. Soesve, tom. I. cent. 1. ch. xxxjv. & tom. II. cent. 1. ch. c. Boniface, tom. IV. liv. IX. tit. IV. ch. ij. Basset, tom. II. liv. IV. tit. XII. ch. j. Voyez aussi Enfant, État : & ci-après, Fils légitimé, Mariage, Part, Supposition de part. (A)

FILIGULE, filicula (Hist. nat. bot.) genre de plante, dont les feuilles ressemblent en quelque façon à celles de la fougere. Tournefort, inst. rei herb. voyez Plante. (I)

FILIERES, s. f. terme d’ouvrier de bâtiment, veines à plomb, qui interrompent les bancs dans les carrieres, & par où l’eau distille de la terre. (P)

Filieres, terme d’usage dans les ardoiseries, voyez l’article Ardoise.

Filiere, terme d’Aiguilliers, est un morceau de fer plat, percé d’une grande quantité de trous, tous plus petits les uns que les autres, par lesquels les aiguilliers font passer successivement un cylindre d’acier, jusqu’à ce qu’il soit parvenu à former un fil de la grosseur qu’ils veulent donner à leurs aiguilles.

Filiere, outil d’Arquebusier : cette filiere ressemble à celle des horlogers, serruriers, &c. & sert aux arquebusiers pour former des vis sur des morceaux de fer rond ; ils en ont de plusieurs grandeurs, & percés de trous plus grands & plus petits.

Filiere double, outil d’Arquebusier, c’est une espece de compas plat & large d’environ trois pouces, dont chaque branche est coupée par en-bas, & se termine par deux petits manches ronds ; un peu au-dessus de ces petits manches en-dedans, est un tenon qui est retenu à demeure dans la branche droite, & qui entre dans un trou vis-à-vis le tenon & pratiqué dans la branche gauche ; le milieu de ce compas est percé de plusieurs trous vissés comme les trous de filiere, & plus larges d’un côté que de l’autre ; les arquebusiers s’en servent pour former des vis pointues.

Filiere, terme & outil de Chaînetier ; c’est un morceau d’acier de la longueur de sept ou huit pouces, qui est percé de plusieurs trous de différens calibres, & qui sert aux Chaînetiers à diminuer la grosseur du fil-de-fer, du cuivre & du laiton qu’ils veulent employer ; cela se fait en faisant passer leurs fils par les trous de cette filiere d’un plus petit calibre que n’est le fil ; pour y parvenir, ils commencent par limer environ un pouce de leur fil de la grosseur à-peu-près du trou de la filiere par où ils le veulent faire passer ; ils assujettissent leur filiere devant les coins du banc à tirer ; ils font sortir le petit bout limé & qui excede le trou de la filiere, par la pince qui est au bout de sa sangle, qui se roule sur le noyau du banc à tirer ; après quoi l’ouvrier fait tourner le moulinet dudit banc à tirer, ce qui force le reste du fil à passer par le trou de la filiere, & à diminuer de grosseur. Voyez Banc à tirer.

Filiere, outil de Charron ; cette filiere est un morceau d’acier plat, percé de plusieurs trous en vis de différente grosseur ; les Charrons s’en servent pour former des pas de vis sur un morceau de fer rond.

Filiere, en terme de Cirier, c’est une plaque de cuivre ronde ou quarrée, percée de plusieurs trous dont la grandeur va toûjours en augmentant de l’un à l’autre d’un degré seulement : ces trous sont plus larges-d’un côté que de l’autre, afin de vuider la matiere superflue du cirier.

Filiere, en terme d’épinglier, c’est une plaque de fer plus ou moins longue & large, percée de plusieurs trous, diminuant toûjours proportionnellement de