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die se guérit souvent par la seule opération de la nature, sans aucun secours de l’art ; & elle se termine en peu de tems, sur-tout dans les jeunes gens d’un bon tempérament, pourvû qu’on n’aigrisse pas le mal par le mauvais régime & par le défaut de ménagement : elle est plus rebelle dans les vieillards & dans les personnes d’un tempérament froid & humide ; elle peut quelquefois produire un osène ou un polype, lorsqu’elle dure long-tems, ou qu’elle revient souvent.

Si l’enchifrenement est de nature à exiger des remedes, ils doivent être prescrits différemment selon la différente cause qui l’a produit. Si la chaleur & l’acrimonie des humeurs sont dominantes, il faut prescrire une diete rafraîchissante, adoucissante ; recommander la boisson abondante d’eau de ris, de poulet, d’infusion de pavot rouge ; faire user de juleps hypnotiques.

Si la fievre est de la partie avec douleur de tête, on peut avoir recours à la saignée ; les lavemens & même quelques legers purgatifs peuvent aussi être employés avec succès dans ce cas. La vapeur du vinaigre dans lequel on a fait bouillir quelques plantes résolutives, comme la fleur de sureau reçue par le nez, pendant quelques minutes, à plusieurs reprises, ne peuvent que produire de bons effets.

Pour l’enchifrenement qui dépend d’un relâchement des vaisseaux muqueux, joint au tempérament froid & humide, il convient d’employer des remedes plus actifs, des purgatifs plus forts, des atténuans, des apophlegmatiques, des masticatoires, des errhins, des sternutatoires, des suffumigations faites avec des parfums de différente espece. Il est très-rare qu’il y ait indication de placer la saignée dans l’enchifrenement dont il s’agit. Il convient d’employer des confortatifs, des corroborans pris intérieurement, la diete seche & analeptique, des sachets de plantes aromatiques appliqués sur la tête rasée, quelquefois les vessicatoires appliqués derriere les oreilles à la nuque. Voyez Catarrhe, Coryse, Fluxion, Rhûme. (d)

ENCHUYSE, (Géogr. mod.) ville de la Hollande septentrionale ; elle est située sur le Zuiderzée. Long. 22. 55. lat. 52. 59.

ENCIS, (Jurispr.) c’est le meurtre de la femme enceinte, ou de l’enfant qu’elle porte. Ce terme se trouve dans la coûtume d’Anjou, art. 44 ; Maine, art. 51, & dans la somme rurale, titre d’action criminelle : mulier inciens qua uterum gerit. Voyez le glossaire de M. de Lauriere. (A)

ENCLAVE, s. f. (Jurisp.) On appelle enclave ou droit d’enclave, le droit qu’un seigneur a de prétendre la mouvance d’un héritage qui se trouve renfermé dans l’enceinte d’un territoire circonscrit & limité, dont ce seigneur a la directe. Le seigneur dont le fief n’est point un fief volant, mais qui a un territoire ainsi limité, n’a pas besoin d’autre que l’enclave pour prétendre la directe sur l’héritage qui se trouve compris au-dedans des limites de sa directe.

La question est ainsi décidée par Dumolin sur l’article 46 de l’ancienne coûtume de Paris, qui est le 68e de la nouvelle : par Loiseau, tr. des seigneuries, ch. xij. n. 50. Choppin sur Anjou, liv. II. chap. du franc-aleu.

Le Grand sur la coûtume de Troyes, gl. j. n. 12. & 13. dit que dans les coûtumes de franc-aleu l’enclave est bon d’un seigneur à un autre, pour obliger celui qui n’a pas l’enclave, à rapporter des titres péremptoires ; mais il prétend qu’il n’en est pas de même contre le détempteur, qu’il faut à son égard un titre précis. M. Guyot en son traité des fiefs, traité des prescriptions, rapporte cependant un arrêt du 4 Septemb. 1727, qui paroît avoir jugé pour l’enclave ; mais dans la coûtume de Vitry il peut avoir eu pour

motif que la coûtume n’a pas été considérée comme allodiale. (A)

Enclave se dit d’une portion de place qui forme un angle ou un pan, & qui anticipe sur une autre par une possession antérieure ou par un accommodement ; ensorte qu’elle en diminue la superficie & en ôte la régularité. On dit aussi qu’une cage d’escalier dérobé, qu’un petit cabinet, ou qu’un ou plusieurs tuyaux de cheminée font enclave dans une chambre. quand par leur avance ils en diminuent la grandeur. Dictionn. de Trévoux & Chambers. (P)

Enclaves, (Hydraulique.) sont des enfoncemens qu’on a ménagés en bâtissant les faces des bajoyers d’une écluse pour y loger les grandes portes, lorsqu’on est obligé de les ouvrir pour le passage des bâtimens. Rien n’est mieux imaginé, non-seulement pour la conservation de ces portes, mais encore pour ne point faire d’obstacle au passage des bâtimens. (K)

ENCLAVÉ, adj. en termes de Blason, se dit d’un écu parti, dont l’une des portions entre dans l’autre en forme quarrée, comme un tenon de menuiserie. Voyez Tenon.

Pelckhosen en Allemagne, parti enclavé d’argent en gueules à senestre.

ENCLAVER, v. act. en Architecture, c’est encastrer les bouts des solives d’un plancher dans les entailles d’une poutre. C’est aussi arrêter une piece de bois avec des clés ou boulons de fer. Enclaver une pierre, c’est la mettre en liaison après-coup avec d’autres, quoique de différentes hauteurs, comme il se pratique dans les racordemens. (P)

ENCLIQUETAGE, s. m. en Horlogerie, signifie la méchanique que l’on employe ordinairement, lorsqu’on veut qu’une roue puisse tourner dans un sens, & qu’elle ne le puisse pas dans le sens contraire. L’encliquetage est composé de trois pieces (voyez c c, la fig. 7. Planche III. de l’Horlogerie) ; du rochet 7, du cliquet cc, & du ressort rr. Leur maniere d’agir est si simple, qu’elle se concevra facilement par la seule figure ; car on voit que le cliquet cc mobile autour de la vis uu, est continuellement poussé dans les dents du rochet 7 par le ressort rr, & par conséquent que le rochet ne peut tourner de 14 en 7 ; mais qu’il le peut facilement de 7 en 14, le cliquet ne s’opposant point à son mouvement dans ce sens. Par ce dernier mouvement le cliquet est élevé par le talus des dents ; & à chacune de celles qui échappent, il retombe, par la force du ressort, au fond de la dent qui lui a succédé, ce qui cause ce bruit que l’on entend lorsque l’on monte une pendule ou une montre. Certaines gens, lorsque ce bruit est fort sensible, disent qu’ils ont un bon ressort à leur montre, tandis que le ressort, comme on voit, n’y a aucune part. Pour peu que le cliquet fasse bien son effet, il faut qu’il s’oppose de la maniere la plus avantageuse au mouvement du rochet, & par conséquent qu’il soit poussé sur le centre du mouvement rr, dans une ligne de direction de la tangente au rochet.

Encliquetage se dit encore du tout composé du rochet, du cliquet, & de son ressort. Voyez Cliquet, Rochet, Ressort, &c. (T)

ENCLIQUETER, v. act. se dit, en Horlogerie, de la maniere dont un cliquet s’engage dans les dents d’un rochet. On dit qu’un cliquet encliquete bien, lorsqu’il s’engage suffisamment dans les dents du rochet, & qu’il s’oppose à leur mouvement de la maniere la plus avantageuse. Voyez Cliquet, Rochet, &c. (T)

ENCLITIQUE, adj. féminin pris subst. terme de Grammaire, & sur-tout de Grammaire greque, par rapport à la lecture & à la prononciation. Ce mot vient de l’adjectif grec ἐγκλιτικὸς, incliné. R. ἐγκλίνω, inclino. Ce mot est une expression métaphorique.