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singuliere. On choisit un cheval, on le fait passer trois fois en présence de l’aspirant, qui est censé en examiner les piés, & en avoir connu toutes les imperfections & tous les défauts, quoique ces défauts échappent presque toûjours aux yeux des maitres même. Si la communauté lui est favorable, on lui permet seulement de prendre la mesure des piés : après quoi on renvoye l’aspirant forger les fers nécessaires. Le jour pris & fixé pour le chef-d’œuvre, l’aspirant pare le pié d’après la routine qu’il s’est fait en errant de boutique en boutique, & il attache les fers forgés tels qu’ils sont ; car il est expressément défendu de les porter de nouveau à la forge, il doit ferrer à froid : il est donc obligé de se conduire en cette occasion, comme la plus grande partie de ceux qui composent la communauté se conduisent en opérant, c’est à-dire qu’il prépare & qu’il accommode à leur imitation le pié au fer, plûtôt qu’il n’ajuste le fer pour le pié. Je laisse aux lecteurs le soin de juger des suites d’une opération ainsi pratiquée : mais j’ai de la peine à croire qu’ils puissent concilier d’une part les plaintes qu’excite l’ignorance de ces sortes d’ouvriers, & dont retentissent unanimement toutes les villes du royaume, & de l’autre le peu d’attention que l’on a d’y remédier en leur fournissant les moyens de s’instruire. Voyez Maréchal. Voyez au surplus Fer, Ferrer, Tablier, Forger. (e)

FERSE de toile, (Marine.) On appelle ferse, un lé de toile ; & dans ce sens on dit qu’une voile a tant de ferses, pour désigner sa hauteur & sa largeur. C’est la même chose que cueille. Voyez Cueille. (Z)

FERTÉ-ALAIS, (LA) Géog. petite ville de l’île de France dans le Gatinois, sur le ruisseau de Juine, à 7 lieues S. de Paris. 20d 2′. lat. 48d 26′. Le nom de Ferté, commun à plusieurs places de France, signifie un lieu fort bâti sur quelque roche ferme.

En effet on voit dans l’histoire de notre nation, que les François avoient des places fortes, plûtôt destinées à se mettre à couvert de l’incursion des ennemis, qu’à loger des habitans. L’auteur des annales de Mets les appelle Firmitates. Nous lisons dans l’histoire ecclésiastique d’Orderic. Vital. page 738. Tales tantique hostes ad pontem ferreum castra metati sunt, & firmitatem illam confestim expugnaverunt. Brompton, historien anglois, s’est servi de ce terme, que Somner explique ainsi dans son glossaire : « Un lieu, dit-il, fortifié, un donjon, une espece de citadelle » ; & il le dérive du saxon. Nos anciens poëtes ont dit fermeté dans le sens de firmitas.

Li ont tolu par la guerré
Et ses castiaux, & ses cités,
Et ses bourgs, & ses fermetés.


dit Philippe Mouskes. Et dans la vie de Bertrand du Guesclin, pag. 18. « Et n’y avoit audit chastel guere de gens qui pussent garder la fermeté ». De fermeté on a fait ferté, pour signifier une forteresse, une place de guerre. Dans le roman de Garin,

Le siége a mis environ la Ferté.


Ce terme subsiste encore : car il y a plusieurs villes & châteaux que l’on appelle la Ferté, en y ajoûtant un surnom pour les distinguer ; comme la Ferté-Alais qui a donné lieu à la remarque qu’on vient de transcrire, la Ferté-Bernard, la Ferté-Milon, & tant d’autres qu’on trouvera dans les dictionnaires géographiques, ainsi que dans Trévoux.

Dans le cartulaire de Philippe-Auguste, fol. 23, on joint le nom de celui qui a fait bâtir la forteresse ; comme dans la Ferté-Milon, la Ferté-Baudoüin.

La Férté-Alais, en latin Firmitas Adelaidis, tire son nom, suivant Adrien de Valois, de la comtesse Adelaïde femme de Gui le Rouge, ou de la reine Adelaïde épouse de Louis VII. & mere de Philippe-Auguste.

Voyez sur tout ce détail ce savant écrivain,

Notit. Gall. pag. 194. Pasquier, recherch. liv. VIII. chap. xxxvij. &c. (D. J.)

Ferté-Bernard, (Géog.) petite ville de France dans le Maine sur l’Huisne, à six lieues du Mans. Elle est la patrie de Robert Garnier poëte françois, né en 1534, mort vers l’an 1595, & dont les tragédies ont été admirées avant le regne du bon goût. Long. suivant Cassini, 18d 10′ 5″. latit. 48d 11′ 10″. (D. J.)

Ferté-Milon, (la) Géog. petite ville de l’île de France sur l’Ourque, uniquement remarquable par la naissance du célebre Racine, qui après avoir partagé le sceptre dramatique avec Corneille, est mort à Paris le 22 Avril 1699, âgé de 60 ans, & comblé de gloire dans la carriere qu’il a courue. Heureux s’il eût été aussi philosophe que grand poëte ! 20d 40′. lat. 49d 8′. (D. J.)

FERTEL ou SCHREVE, s. m. (Comm.) mesure d’Allemagne pour les liquides. Le fertel est de quatre masses, & il faut vingt fertels pour une ame. Le fertel se nomme vertel à Heidelberg. Voyez les articles Féoder, Masse, &c. Dict. de Comm. de Trév. & de Chambers. (G)

Fertel ou Fertelle, (Commerce.) mesure des grains qui contient le quart d’un boisseau. Elle n’est guere en usage que dans le pays de Brabant. On se sert aussi du fertel au Fort-Louis du Rhin, pour mesurer les grains. Quelques-uns l’appellent sac. Le fertel ou sac de froment de cette ville, pese 161 livres poids de marc, le méteil 156, & le seigle 150. Voy. Mesure, Muid, Dict. de Comm. de Trévoux, & de Chambers. (G)

FERTILE, FERTILITÉ, (Jard.) se dit d’une terre qui répondant aux soins du jardinier, du vigneron, du laboureur, rapporte abondamment. (K)

FERULE, ferula, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleurs en rose, disposées en ombelle & composées de plusieurs pétales, rangées en rond & soûtenues par un calice, qui devient dans la suite un fruit, dans lequel il y a deux semences fort grandes de forme ovoide, applaties & minces, qui quittent souvent leur enveloppe. Ajoûtez aux caracteres de ce genre, que les feuilles de la férule sont à-peu-près semblables à celles du fenouil & du persil. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Férule, (Jard.) La férule vient dans les pays chauds, en Languedoc, en Provence, en Italie, en Sicile, en Espagne, en Grece, en Afrique, à Tanger, &c. On la cultive dans les jardins de quelques curieux. On en compte quatorze à quinze especes, parmi lesquelles il faut distinguer les férules de France ou d’Italie, de celles de la Grece ; & la férule de Grece, de celle d’Afrique.

La férule ordinaire se nomme ferula ; offic. ferula major, seu fæmina Plini, Boerh. alt. 64. C. B. P. 148. Tourn. Inst. 321. Ses racines sont longues, un peu branchues, vivaces ; elle pousse des tiges moelleuses, legeres, hautes de sept à huit piés, garnies de leur bas de feuilles fort grandes, branchues, découpées en une infinité de lanieres. Ses feuilles embrassent la tige par leur queue, qui est creusée en forme de gouttiere : elles sont d’un verd foncé & plombé. L’extrémité de la tige est garnie de branches, qui sont soûtenues par de petites feuilles coupées en quelques lanieres. Ses branches portent des ombelles de fleurs, composées chacune de cinq petits pétales jaunâtres, soûtenus par un fruit qui contient deux semences applaties, longues d’un demi-pouce sur quatre lignes de largeur.

C’est des tiges de cette espece de férule qui vient en Italie, en France, en Espagne, sur les côtes de la Méditerranée, dont Martial parloit quand il a dit qu’elle étoit le sceptre des pédagogues, à cause qu’-