L’Encyclopédie/1re édition/VULVE

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VULVE, s. f. (Anat.) la vulve s’étend depuis la partie inférieure de l’os pubis, jusqu’au voisinage de l’anus ; de sorte qu’entre l’extrémité de cette fente & l’ouverture de l’anus, il n’y a pas plus d’un travers de pouce : cet espace se nomme le périnée. La fente en son extrémité inférieure augmente un peu en largeur & en profondeur, & forme une cavité qu’on appelle la fosse naviculaire.

Quelques filles viennent au monde avec les orifices des parties naturelles tellement fermées, qu’elles ne peuvent même pisser, & dans ce cas il faut que l’enfant périsse, à moins qu’on ne le soulage par l’opération. Roonhuysen, Scultet, Mauriceau, Deventer, la Motte, en citent des exemples. D’autres filles ont le conduit de la pudeur obstrué par une membrane plus ou moins forte, située plus ou moins avant dans ce conduit, & qui le bouche plus ou moins exactement.

Des médecins instruits de ce jeu de la nature, ont désigné les filles chez lesquelles il se rencontre, par l’épithète d’atretæ, bouchées. Aristote en a eu connoissance.

« Quelques filles, dit-il, ont la vulve bouchée depuis leur naissance, jusqu’au tems que leurs regles commencent à paroître ; pour lors le sang qui cherche à sortir, leur cause des douleurs vives, qui ne cessent qu’après qu’il s’en fraie de lui-même un passage libre, ou qu’on le lui ait procuré par le secours de l’art. Cet état, ajoute-t-il, n’a même quelquefois cessé que par la mort de la malade, soit à cause de la violence avec laquelle ce passage s’est fait, soit par l’impossibilité qu’on a trouvé à l’ouvrir. »

Quelquefois le conduit de la pudeur paroît fermé au-dehors, & y admet à peine un stilet. Mauriceau a vu deux filles, dont l’une n’étoit point perforée dans la partie extérieure de la vulve ; & l’autre, âgée de quatre ans, n’y avoit qu’un petit trou de la grosseur du tuyau d’une plume de pigeon.

Quelquefois encore le vagin se trouve obstrué par une cohérence étroite & forte de ses parties, ou par une substance charnue profondément située dans le conduit, deux cas où l’opération est difficile & dangereuse.

Palfyn rapporte que faisant publiquement la dissection du cadavre d’une fille de vingt-quatre ans, il trouva un ligament charnu de la largeur de deux à trois lignes, qui barroit par le milieu l’entrée du vagin ; il étoit attaché d’une part au-dessous de l’orifice de l’uretre, & de l’autre à la partie inférieure qui regarde l’anus. Il y a des exemples semblables dans les observations de Morgagni. Advers. Anat. 1. pag. 39.

Il est certain que si de tels accidens viennent de naissance, comme Aristote & Celse l’ont observé de leur tems ; il arrive encore plus souvent qu’ils se forment dans les filles & les femmes mariées, de causes externes, comme ensuite de l’ulcération que l’orifice du vagin a souffert dans un accouchement laborieux. Il y en a divers exemples dans Roonhuysen ; Amiand en cite un dans les Transactions philosophiques, n°. 422. Benivenius rapporte un cas de cette nature, occasionné par une maladie vénérienne. Bécher, un autre dont la petite vérole fut la cause. On lit aussi dans Saviard, deux observations de cohérence de la vulve, indiscretement procurées par des astringens trop efficaces. Je vais citer à ce sujet la seconde des observations de cet habile chirurgien de l’Hôtel-Dieu, en le laissant parler lui-même.

Le premier Avril 1693, une particuliere qui se disoit fille, quoiqu’elle eût toutes les marques d’avoir eu des enfans, vint, dit-il, s’adresser à moi pour lui élargir l’entrée du vagin, dont l’ouverture ne pouvoit qu’à peine admettre l’extrémité d’un petit stilet. Comme je ne doutois point que cette prétendue fille ne se fût servie d’astringens pour réparer les breches de sa virginité, je la fis mettre sur le lit des accouchées, après quoi je dilatai avec ma lancette, le petit trou qui restoit à sa vulve, autant qu’il falloit pour que ma sonde-creuse pût y entrer ; cette sonde étant introduite jusqu’au fond du vagin, à la faveur de cette premiere dilatation, je glissai un bistouri un peu courbé dans sa rainure, avec lequel j’incisai haut & bas la cohérence & les duretés que j’enlevai ensuite, en lui faisant une ouverture vaginale, capable de recevoir une tente d’un pouce & demi de circonférence ; elle fut chargée d’un onguent digestif, & elle servit dans la suite du traitement, à entretenir l’ouverture jusqu’à la guérison parfaite. Si cette fille est jamais devenue grosse, son accouchement aura été très-difficile.

Licétus prétend avoir trouvé dans une femme la vulve double ; le cas est bien extraordinaire ; cependant Riolan assure qu’il a dissequé, en présence de plusieurs personnes, une espece d’hermaphrodite, qui non-seulement avoit une double vulve, mais encore prolongée jusqu’au fond de l’utérus, & pour surcroît de singularité, l’utérus étoit partagé en deux par une cloison au milieu. (D. J.)

La vulve du cerveau est l’ouverture antérieure du troisieme ventricule, ou plutôt la fente par laquelle il communique avec l’entonnoir. V. Entonnoir.