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va ordinairement fort vîte. Les cravates battent à la main & portent au vent ; ils ont l’encolure haute, tendent le nez en branlant la tête, & sont sujets à être bégus. Voyez Battre à la main, Porter au vent, & Bégut. (V).

CRAVEN ou CRAVENT, (Hist. mod.) vieux mot anglois qui signifioit coüard ou poltron ; étoit dans l’ancienne coûtume d’Angleterre, un terme de reproche dont on se servoit dans les jugemens par combat. Voyez Combat.

La loi étoit qu’on proclamât le vainqueur, & que le vaincu reconnût sa faute en présence du peuple, ou prononçât le mot craven pour aveu de sa lâcheté, &c. après quoi on rendoit incontinent le jugement, & le poltron amittebat legem terræ, c’est-à-dire devenoit infame.

Coke observe que si l’appellant, après avoir été au combat, crioit craven, il perdoit alors liberam legem ; mais que si c’étoit l’appellé, on le faisoit pendre. Voyez Duel. Chambers. (G)

* CRAYERS, s. m. pl. (Verrerie.) c’est la cendre du charbon que la violence de la chaleur convertit en une espece de verre ou de matiere vitrifiée en forme de croûte : cette croûte couvre la grille, & elle étoufferoit le feu, en empêchant l’air de traverser la grille, si on n’avoit l’attention de l’en dégager. On l’appelle aussi mousse.

CRAYON, voyez Craion ou Craiyon.

* CRAZI, s. m. (Commerce.) petite monnoie usitée en Italie, & sur-tout dans le grand duché de Toscane & dans le Florentin, qui revient à un peu plus de quatre sols de notre argent.

CRE

* CRÉADIERS, terme de Pêche usité dans le ressort de l’amirauté de Bordeaux ; est une sorte de trameaux dérivans, dont les pêcheurs se servent pour la pêche du créac ou esturgeon. Voyez Trameaux.

Ce sont ceux de la plus grande espece que les pêcheurs de Cariot y employent. Le créac ou esturgeon, dont la pêche est accidentelle sur toutes les autres côtes du royaume, pourroit se faire dans des saisons reglées, à l’embouchure de la Gironde. Les créadiers sont ainsi nommés du nom de créac ; ils ont les mailles de l’Armail ou des Hameaux, d’un calibre bien plus large que l’ordonnance ne les a fixés pour les hameaux de la Dreige : ces mailles ont quelquefois jusqu’à dix pouces en quarré ; celles de la charte, carte, toile, nappe, ou ret du milieu, ont deux à trois pouces en quarré. Les créadiers sont composés d’un gros fil, à-peu-près comme les rets des solles ; mais ils ne restent pas sédentaires sur les fonds, ils dérivent à la marée, ainsi que les rets courans.

L’esturgeon aimant particulierement les eaux blanches ou troubles, la pêche en est ordinairement plus avantageuse quand elles le sont ; alors ce poisson trouve une plus grande abondance d’anguilles & de lamproies, dont il fait sa pâture.

La pêche de l’esturgeon avec les trameaux dérivans, commence en quelques endroits en Février, & dure jusqu’en Juillet & Août, & même plûtard ; en d’autres, à la Notre-Dame de Mars, & dure jusqu’à la fin de Septembre : les pêcheurs la font avec les mêmes rets au haut de la riviere ; mais comme le courant y est moins rapide qu’à son embouchure, ils amarrent par un cordage de quelques brasses les bouts de leur tressure, qui a quelquefois plus de cent brasses de long, à un pieux planté à la rive, ou à quelques arbres, de bord & d’autre. Le ret suit la profondeur des eaux à deux, trois, quatre brasses de chûte ; mais le tramail reste sédentaire, sans dérive, & arrête au passage les créacs qui montent ou qui descendent, Voyez Esturgeon.

CRÉANCE, s. f. (Jurispr.) On entend ordinairement par ce terme, une dette active, c’est-à-dire le droit que le créancier a de se faire payer d’une somme d’argent, d’une rente ou autre redevance, soit en argent ou en grains, ou autre espece ; ce qui vient du latin credere, qui signifie prêter, confier. On comprend néanmoins sous ce terme, toutes sortes de créances, non-seulement pour prêt ou commodat, ou dépôt, mais aussi de quelqu’autre cause qu’elle dérive, comme d’une donation, d’un legs, partage, contrat de vente, &c.

Il y a plusieurs sortes de créances.

Créance caduque, est celle dont il n’y a rien à espérer.

Créance chirographaire, est celle qui est fondée sur un titre sous signature privée, qui n’emporte point d’hypotheque. On met dans la même classe les créances pour lesquelles il n’y a aucun titre écrit, parce que c’est la même chose vis-à-vis des créanciers hypothécaires, de n’avoir point de titre, ou de n’en avoir qu’un sous seing privé. Entre créanciers chirographaires, le premier saisissant est préferé sur le prix des effets saisis, parce qu’il a conservé le gage commun ; mais s’il y a déconfiture, le premier saisissant vient, comme les autres, par contribution au sol la livre.

On distingue néanmoins deux sortes de créances chirographaires, les unes ordinaires, d’autres privilégiées : les créances chirographaires ordinaires sont toutes celles qui n’ont point de privilége : les créances chirographaires privilégiées, sont celles qui sont privilégiées par leur nature, soit qu’il y ait un titre ou non ; & les unes ont un privilége spécial sur une certaine chose, comme le privilége du nanti de gages, le proprietaire de la maison sur les meubles des locataires ; les autres ont un privilége général sur tous les effets du débiteur, comme les frais de justice, les frais de la derniere maladie du débiteur, les frais funéraires.

Créance déléguée, est celle qu’un tiers est chargé de payer en l’acquit d’un autre. Voyez Délégation.

Créance douteuse, est celle dont le recouvrement est incertain par rapport au peu de stabilité du débiteur.

Créance hypothécaire, est celle qui résulte d’un titre authentique, tel qu’un jugement ou un acte passé devant notaire, & qui emporte hypotheque au profit du créancier sur les biens de l’obligé.

Créance ordinaire, est celle qui n’est point privilégiée. Voyez Privilége.

Créance personnelle, est celle à laquelle la personne est principalement obligée, à la différence d’une créance hypothécaire, qui ne donne droit contre un tiers que comme détenteur d’un bien hypothéqué.

Créance privilégiée, est celle à laquelle les lois accordent une faveur particuliere & une préférence sur les créances ordinaires ; tels sont les frais de justice, frais funéraires, les créances d’un maçon sur la maison qu’il a construite ou réparée. Voyez Privilége.

Créances privilégiées hypothécaires, sont celles que l’on paye sur les immeubles par préférence entre les hypothécaires, & par conséquent avant toutes les créances chirographaires, même privilégiées : telle est la créance du bailleur de fonds pour le prix de la vente. Voyez Privilége.

Créance solidaire, est celle qui appartient en commun à plusieurs personnes qui sont chacune en droit d’en exiger la totalité, comme il arrive lorsque le débiteur s’est obligé de payer à chacun des créanciers la totalité de la dette, sans aucune division. Néanmoins lorsque l’un d’eux a exigé la totalité de la dette, les autres ne peuvent pas en exiger une se-