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çoit devant chaque convive. Suétone dit qu’un seigneur de la cour de Claude ayant été soupçonné d’avoir volé la coupe d’or qu’on lui avoit servie, fut encore invité pour le lendemain ; mais qu’au lieu d’une coupe d’or, telle qu’on en servoit aux autres convives, on ne lui servit qu’un gobelet de terre.

Après la distribution des coupes, on commençoit le premier service du repas. Dans les grandes fêtes les esclaves, tant ceux de la maison que ceux que les particuliers avoient amenés, & qui demeuroient debout aux piés de leurs maîtres, étoient couronnés de fleurs & de verdure aussi-bien que les convives, & il n’y avoit rien alors qui n’inspirât la joie.

Quand un ami, un parent, un voisin, n’avoit pû venir à un repas où il avoit été invité, on lui en envoyoit des portions ; & c’est ce qui s’appelloit partes mittere, ou de mensa mittere.

Pendant le repas les convives avoient coûtume de boire à la santé des uns & des autres, de se présenter la coupe, & de faire des souhaits pour le bonheur de leurs amis : ainsi la coupe passoit de main en main depuis la premiere place jusqu’à la derniere. Juvénal dit que rarement les riches faisoient cet honneur aux pauvres, & que les pauvres n’auroient pas été bien venus à prendre cette liberté avec les riches. C’étoit néanmoins, au rapport de Varron, un engagement pour tous les convives, lorsque pour conserver l’ancien usage on faisoit un roi. Voyez Roi du Festin.

Au moment que les convives étoient prêts à se séparer, ils finissoient la fête par des libations & par des vœux pour la prospérité de leur hôte, & pour celle de l’empereur. Les Anglois suivent encore cet usage.

Enfin les convives en prenant congé de leur hôte, recevoient de lui de petits présens, qui d’un mot grec étoient appellés apophoreta. Entre les exemples que nous en fournit l’histoire, celui de Cléopatre est d’une prodigalité singuliere. Après avoir fait un superbe festin à Marc Antoine & à ses officiers dans la Cilicie, elle leur donna les lits, les courte-pointes, les vases d’or & d’argent, la suite des coupes qu’on avoit mis devant chacun d’eux, avec tout ce qui avoit servi au repas. Elle y ajoûta encore des litieres pour les reporter chez eux, avec les porteurs même, & des esclaves Mores pour les reconduire avec des flambeaux. Les empereurs Verus & Eliogabale copierent Cléopatre ; mais ils n’ont depuis été copiés par personne. Nous ne connoissons point ce genre de magnificence. Quand le doge de Venise fait la cérémonie stérile d’épouser la mer, il ne donne de sa vaisselle d’argent à aucun convié ; & s’il paroît en faire un usage plus fou, la jetter dans la mer, ce n’est que par fiction ; on a eu soin de placer des filets pour la retenir ; il n’en perd pas une seule piece. Extr. des mém. de Littér. tome I. pag. 422-450. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

CONVOCATION, (Jurispr.) signifie invitation donnée à plusieurs personnes pour les rassembler.

On dit, par exemple, la convocation du ban & de l’arriere-ban. Voyez Ban & Arriere-ban.

Les billets de convocation sont l’avertissement par écrit que l’on envoye à ceux que l’on veut rassembler.

On dit aussi convoquer ou assembler le chapitre. Voyez Chapitre.

L’assemblée d’une communauté d’habitans doit être convoquée au son de la cloche. Voyez Assemblée, Communauté, Habitans.

On convoque les pairs au parlement dans les affaires qui intéressent l’honneur de la pairie ou l’état d’un pair Voyez Pair. (A)

Convocation, s. f. (Hist. mod.) ce terme se dit, spécialement en Angleterre, de l’assemblée du cler-

gé de chacune des deux provinces de l’Église Anglicane. Voyez

Synode, Clergé &c.

Le roi adresse l’ordre de convocation à chaque archevêque, lui enjoignant d’en donner communication aux évêques de sa province, aux doyens, archidiacres, aux églises cathédrales & collégiales, &c.

L’archevêque en fait part au doyen de sa province, qui la notifie à son tour à tous ceux à qui il appartient.

Le lieu où se tient la convocation ou assemblée de la province de Cantorbery, est l’église de S. Paul, d’où elle a été transportée depuis peu à S. Pierre de Westminster, dans la chapelle d’Henri VIII. ou chambre de Jérusalem. Il y a dans cette assemblée chambre-haute & chambre-basse, comme dans le parlement d’Angleterre.

La chambre-haute dans la province de Cantorbery, consiste en 22 évêques présidés par l’archevêque, qui tous à l’ouverture de l’assemblée sont en robe d’écarlate & en chaperon.

La chambre-basse consiste en 22 doyens, 24 prébendaires, 54 archidiacres, 44 simples prêtres représentans le clergé des diocèses.

Les articles sont d’abord proposés dans la chambre-haute, qui en donne communication à la chambre-basse. Tous les membres de la chambre-haute & basse ont pour eux & leurs domestiques les mêmes priviléges que les membres du parlement.

L’archevêque d’York tient en même tems dans le même ordre l’assemblée ou convocation du clergé de sa province à York ; & au moyen de la correspondance exacte qui est entre les deux assemblées, on y discute les mêmes matieres que dans la province de Cantorbery ; mais ce n’est pas une loi que le résultat de chacune des deux assemblées soit le même.

Anciennement le clergé avoit ses représentans dans la chambre-basse du parlement. C’étoient deux députés de chaque diocèse, qu’on nommoit procuratores cleri, qui représentoient tout le corps ecclésiastique du diocèse, comme les chevaliers d’une province représentent les communes laïques de la même province ; mais cet usage a cessé depuis qu’on a appellé à la chambre-haute les évêques qui représentent tout le clergé. Voyez Parlement. (G)

* CONVOI, s. m. (Hist. anc. & mod.) c’est le transport du corps, de la maison au lieu de sa sépulture. Après que le corps avoit été gardé le tems convenable, qui étoit communément de sept jours, un hérault annonçoit le convoi à peu-près en ces termes : « Ceux qui voudront assister aux obseques de Lucius Titius, fils de Lucius, sont avertis qu’il est tems d’y aller ; on emporte le corps hors de la maison ». Les parens & les amis s’assembloient ; ils étoient quelquefois accompagnés du peuple, lorsque le mort avoit bien mérité de la patrie. On portoit les gens de qualité sur de petits lits appellés lectiques, ou hexaphores, ou octaphores, selon le nombre de ceux qui servoient au transport. Les gens du commun étoient placés sur des sandapiles ou brancards à quatre porteurs. Le feretrum paroît être le genre, & le lectique & la sandapile les especes. Les porteurs s’appelloient vespillones. Le mort avoit le visage découvert ; on le lui peignoit quelquefois : s’il étoit trop difforme, on le couvroit. Dans les anciens tems le convoi se faisoit de nuit. Cette coûtume ne dura pas toûjours chez les Romains, & ne fut pas générale chez les anciens. A Sparte quand les rois mouroient, des gens à cheval annonçoient partout cet événement ; les femmes s’écheveloient, & frappoient nuit & jour des chauderons, dont elles accompagnoient le bruit de leurs lamentations. Chaque maison étoit obligée de mettre un homme & une