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bre qui est très-rare, paroît n’être, sur ce qu’on en sait encore, qu’une variété du précédent, auquel il ressemble parfaitement par ses chatons & sa graine ; mais ses feuilles, quoique flétries, ne tombent qu’aux approches du printems ; circonstance desavantageuse, qui ne fera pas rechercher cet arbre. Il a cependant le mérite de croître sous les autres arbres, dont l’ombrage & le dégouttement ne lui sont point nuisibles. On peut le multiplier de graines, qui ne leveront que la seconde année. Il est très-robuste ; mais il ne fait jamais qu’un petit arbre. (c)

CHARMES, (Géog.) petite ville de France en Lorraine, sur la Moselle. Long. 24. lat. 48. 18.

CHARMÉS, adj. (Jurisp.) en matiere d’eaux & forêts, on appelle arbres charmés, ceux auxquels on a fait à mauvais dessein quelque chose pour les faire tomber ou pour les faire mourir. Ce terme paroît tirer son origine d’un tems de simplicité où l’on croyoit que ces sortes de changemens pouvoient s’opérer par des charmes, sorts, ou un pouvoir surnaturel : mais présentement on est convaincu que ces maléfices se font par des secrets naturels, comme en cernant les arbres, ou en les creusant pour y mettre de l’eau-forte ou du vif-argent, &c. Voyez Chauffour, dans son instruction sur le fait des eaux & forêts, ch. xv. p. 82. Le glossaire de Lauriere, au mot charmés. (A)

CHARMILLE, s. f. (Jardin.) c’est proprement le nom que l’on donne aux jeunes charmes que l’on tire des pépinieres ou des bois taillis, à dessein de planter des palissades, des portiques, des haies, &c. pour l’ornement ou la clôture des jardins. Mais on appelle aussi du nom de charmille, les palissades même & les haies qui sont plantées de charme. Cet arbre est en effet le plus propre de tous à recevoir & conserver les formes qu’on veut lui donner, & dont on a sû tirer un si grand parti pour l’embellissement & la décoration des jardins de propreté. Sur la plantation & la culture des charmilles, voyez Charme. (c)

CHARMOIE, s. f. (Agricult.) c’est ainsi qu’on appelle un lieu planté de charmes. Voyez Charme.

* CHARMON, adj. m. (Myth.) surnom sous lequel Jupiter avoit un culte établi, & étoit adoré chez les Arcadiens.

* CHARMOSINE, (Myth.) jour de fête & de joie dans Athenes, dont il ne nous est resté que le nom.

* CHARNAGE, s. m. se dit 1° du tems où l’on fait gras, par opposition au tems de carême où l’on fait maigre ; 2° des animaux même, par opposition & aux choses appartenantes aux animaux, & aux autres substances naturelles sur lesquelles les dixmes peuvent s’étendre : il a dixme de lainage & charnage.

* CHARNAIGRES, s. m. (Chasse.) voy. les articl. Chien & Levrier.

* CHARNEL, adj. (Gramm.) terme de consanguinité ; frere charnel, ou du même pere & de la même mere, de la même chair, voyez l’art. suivant : terme de Théologie, Juif charnel, ou attaché aux choses de ce monde, c’est l’opposé de spirituel. Voyez Spirituel.

CHARNEL, adj. (Jurisprud.) ami charnel dans les anciens actes, signifie parent. Dans des lettres manuscrites de Louis cardinal duc de Bar, seigneur de Cassel, administrateur perpétuel de l’évêché & comté de Verdun, du 27 Avril 1420, il est parlé des oncles & amis charnels de Jean seigneur de Watronville. Ce terme d’ami charnel paroît venir du Latin amita, qui signifie tante paternelle, & amitinus, amitina, cousin & cousine, enfans du frere & de la sœur (A)

CHARNELLEMENT, adv. (Jurisp.) en style du barreau ; on dit avoir affaire charnellement avec une personne du sexe, pour dire avoir commerce avec elle. (A)

CHARNIER, s. m. terme d’Architecture, du Latin carnarium. On entend sous ce nom des portiques couverts & percés à jour, qui entourent une grande place destinée à la sépulture des habitans, tel que le cimetiere des saints Innocens à Paris ; on donne aussi ce nom à une galerie fermée de croisées, & située au rez-de-chaussée d’une église paroissiale, où l’on enterre les morts, & où dans les jours solennels on donne la communion, tels qu’aux paroisses saint Eustache, saint Paul, &c. (P)

* CHARNIERE, s. f. en terme d’Orfevre & de Bijoutier ; c’est la portion d’un bijou en forme de boîte, par laquelle le dessous & le dessus sont assemblés, de maniere que le dessus peut s’ouvrir & se fermer sans se séparer du dessous. Elle est composée de plusieurs charnons placés à des distances égales, & s’insérant les uns entre les autres ; ceux de la partie de la charniere qui tient au-dessous, dans les vuides de la partie de la charniere du dessus ; & ceux de la partie de la charniere qui tient au-dessus, dans les vuides de la partie de la charniere qui tient au-dessous ; & ils sont contenus dans cet état par une verge de fer, d’acier, ou même d’argent, un peu aisée dans ces trous, mais bien rivée à chaque extrémité. Voyez à l’article Tabatiere, la maniere de faire une charniere dans tout son détail. Voyez aussi Charnon.

Charniere, en terme de Graveur en pierre, se dit d’une sorte de boule qui se termine en une espece de petit cylindre creux & long, qui entre dans les pierres qu’on veut percer. Voyez la fig. 5. Planche III. de la Gravûre.

Charniere petite, nom que les Horlogers donnent à celle du mouvement d’une montre. Pour qu’elle soit bien faite, il faut, 1° que le mouvement en soit doux, quoique ferme ; 2° qu’elle ne bride pas, afin qu’elle ne jette pas le mouvement à droite ou à gauche de l’ouverture de la boîte ; 3° que les charnons appartenans à la partie qui tient au mouvement, soient petits & distans l’un de l’autre de l’épaisseur au moins de trois de ces charnons. Par ce dernier moyen, celui du milieu de la boîte devient plus long, & on diminue les inconvéniens qui naîtroient des yeux. Voyez Boîte, Bate &c. Voyez aussi une Charniere de boîte de montre, représentée Planche XII. d’Horlogerie. (T)

* Charniere. Les faiseurs d’instrumens de Mathématique donnent assez improprement ce nom à l’endroit par lequel les jambes d’un compas, les parties d’une équerre, &c. sont assemblées, soit que l’assemblage soit à une fente, soit qu’il soit à deux fentes ; cependant il ne convient guere qu’au dernier cas : alors deux lames de la tête d’une des jambes de l’instrument s’insérant entre deux lames de la tête de l’autre jambe de l’instrument, & le clou les traversant toutes quatre, les lames sont ici ce que les charnons sont aux charnieres proprement dites, & le clou fait la fonction de la goupille.

* Charniere, (Serrurerie.) c’est en général une fermeture de fer, dont les branches sont plus longues & plus étroites que celles des couplets, relativement à la longueur. On s’en sert aux portes brisées & fermeture des boutiques en plusieurs feuillets. Il faut autant de charnieres, moins une, qu’il y a de feuillets. Il y a des charnieres simples & des charnieres doubles. Voyez Couplets.

* CHARNON, s. m. en terme de Bijoutier, c’est une espece d’anneau soudé, ou au dessus, ou au-dessous d’un bijou en forme de boîte. C’est l’ensemble des charnons qui forme la charniere ; ils font au-dessus en même nombre qu’au-dessous, du moins pour l’ordinaire. Ils sont soudés de maniere qu’il s’en puisse insérer un du dessus entre deux du dessous, & remplir l’interstice si exactement, que les trois pieces n’en paroissent faire qu’une. Le grand art du Bijoutier,