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ENCOMBRE, s. f. (Archit.) ruines entassées les unes sur les autres, & faisant embarras dans quelques passages.

ENCOMBRÉ, adj. (Jurispr.) signifie embarrassé. Mariage encombré se dit en Normandie, lorsque le mari a aliéné quelqu’héritage de sa femme. Voyez Mariage encombré. (A)

ENCOMBREMENT, s. m. (Marine.) c’est l’embarras que causent dans un vaisseau les marchandises qui sont d’un gros volume & tiennent beaucoup de place, comme des balles de plumes, de chanvre, du liége, &c. Lorsqu’il s’agit du fret des marchandises, on en fait l’évaluation suivant l’encombrement, c’est-à-dire par rapport à l’embarras qu’elles peuvent causer, ou à la place qu’elles peuvent occuper dans le vaisseau. (Z)

ENCOQUER, v. act. (Marine.) c’est faire couler un anneau de fer ou la boucle de quelque cordage, le long de la vergue pour l’y attacher. L’étrope des pendans de chaque bras est encoqué dans le bout de la vergue. (Z)

ENCOQUURE ou ENCOCURE, s. m. (Marin.) c’est cet enfilement qui fait entrer le bout de la vergue dans une boucle ou dans un anneau, pour y suspendre quelque poulie ou quelque boute-dehors.

C’est aussi l’endroit du bout de chaque vergue où l’on amarre les bouts des voiles par en-haut. L’encocure du fer des boute-hors est à-peu-près à un quart de distance du milieu de la vergue. (Z)

ENCORBELLEMENT, subst. m. en Architecture, toute saillie portant à faux au-delà du nud du mur, comme console-corbeau, &c. (P)

ENCORNAIL, Trou ou Trous du Clan, (Marine.) c’est un trou ou une mortoise qui se pratique dans l’épaisseur du sommet d’un mât le long duquel court la vergue, par le moyen d’un roüet de poulie dont l’encornail est garni ; l’étague y passe & saisit le milieu de la vergue, pour la faire courir le long du mât. (Z)

ENCORNÉ, adj. (Manége, Maréchall.) javart encorné, atteinte encornée ; épithete dont nous nous servons pour désigner la situation plus dangereuse de l’une & de l’autre de ces maladies, c’est-à-dire leur position dans le voisinage de la couronne : alors elles peuvent donner lieu à de vrais ravages, sur-tout si la suppuration qui doit en résulter, se creuse des sinus, & si la matiere suppurée flue & descend dans l’ongle même. Voyez Javart. (e)

ENCOUDER, v. act. (Agricult.) il se dit d’un cep de vigne ; c’est lui faire faire un coude en l’attachant à l’échalas. Voyez Vigne.

ENCOURAGER, v. act. donner du courage. Voyez Courage.

* ENCOURIR, v. act. ne se prend jamais qu’en mauvaise part ; c’est s’attirer, mériter, subir. Certains écrivains ont encouru la haine de tous les gens de Lettres, par la maniere outrageante dont ils en ont traité quelques-uns ; le mépris des gens sensés, par le spectacle indécent de leurs convulsions ; & la sévérité du gouvernement, par les troubles qu’on en craignoit.

Encourir, (Jurisp.) signifie s’attirer, subir quelque peine : par exemple, encourir une amende, c’est se mettre dans le cas de la devoir. L’amende est encourue, lorsque la contravention est commise. On dit de même encourir la mort civile, une censure, une excommunication. Il y a des peines qui sont encourues ipso facto, c’est-à-dire de plein droit ; d’autres qui ne le sont qu’après un jugement qui les déclare encourues. Voyez Amende, Mort civile, Censure, Excommunication. (A)

ENCOUTURÉ, adj. (Mar.) bordages encouturés l’un sur l’autre ; il se dit des bordages qui passent l’un sur l’autre, au lieu de se joindre quarrément. Les bateaux chalands de la Loire sont fort legers & vont

à la voile ; ils ne sont bâtis que de planches encouturées l’une sur l’autre, jointes à des pieces de liure qui n’ont ni plats-bords ni matieres pour les tenir fermes.

ENCRAINÉ, adj. (Maréchall.) cheval encraîné, pour dire égaroté. Ce mot n’est plus d’usage. Voyez Egaroté.

ENCRATITES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques qui s’éleverent dans le deuxieme siecle. L’auteur de cette secte étoit Tatien disciple de S. Justin martyr, homme éloquent, & qui avoit même écrit en faveur de la religion chrétienne ; mais après la mort de son maître, il tomba dans les erreurs de Valentin, de Marcion & de Saturnin. Il soûtenoit entr’autres choses qu’Adam n’étoit pas sauvé, & traitoit le mariage de corruption & de débauche, en attribuant l’origine au démon. De-là ses sectateurs furent nommés Encratites ou Continens. Ils s’abstenoient de la chair des animaux & du vin, dont ils ne se servoient pas même dans l’Eucharistie, ce qui leur fit aussi donner le nom d’Aquariens & d’Hydroparastates.

Ils fondoient cette aversion pour le vin sur ce qu’ils s’imaginoient que cette liqueur étoit une production du diable, alléguant en preuve l’ivresse de Noé & la nudité qui en fut la suite ; ce n’est pas qu’ils respectassent fort l’autorité de l’ancien Testament ; ils n’en admettoient que quelques passages qu’ils tournoient à leur fantaisie. Fleury, Hist. ecclés. tome I. liv. IV. tit. viij. p. 436. (G)

ENCRE à écrire, s. f. (Arts.) en latin atramentum scriptorium, liqueur noire composée d’ordinaire de vitriol romain & de noix de galle concassées, le tout macéré, infusé, & cuit dans suffisante quantité d’eau, avec un peu d’alun de roche ou de gomme arabique, pour donner à la liqueur plus de consistance.

Entre tant de recettes d’encre à écrire, nous nous contenterons d’indiquer celles de MM. Lémery & Geoffroy ; le lecteur choisira, ou même les perfectionnera.

Prenez, dit M. Lémery, eau de pluie, six livres ; noix de galle concassées, seize onces. Faites-les bouillir à petit feu dans cette eau jusqu’à réduction des deux tiers, ce qui formera une forte décoction jaunâtre, dans laquelle les noix de galle ne surnageront plus ; jettez-y gomme arabique pulvérisée, deux onces, que vous aurez fait dissoudre auparavant dans du vinaigre en quantité suffisante. Mettez ensuite dans la décoction, couperose ou vitriol romain, huit onces ; donnez encore a votre décoction, devenue noire, quelques legers bouillons ; laissez-la reposer. Enfin versez-la doucement & par inclination dans un autre vaisseau pour votre usage.

Prenez, dit M. Geoffroy, eau de riviere, quatre livres ; vin blanc, deux livres ; noix de galle d’Alep pilées, six onces. Macérez pendant vingt-quatre heures, en remuant de tems en tems votre infusion. Faites-la bouillir ensuite pendant une demi-heure, en l’écumant avec un petit bâton fourchu, élargi par le bas ; retirez le vaisseau du feu. Ajoûtez à votre décoction, gomme arabique, deux onces ; vitriol romain, huit onces ; alun de roche, trois onces. Digérez de nouveau pendant vingt-quatre heures ; donnez-y maintenant quelques bouillons : enfin passez la décoction refroidie au travers d’un linge.

On fait même de l’encre sur le champ, ou du moins une liqueur noire, par le mêlange du vitriol verd avec la teinture de noix de galle. Cette couleur noire vient de la prompte revivification du fer contenu dans ce vitriol ; & cela est si vrai, que la noix de galle sans vitriol, mais seulement jointe avec de la limaille de fer, donne une pareille teinture, dès qu’elle a eu le tems de diviser ce fer qui est en limaille. Ainsi le vitriol dont on fait l’encre, est du fer dissous par un