L’Encyclopédie/1re édition/THRONE

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THRONE, s. m. (Archit. & Littér.) mot dérivé du grec θρόνος ; chaise ou siege magnifique. C’est un siege royal, enrichi d’architecture & de sculpture de matiere précieuse, élevé sur plusieurs degrés, & couvert d’un dais. Le throne est dans la salle d’audience du souverain.

La description du thrône du Mogol, par Tavernier, est entierement romanesque ; celle du throne de l’empereur de la Chine, par le p. le Comte, est brodée suivant sa coutume ; & celle du thrône du grand-seigneur, par Duloir, ne l’est pas moins ; mais j’aime la représentation des deux thrônes de l’antiquité, qu’on voit gravés dans les peintures d’Herculanum (Pl. 29). La colombe qui est sur le coussin d’un des deux thrônes, prouve que c’est la représentation du thrône de Venus ; le feston qu’un des génies soutient, paroît être de mirthe, & le sceptre que tient l’autre génie, convient encore à la déesse. Le second thrône est celui de Mars, comme il paroît par le bouclier & le panache que soutiennent deux génies. (D. J.)

Thrône, (Critique sacrée.) siege ou tribunal des rois ; le thrône de Salomon étoit d’ivoire, & revêtu d’or pur ; on y montoit par six degrés : aux deux côtés du siege, soutenu sur deux bras, étoient deux figures de lions, & sur les six degrés, douze lionceaux, III. Rois, x. 20. Isaïe & Ezéchiel, pour donner une idée magnifique du thrône du Seigneur, disent : le thrône de l’Eternel est comme un char animé, porté sur un firmament semblable au saphir ; ses roues, d’une grandeur & d’une beauté merveilleuse, sont dirigées par l’esprit ; celui qui est assis sur le thrône, est tout environné de lumiere éclatante, que les yeux des hommes ne peuvent soutenir.

Le mot thrône se prend au figuré pour royaume, état ; affermissez votre thrône par la clémence, Prov. xx-28. Il désigne aussi la demeure d’un roi ; Jesus-Christ, dans S. Matt. c. v. 34. défend de jurer par le ciel, qui est le thrône de Dieu, ni par aucun autre thrône ; c’est que l’abus des sermens étoit fréquent chez les Juifs. & que ces sermens étoient approuvés. (D. J.)

Thrônes, (Crit. sacr.) θρόνοι ; ce mot se trouve dans l’Ep. aux Coloss. j. 16. Toutes choses, dit l’apôtre, ont été par Dieu, visibles ou invisibles ; soit les thrônes, θρόνοι, ou les dominations, les principautés, ou les puissances : il s’exprime ainsi par allusion aux chérubins dont parle Isaïe & Ezéchiel, qui sont dit figurément être au-tour du thrône du Tout-puissant, parce qu’ils étoient représentés sur l’arche ; mais les hommes ayant forgé une hiérarchie céleste & réelle, ont imaginé que les thrônes étoient les anges de cette hiérarchie, & qu’ils étoient ainsi nommés, parce qu’ils servoient comme de thrônes à la majesté de Dieu. Les peres de l’église ont crû qu’il y avoit trois especes d’anges ; selon eux, ceux du premier ordre, s’appellent les thrônes, & siegent immédiatement au-dessous de la Divinité ; voilà, dit Clément d’Alexandrie, ceux qui sont πρωτόκιστοι.