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le mouvement de son aphélie. Les élémens de la théorie de la lune sont son mouvement moyen, celui de son nœud & de son apogée, son excentricité, l’inclinaison moyenne de son orbite à l’écliptique. Voy. Epoque, Mouvement moyen, Excentricité, &c. (O)

Elémens, s. pl. m. On appelle ainsi en Physique les parties primitives des corps. Les anciens, comme tout le monde sait, admettoient quatre élémens ou corps primitifs dont ils supposoient les autres formés, l’air, le feu, l’eau, la terre ; & cette opinion, quoiqu’abandonnée depuis, n’étoit pas si déraisonnable, car il n’y a guere de mixte dans lequel la Chimie ne trouve ces quatre corps, ou du moins quelques-uns d’eux. Descartes est venu, qui à ces quatre élémens en a substitué trois autres, uniquement tirés de son imagination, la matiere subtile ou du premier élément, la matiere globuleuse ou du second, & la matiere rameuse ou du troisieme. Voyez Cartésianisme, Ether, Matiere subtile, Globules, &c. Aujourd’hui les Philosophes sages reconnoissent, 1°. qu’on ignore absolument en quoi consistent les élémens des corps. Voyez Configuration, Corps, Matiere, Corpuscule, &c. 2°. Qu’on ignore encore, à plus forte raison, si les élémens des corps sont tous semblables, & si les corps different entr’eux par la différente nature de leurs élémens, ou seulement par leur différente disposition. 3°. Qu’il y a apparence que les élémens ou particules primitives des corps sont durs par eux-mêmes. Voyez Dureté. On sera peut-être étonné de la briéveté de cet article : mais nos connoissances sur ce qui en fait l’objet sont encore plus courtes. (O)

Elément ou premier Principe, (Chimie.) Voyez Principe.

Elément, (Medec. Physiol. Pathol.) ce terme est employé dans la théorie de la Medecine pour désigner les premiers principes de la structure du corps humain. Voyez Fibre, Nutrition. (d)

Elémentaire, adj. (Philosophie.) se dit de ce qui se rapporte aux élémens. Voyez Elément. Ainsi les élémens d’un corps se nomment aussi les particules élémentaires de ce corps.

Tout l’espace qui est compris dans l’orbite de la Lune, étoit appellé par les anciens la région élémentaire, parce que c’étoit selon eux le siége ou la sphere des quatre élémens vulgaires. C’est par la même raison que de prétendus philosophes ont appellé peuple élémentaire une espece d’êtres imaginaires qu’ils ont crû ou supposé habiter les quatre élémens des anciens, &c. En voilà assez & trop sur ces sottises. Sur l’air & le feu élémentaire, voyez Air & Feu.

Elémentaire se dit aussi, en parlant d’une science, de la partie de cette science qui en renferme les élémens. Ainsi on dit la Géométrie élémentaire pour les élémens de Géométrie, la Méchanique élémentaire pour les élémens de Méchanique, &c. (O)

ELEMI, (Hist. nat. des Drogues.) résine étrangere qui s’enflamme aisément, & qui se dissout dans l’huile. On distingue deux sortes d’élémi, 1°. le vrai élémi ou celui d’Ethiopie & de l’Arabie heureuse, 2°. l’élémi d’Amérique.

Le vrai élémi est une résine jaunâtre, ou d’un blanc noirâtre, solide extérieurement, quoiqu’il ne soit pas entierement sec, mou & gluant intérieurement, formé en morceaux cylindriques qui brûlent lorsqu’on les met sur le feu ; son odeur forte n’est pas desagréable, elle approche de celle du fenouil. Ces morceaux cylindriques sont ordinairement enveloppés de grandes feuilles de roseau ou de palmier. Nous n’avons encore rien de certain sur l’arbre dont cette résine découle, & même on la trouve aujourd’hui très-rarement dans les boutiques : on est trop heureux de rencontrer l’élémi pur d’Amérique.

Celui ci est une espece de résine quelquefois blanchâtre, quelquefois verdâtre ou jaunâtre, transparent, approchant de la résine du pin, de consistence tantôt plus molle, tantôt plus seche, d’une odeur résineuse, desagréable. On l’estime quand il est récent, transparent, un peu verd, gras, gluant, odoriférant. Il nous vient du Brésil, de la nouvelle Espagne & des isles d’Amérique : on l’apporte en pains de deux à trois livres ; & parce qu’ils sont enveloppés dans des feuilles de cannes, on lui donne communément le nom de gomme élémi en roseaux. L’arbre qui fournit cette résine s’appelle icicariba. Voyez Icicariba.

On vend pour de l’élémi naturel, celui qui à cause de sa saleté, a été fondu & recuit au feu, & c’est peut-être là la moindre des tromperies. On contrefait assez communément cette résine avec du galipot lavé dans de l’huile commune d’aspic. On fait aussi passer des gommes communes & quelques especes de poix-résines jaunâtres, blanchâtres, grises, pour l’élémi d’Amérique. Les connoisseurs les distinguent par l’odeur & la couleur ; mais si la chose en valoit la peine dans la pratique, la meilleure connoissance pour un acquéreur seroit celle d’un bon droguiste. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Elemi résine, (Pharm. mat. médic.) La résine élémi est plus connue dans les boutiques sous le nom de gomme que sous celui de résine ; cependant comme c’est absolument une résine, nous l’appellerons ainsi, & en cela nous suivrons M. Geoffroy, qui lui donne ce nom dans sa matiere médicale.

La résine élémi s’employe rarement seule, mais elle entre dans beaucoup de préparations officinales externes ; c’est elle qui fait la base du baume d’Arceus, auquel on donne quelquefois le nom d’onguent élémi. Voyez Baume d’Arceus.

Si on distille par la retorte la résine élémi, on en retire tout ce que donnent ordinairement les résines, c’est-à-dire du flegme acide, une huile assez limpide dans le commencement, & qui s’épaissit de plus en plus vers la fin de l’opération ; il ne reste dans la cornue qu’une petite quantité de caput mortuum, surtout si l’élémi étoit pur.

La résine élémi appliquée extérieurement, passe pour résoudre les tumeurs, déterger les ulceres, & pour être un très-bon digestif ; mais, comme nous l’avons dit, on ne l’employe point seule.

On ne l’employe point non plus pour l’intérieur, cependant quelques auteurs la vantent comme diurétique.

L’élémi entre dans le baume d’Arceus & dans celui de Fioraventi, dans les onguens de styrax & martiatum, dans les emplâtres de bétoine, oppodeltoch, d’André de la Croix, &c. (b)

* ELENOPHORIES, adj. pris subst. fêtes ainsi appellées, parce qu’on y portoit des vases de jonc & d’osier, qu’on appelloit elenes.

ELEOMELI, s. m. (Pharmacie.) c’est une huile plus épaisse que le miel, & douce au goût, qui coule du tronc d’un arbre à Palmyre contrée de la Syrie. Cette huile prise dans de l’eau, évacue par les selles les humeurs crues & bilieuses ; les malades qui s’en servent sont attaqués d’engourdissement & perdent leurs forces, mais ces symptomes ne sont point à craindre.

On tire aussi cette huile des bourgeons oléagineux de cet arbre. Dioscoride & Chambers.

ELEO-SACCHARUM, (Chimie & Pharmacie.) on appelle ainsi toute huile essentielle combinée avec du sucre. C’est un moyen pour rendre les huiles propres à se mêler avec l’eau ; ce qu’elles ne feroient point à moins que le sucre, qui est soluble dans l’eau, ne servît d’intermede à cette union. Pour faire l’eleo-saccharum, on n’a qu’à verser quel-