L’Encyclopédie/1re édition/FLANC

FLANC, s. m. (Gramm.) il se dit proprement des parties latérales du ventre d’un animal : on l’a étendu à beaucoup d’autres acceptions. Voyez les articles suivans.

Flanc, en terme de Guerre, se dit par analogie du côté d’un bataillon, d’un escadron ou d’une armée. Voyez Aile.

Attaquer l’ennemi en flanc, c’est le découvrir par le côté, & faire feu dessus. Les ennemis nous prirent en flanc. Il faut couvrir les flancs de l’infanterie par des aîles de cavalerie, ou par quelque ouvrage qui empêche l’ennemi de tomber dessus.

En général, les flancs d’une troupe ou d’une armée en bataille, doivent toûjours être à l’abri des attaques de l’ennemi. Lorsque la situation des lieux les expose à ce danger, il faut y remédier par des corps de troupes capables de les en garantir. M. de Follard veut qu’on employe ses colonnes dans cette circonstance. Voyez Ordre de Bataille. (Q)

Flanc, en terme de Fortification, est une ligne tirée de l’extrémité de la face d’un ouvrage, vers l’intérieur ou la gorge de cet ouvrage : telle est la ligne FG, Pl. I. de la Fortification, fig. 1.

Le flanc du bastion est la partie qui joint la face à la courtine. Voyez Bastion. Il doit avoir au moins vingt toises, & au plus trente ; mais sa grandeur en général doit se regler par l’étendue des parties qu’il doit défendre, & où l’ennemi peut s’établir pour le battre. Voyez Fortification. (Q)

Flanc bas ou Place basse ; c’est ainsi qu’on appelle dans la Fortification, des especes de flancs que les anciens ingénieurs construisoient parallelement au flanc couvert de leurs places, & au pié de son revêtement. Voyez Cazemate. Voyez aussi à la suite du mot Fortification, la construction du chevalier de Ville, du comte de Pagan, &c.

Les flancs bas servent à augmenter la défense du flanc ; & comme ils sont peu élevés, l’ennemi a peu de prise sur eux, & leur feu rasant lui cause beaucoup d’obstacles dans le passage du fossé. Les tenailles de M. de Vauban peuvent tenir lieu de cette sorte de flanc. Voyez Tenaille. (Q)

Flanc concave, (Fortific.) est un flanc couvert qui forme une ligne courbe, dont la convexité est tournée vers le dedans du bastion. Voyez la construction du flanc concave dans le système de M. de Vauban, à la suite du mot Fortification. Quelques auteurs donnent au flanc concave le nom de tour creuse, parce qu’il a la même figure en-dedans le bastion, qu’une partie des tours dont on se servoit anciennement dans la fortification. (Q)

Flanc couvert, (Fortific.) est celui dont une partie rentre en-dedans le bastion, laquelle est couverte par l’autre partie vers l’épaule, qui est arrondie ou en épaulement. Voyez Orillon & Épaulement.

Le flanc est aussi couvert, dans plusieurs constructions, par le prolongement de la face du bastion, arrondie ou en épaulement.

L’avantage du flanc couvert est d’être moins exposé à l’ennemi, & de conserver quelques canons vers l’épaule du bastion, qui servent beaucoup à la défense du fossé & du pié des breches. (Q)

Flanc oblique ou second Flanc, (Fortific.) c’est, lorsque la ligne de défense est fichante, la partie GE (Pl. I. de Fortific. fig. 4.) de la courtine EF, comprise entre le prolongement DG de la face CD du bastion, & l’angle F du bastion opposé. On appelle cette partie second flanc, parce que les soldats qui y sont placés, découvrent la face CD & le fossé du bastion opposé, comme le flanc, mais cependant d’une maniere beaucoup plus oblique. Voyez Feu de Courtine & Ligne de défense.

La plûpart des anciens ingénieurs étoient fort partisans du second flanc ; mais l’expérience a fait remarquer qu’il n’opéroit presque rien d’avantageux dans la défense ; parce que le soldat étant obligé de se placer de côté pour découvrir la face du bastion opposé, n’est pas dans cette situation en état de nuire beaucoup à l’ennemi : aussi M. le comte de Pagan l’a-t-il supprimé dans ses constructions, en quoi il a été imité par M. le maréchal de Vauban.

Ceux qui voudront voir tout ce qu’on peut dire en faveur & contre le second flanc, n’auront qu’à consulter le livre intitulé, nouvelle maniere de fortifier les places, tirée des méthodes du chevalier de Ville, du comte de Pagan, & de M. de Vauban.

L’auteur de cet excellent ouvrage prétend répondre à toutes les objections qu’on a faites contre le second flanc ; qu’on doit l’employer lorsque l’angle flanqué du bastion se trouve fort obtus, & qu’il ne cause aucune diminution sensible au flanc. On peut encore voir dans la troisieme édition de nos élémens de Fortification, les raisons qui peuvent déterminer à s’en procurer ou à les éviter. (Q)

Flanc simple ou plat, (Fortific.) c’est le flanc ordinaire du bastion en ligne droite. Voyez Bastion. (Q)

Flanc de Vaisseau, (Marine.) c’est la partie qui se présente à la vûe de l’avant à l’arriere, ou de la poupe à la proue.

Etre flanc à flanc, voyez Prolonger.

Flancs, (Manége, Maréchall.) parties latérales du ventre ou de l’abdomen.

Les flancs comprennent l’espace qui est au-dessous des reins, entre les fausses côtes & les hanches ; ils doivent être pleins, & au niveau des côtes & du ventre. Il est des chevaux dont les flancs sont creux par vice de conformation : alors on observe communément que la derniere des fausses côtes est en eux à une distance considérable des hanches. Souvent aussi ces sortes de chevaux sont plats ; leurs côtes, bien loin de tracer un demi-cercle, sont serrées, elles ont une forme avalée & applatie. Des flancs ainsi retroussés ou coupés, annoncent toûjours que l’animal n’est pas propre à une longue fatigue & à de grands travaux. Les flancs du cheval qui a de l’ardeur, ont ordinairement cette imperfection, parce qu’il mange peu & dissipe beaucoup. Des maladies de longue durée qui jettent l’animal dans une sorte de marasme, dont les impressions sont douloureuses, & qui affectent des parties sensibles, le rendent accidentellement très-étroit de boyau : s’il manque entierement de corps, si ses flancs offrent aux yeux une cavité profonde, nous disons que le cheval est cousu. Lorsque d’ailleurs ses côtes sont bien tournées, ses flancs se rétablissent aisément.

On doit attentivement examiner les flancs de tous les chevaux que l’on achete, & principalement ceux des chevaux qui sont vieux, non-seulement en ce qui concerne la conformation de cette partie, mais sur-tout par rapport aux mouvemens des muscles qui concourent a la respiration ; mouvemens qui sont plus vifs, plus précipités & plus altérés, selon les diverses maladies dont l’animal peut être attaqué. Le flanc est altéré, lorsque la dilatation ou la contraction, ou, pour m’expliquer plus clairement, lorsque le soûlevement ou le resserrement de ces mêmes muscles sont plus prompts que dans l’état naturel. Si l’animal est âgé, cette altération est à craindre ; s’il est jeune, elle exige de grands ménagemens & un régime particulier : car elle ne peut avoir été occasionnée que par la mauvaise nourriture ou par un grand feu, & un travail excessif & outré. En retranchant l’avoine à l’animal dans ces derniers cas, en le mettant à une diete humectante & rafraîchissante, en lui administrant quelques lavemens émolliens, en lui faisant une legere saignée ; en prescrivant ensuite l’usage du lierre terrestre en poudre, donné chaque matin dans du son à la dose de demi once, pendant un mois, & même pendant un espace plus considérable de tems, s’il en est besoin, on sera assûré de calmer l’agitation de son flanc.

Le battement en sera beaucoup plus vif, s’il est causé par la fievre. Voyez Fievre. L’expiration entrecoupée par une nouvelle inspiration, qui fait appercevoir conséquemment un mouvement redoublé lors de la dilatation des faces latérales de l’abdomen, caractérise la pousse. Voyez Pousse. &c. (e)

Flanc. Les écrivains donnent aussi ce nom aux deux lignes droites qui se trouvent au milieu des deux côtes de la lettre O, qui sont en effet comme ses deux flancs.

Flanc, (à la Monnoie.) Le métal ayant été fondu en lames, & passé par les laminoirs avec un instrument appellé coupoir ou emporte-piece (voyez l’article Coupoir), on coupe de la lame un morceau rond comme une piece unie au palet, d’une grandeur & d’une épaisseur conséquente à l’empreinte que doit recevoir cette espece de palet, qu’on appelle flanc, pour devenir une monnoie. Ce flanc ou piece unie, avant de passer au balancier, est donnée aux ajusteurs, pour la rendre du poids qu’elle doit avoir ; ensuite on la recuit, en la fait bouillir dans un fluide préparé, &c. enfin elle continue d’être appellée flanc jusqu’à ce qu’on y ait empreint l’effigie, les armes, légendes de tranches ou cordonnet. Voyez Couper, Blanchir.