L’Encyclopédie/1re édition/COMBAT

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COMBAT, s. m. (Art. milit.) se dit en général d’une querelle ou d’un différend qui se décide par la voie des armes. Voyez Guerre, &c.

Dans une armée, les auteurs font une distinction entre un combat & une bataille ; cette derniere exprime l’action générale de toute l’armée, au lieu que le combat ne signifie qu’une escarmouche particuliere ou l’action d’une simple partie de l’armée, de sorte que le combat est proprement une partie d’une bataille. (Q)

Combat naval, (Marine.) c’est la rencontre d’un ou plusieurs vaisseaux ennemis qui se canonent & se battent. On le dit également des armées navales & des escadres qui se livrent un combat. Voyez Ordre de bataille. (Z)

Combat, (Hist. mod.) ou combat singulier, signifie une épreuve formelle entre deux champions, qui se faisoit par l’épée ou par le bâton pour décider quelque cause ou quelque différend douteux.

Cette maniere de procéder étoit autrefois fort ordinaire, & avoit lieu non-seulement en matiere criminelle, mais encore dans les causes civiles : elle étoit fondée sur cette présomption, que Dieu n’accorderoit la victoire qu’à celui qui auroit le meilleur droit. Voyez Duel.

On trouve que cette espece de combat n’est pas moins ancien que le regne d’Othon. Le dernier que l’on ait admis en Angleterre, se passa la sixieme année du regne de Charles I. entre Danald lord Rhée ou Rey, & David Ramsey, écuyer, dans la chambre peinte.

On peut voir ce qui se trouve à ce sujet dans le coûtumier de Normandie, où la cérémonie de ce combat est décrite. L’accusateur étoit obligé de protester avec serment de la vérité de son accusation ; l’accusé lui donnoit le démenti, alors chacun jettoit son gage du combat, & l’on constituoit les parties prisonnieres jusqu’au jour du combat. Voyez Champion.

Les historiens nous apprennent qu’Alphonse, roi de Castille, desirant abolir la lithurgie Mosarabique & introduire l’office Romain, comme le peuple s’y opposoit, il fut convenu de terminer le différend par la voie du combat, & d’en remettre la cause à la décision du ciel.

Philippe le Bel, en 1303, avoit défendu ces combats : malgré cette défense le roi Henri II. permit en sa présence le combat de Jarnac & la Chateigneraye ; mais depuis ces duels ont été totalement prohibés, parce qu’il étoit très-possible que le coupable demeurât vainqueur.

Ce terme de combat exprime aussi les jeux solemnels des anciens Grecs & Romains ; tels étoient les jeux Olympiques, les jeux Pythiens, Isthmiens & Néméens, ludi Actiaci, Circenses, &c. Voyez aux articles qui leur sont propres, comme aux mots Olympiques, &c. Les combats que l’on y célébroit étoient la course, la lutte, le combat à coups de poing, le ceste. Les combattans, que l’on appelloit athletes, faisoient une profession particuliere, mais servile ; & dès leur jeunesse ils s’accoûtumoient à une nourriture grossiere, à un régime fort sévére, ils ne buvoient point de vin, & se privoient du commerce des femmes. Leur travail, comme tout le reste de leur vie, se faisoit régulierement. V. Athlete, Gladiateur, &c. Chambers & Trév. (G)

* Combat du pont de Pise, (Hist. mod.) à la saint Antoine un quartier du côté du pont défie un quartier de l’autre côté ; les combattans s’appellent les Guelfes & les Gibelins ; ils sont divisés comme une armée, en troupe qui a ses officiers ; chaque soldat est armé de cuirasse & de casque, avec une massue de bois en forme de palette. Le pont est séparé en deux par une barricade ; les troupes s’avancent vers le pont étendarts déployés ; on donne le signal ; la barriere s’ouvre ; alors les combattans s’avancent & se frappent avec leurs massues, & tachent à gagner le terrein les uns sur les autres. Il y en a d’armés de crocs, avec lesquels ils accrochent leurs antagonistes & les tirent de leur côté ; celui qui est accroché & tiré est fait prisonnier : d’autres s’élancent ; d’autres montent sur les parapets, d’où ils sont précipités dans la riviere : le combat dure jusqu’à ce que l’un des partis soit chassé hors du pont. Le parti vaincu met bas les armes & se cache ; l’autre marche triomphant. Ce combat ne finit guere sans accident. Les vainqueurs sont maîtres du quartier vaincu. Il se fait beaucoup de paris.

Combat-à-plaisance, (Hist. mod.) Les combats-à-plaisance étoient des tournois qui se faisoient autrefois dans les occasions d’une réjouissance publique, ou à l’honneur des souverains, ou pour soûtenir la beauté & le mérite d’une maîtresse, & surtout au rapport de la Colombiere (Théat. d’honneur & de chevalerie, ch.j.), « pour se garantir de l’oisiveté, laquelle nos ancêtres avoient en si grande horreur, que nous lisons toûjours au commencement des descriptions de leurs entreprises, que c’étoit principalement pour la fuir de toute leur puissance, comme la principale ennemie de leurs cœurs généreux ». Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Combat de fief, (Jurisprud.) est la contestation qui se meut entre deux seigneurs de fief, qui prétendent respectivement la mouvance d’un même héritage, soit en fief ou en censive. Voyez Fief. (A)