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accompliront fidelement la loi, & les malédictions réservées à ceux qui oseront la transgresser.

Ce livre fut écrit la quarantieme année après la sortie d’Egypte dans le pays des Moabites, au-delà du Jourdain. Expression équivoque qui a fait douter si Moyse en étoit véritablement l’auteur, puisqu’il est certain que Moyse n’a jamais passé ce fleuve ; mais les interpretes répondent que l’expression qu’on a traduite par ces mots au-delà est équivoque, & peut-être également rendue par ceux-ci en-deçà. La description de la mort de Moyse qu’on y lit à la fin, semble former une difficulté plus considérable ; mais on croit communément que ce morceau fut ajoûté par Josué ou par Esdras, dans la revision qu’il fit des livres sacrés, ou plûtôt c’est le commencement du livre de Josué, comme il sera aisé de s’en appercevoir en comparant le premier verset du livre de Josué, selon la division présente, avec le dernier verset du deutéronome. La mort de Moyse n’est donc rapportée à la fin du deutéronome, que par la faute de ceux qui ont fait la division de ce livre d’avec celle du livre de Josué qui y étoit joint anciennement sans aucune division. Dans l’hébreu, le deutéronome contient onze parasches, quoiqu’il n’y en ait que dix dans l’édition que les rabbins en ont donnée a Venise ; celle-ci n’a que 20 chapitres, & 955 versets ; mais dans le grec, le latin, & les autres versions, le deutéronome contient 34 chapitres, & 952 versets. Mais ces différentes divisions ne font rien pour l’intégrité du livre qui a toûjours été reconnu pour canonique par les Juifs & par les Chrétiens. (G)

DEUTEROSE, s. f. (Théolog.) c’est ainsi que les Juifs appellent leur misne, ou seconde loi.

Deuterosis en grec a la même signification à-peu-près que misna en hébreu ; l’une & l’autre signifient seconde, ou plûtôt itération. Eusebe accuse les Juifs de corrompre le vrai sens des écritures par les vaines explications de leurs deuteroses. S. Epiphane dit qu’on en citoit de quatre sortes, les unes sous le nom de Moyse, les autres sous le nom d’Akiba, les troisiemes sous le nom Dadda ou de Juda, & les quatriemes sous le nom des enfans des Asmonéens ou Macchabées. Il n’est pas aisé de dire si la misne d’aujourd’hui est la même que celle-là ; si elle les contient toutes, ou seulement une partie, ou si elle en est différente. S. Jerôme dit que les Hébreux rapportoient leurs deuteroses à Sammaï & à Hillel : si elles avoient cette antiquité bien prouvée, cela seroit considérable, puisque Josephe parle de Sammeas, qui est le même que Sammaï, au commencement du regne d’Hérode. S. Jerôme parle toûjours des deuteroses avec un souverain mépris ; il les regardoit comme un recueil de fables, de puérilités, d’obscénités ; il dit que les principaux auteurs de ces belles décisions sont, suivant les Juifs, Barakiba, Siméon, & Hilles. Barakiba est apparemment l’ayeul & le pere du fameux Akiba, Siméon est le même que Sammaï, & Helles le même que Hillel. Voyez l’article Misna, Euseb. in Isai. I. v. 22. Epiphan. heres. XXXIII. n°. 9. Hieronim. in Isai. VIII. Josephe. antiq. Jud. lib XIV. chap. xvij. & lib. XV. chap. 1. Calmet, Dictionn. de la Bible. (G)

* DEUX, s. m. terme qui marque la collection de deux unités ; c’est le premier des nombres pairs, & le second des caracteres de l’Arithmétique : il se figure ainsi 2. Voyez Binaire.

DEUX POUR UN, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) gallinago minima sive tertia Bell. Oiseau qui pese environ deux onces ; il a dix pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité des pattes, & seulement huit pouces jusqu’au bout de la queue. On a donné à cet oiseau le nom de deux pour un, parce qu’il est deux fois plus grand que la bécassine. Le

croupion est de couleur bleue & luisante comme celle des plumes du dos de l’étourneau, & la pointe de chaque plume est blanchâtre ; les bords extérieurs des longues plumes du dos ou des épaules sont jaunes, le milieu de la plume est brun avec des taches rousses, & les bords intérieurs sont d’un beau bleu luisant, sans aucun mélange de couleur pourprée. On voit sur le cou, du brun, du blanc, & du roux pâle : les plumes du sommet de la tête sont de couleur noire, mêlée de roux ; & il y a au-dessus des yeux une bande de couleur jaune pâle : la gorge est d’un roux pâle, avec des taches blanches & des taches brunes : la poitrine & le ventre sont blanchâtres : il se trouve entre les yeux & le bec une tache noire. Le mâle ne differe de la femelle, ni par les couleurs, ni par la grosseur. On compte dans chaque aile vingt-quatre grandes plumes ; les dix premieres sont brunes, les dix suivantes ont la pointe blanchâtre, enfin les barbes extérieures des trois dernieres sont marquées de roux & de noir ; en forme de stries. La pointe des plumes qui recouvre immédiatement les grandes plumes des ailes, est blanchâtre ; les autres petites plumes sont entierement noires, à l’exception de la pointe qui est en partie rousse & en partie noire. Le bec a près de deux pouces de longueur ; la piece supérieure s’étend un peu au-delà de l’inférieure, & elle est vers la pointe de couleur noire, & hérissée de petites rugosités, cependant l’extrémité est lisse. Les pattes sont dégarnies de plumes jusqu’au-dessus du genou, & ont une couleur verte peu foncée ; les doigts sont entierement séparés les uns des autres ; celui de derriere est le plus court ; les ongles sont noirs.

Cet oiseau se nourrit d’insectes ; il se cache dans les joncs, & il n’en sort que lorsqu’on l’approche au point de le toucher, pour ainsi dire. Willughby, Ornit. Voyez Oiseau. (I)

Deux, cheval à deux mains. Voyez Cheval, Donner, Appuyer, Pincer des deux. Voyez ces mots.

* Deux coups, (Rubanier.) se dit par rapport au galon, où l’ouvrier doit marcher deux fois de suite les mêmes marches ; en voici la nécessité : si l’on ne marchoit qu’un coup, les soies de la chaine se montreroient à-travers la trame qui est de fil d’or ou d’argent ; ces soies sont à la vérité couleur d’or pour l’or, & blanches pour l’argent ; malgré cette conformité de couleur, elles ne laisseroient pas de faire un mauvais effet sur l’ouvrage ; c’est pour l’éviter que l’on marche deux coups, & pour avoir plus de brillant, par une plus grande réflexion de lumiere. Il faut s’expliquer mieux : ces deux coups supposent quatre coups de navette, c’est-à-dire deux coups chaque pié ; le troisieme de ces quatre coups étant semblable au premier, puisque c’est la même marche qui lui donne l’ouverture, il faut de nécessité que ce troisieme coup vienne avoisiner le premier en se rangeant dans sa même duite, voyez Duite ; recevant un nouveau coup de battant, ils se serrent mutuellement, & produisent plus d’éclat sur l’ouvrage.

Deux pas. Voyez Effilés.

DEUX-PONTS ou ZUEBRUCK, ville d’Allemagne au duché de même nom. Elle est située sur l’Erbach, dans le cercle du bas Rhin. Long. 25. 6. lat. 49. 20.

DEUX-UN, en termes de Blason, se dit de la disposition ordinaire de trois pieces en armoiries, dont deux sont vers le chef & une vers la pointe, comme les trois fleurs-de-lis de France.

Cotereau, à Tours, d’argent à trois lésards montant de synople. (V)

DEUXENIERS, s. m. pl. (Hist. mod.) chez les Anglo-saxons, étoient des hommes évalués à 200