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aura deux pouces de longueur & se terminera en ovale.

Il y aura un tenon aux canons ; il sera placé à quatre pouces du bout, & se trouvera logé dans le fût sous le premier anneau. Le guidon sera aussi brasé à vingt lignes justes du bout. On y aura une attention singuliere, pour que les bayonettes des différentes manufactures puissent se rapporter facilement.

Les canons demi-citadelle ou de rempart seront fabriqués, comme nous l’avons prescrit ci-dessus ; ils auront trois piés huit pouces de longueur : le diametre entier de la culasse sera de dix-huit lignes. Le diametre sur le devant, ou à la bouche, sera d’onze lignes un quart, & le calibre de huit lignes un quart. Ils auront comme ceux de grenadier, un tenon, & le guidon en sera posé à seize lignes du bout.

Le bouton de la culasse aura la même hauteur, & le talon la même épaisseur que la culasse du fusil grenadier ; la lumiere en sera aussi percée à la même distance.

Les canons tant de rempart que de soldat seront éprouvés horisontalement, avec leur vraie culasse, couchés sur des chevalets, la culasse appuyée contre une poutre armée de barres de fer, ce qui arrêtant le recul, rendra l’épreuve plus forte. Chaque canon soûtiendra deux épreuves : la premiere sera une charge de poudre du poids de la balle, bourrée avec du papier, & la balle par-dessus aussi bourrée ; la seconde sera d’un cinquieme de poudre de moins, aussi bourrée & de même la balle par-dessus.

La balle du fusil de soldat est de dix-huit à la livre, & la balle du fusil de rempart est d’une once ou de seize à la livre.

Il est rare qu’il creve des canons à la seconde épreuve : mais elle est ordonnée, parce qu’elle ouvre & fait découvrir les éventures imperceptibles que la premiere épreuve n’a point assez dilatées. Les canons éventés sont mis au rebut, ainsi que les canons crevés.

Le canon tient au bois sur lequel on le monte, par la vis de la culasse, & par deux anneaux qui le joignent au fût ; l’un, au commencement, où il sert de porte-baguette à queue ; & l’autre, vers le bout du fût qu’il saisit avec le canon, & où il est arrêté au moyen d’une petite lame à ressort, qui porte sa goupille encastrée dans le côté du fût. Voyez aux articles Fusil, Platine, &c. ce qui concerne le reste de l’arme-à-feu, avec les dimensions selon lesquelles M. de Valliere, lieutenant général des armées du Roy, & inspecteur des manufactures des armes, a reglé que ses différentes parties fussent toutes fabriquées.

Notre fabrique de canon de Saint-Etienne en Forès est très-considérable, tant par la quantité d’armes qui en sortent, que par la qualité qu’elles ont. Elle est composée d’une multitude d’ouvriers qui ne peut guere s’estimer, que par celle des usines construites sur les bords de la Furense ; cette riviere fait tourner des milliers de meules. Cependant comme elle manque d’eau quelquefois, cela a déterminé quelques fabricateurs à transporter les leurs sur la Loire. M. de Saint-Perieux, gendre de M. Girard un de ceux qui ont le mieux répondu aux vûes que M. de Valliere a toûjours eues pour perfectionner la fabrication des armes, a placé la sienne à Saint-Paul en Cornillon, à deux lieues de Saint-Etienne.

Quelques artistes ont imaginé de souder plusieurs canons ensemble, & d’en faire des fusils à plusieurs coups. Les fusils à deux coups sont communs. Il en est sorti un à trois coups de la fabrique des nouveaux entrepreneurs pour le Roi, remarquable par sa legereté, son méchanisme, sa sûreté, son travail de forge & de lime, & ses ornemens. Nous en ferons mention à l’article Fusil. Voyez l’article Fusil.

Les canons n’ont pas tous la même forme exté-

rieure ; il y en a de ronds ; il y en a à pans, ou cannelés : les uns sont unis ; d’autres sont ciselés. Mais ces ornemens s’exécutent sur le canon du fusil, comme sur tout autre ouvrage. Voyez Ciseler, & Canneler. On a inventé quelques machines pour les pans & pour les cannelures : mais elles n’ont pas répondu à l’effet qu’on en attendoit, & on a été obligé de les abandonner & de s’en tenir à la lime : il y a des canons brisés ; des canons carabinés, &c. Voyez la suite de cet article.

Canon Brisé, (terme d’Arquebusier.) c’est un canon qui est coupé en deux parties au haut du tonnerre ; la partie supérieure est en écrou vissé, & se monte sur le tonnerre qui est en vis, de façon qu’ils se joignent ensemble, & forment en-dessus une face unie. Ces canons sont ordinairement carabinés ; il y en a de toutes sortes de grandeur & de grosseur. Voyez Fusil.

Canon carabiné, (terme d’Arquebusier.) Ce canon fait à l’extérieur comme les canons ordinaires, est tarodé en-dedans dans toute sa longueur de moulures longitudinales ou circulaires. L’on est obligé dans ces canons d’enfoncer la balle avec une baguette de fer, & de l’y forcer ; ces canons portent la balle plus loin & plus juste. Voyez les articles Mousquet & Fusil.

Petit Canon, (Fonderie en caracteres d’Imprimerie : ) quinzieme corps des caracteres d’Imprimerie ; sa proportion est de quatre lignes quatre points, mesure de l’échelle. Voyez Proportion des Caract. d’Imp., & l’exemple à l’article Caracteres.

Gros Canon, (chez les mêmes ouvriers.) dix-septieme corps des caracteres d’Imprimerie ; sa proportion est de sept lignes deux points mesure de l’échelle. Voyez Proportion des Caract. d’Imprim. & l’exemple à l’article Caracteres.

Double Canon, (chez les mêmes.) dix-huitieme corps des caracteres d’Imprimerie ; sa proportion est de neuf lignes deux points, mesure de l’échelle. Voyez Proportion des Caract. d’Imprim. & l’exemple à l’article Caracteres.

Triple Canon, (encore chez les mêmes.) dix-neuvieme corps des caracteres d’Imprimerie ; sa proportion est de douze lignes, mesure de l’échelle. Voyez Proportion des Caract. d’Imprim. & l’exemple à l’article Caracteres.

Canon, (en terme de Chaudronnier.) est un morceau de fer à tête large & foré, que l’on appuie sur la piece, à l’endroit où on la perce. Voyez Pl. II. du Chaudronnier, fig. 8. qui représente un ouvrier qui appuie le canon contre une cuve pendant que l’ouvrier fig. 7. perce un trou avec un poinçon qu’il chasse avec un marteau. La figure 18. de la même Planche représente le canon en particulier, & la fig. 17. une espece de tas qui sert au même usage.

Canon, terme dont les Emailleurs se servent pour signifier les plus gros morceaux ou filets d’émail qu’ils tirent pour le mettre en état d’être employé aux divers ouvrages de leur métier.

Suivant l’article xix. des statuts des Emailleurs, il est défendu à toutes personnes, marchands ou autres, de mêler aucune sorte d’émail, & retenir canon pour vendre, si ce n’est aux maîtres du métier. Voyez Email & Emailleur

Canon, (parmi les Horlogers.) signifie une espece de petit tuyau, ou un cylindre creux un peu long, percé de part en part. On adapte des canons à différentes pieces ou roues, pour qu’elles tournent sur des arbres ou tiges sans aucun bercement, & aussi pour qu’elles puissent y tenir à frottement : tel est le canon de la chaussée, celui de la roue de cadran, &c. Voyez Chaussée, Roue de cadran, &c. & la Planche des Montres. (T)