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plus d’autres remedes que des palliatifs pour ces tristes maladies.

11°. Quand le relâchement, la descente, la chûte de la matrice, & du fondement, sont des suites de la couche ; la cure de ces accidens demande deux choses, 1°. de réduire les parties dans leur lieu naturel : 2°. de les y contenir & fortifier par des pessaires, ou autres moyens analogues. Voyez Matrice, Pessaire, &c.

12°. Les hémorrhoïdes, dont les femmes sont ordinairement incommodées dans leurs couches, requierent la vapeur de l’eau chaude, les fomentations de lait tiede, l’onguent populeum, basilicum, ou autres pareils, qui ne peuvent irriter le mal ; mais sur toutes choses, il s’agit de procurer l’évacuation des vuidanges ; car par ce moyen salutaire, la douleur des hémorrhoïdes ne manquera pas de cesser.

13°. La tuméfaction des parties a toûjours lieu dans les personnes qui ont souffert un accouchement laborieux. Les remedes propres au mal, seront de simples oignemens de fleurs de sureau, de mauve, de guimauve, de miel rosat, & autres semblables. Les coussinets de fleurs de camomille, de graine de lin, jointe à du camfre bouilli dans du lait, & doucement exprimé, pourront encore être utiles.

14°. Loiqu’il y a déchirement, écorchure, ou contusion aux parties naturelles, ce qui arrive presque toûjours dans le premier accouchement : on ne négligera pas ces contusions & dilacérations, de peur qu’elles ne se convertissent en ulceres ; c’est pourquoi nous avons déjà recommandé, en commençant cet article, un cataplasme mollet étendu sur du linger, & chaudement appliqué sur tout l’extérieur de la vulve, pour y rester cinq ou six heures après l’accouchement. Ensuite on ôtera ce cataplasme pour mettre sur les grandes levres de petits linges trempés dans l’huile d’hypéricum ; en renouvellant ces linges deux ou trois fois par jour, on étuvera les parties avec de l’eau d’orge miellée pour les nettoyer. Si les écorchures sont douloureuses, on oindra les endroits écorchés d’huile de myrrhe par défaillance : si la contusion & l’inflammation des levres ont produit un abcès, il faut donner une issue déclive à la matiere, déterger l’ulcere, & le panser suivant les regles.

15°. On a des observations d’un accident bien plus déplorable, causé par la sortie de l’enfant dans un travail pénible, je veux dire d’une dilacération de la partie inférieure de la fente que les Accoucheurs nomment la fourchette ; dilacération étendue jusqu’au fondement. Ce triste état demande qu’on pratique deux choses ; l’une, que le chirurgien procure habilement la réunion nécessaire de la plaie ; l’autre, que la femme ne fasse plus d’enfans. Si même pour avoir négligé ce déchirement, les grandes levres étoient cicatrisées, il faudroit renouveller la cicatrice comme au bec de lievre, & former la réunion de la vulve, comme si elle avoit été nouvellement déchirée. Ce n’est point pour la beauté d’une partie qu’on doit cacher, & qu’on cache en effet soigneusement à la vûe, que je conseille à aucune femme cette opération douloureuse, j’ai des motifs plus sensés qui me déterminent. Voyez Fourchette, Levres, Vulve.

16°. S’il est arrivé malheureusement que le col de la vessie ait été comprimé pendant quelques jours par la tête de l’enfant, restée au passage, au point qu’il en résulte après l’inflammation dudit col de la vessie, une fistule avec un écoulement d’urine involontaire, le mal devient incurable quand la fistule est grande ; cependant quand elle est petite, il se guérit au bout de quelques mois avec quelques secours chirurgicaux. Si la compression du col de la vessie n’a produit que la dysurie, on la traite par la mé-

thode ordinaire. Voyez Dysurie, Strangurie, Ischurie.

17°. L’enflure des jambes & des cuisses n’est pas un phénomene rare aux femmes en couche, & même après des accouchemens assez heureux. On voit des femmes dans cet état qui ont des enflures depuis l’aîne jusqu’au bout du pié, quelquefois d’un seul côté, & d’autres fois de tous les deux. Ces accidens procedent communément de la suppression des eaux, des vuidanges, de l’urine, ou du reflux de lait, &c. On procurera l’écoulement naturel de toutes les humeurs retenues ; on ouvrira les voies de l’urine & du ventre par des tisannes apéritives & par les laxatifs : ensuite on fortifiera les parties œdémateuses par des frictions, des fumigations seches, & des bandages. On tâchera d’attirer le lait sur les mammelles, pour l’évacuer par le teton.

18°. La douleur du sein, sa tumeur & sa dureté, sont encore des maux ordinaires aux nouvelles accouchées, quand leurs mammelles commencent à se remplir de lait. On y remédiera par de legeres frictions, par de douces fomentations, par la suction du teton repétée, par la résolution, la dissipation, l’évacuation du lait. De quelque cause que procede son caillement qui survient ici quelquefois, il faut qu’indépendamment des embrocations résolutives, la femme en couche se fasse teter jusqu’à tarir les mammelles, & qu’elle ne souffre point de froid au sein.

19°. Il seroit superflu de parler de la passion hystérique, parce que cette maladie est également commune aux femmes en couche, & à celles qui ne le sont pas. Les remedes sont les mêmes. Voyez Passion hystérique.

Finissons par une remarque générale. Quand l’accouchée a eu d’heureuses couches sans accidens, mais qu’elle est néanmoins d’un tempérament foible & délicat, il est de la prudence de ne lui pas permettre de sortir du lit avant les huit ou dix premiers jours, ni de son appartement, avant le mois écoulé.

Nous venons de parcourir méthodiquement les principales maladies des femmes en couche ; mais elles en éprouvent quelquefois d’autres, dont la singularité ou la complication demandent les talens des gens les plus consommés dans la pratique & la théorie. Voyez à ce sujet les beaux ouvrages des auteurs indiqués au mot Enfantement.

On dit que dans quelques pays les Accoucheurs se sont emparés du traitement des maladies des femmes en couche ; je crois qu’on a tort de le souffrir ; ce traitement appartient de droit aux Medecins ; les Accoucheurs n’y doivent paroître qu’en sous-ordre, & toujours proportionnellement à l’étendue de leurs lumieres en Medecine ; si elles sont supérieures en ce genre, tout parle en leur faveur, tout conspire à leur rendre hommage dans cette conjoncture. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Femme, (Sage) accoucheuse (Medecine.) obstetrix. On appelle de ces différens noms toute femme qui exerce la profession des Accoucheurs ; la partie de la science & de l’art de Chirurgie, qui concerne les secours nécessaires aux femmes en travail d’enfant : on se servoit aussi autrefois du nom de matrone, pour designer une sage-femme. Voyez Accoucheuse, Accouchement, Douleurs, Enfantement, &c. (d)

FEMUR, s. m. (Anat.) est le nom latin de l’os de la cuisse ; nom que les Anatomistes ont conservé. On l’appelle en grec μηρὸν.

Cet os est le plus considérable & le plus fort des os cylindriques : il se porte de dehors en-dedans. Les femurs très-écartés supérieurement, se touchent presque vers les genoux. Un des principaux avantages de cette situation, est de donner plus de vîtesse & de sûreté à notre démarche. Si les femurs eussent