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mencement de l’année civile, plusieurs juifs se plongent dans l’eau froide ; & à-mesure qu’ils s’y plongent, ils confessent leurs péchés, & se frappent la poitrine. Ils s’y plongent entierement afin de paroitre purs aux yeux de Dieu. Ils croient que ce jour-là Dieu assemble son conseil ou ses anges, & qu’il ouvre ses livres pour juger tous les hommes. On ouvre selon eux trois sortes de livres : le livre de vie pour les justes ; le livre de mort pour les méchans ; le livre des hommes qui tiennent le milieu, pour ceux qui ne sont ni tout-à-fait bons ni tout-à-fait mauvais. Il y a dans les deux livres de vie & de mort deux especes de pages, l’une pour cette vie & l’autre pour l’éternité ; car il arrive souvent que les méchans ne sont pas châtiés en cette vie selon leurs démerites ; & que les justes y sont traités avec rigueur, comme s’ils avoient encouru la colere de Dieu. Cette conduite du Seigneur fait, selon eux, que l’on n’est jamais sûr de son état, & qu’on est toujours dans l’incertitude si l’on est digne d’amour ou de haine. Pour ceux qui ne sont ni tout-à-fait bons, ni tout-à-fait mauvais, ils ne sont écrits nulle part, disent les Juifs ; Dieu attend jusqu’au jour de l’expiation qui est le dixieme de l’année, s’ils se convertiront. Ce jour-là il porte contre eux son jugement de vie ou de mort selon leur mérite. Calmet, Dictionn. de la bible.

TROMPILLON, s. m. (Coupe des pierres.) c’est la naissance, le milieu d’une trompe, qui est au sommet du cône dans les coniques, & au pole de la sphere dans les sphériques. C’est une pierre d’une seule piece qu’on est forcé de faire ainsi pour occuper la place de plusieurs extrémités de voussoirs en pointe, qui seroient tellement aigus, qu’on ne pourroit les tailler & les poser sans risque de les casser.

On appelle aussi trompillons les petites trompes faites de plusieurs pieces sous les quartiers tournans de certains escaliers.

TRON, Saint-, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, dans l’évêché de Liége, capitale de la Hasbaye, aux frontieres du Brabant. Long. 22. 53. lat. 50. 40. (D. J.)

TRONC, s. m. (Bot.) Le tronc est la partie des plantes qui naît de la racine, & qui ordinairement soutient les feuilles, les fleurs, & les fruits ; on distingue deux sortes de tronc qui sont la tige & le chaume.

La tige est simple ou composée. La tige simple est celle qui se continue sans interruption depuis le bas de la plante jusqu’au haut ; elle est dénuée ou garnie de branches & de feuilles ; elle s’éleve droit ou obliquement, en s’entortillant, ou en se pliant ; elle se panche, elle retombe, ou elle rampe, ou elle pousse des sarmens ; elle est vivace, en arbrisseau, en sous-arbrisseau, ou annuelle ; elle est cylindrique, à deux angles, à trois angles, &c. à plusieurs angles ; elle est cannelée, en gouttiere, lisse, velue, raboteuse, ou hérissée de poils.

La tige branchue pousse des branches latérales qui montent, ou qui s’écartent ; elle a de grosses branches, quantité de petits rameaux ; elle porte des supports, ou elle est prolifique ; elle a d’ailleurs tous les attributs de la tige non branchue.

La tige composée est celle qui se perd en se ramifiant ; elle se divise en deux branches ; elle se partage en deux rangs de branches, ou elle se sous-divise.

Le chaume est une tige fistuleuse & garnie de feuilles, qui porte ordinairement des épis ou des panicules comme dans les graminées ; le chaume est entier, ou branchu, uniforme, articulé, écailleux, dénué ou garni de feuilles. flor. paris. Prodr.

Tronc, en Anatomie, signifie le buste du corps humain, à l’exclusion de la tête & des membres. Voyez Buste.

Tronc se dit aussi du corps principal d’une artere ou d’une veine, à la difference de ses branches & de ses rameaux. Voyez Veine & Artere.

Ce mot se dit particulierement de certaines parties de l’aorte & de la veine cave. Voyez les Planches anat. Voyez aussi Aorte & Veine cave.

Tronc, s. m. (Archit.) c’est le fût d’une colonne, & le dé d’un piédestal.

Tronc, (terme d’église.) coffre de bois ou de fer, fixé dans un endroit de l’église, & fermant à la clé ; le haut de ce coffre est fait en talud, ayant au milieu une fente pour recevoir les aumônes que les gens de bien donnent aux pauvres de la paroisse. Les trones furent établis en France dans les églises au commencement du xiij. siecle par Innocent III. afin que les fideles y pussent déposer leurs aumônes en tout tems.

TRONCHE, s. f. (Archit.) grosse & courte piece de bois comme un bout de poutre, dont on peut tirer une courbe rampante pour un escalier. (D. J.)

TRONCHET, en terme d’Orfevre en grosserie, c’est proprement le billot sur lequel se montent les bigornes, les tas & les boules de toutes especes. Le tronchet est percé à cet effet de trous de diverses grandeurs. Voyez Pl. & fig.

Tronchet, s. m. (terme de Tonnelier.) sorte de gros billot ordinairement élevé sur trois piés, servant à doler & à hacher. (D. J.)

TRONCHON, s. m. (Hist. nat.) poisson de mer, large, court, applati & sans écailles ; il a le dos bleu & le ventre blanc ; il ressemble au lampugo par ses nageoires, à l’exception de celle du dos, qui, au lieu de s’étendre sur toute sa longueur, ne commence que vers le milieu. Voyez Lampugo. Le tronchon a sur les côtés du corps deux traits placés l’un au-dessus de l’autre, qui s’étendent depuis la tête jusqu’à la queue ; le trait supérieur est courbe. Rondelet, hist. nat. des poissons, I. part. liv. VIII. ch. xix. Voyez Poisson.

TRONÇON, s. m. (Archit.) morceau de marbre ou de pierre, dont deux, trois ou quatre posés de lit en joint, forment le fût d’une colonne. On appelle colonne par tronçons, une colonne faite de trois ou de quatre morceaux de pierre ou de marbre, differens des tambours, parce qu’ils sont plus hauts que la largeur du diametre de la colonne. On en fait aussi de tronçons de bronze, chacun d’un jet, dont les joints sont recouverts par des ceintres de feuilles. Daviler. (D. J.)

Tronçon, s. m. (Hydraul.) se dit d’un tuyau de grais séparé, qui a deux piés de long, que l’on encastre avec un autre de même longueur, & que l’on joint par des nœuds de filasse & de mastic. (K)

Tronçon, (Maréchal.) le tronçon de la queue n’est autre chose que les vertebres de la queue vers la croupe. On enveloppe le tronçon de la queue des chevaux avec un morceau de cuir qu’on appelle trousse-queue. Voyez Trousse-queue.

Tronçon, (Hist. mod.) mot dérivé du latin truncus ; c’est une espece de bâton fort court, que portent les rois, les généraux, & les grands officiers militaires, comme la marque de leur autorité. Voyez Baton de commandement.

TRONÇONNÉ, adj. dans le Blason, signifie une croix ou autre chose coupée par morceaux & démembrée, de sorte cependant que toutes les pieces conservent la forme d’une croix, quoiqu’elles soient séparées les unes des autres par un petit intervalle. Voyez Croix.

TRONE, voyez Throne.

Trone, s. m. (Comm.) sorte de poids : c’étoit autrefois ce qu’on appelle aujourd’hui en Angleterre troy weight ou poids de douze onces à la livre. Voyez Poids.