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grille de fer dessous, pour porter les fers & le charbon qu’on y met. On se sert ordinairement de deux fers à souder, qui sont quarrés & pointus par le bout, & dont la queue entre dans un manche de bois percé, qui s’ôte & se remet chaque fois qu’on les prend. On frote un côté du fer sur de la poix-résine mêlée de grais, égrugés ensemble. On essuie ensuite le fer sur un torchon mouillé qu’on nomme torche-fer ; & puis on ôte les jets des pieces, en les fondant avec le fer, & recevant l’étain qui en tombe dans une écuelle de bois. Voilà ce qu’on appelle épiller. Après quoi on bouche les trous & autres fautes des pieces : cela s’appelle revercher. Voyez Revercher. Pendant qu’un fer sert, l’autre chauffe, & on s’en sert alternativement, & ainsi de même lorsqu’on soude la poterie. Mais il faut apprêter auparavant ; après quoi on tourne les pieces qui sont à tourner, on forge la vaisselle, & on acheve la poterie ou menuiserie. Voyez Apprêter, Souder, Tourner, Forger, Achever.

EPILOGUE, s. m. (Belles Lettr.) dans l’art oratoire, conclusion ou derniere partie d’un discours ou d’un traité, laquelle contient ordinairement la récapitulation des principaux points répandus & exposés dans le corps du discours ou de l’ouvrage. Voyez Peroraison.

Epilogue, dans la poésie dramatique, signifioit chez les anciens ce qu’un des principaux acteurs adressoit aux spectateurs lorsque la piece étoit finie, & qui contenoit ordinairement quelques réflexions relatives à cette même piece, & au rôle qu’y avoit joüé cet acteur.

Parmi les modernes ce nom & ce rôle sont inconnus ; mais à l’épilogue des anciens ils ont substitué l’usage des petites pieces ou comédies qu’on fait succéder aux pieces sérieuses, afin, dit-on, de calmer les passions, & de dissiper les idées tristes que la tragédie auroit pû exciter. Il est douteux que cette pratique soit bonne, & mérite des éloges : un auteur ingénieux la compare à une gigue qu’on joüeroit sur une orgue après un sermon touchant, afin de renvoyer l’auditoire dans le même état où il étoit venu. Mais quoique l’épilogue, considéré sous ce rapport, soit assez inconséquent, il est appuyé sur la pratique des anciens, dont l’exode, c’est-à-dire la fin, la sortie des pieces, exordium, étoit une farce pour essuyer les larmes qu’on avoit versées pendant la représentation de la tragédie : ut quidquid lacrymarum ac tristitiæ cepissent ex tragicis affectibus, hujus spectaculi risus detergeret, dit le scholiaste de Juvenal. Voyez Tragédie, Satyre.

L’épilogue n’a pas même toûjours été d’usage sur le théatre des anciens, ni à beaucoup près si ancien que le prologue. Il est vrai que plusieurs auteurs ont confondu dans le drame grec ; l’épilogue avec ce qu’on nommoit exode, trompés parce qu’Aristote a défini celui-ci une partie qu’on récite lorsque le chœur a chanté pour la derniere fois ; mais ces deux choses étoient en effet aussi différentes que le sont nos grandes & nos petites pieces, l’exode étant une des parties de la tragédie, c’est-à-dire la quatrieme & derniere, qui renfermoit la catastrophe ou le dénouement de l’intrigue, & répondoit à notre cinquieme acte ; au lieu que l’épilogue étoit un hors-d’œuvre, qui n’avoit tout-au-plus que des rapports arbitraires & fort éloignés avec la tragédie. Voyez Exode. (G)

EPIMEDIUM, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en croix, composée de quatre pétales faites en forme de tuyau. Il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit ou une silique qui ne forme qu’une capsule qui s’ouvre en deux parties, & qui renferme des semences. Tournef. Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

* EPIMELETTES, s. m. pl. (Myth.) c’étoit ainsi

qu’on appelloit ceux d’entre les ministres du culte de Cérès, qui dans les sacrifices qu’on faisoit à cette divinité, servoient particulierement d’acolythes au roi des sacrifices.

* EPIMENIES, adj. pris subst. (Myth.) c’est ainsi qu’on appelloit dans Athenes les sacrifices faits aux dieux à chaque nouvelle lune, pour le bonheur de la ville.

On entendoit ailleurs par épimenies, la provision qu’on donnoit aux domestiques pour un mois. Ils parvenoient à se faire un pécule de ce qu’ils en épargnoient.

* EPIMETRUM, (Hist. anc.) partie de la cargaison totale d’un vaisseau, qu’on accordoit aux pilotes, & dont ils pouvoient disposer à leur profit. C’étoit une sorte d’indemnité ou de récompense par laquelle on se proposoit de les encourager à leurs devoirs. Quand on regarde l’epimetrum comme une indemnité, il désigne le déchet d’une marchandise en voyage : alors ce droit étoit d’autant plus considérable, que le voyage avoit été plus grand. L’epimetrum ou déchet accordé aux pilotes pour les vaisseaux de la flote d’Alexandrie, étoit de quatre livres pesant sur cent livres de froment, ou d’un boisseau sur vingt-cinq.

EPINARS, s. m. pl. (Hist. nat. Botan.) spinacia, genre de plante à fleur sans pétales, composée de plusieurs étamines soûtenues par un calice. Ces fleurs sont stériles. Les embrions naissent sur les especes de ce genre qui ne portent point de fleurs, & deviennent dans la suite des semences faites en forme de poire, & renfermées dans des capsules qui ont la même forme dans certaines especes, & qui sont cornues ou anguleuses dans d’autres. Tournef. Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Les épinars demandent la meilleure terre, dans laquelle on les seme deux ou trois fois l’année, pour en avoir dans plusieurs saisons. On les arrose dans les années trop seches, & on a grand soin de les sarcler. (K)

Epinars, (Diete.) L’épinars cuit à l’eau est en soi, & indépendamment de tout assaisonnement, un aliment peu nourrissant, & de facile digestion : il peut procurer ou entretenir la liberté du ventre.

Il est très-utile dans le cas où l’on interdit l’usage des viandes, sans reduire cependant à celui des bouillons ; comme lorsqu’on commence à manger après des indigestions de viandes ou de poisson : dans les diarrhées qui les suivent, & en général dans les dévoyemens accompagnés de rapports nidoreux, dans cette disposition des premieres voies, qui donne aux sucs digestifs la tournure alkalescente de Boerhaave.

On peut dire plus généralement encore, & peut-être avec plus de vérité, que l’épinars est un aliment assez sain, & à-peu-près indifférent pour le plus grand nombre de sujets. (b)

* EPINCELER ou EPINCER, v. act. (Draperie.) c’est ôter les nœuds, pailles, & autres ordures du drap, avec des pinces. Ce sont des femmes qu’on employe à cet ouvrage, qui s’appelle aussi espoutier. Voyez l’article Drap.

Les femmes qui épincelent sont appellées épinceleuses, ou énoüeuses, ou épinceuses, ou épinheleuses, du verbe épincheler, ou épincheuses, d’épincher.

EPINÇOIR, s. m. (Mass.) gros marteau court & pesant à tête fendue en angle par les deux côtés ; ce qui forme à chaque bout deux coins ou dents assez tranchantes. Il sert aux Paveurs, soit à débiter le pavé au sortir de la carriere, soit à le tailler pour être mis en place. Cet outil est nécessaire pour le pavé d’échantillon.

EPINE, (Botan.) petite pointe aiguë qui part du bois ou de l’écorce des arbres. Les épines sont ou li-