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Fermer sa Boutique, se dit, en termes de Commerce, d’un marchand qui a quitté le commerce ou fait banqueroute. Voyez Banqueroute.

On dit aussi dans le Commerce que les bourses sont fermées, pour signifier que l’argent est rare, qu’on en trouve difficilement à emprunter. Dict. de Comm. de Trév. & Chamb. (G)

Fermer un Bateau, terme de riviere ; c’est-à-dire le lier, le garer, l’arrêter. Défermer est le contraire.

Fermer une Volte, (Manege.) un changement de main. Voyez Volte.

Fermer, (Coupe des pierres.) Fermer une voûte, c’est y mettre le dernier rang de voussoirs, qu’on appelle collectivement la clé par la même métaphore ; le dernier claveau s’appelle clausoir, du mot latin claudere, fermer. Voyez Voûte. (D)

FERMETÉ, s. f. (Gramm. & Littér.) vient de ferme, & signifie autre chose que solidité & dureté. Une toile serrée, un sable battu, ont de la fermeté sans être durs ni solides. Il faut toûjours se souvenir que les modifications de l’ame ne peuvent s’exprimer que par des images physiques : on dit la fermeté de l’ame, de l’esprit ; ce qui ne signifie pas plus solidité ou dureté qu’au propre. La fermeté est l’exercice du courage de l’esprit ; elle suppose une résolution éclairée : l’opiniâtreté au contraire suppose de l’aveuglement. Ceux qui ont loüé la fermeté du style de Tacite, n’ont pas tant de tort que le prétend le P. Bouhours : c’est un terme hasardé, mais placé, qui exprime l’énergie & la force des pensées & du style. On peut dire que la Bruyere a un style ferme, & que d’autres écrivains n’ont qu’un style dur. Article de M. de Voltaire.

Fermeté & Constance, synon. La fermeté est le courage de suivre ses desseins & sa raison ; & la constance est une persévérance dans ses goûts. L’homme ferme résiste à la séduction, aux forces étrangeres, à lui-même : l’homme constant n’est point ému par de nouveaux objets, & il suit le même penchant qui l’entraîne toûjours également. On peut être constant en condamnant soi-même sa constance ; celui-là seul est ferme, que la crainte des disgraces, de la douleur, & de la mort même, l’espérance de la gloire, de la fortune, ou des plaisirs, ne peuvent écarter du parti qu’il a jugé le plus raisonnable & le plus honnête. Dans les difficultés & les obstacles, l’homme ferme est soûtenu par son courage, & conduit par sa raison ; il va toûjours au même but, l’homme constant est conduit par son cœur ; il a toûjours les mêmes besoins. On peut être constant avec une ame pusillanime, un esprit borné : mais la fermeté ne peut être que dans un caractere plein de force, d’élevation, & de raison. La legereté & la facilité sont opposées à la constance ; la fragilité & la foiblesse sont opposées à la fermeté. Voyez Constant, (Synon.)

Fermeté. (Physiol.) stabilité du corps, de ses membres, se dit de l’attitude dans laquelle on se tient ferme, c’est-à-dire dans laquelle l’action continuée des muscles retient le corps ou quel que membre dans une situation, dans un état où il ne cede pas aisément aux puissances qui tendent à le faire changer, soit que cette attitude consiste à être debout, ou assis, ou couché ; soit qu’il soit question d’avoir les bras où les jambes étendus ou fléchis d’une maniere fixe, appuyant, soûtenant quelque fardeau, pressant quelque levier ; soit qu’il s’agisse de s’empêcher de tomber, d’être renversé par un coup de vent, d’être terrassé par un adversaire dans un combat de lutte, &c.

La fermeté, dans ce sens, consiste donc à conserver sans relâche la position dans laquelle on s’est mis ; à faire cesser tout mouvement, sans cesser de soûtenir les efforts contraires à cette position. Voyez Muscle, Debout. (d)

FERMETURE de Cheminée ; s. f. en Architecture,

c’est une dale de pierre percée d’un trou quarré

long, qui sert pour fermer & couronner le haut d’une souche de cheminée de pierre ou de brique. (P)

Fermeture de Portes de guerre, (Fortification.) Voyez Ouverture.

Fermeture de Ports, (Marine.) c’est un terme dont l’ordonnance se sert. Voyez Port.

Fermeture, (Batte de) terme de Bijoutier ; c’est la partie supérieure de la batte que la moulure du dessus de la boite recouvre, quand la boîte est fermée.

Fermetures, en terme de Serrurier ; ce sont les ouvertures dans lesquelles entrent les aubrons aux serrures appellées serrures en bord : elles sont faites sur la tête du palatre. Il en est de même des ouvertures faites au palatre des serrures à aubronier & en bosse, dans lesquelles entrent les aubrons des aubroniers.

Fermeture est la même chose que pêne ; & lorsque l’on dit une serrure à une, deux ou trois, &c. fermetures, on désigne une serrure à un, deux ou trois pênes. Voyez Pêne & Serrure.

Fermeture du Coq ou de la Coque, (Serrurerie.) c’est la partie où l’aubron entre dans le coq, lorsqu’il est ouvert ; & où il se trouve retenu, lorsque le coq est fermé. C’est la même chose pour les serrures en bosses.

FERMIER, s. m. (Econom. rust.) celui qui cultive des terres dont un autre est propriétaire, & qui en recueille le fruit à des conditions fixes : c’est ce qui distingue le fermier du métayer. Ce que le fermier rend au propriétaire, soit en argent, soit en denrées, est indépendant de la variété des récoltes. Le métayer partage la récolte même, bonne ou mauvaise, dans une certaine proportion. Voyez Métayer.

Les fermiers sont ordinairement dans les pays riches, & les métayers dans ceux où l’argent est rare. Les uns & les autres sont connus aussi sous le nom de laboureurs. Voyez Fermiers, (Economie politiq.)

Les devoirs d’un fermier à l’égard de son propriétaire, sont ceux de tout homme qui fait une convention avec un autre : il ne doit point l’éluder par mauvaise foi, ni se mettre par négligence dans le cas d’y manquer. Il faut donc qu’avant de prendre un engagement, il en examine mûrement la nature, & qu’il en mesure l’étendue avec ses forces.

L’assiduité & l’activité sont les qualités essentielles d’un fermier. L’Agriculture demande une attention suivie, & des détails d’intelligence qui suffisent pour occuper un homme tout entier. Chaque saison, chaque mois amene de nouveaux soins pour tous les cultivateurs. Voyez l’article Agriculture. Voyez aussi l’art. Culture des Terres. Chaque jour & presque chaque instant sont naître pour le cultivateur assidu, des variations & des circonstances particulieres. Parmi les fermiers, ceux qui, sous prétexte de joindre le commerce au labourage, se répandent souvent dans les marchés publics, n’en rapportent que le goût de la dissipation, & perdent de vûe la seule affaire qui leur soit importante. Que peuvent-ils attendre de la part des rustres qui manient la charrue ? ces hommes sont pour la plûpart comme des automates qui ont besoin à tous les momens d’être animés & conduits ; le privilege de ne guere penser est pour eux le dédommagement d’un travail assidu. D’ailleurs ils sont privés de l’instinct qui produit l’activité & les lumieres. S’ils sont abandonnés à eux-mêmes, on a toûjours à craindre ou de leur maladresse ou de leur inaction. Telle piece de terre a besoin d’être incessamment labourée ; telle autre, quoique voisine, ne peut l’être avec fruit que plusieurs jours après. Ici il est nécessaire de doubler, là il peut être utile de diminuer l’engrais. Différentes raisons peuvent demander que cette année le grain soit enterré avec la charrue, dans une terre où l’on n’a coûtume