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chalumeaux 2, 3, 4. Le chalumeau 2 est le bourdon ; le chalumeau 4 s’appelle le petit bourdon. Ces deux bourdons sont à l’unisson. Le porte-vent a une soûpape au-dedans de la peau qui permet au vent d’entrer, mais qui ne lui permet pas de sortir, tandis que le joüeur de cornemuse reprend haleine. Le vent n’a d’issue que par les chalumeaux. Ils ont chacun leur anche à leur partie inférieure ; ces anches sont prises dans des boîtes 5, 6, 7, sur lesquelles la peau est bien appliquée. Quand on joüe de la cornemuse, le grand bourdon passe sur l’épaule gauche ; on enfle la peau par le porte-vent ; la peau est pressée sous le bras gauche ; & les doigts sont sur les chalumeaux que le vent fait resonner.

Le gros bourdon est de deux piés & demi, en y comprenant son anche qui a deux pouces & demi, dont la languette ou fente est de deux pouces de long sur quatre lignes de large. Le petit bourdon a un pié, en y comprenant son anche qui a deux pouces de longueur. Le porte-vent a six pouces de long ; on lui en peut donner plus ou moins. Le chalumeau a treize pouces avec son anche & sa boîte qui sont de deux pouces & demi. Il a huit trous. Le premier est seul en-dessous, à la distance de trois pouces & un tiers du haut de l’anche ; il n’y a que de pouce de ce trou au second ; du second au troisieme il y a dix lignes ; autant du troisieme au quatrieme. Les autres sont éloignés d’un pouce : ils sont presque tous de même grandeur. La peau est d’un pié & demi de long sur dix pouces de large. Le gros bourdon rend l’octave au-dessous du petit ; & le petit l’octave au-dessous du chalumeau, quand tous les trous sont bouchés, & sa quinzieme, quand ils sont ouverts.

Ainsi la cornemuse a trois octaves d’étendue. On peut lui en donner davantage en forçant le vent. Tout ce qu’on auroit à dire sur cet instrument concerne particulierement les anches, dont le ton varie selon les ouvertures qu’on leur donne. On se ménage la commodité d’allonger ou de raccourcir les bourdons par le moyen des boîtes, & par conséquent celle de les rendre plus ou moins graves. Les chalumeaux de la cornemuse étant mobiles dans ces boîtés, on parvient à l’accorder. Voyez les articles Anche, Musette, &c.

Il y a une sorte de cornemuse qu’on appelle cornemuse de poictou. Elle ne differe de celle que nous venons de décrire, qu’en ce qu’elle n’a point de petit bourdon ; son chalumeau a huit trous, dont le premier s’ouvre & se ferme à clé.

La cornemuse s’appelle aussi chalemie. Cet instrument est principalement d’usage au Nord ; il n’y a guere que les paysans qui en joüent parmi nous.

CORNESOLE, voyez Cornaline.

CORNET, s. m. en Anatomie, nom de quelques parties qui ressemblent à-peu-près à la figure d’un morceau de papier qu’on roule en maniere de cofre, & qu’on appelle cornet.

Les cornets de l’os éthmoïde sont ces trois lames situées l’une sur l’autre, qu’on remarque à la partie latérale interne & postérieure de chaque portion de cet os. Voyez Ethmoïde.

Les cornets inférieurs du nez, appellés aussi conques ou coquilles & lames spongieuses inférieures du nez, sont au nombre de deux, situés dans les fosses nasales. (L)

Cornet. Voyez Calmar & Coquille.

Cornets pour l’ouïe, (Acoustique.) instrumens à l’usage de ceux qui ont l’oreille dure. Le son se conserve dans ces instrumens, parce qu’en traversant leurs parois il ne peut se répandre circulairement, & le son ainsi ramassé frappe l’organe avec plus de force. On peut encore augmenter l’effet du son, en donnant à ces tuyaux une forme en partie parabolique, parce que le son est refléchi & comme

ramassé en un seul point appellé foyer, où l’oreille est placée. Voyez Cabinets secrets, Echo, & Porte-voix. Ces cornets sont à-peu-près à l’égard de l’oreille, ce que les lunettes d’approche sont par rapport à la vûe. On peut les perfectionner comme on fait les lunettes. Mais nous croyons avec M. de Buffon, qu’il faut, pour que les cornets ayent tout l’effet possible, que l’oreille soit dans un endroit desert, ou du moins tranquille ; autrement, comme le son ne se propage pas en ligne droite ainsi que la lumiere, le bruit des objets voisins frappant l’oreille suivant toutes sortes de directions, altéreroit & affoibliroit le bruit augmenté par le cornet. (O)

Cornet d’épisse, (Marine.) Voyez Epissoir. (Z)

Cornet de mast, (Marine.) c’est une espece d’emboîtement de planches vers l’arriere du mât de divers petits bâtimens, qui est néanmoins ouvert du côté de l’arriere où s’emboîte le pié du mât qui se baisse du côté qui n’est point fermé, c’est-à-dire vers l’arriere, & qui se releve autant de fois qu’il en est besoin. (Z)

* Cornet, (Luth. & Musiq.) instrument à vent dont les anciens se servoient à la guerre. Les cornets faisoient marcher les enseignes sans les soldats, & les trompettes, les soldats sans les enseignes : les cornets & les clairons sonnoient la charge & la retraite ; & les trompettes & les cornets animoient les troupes pendant le combat. Nous ne nous servons plus guere du cornet dans les concerts ; nous en allons cependant expliquer la facture. Il y en a de plusieurs sortes ; celui qu’on voit Pl. VII. de Lutherie, fig. 11. s’appelle dessus de cornet : il a sept trous. Ceux qui se piquoient de bien joüer de cet instrument, lui donnoient la même étendue avec six, & ne se servoient pas du septieme. A est son bocal, il se sépare de l’instrument, & on l’en voit séparé en Aa. La taille de cornet est entierement semblable au-dessus de cornet, à l’exception d’un trou qu’on lui a ajoûté en-bas, & qui s’ouvre & se ferme à clé. Elle se brise en deux endroits pour la commodité. Elle a ses sept trous. L’étendue du dessus de cornet est d’une seizieme ; il n’y a que trois pouces de l’extrémité de l’instrument jusqu’au milieu du sixieme trou, & que dix pouces du bocal jusqu’au milieu du premier trou. Les trous sont éloignés de treize lignes, excepté le troisieme & le quatrieme, dont la distance est de dix-sept lignes. Le diametre de chaque trou est de quatre lignes ; celui du fond du bocal n’est que d’une ligne. Cet instrument va toûjours en s’élargissant depuis le bocal jusqu’à sa patte, dont le diametre est d’un pouce. La divergence des côtés est plus sensible du bocal au premier trou, que du premier sur le reste de la longueur. Il y en a qui pratiquent au derriere de l’instrument, à treize lignes plus haut que le premier trou d’en-haut, un autre trou. Il y a des dessus de cornet & des tailles de cornet droites & d’autres courbes. On les fait de cormier, de prunier, & autres bois. Il faut que le bois soit sec. On le couvre de cuir. Cet instrument est rude, & il faut le savoir adoucir. Le dessus de cornet va du c sol ut à l’s ut fa de la troisieme octave. Le serpent est une vraie basse de cornet ; voyez Serpent.

Le dessus de cornet donne le c sol ut tous les trous bouchés ; on fait le re, le mi, &c. en débouchant les trous les uns après les autres en montant. Sa tablature est la même que celle du flageollet, voyez. Quant à la basse de cornet, les trous en sont éloignés d’un pouce & , excepré le troisieme & le quatrieme qui sont éloignés de six pouces ; le sixieme & le troisieme de 6 pouces  : il y a du septieme à la patte 10 pouces plus & du bocal au premier trou un pré 7 pouces ; la patte en est ouverte de 2 pouces. Le diametre du bocal est de 5 li-