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condamnés à mort par contumace, aux galeres perpétuelles ou au bannissement perpétuel hors du royaume, & qui décedent après les cinq années sans s’être représentés ou avoir été constitués prisonniers, sont réputés morts civilement du jour de l’exécution, de la sentence de contumace ; laquelle exécution doit être faite par effigie, si la condamnation est à mort naturelle.

L’exécution par effigie a deux objets : l’un d’imprimer une plus grande ignominie sur l’accusé ; l’autre est afin que cet appareil inspire au peuple plus d’horreur du crime.

L’effet de l’exécution par effigie, dans le cas où elle est nécessaire, est que le crime ne se prescrit plus que par trente ans ; au lieu que sans cette exécution il auroit pû être prescrit par vingt ans ; il en est de même des autres sortes d’exécutions, dans le cas où elles ont lieu. (A)

Effigie, à la Monnoie, c’est le côté de la piece où l’on voit gravé en relief l’image du prince regnant. Autrefois on ne mettoit l’effigie du prince qu’aux médailles, ou autre piece frappée consequemment à quelque bataille gagnée, province conquise, ou aux évenemens remarquables, alliance, fête, &c. Sur la monnoie de cours pour le commerce il y avoit une croix ; c’est de-là que ce côté étoit appellé croix, & le revers, pile. Voyez Croix, Pile.

EFFIGIER, v. act. (Jurisprud.) c’est exposer le tableau ou effigie du condamné dans la place publique ; c’est l’exécution figurative du condamné, qui se fait par effigie ou représentation lorsque le condamné est absent. Voyez ci-devant Effigie. (A)

EFFILÉ, (Manége & Maréchall.) se dit par plusieurs personnes d’un cheval mince, long de corps, étroit de boyau. On se sert encore de cette épithete pour désigner le défaut d’une encolure molle, foible, trop déliée ; défaut directement opposé à celui d’une encolure courte, épaisse, trop charnue & trop chargée. Les encolures effilées sont molles & foibles, & le cheval ne peut par conséquent soûtenir un appui ferme, aussi bat-il sans cesse à la main, & donne-t-il à chaque moment des coups de tête. Voyez Encolure. (e)

Effilé. Voyez Mignardise.

Effilé, adj. (Rub.) Les effilés servent ordinairement, dans le deuil, à border les garnitures, manchettes, & fichus ; ils ont la même origine que les franges (voyez Franges), & de plus, un reste de l’ancienne coûtume où l’on étoit autrefois de déchirer les vêtemens lors de la mort de ses proches en signe de sa douleur : il y en a de plusieurs sortes & de différentes matieres, de soie crue, de fil retord ou plat. Ils se font à deux ou à quatre marches, & au battant : celui à deux marches est appellé effilé à deux pas ; celui à quatre marches est appellé effilé à carreau, parce qu’ayant deux coups de navette qui entrent dans la même duite, cela forme ce qu’on appelle le carreau : ce travail le fait paroître plus garni, de sorte qu’un effilé qui seroit tramé & avec huit brins, seroit dit être en seize. Ces diverses sortes d’effilés se font deux à la fois ; il y a dans le milieu six & même huit brins de gros fil de Bretagne qui se travaillent avec le reste, quoiqu’ils ne doivent pas y demeurer. Quand cet ouvrage est ôté de dessus le métier, on le coupe dans la longueur au milieu des six ou huit fils de Bretagne, qui n’y ont été mis que pour ce seul usage : après l’avoir coupé on ôte l’un après l’autre ces brins de fil de Bretagne, qui resserviront au même usage tant qu’ils dureront. Si l’on vouloit avoir deux effilés de diverses hauteurs, il n’y auroit qu’à laisser en le coupant un brin de fil de plus d’un côté que de l’autre. Il se fait des effilés plus composés, & qui ont jusqu’à huit ou dix têtes : ils se font

par le moyen des retours, & sont appellés effilés à l’angloise.

Effilé, (Jardinage.) se dit d’une branche ou d’un arbre trop menu.

EFFILER, (Tailleur.) ôter quelques fils du tissu d’une toile, d’une étoffe, &c.

Il y a des étoffes qui s’effilent par l’endroit où elles ont été coupées. Les Tailleurs ont coûtume d’y remédier en les bougiant, c’est-à-dire en arrêtant les fils avec la cire d’une bougie allumée, avec laquelle ils les collent. Mais la pratique la plus ordinaire pour empêcher les étoffes de s’effiler, c’est de faire de distance à autre des entailles dans la coupe de l’étoffe avec des ciseaux.

EFFILOQUES, s. f. pl. (Rubanier.) s’entend de toutes les soies non torses, qui par ce défaut sont aussi appellées soies folles par leur extrème légereté, qui ne leur permet pas de soûtenir le moindre effort ; elles ne sont le plus souvent bonnes à rien pour ce métier, & sont toutes mises au rebut pour en faire des oüates. On entend encore par ce mot, toutes les superfluités qui se trouvent sur les lisieres ou même sur l’ouvrage, qu’il faut avoir soin de purger de ses effiloques.

EFFLANQUÉ, adj. se dit particulierement d’un cheval accidentellement & non naturellement cousu, c’est-à-dire d’un cheval dont le flanc s’est retiré ensuite d’un voyage plus ou moins long, ou pour avoir été surmené, estrapassé, fatigué, &c. Le repos, la bonne nourriture le rétabliront aisément & lui redonneront du corps, pourvû que sa conformation soit telle, qu’il ait la côte bien tournée. V. Flanc. (e)

EFFLANQUER, v. act. terme d’Horlogerie, passer entre les ailes d’un pignon une lime formée en couteau ou à efflanquer. Cette opération se fait pour donner aux faces de ces ailes la figure convenable, & pour rendre le pignon plus vuide, c’est-à-dire pour diminuer l’épaisseur des ailes. On dit qu’un pignon est trop efflanqué lorsque les ailes sont trop minces ou trop maigres, & sur-tout quand elles le sont trop vers le bout. Voyez Pignon, Lime à efflanquer, &c. (T)

EFFLEURAGE, s. m. (Chamois.) c’est l’action de détacher avec le couteau à effleurer, du côté de la peau où étoit le poil, toutes les parties de sa surface qui empêchent qu’elle ne soit douce & maniable : cette façon se donne sur le chevalet, lorsque la peau a été planie & lavée. Voyez Chamoiseur.

EFFLEURURES, s. f. pl. (Parfumeur.) c’est, en terme de Ganterie, une tache qu’on voit dans une peau à l’endroit d’où le cannepin, c’est-à-dire cette pellicule mince qui touche à la chair de l’animal, est ôté.

EFFLORESCENCE, (Chimie.) V. Moisissure. Outre cette acception, qui est la plus générale, ce mot est encore particulierement affecté par les chimistes, à une altération à laquelle sont sujettes certaines pyrites martiales, que l’on appelle dans l’art efflorescentes, à cause de cette propriété ; altération qui leur fait perdre l’union & la continuité de leurs parties. Voyez Pyrite.

Les sels qui perdent à l’air l’eau de leur crystallisation, comme le sel de Glauber, le vitriol, éprouvent une efflorescence de cette derniere espece. Voyez Sel, Sel de Glauber, Vitriol.

Efflorescence, (Medecine.) ce mot signifie en général toute sorte d’éruption de petites tumeurs humorales superficielles, qui se fait sur la peau en peu de tems, & qui est souvent suivie de la solution de continuité des tégumens, comme dans les boutons de petite vérole, dans les pustules, & autres semblables ; d’autres fois l’efflorescence n’est suivie d’aucune solution de continuité, & il se fait seule-