L’Encyclopédie/1re édition/POIDS

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POIDS, s. m. (Phys.) est l’effort avec lequel un corps tend à descendre, en vertu de sa pesanteur ou gravité. Il y a cette différence entre le poids d’un corps & la gravité, que la gravité est la force même ou cause qui produit le mouvement des corps pesans, & le poids comme l’effet de cette cause, effet qui est d’autant plus grand que la masse du corps est plus grande, parce que la force de la gravité agit sur chaque particule du corps. Ainsi le poids d’un corps est double de celui d’un autre, quand sa masse est double ; mais la gravité de tous les corps est la même, en tant qu’elle agit sur de petites parties égales de chaque corps. Voyez Gravité, Pesanteur.

M. Newton a prouvé que le poids de tous les corps à des distances égales du centre de la terre est proportionnel à la quantité de matiere qu’ils contiennent ; & il suit de là que le poids des corps ne dépend en aucune maniere de leurs formes ou de leur texture, & que tous les espaces ne sont pas également remplis de matiere. Voyez Vuide.

Le même M. Newton ajoute que le poids du même corps est différent à différens endroits de la surface de la terre à cause qu’elle n’est point sphérique, mais sphéroïde. En effet l’élévation de la terre à l’équateur fait que la pesanteur y est moindre qu’aux poles, parce que les points de l’équateur sont plus éloignés du centre que les poles ; c’est ce qu’on a vérifié par les expériences des pendules. Voyez Figure de la Terre.

Un corps plongé dans un fluide qui est d’une pesanteur spécifique moindre que lui, perd de son poids une partie égale à celle d’un pareil volume du fluide ; en effet, si un corps étoit du même poids que l’eau, il s’y soutiendroit en quelque endroit qu’on le plaçât, puisqu’il seroit alors dans le même cas qu’une portion de fluide qui lui seroit égale & semblable en grosseur & en volume. Ainsi dans ce cas il ne feroit aucun effort pour descendre ; donc lorsqu’il est plus pesant qu’un pareil volume de fluide, l’effort qu’il fait pour descendre est égal à l’excès de son poids sur celui d’un égal volume de fluide. Voyez Fluide.

Par conséquent un corps perd plus de son poids dans un fluide plus pesant que dans un fluide qui l’est moins, & pese par conséquent plus dans un fluide plus léger que dans un plus pesant. Voyez Pesanteur Spécifique, Gravité, Fluide, Hydrostatique, &c. De plus, toutes choses d’ailleurs égales, plus un corps a de volume, plus il perd de son poids dans un fluide où on le plonge. De là il s’ensuit qu’une livre de plomb & une livre de liege qui sont également pesantes lorsqu’elles sont posées dans l’air, ne le seront plus dans le vuide : la livre de liege sera alors plus pesante que la livre d’or, parce que la masse de liege qui pesoit une livre dans l’air, perdoit plus de son poids que la masse d’or qui avoit moins de volume. Si le corps est moins pesant qu’un égal volume de fluide, alors il ne s’enfonce pas tout-à-fait dans le fluide ; il surnage, & il s’enfonce dans le fluide jusqu’à ce que sa partie enfoncée occupe la place d’un volume de fluide qui seroit d’une pesanteur égale à celle du corps entier.

Trouver le poids d’une quantité donnée de fluide, par exemple, du vin contenu dans un muid. Trouvez d’abord la quantité de liqueur par les regles de jaugeage ; suspendez ensuite dans cette liqueur un pouce cube de plomb par le moyen d’un crin, & voyez à l’aide de la balance hydrostatique ce que ce pouce cube de plomb perd de son poids, & vous aurez par ce moyen le poids d’un pouce cube du fluide donné. Cela fait, le fluide étant supposé homogène, & par conséquent proportionnel au volume, vous aurez le poids total par la regle de trois. Si, par exemple, la capacité du muid est de 86 piés cubes, & que le pié cube de vin pese 68 livres, le poids de tout le vin sera de 5984 livres.

Le poids du pié cube d’eau a été déterminé par plusieurs personnes ; mais comme dans les différentes fontaines, &c. les poids de l’eau est différent, & que le poids de la même eau ne reste pas constamment le même dans tous les tems, les différens auteurs qui en ont parlé, ne se sont pas accordés. On fixe ordinairement le poids du pié cube d’eau commune ou douce à 70 livres. Le pié cube d’eau de mer pese environ 2 livres de plus

Poids de l’air. On a trouvé par plusieurs expériences non-seulement que l’air pese, mais aussi la quantité précise du poids d’une certaine portion d’air déterminée.

Trouver le poids d’un pouce cube d’air. Pesez un vaisseau rond rempli d’air commun avec toute l’exactitude possible : tirez ensuite l’air, & pesez le vaisseau dont l’air aura été tiré : soustrayez le dernier poids du premier, & le reste sera le poids de l’air ôté. De plus, trouvez l’espace que contient le vaisseau par les lois de la stéréométrie (Voyez Sphere.) & la proportion qui est entre l’air actuel du vaisseau & l’air naturel tel qu’il étoit d’abord,par les moyens enseignés à l’article de la machine pneumatique ; cela fait, vous aurez le volume de l’air restant par la regle de trois, & soustrayant ce volume de la capacité du vaisseau, vous aurez le volume de l’air qui a été ôté. Si on a une excellente machine pneumatique avec laquelle on puisse pousser si loin l’exhaustion que l’air qu’on laisse dans le ballon puisse être négligé, on prendra pour le volume d’air ôté la capacité même du vaisseau.

Ayant donc par ce moyen le poids & le volume de l’air ôté qu’on a tiré, on aura par la regle de trois le poids d’un pouce cube d’air.

Otto Guericke est le premier qui ait employé cette méthode. Burcher de Volder s’en est servi ensuite, & a donné les circonstances suivantes de son expérience. Le poids du vaisseau sphérique plein d’air commun étoit de 7 livres 1 once 2 drachmes 48 grains ; lorsqu’il étoit vuide, de 7 livres 1 once 1 drachme 31 grains ; l’ayant rempli d’eau, il étoit de 16 livres 12 onces 7 drachmes 14 grains. Le poids de l’air étoit donc de 1 drachme 12 grains ou 77 grains. Le poids de l’eau de 9 livres 11 onces 5 drachmes 43 grains, ou de 74743 grains ; conséquemment la proportion entre la gravité spécifique de l’eau & de l’air étoit de 74743 à 77 ou de 970 à 1. De plus le poids d’un pié cube d’eau étant connu, on dira : comme 970 à 1, ainsi le poids d’un pié cube d’eau à un quatrieme terme, & on aura par la regle de trois, le poids du pié cube d’air. Voyez Air & Atmosphere.

Poids de l’eau de mer. Le poids de l’eau de mer varie suivant les climats. M. Boyle ayant recommandé à un habile physicien qui alloit en Amérique, de peser de tems en tems l’eau de mer pendant le cours de son voyage avec une balance hydrostatique qu’il lui fournit, apprit par ce physicien qu’il avoit trouvé l’eau de mer plus pesante, à mesure qu’il approchoit de la ligne jusqu’à ce qu’il fut arrivé à la latitude d’environ 30 degrés, après quoi elle resta constamment du même poids jusqu’à ce qu’il arrivât aux Barbades. Voyez Trans. phis. n° 18. Wolf & Chambers. (O)

Poids se dit aussi en général pour marquer un corps pesant ; ainsi on dit cet homme porte sur ses épaules un poids très-considérable ; on donne aussi le nom de poids à un corps d’une certaine pesanteur connue, dont on se sert pour peser les autres, comme la livre, l’once, le marc, &c. Poids se dit aussi dans un sens figuré, des choses pénibles & difficiles : ce prince, dit-on, soutient avec beaucoup de capacité le poids des affaires : cet homme est accablé du poids de ses malheurs, &c.

Poids en méchanique se dit de tout ce qui doit être élevé, soutenu ou mu par une machine, ou de ce qui résiste, de quelque maniere que ce soit, au mouvement qu’on veut imprimer. Voyez Mouvement, Machine, &c.

Dans toutes les machines il y a une proportion nécessaire entre le poids & la puissance motrice. Si on veut augmenter le poids, il faut aussi augmenter la puissance, c’est-à dire, que les roues ou autres agens doivent être multipliés, ou, ce qui revient au même, que le tems doit être augmenté ou la vitesse diminuée. Voyez Puissance.

Le centre de gravité F (Planche de la Méchanique fig. 55) d’un corps IH, avec le poids de ce corps étant donnés, trouver le point M par lequel il doit porter sur un plan horisontal, afin qu’un poids donné suspendu en L ne puisse pas faire écarter le corps IH de la situation horisontal.

Imaginez qu’il y ait au centre de gravité F. un poids égal à celui du corps H, & trouvez le centre commun de gravité M de ce poids & du poids G, le point M sera le point qu’on demande.

Supposons, par exemple, que F soit le centre de gravité d’un bâton éloigné de 18 pouces de son extrémité, le poids du sceau d’eau G de 24 livres, le poids du bâton de 2 livres, on aura LM = LF . F : (G + F) = 18 . 2 : 26 = 18 : 13 ; c’est-à-dire, environ un pouce & demi ; il n’est donc pas étonnant que le sceau pende après le bâton qui est couché sur la table sans le faire tomber. Si on met un poids sur l’extrémité d’une table, il ne tombera point, tant que le centre de gravité de ce corps sera appuyé sur la table ; car le centre de gravité est le point où se réunit tout l’effort de la pesanteur. Ainsi un fort long bâton peut se soutenir sur une table, pourvu que la partie de ce bâton qui est hors de la table, soit un peu moins longue que celle qui porte sur la table ; car le centre de gravité du bâton est à son point de milieu, & par conséquent dans la situation dont nous parlons, le centre de gravité du bâton se trouvera appuyé sur la table. Le centre de gravité C (fig. 56.) d’un corps AB, avec son poids G étant donnés déterminer les points L & M, où des appuis étant placés, les parties du poids total portées par chacun de ces appuis soient en raison donnée.

Prenez dans la ligne horisontale AB qui passe par le centre de gravité C, les droites MC & CL, qui soient dans la raison donnée, & les points M & L seront ceux qu’on demande ; il suit de là que si aux points M & L on place, au lieu d’appuis, les épaules ou les bras de deux porte-faix, ils supporteront le poids donné, si les parts qu’ils doivent en supporter ne sont pas plus grandes que leurs forces. Par exemple, si l’un des porte-faix peut porter 150 livres, & l’autre 200, & que le poids pese 350 livres, on prendra CL à CM comme 4 à 3, & le plus fort des porte-faix étant placé en M, & l’autre en L, ils porteront le poids donné. Ainsi nous avons une maniere de partager une charge suivant une proportion donnée.

Poids, (Hydr.) les liqueurs ne pesent que selon leur hauteur & la base qui les soutient ; ainsi dans une pompe on évalue la résistance de l’eau & son poids, en multipliant la superficie de la base du corps de pompe où est le piston, par la hauteur perpendiculaire du tuyau montant.

Le poids ou la pesanteur des eaux jaillissantes de même sortie & conduite avec différentes hauteurs de réservoirs, font équilibre avec des poids qui sont l’un à l’autre en la raison des hauteurs des mêmes réservoirs. Deux jets de six lignes de diametre ayant une même conduite de trois pouces dont l’eau vient d’un réservoir élevé de dix piés, & l’autre de trente, feront équilibre avec un poids de cent cinq livres pour le jet venant de trente piés, & de trente-cinq livres pour celui de dix piés. On peut dire que trente contient trois fois le nombre dix, comme cent cinq comprend trois fois trente-cinq.

Les jets d’eau de même hauteur & de différentes sorties soutiennent des poids par leur choc qui sont l’un à l’autre en raison doublée des diametres des ajutages. Un jet de six lignes de diametre. & l’autre de douze venant tous deux d’un même réservoir de trente piés de haut, feront équilibre avec un poids de trente-six livres pour le jet de six lignes, & pour celui de douze lignes avec un poids de cent quarante-quatre livres ; & on dira le poids correspondant à l’ajutage de six lignes sera au poids correspondant à l’ajutage de douze lignes, comme 36 est à 144, ou comme 1 est à 4.

Quand on veut mesurer la solidité du cylindre ou de la colonne d’eau renfermée dans un tuyau, en même tems que son poids, pour y proportionner dans une pompe la force du moteur, on doit savoir qu’une pinte d’eau pese deux livres moins 7 gros, qu’une ouverture circulaire d’un pouce qui par minute donne environ 14 pintes pese 28 livres, qu’un pié cube contient 36 pintes, huitieme de 288 valeur du muid d’eau, & que ces 36 pintes à 2 livres moins 7 gros chacune, pesent 70 livres. Cependant le pié cylindrique qui est un solide, ayant une superficie de 144 pouces circulaires, est toujours plus petit que le quarré de son diametre n’ayant que 113 pouces 2 lignes quarrées provenans de la proportion du pié quarré au pié circulaire qui est de 14 à 11. Ainsi les 70 livres que pese le pié cube étant calculées suivant le même rapport de 14 à 11 qui est celui du cercle au quarré, il vient au quotient 55 livres pour le poids d’un pié cylindrique.

Le poids d’une colonne d’eau & sa résistance se trouvent en multipliant la superficie de la base du tuyau par sa hauteur perpendiculaire. Supposons que la base du tuyau ait six pouces de diametre & 30 piés de haut, on réduira d’abord les 30 piés en pouces en les multipliant par 12, ce qui donnera 360 pouces ; & l’on dira six fois 6 font 36 pour la superficie de la base du tuyau, qui, multipliée par 360 pouces valeur des 30 piés de haut, vous donnera 12960 que l’on divisera par 1728 pouces que contient le pié cylindrique, & le quotient sera 7 piés cilindriques que l’on multipliera par 55 livres, pesanteur du pié cylindrique, & l’on aura pour le poids de la colonne d’eau 412 livres & pesant ; ainsi un tuyau de 6 pouces de diametre, montant ou descendant d’un reservoir de 30 piés de haut, contiendra une colonne d’eau de 7 piés cylindriques pesant 412 livres . (K)

Poids et Mesures des Grecs & des Romains, (Littérat. grecq. & rom.) Je ne puis rien faire de mieux, en conservant les mots grecs & latins, que de transporter ici les tables de M. Arbuthnot, qui indiqueront d’un coup-d’œil les poids & les mesures ordinaires des Grecs & des Romains, avec leur réduction aux poids & mesures angloises. Ces tables donneront encore la connoissance des anciens poids des Arabes, réduits à ceux de la livre de troys ou de douze onces.

Les plus anciens poids grecs réduits aux poids troyens, ou de douze onces à la livre.


Livres Onces Deniers grains
Δραχμη 00 00 06 02
100 Μια, 01 01 00 4
6000 60 Ταλαντον, 65 00 12 05
Réduction des poids grecs & romains moins anciens aux mêmes poids.


Livres Onces Deniers grains
Lentes, 0 0 0 0
4 Siliquæ, 0 0 0 3
12 3 Obolus, 0 0 0 9
24 6 2 Scriptulum, 0 0 0 18
72 18 6 3 Drachma, 0 0 2 6
96 24 8 4 Sextula, 0 0 3 0
144 36 12 6 2 Sicilicus, 0 0 4 13
192 48 16 8 2 Duella, 0 0 6 1
576 144 48 24 8 6 4 3 Uncia, 0 0 18 5
6912 1728 576 288 96 72 48 36 12 Libra, 0 10 18 13

L’once romaine qui répond à l’once angloise avoir du poids, se partageoit en sept deniers ou huit dragmes. Chacun de ces deniers équivaloit à la dragme attique ; de sorte que la dragme attique plus , considérée comme poids, étoit égale à la dragme romaine.

Nota que les Grecs divisoient l’obole en chalci & en λεπτά. Diodore & Suidas partagent l’obole en six chalci, & chaque chalcus en sept λεπτά. D’autres comptoient huit chalci dans l’obole, & huit λεπτά ou minuta dans chaque chalcus.

Les plus grands poids réduits à ceux de douze onces à la livre, qui en Angleterre s’appelle livre de Troye ou Troyenne.
Livres Onces Deniers grains
Livre, 0 10 18 13
Mine attique commune, 0 11 7 16
Mine attique médicinale, 1 2 11 10
60 Talent attique commun, 56 11 0 17

Nota. Il y avoit un autre talent attique, qui selon les uns consistoit en 80, & selon d’autres en 100 mines. Notez encore que chaque mine contient 100 dragmes, & chaque talent 60 mines ; mais que les talens different en poids selon la différence du titre de la dragme ou de la mine. La différente valeur des différentes mines & talens, par rapport à celle des mines & talens attiques, & des poids troyens ou de douze onces à la livre, est marquée dans la table suivante.

Livres Onces Deniers grains
Mine. d’Egypte, contient de dragmes antiques 133   1 5 6 22
d’Antioche, 133   1 5 6 22
ptolémaïque de Cléopatre, 144 1 6 14 16
d’Alexandrie, selon Dioscoride, 160 1 8 16 7
Talent. d’Egypte contient de mines antiques 80   86 8 16 8
d’Antioche, 80   86 8 16 8
ptolémaïque de Cléopatre, 86   93 11 11 0
d’Alexandrie, 96   104 0 19 14
insulanum, 120   130 1 4 12
Antiochæ, 360   390 3 13 11
Les anciens poids des Arabes réduits à ceux de la livre de Troye, ou de douze onces
Livres Onces Deniers grains.
Kestuf. 0 0 0
2 Kirat. 0 0 0
4 2 Danich. 0 0 0
6 3 Onoloffat. 0 0 0
12 6 3 2 Garme. 0 0 0
36 18 9 6 3 Darchimi. 0 0 2
Denarius. 0 0 2
144 72 36 24 12 4 Sextarium. 0 9 2
288 144 72 48 27 8 7 2 Sacros. 0 1 18
3456 1728 864 576 288 96 84 24 12 Ratel. 0 6 18
4608 2304 1152 768 384 128 112 32 16 Manes allicatita. 1 2 11


Les poids de France réduits aux mémes poids.


Livres Onces Deniers grains.
Grain. 0 0 0
Felin. 0 0 0
2 Maille. 0 0 0
24 Denier. 0 0 0
4 2 Esterlin. 0 0 0
72 10 5 3 Gros. 0 0 2
576 80 40 24 20 8 Once. 0 0 19
4608 640 320 192 160 64 8 Marc. 0 7 17
9216 1280 640 384 320 128 16 2 Livre. 1 3 15 0


Les Romains divisoient l’as, la livre, ou tout autre entier, de la maniere suivante.
Onces
As, 12
Deunx, 11
Dextans, 10
Dodrans, 9
Bes, 8
Septunx, 7
Semis, 6
Quincunx, 5
Triens, 4
Quadrans, 3
Sextans, 2
Uncias, 1
Mesures attiques servant à contenir des choses liquides, réduites à des mesures connues, prenant pour point de comparaison celles qui en Angleterre servent à mesurer le vin.

Nota que le gallon revient à-peu-près à quatre pintes, mesure de Paris, & la pinte d’Angleterre à la chopine de Paris, moyennant quoi il est aisé d’évaluer les mesures attiques sur les nôtres.


Gallons Pintes Pouces solid. à
fractions décim.
κοχλεάριον 0
2 χήμη 0
μύστρον 0
5 2 κόγχη 0
10 5 4 2 κύαθος 0
15 6 3 ὀξύϐαφον 0 0,535
60 30 24 12 6 4 κοτύλη 0 2,141
120 60 48 24 12 8 2 ξέστης 0 1 4,283
720 360 288 144 72 48 12 6 χοῦς 0 6 25,698
8640 4320 3456 1728 864 576 144 72 12 μετρητὴς 10 2 19,626
Mesures attiques pour les substances seches réduites aux mesures qui sont d’usage en Angleterre pour mesurer les grains.

Nota que le picotin est la quatrieme partie du boisseau ; que le gallon contient quatre pintes, mesure de Paris ; & que la pinte d’Angleterre revient à la chopine de Paris, ainsi qu’il a été dit ci-dessus : ce qui rend la réduction des mesures attiques aux nôtres aisée.

Picotins Gallons Pintes Pouces solid. à
fractions décim.
κοχλεάριον 0 0 0
10 κύαθος 0 0 0
15 ὀξύϐαφον 0 0 0
60 6 4 κοτύλη 0 0 0 16,759
120 120 8 2 ξέστης 0 0 0 33,158
180 18 12 3 χοῖνιξ 0 0 0
8640 864 576 144 72 48 μέδιμνος 4 0 6 3,501

Nota 1°. qu’outre le medimnus qu’on appelloit medicus, il y en avoit un autre qu’on nommoit medimnus georgicus, & qui équivaloit à 6 modii romains.

Nota 2°. qu’il est fait mention d’autres mesures dans quelques auteurs, dont la valeur ignorée peut être aisemen : connue par le moyen de ces tables.

Mesures romaines pour les substances liquides réduites à celles d’Angleterre qui servent pour le vin.
Nota que le gallon contient à-peu-près quatre pintes mesure de Paris, & que la pinte angloise revient à notre chopine.
Gallons Pintes Pouces solid. à
fractions décim.
Ligula, 0
4 Cyathus, 0
6 Acetabulum, 0
12 3 2 Quartarius, 0 1,409
24 6 4 2 Hemina, 0 2,818
48 12 8 5 2 Sextarius, 0 1 5,636
288 72 48 24 12 6 Congius, 0 7 4,942
1152 288 192 96 48 8 2 Urna, 3 5,33
2304 576 384 192 96 48 8 2 Amphora, 7 1 10,66
46080 11420 7680 3840 1920 960 160 40 20 Culeus, 143 3 11,095

Nota 1°. que le quadrantal étoit la même chose que l’amphora, & que le cadus, le congiarius, & le dolium ne dénotoient pas des mesures particulieres.


Nota 2°. que les Romains divisoient le sextarius, ainsi que la livre, en douze parties égales, qu’ils appelloient cyathi ; de-là vient qu’ils appelloient les verres calices, sextantes, quadrantes, trientes, &c. selon le nombre de cyathi qu’ils contenoient.


Mesures romaines pour les substances seches réduites aux mesures angloises pour les grains.
Nota que le picotin d’Angleterre est la quatrieme partie de notre boisseau ; que le gallon contient quatre pintes, & la pinte d’Angleterre une chopine de Paris.
Picotins Gallons Pintes Pouces solid. à
fractions décim.
Ligula, 0 0 0,01
4 Cyathus, 0 0 0,01
6 Acetabulum, 0 0 0,04
24 6 4 Hemina, 0 0 0,06
48 12 8 2 Sextarius, 0 0 0,24
384 96 64 16 8 Semimodius, 0 1 0 3,84
768 192 128 32 16 12 Modius, 1 0 0 7,68

Explications des caracteres qui sont principalement en usage dans les Auteurs grecs & latins, pour désigner les poids & mesures



Aux tables qu’on vient de lire, il faut joindre les détails particuliers qui se rapportent à chaque article, & d’autres détails généraux énoncés au mot Mesure. (D. J.)

Poids des Hébreux, (Hist. des Juifs.) les anciens Hébreux n’ayant pas l’usage de la monnoie frappée à un coin, pesoient tout l’or & l’argent dans le commerce. Le nom général dont ils se servoient pour marquer un poids, étoit une pierre : n’ayez point dans votre sac, une pierre & une pierre, est-il dit dans le Deuter. xxv. 23. (ce qui signifie différent poids, un juste & un faux) mais seulement une pierre de perfection & de justice, c’est-à-dire un poids juste & fidéle. Le sicle, le demi-sicle étoient non-seulement des noms de monnoie, mais aussi des noms de poids ; on lit dans les livres des rois, que les cheveux d’Absalon pesoient cent sicles, ce qui revient à environ 19 onces. Moïse distingue deux sortes de poids ; le poids du sanctuaire, qui étoit l’étalon sur lequel on jugeoit les autres poids ; & le poids ordinaire. Quelques interpretes imaginent qu’il y avoit une différence réelle entre ces deux poids ; & que le poids du sanctuaire étoit plus fort que les autres ; mais les meilleurs critiques sont persuadés que cette distinction est chimérique, & qu’il n’y avoit d’autre différence entre ces deux poids, qu’en ce que le premier étoit gardé dans le temple, pour servir de modele aux poids publics. Cette pratique n’étoit pas particuliere aux Hébreux ; elle étoit en usage chez les Egyptiens, chez les Grecs, chez les Romains. Nous lisons dans le premier livre des Paralypomènes, xxiij. 29. qu’il y avoit un prêtre chargé de l’intendance des poids & des mesures. (D. J.)

Poids du roi, (Critiq. sacrée.) poids d’usage dans les états du roi de Babylone, & qui pesoit un certain nombre de sicles.

On lit dans le II. liv. de Samuel, c. xv. que quand Absalon faisoit couper ses cheveux ; ce qui arrivoit une fois l’an, parce qu’il étoit incommodé de leur poids : les cheveux de sa tête pesoient deux cens sicles au poids du roi. Il y a bien des difficultés dans ce passage ; 1°, si Absalon coupoit ses cheveux toutes les années ; 2°, s’il coupoit tous ses cheveux, ou seulement une partie ; 3°, si le poids de deux cens sicles étoit le poids de toute sa chevelure, ou seulement de ce qu’il faisoit couper ; 4°, ce que c’étoit que le poids du roi.

Il y a dans l’hébreu, depuis la fin des jours jusqu’aux jours, sans spécifier aucun jour particulier. Les septante ont rendu l’hébreu mot à mot, ἀπὸ τέλους ἡμέρων, εἰς ἡμέρας. Le targum traduit, à des tems réglés ; c’est-à-dire, quand ils devenoient trop longs & trop épais ; ce qui pouvoit arriver une fois en deux ans, plus ou moins.

Les Israélites portoient les cheveux fort longs, ainsi qu’il paroît par l’Ecriture & par Josephe, liv. VIII. c. i. qui nous dit que les gardes du roi Salomon avoient de longs cheveux flottans sur leurs épaules, & qu’ils les poudroient tous les jours de petites paillettes d’or, qui les faisoient briller, lorsque les rayons du soleil donnoient dessus. Il n’est donc pas vraissemblable qu’Absalon coupât tous ses cheveux, qui faisoient son principal ornement.

On voit par expérience que les cheveux ne croissent dans un an, qu’environ quatre pouces en longueur ; ainsi ce qu’il faisoit couper ne pouvoit pas peser deux cens sicles des Juifs, puisque dans cette supposition, ce qui restoit auroit dû peser du moins cinq fois autant, ce qui est impossible de part & d’autre.

Ainsi la plus grande difficulté consiste à déterminer ce que c’est que le poids du roi, ou, comme porte l’hébreu, la pierre du roi. M. Pelletier croit que la différence entre le poids du roi & le poids ordinaire, n’a été connue qu’après que les Juifs ont été soumis aux Chaldéens ; & que l’auteur des deux livres de Samuel, vivoit vers la fin de la captivité de Babylone, ou peu-après, lorsque les Juifs étoient accoutumés depuis 60 ou 70 ans aux poids babyloniens, & ignoroient les poids hébreux, qui depuis long-tems n’étoient plus en usage : que cet auteur, pour se faire mieux entendre, a substitué le poids connu à la place de celui qu’il trouvoit marqué dans les mémoires sur lesquels il travailloit ; ce qui lui a fait dire que les cheveux d’Absalon pesoient deux cens sicles, poids de Babylone, poids du roi, auquel les Juifs étoient alors sujets. Or le sicle de Babylone pesoit le tiers du sicle juif, qui étoit égal à 219 grains, poids d’Angleterre ; ainsi le sicle babylonien pesoit 73 grains.

Les Rabins & quelques autres écrivains qui prétendent que ces deux cens sicles étoient le prix que valoient les cheveux d’Absalon, & non ce qu’ils pesoient, disent que ses serviteurs vendoient ses cheveux aux femmes de Jérusalem. Mais Bochart prétend qu’il n’est pas vraissemblable qu’on ait vendu les cheveux d’un fils de roi, ni que personne ait voulu les acheter à un si haut prix.

D’autres imaginent qu’Absalon ayant coupé ses cheveux en divers tems, les avoit gardés jusqu’à ce qu’il y en eût le poids de deux cens sicles. Mais outre que cette fiction est contraire au texte, elle rend la remarque de l’Ecriture puérile, puisqu’il n’y auroit rien d’extraordinaire en cela.

Bochart conjecture que les cheveux d’Absalon ne pesoient deux cens sicles, que parce qu’il les poudroit d’une poudre d’or ; ce qui étoit fort ordinaire dans ce tems-là, & ce qui devoit augmenter fort le poids des cheveux ; & il démontre que ces deux cens sicles ne faisoient pas plus de trois livres & deux onces de notre poids. Mais l’Ecriture parle du poids réel des cheveux, & non d’un poids purement accidentel. Les septante ont réduit ce poids de deux cens sicles à la moitié : ils ne parlent que de cent sicles ; ce qui s’accorde avec le sentiment de ceux qui prétendent qu’il s’agit de sicles d’or, ou des sicles du roi, qui n’avoient que la moitié du poids de ceux du sanctuaire. Mais il faudroit prouver auparavant cette différence entre le poids ordinaire & celui du sanctuaire, entre le sicle d’or & celui d’argent.

De toutes les hypotheses qu’on vient de citer, celle de M. Pelletier nous paroît la plus simple, la plus naturelle, & cependant elle ne leve pas la difficulté du poids énorme de la coupe des cheveux d’Absalon ; dans son système même, je croirois plutôt qu’il s’est glissé quelque grossiere erreur de chiffre dans la copie du livre de Samuel ; & il faut bien que cela soit ainsi, puisqu’au lieu de deux cens sicles, les septante disent cent ; ce qui seroit encore, en adoptant le système de M. Pelletier, un poids cinq fois trop grand pour approcher de la vraissemblance. (D. J.)

Poids de l’Europe, &c. (Commerce.) chaque pays a ses poids différens, non-seulement en Europe, mais dans les échelles du levant, en Asie & en Afrique, &c. Cependant je n’en ferai qu’un article fort abrégé.

Le quintal, la livre, le marc, l’once, le gros, le denier, le grain, sont les poids d’usage dans la plus grande partie de l’Europe, pour toutes sortes de marchandises. Chacun de ces poids a ses divisions ; par exemple il y a le demi-quintal, le quart de quintal, la demi-livre, le quarteron, le demi-quarteron, la demi-once, le demi-gros, & ainsi du reste. On se sert de tous ces poids dans la plus grande partie de l’Europe, mais sous différens noms, sous différentes divisions & différentes pesanteurs.

L’Espagne a en particulier son quintal macho, ses arobes, ses adarmes ; & pour-lors ses castillans & ses tomins. L’Angleterre a ses hundreds, ses jods, ses stones & son pound. L’Italie, particulierement Venise, se sert de miglieri, de mirri & de saggi. Le Portugal pese à l’arate, au chego & au faratelle ; il a encore, comme en Sicile ses rottolis. L’Allemagne, le Nord, & les villes Anséatiques ont leurs schisponds, leurs lysponds & leurs stéens ; presque toutes, à la vérité de différens poids.

A Constantinople, à Smyrne, & dans la plûpart des échelles du levant, on pese les marchandises au batteman, à l’ocos & au chequi, à la rote & au rottolis, dont il y a de trois sortes.

La Chine a pour poids, le pic, le picol, le bahar, le tael, le catis, le mas & les condorins ; le Tunquin a tous les poids, les mesures & les monnoies de la Chine. Le Japon n’a qu’un seul poids qui est le catis, différent pourtant de celui de la Chine & du Tunquin.

A Surate, à Agra, & dans tous les états du Mogol, on fait usage de la serre & du mein (autrement nommé par quelques-uns, man & par d’autres, mao.) La serre est, à proprement parler, la livre indienne.

Les poids de Siam qu’ils nomment deingt, n’ont point d’autre nom que leurs monnoies.

Bautan, l’île de Java, Golconde, Visapour & Goa ont des poids particuliers, pour peser les diamans & autres pierreries ; d’autres pour peser les piastres & les ducats, d’autres enfin pour peser les soies & marchandises. En Perse l’on se sert de batmans ou mans, & de sahcheray, qui sont aussi en grand usage dans toutes les villes du golfe persique.

Les nations européennes qui occupent l’Amérique, se servent dans leurs colonies, des poids des princes de l’Europe dont ces colonies dépendent ; car pour la rote du Pérou qui pese 25 livres, on voit assez que ce n’est autre chose que l’arobe espagnole avec un nom un peu déguisé à l’indienne. A l’égard des poids de l’Afrique, il n’y a que l’Egypte & les côtes de Barbarie qui en aient ; & ce sont les mêmes que ceux des échelles du levant & des états du grand-seigneur.

L’île de Madagascar a pourtant les siens, mais qui ne passent point le gros, & qui ne servent qu’à peser l’or & l’argent ; les autres choses, marchandises & denrées ne se pesent point dans cette île.

On trouvera dans Savary, Ricard & autres, le rapport des poids d’Amsterdam, ou de son quintal avec ceux des villes du plus grand commerce de l’Europe ; mais quelque soin que l’on prenne pour trouver cette égalité des poids entre une ville & une autre, il arrive rarement qu’on y réussisse dans la pratique, & qu’on ne trouve du mécompte sur les marchandises qu’on tire d’un lieu, ou qu’on y envoie. (D. J.)

Poids d’Angleterre, (Commerce.) dans tout le royaume de la grande Bretagne il y a deux poids ; l’un qu’on nomme poids-de-troye, & l’autre avoir-du-poids. Au poids-de-troye vingt-quatre grains font le denier sterling d’Angleterre, vingt deniers l’once, & douze onces la livre ; on se sert de ce poids pour peser les perles, les pierreries, l’or, l’argent, le blé, & toutes sortes de grains ; c’est aussi le poids des apoticaires, mais qui se divise autrement ; vingt grains font un scrupule, trois scrupules une dragme, & huit dragmes une once.

L’avoir-du-poids est de seize onces ; mais il s’en faut près d’un douzieme, c’est-à-dire quarante-deux grains, que l’once d’avoir-du-poids soit aussi pesante que l’once du poids-de-troye. C’est à l’avoir-du-poids que se pesent toutes les grosses marchandises, comme filasse, cuir, cire, beurre, frommage, fer, &c. Cent douze livres d’avoir-du-poids font le quintal, qu’en Angleterre on appelle hindred.

Poids, dans le Commerce, est un corps d’une pesanteur connue, & qui sert, par le moyen d’une balance, à connoître ce que pesent les autres corps. Voyez Balance, Peser.

Les poids sont communément de plomb, de fer, ou de cuivre, quoique dans différens endroits des Indes orientales on se serve de cailloux, & dans quelques lieux de petites féves.

La sureté du commerce dépendant en grande partie de l’exactitude des poids, il n’y a presque aucune nation qui n’ait pris des précautions pour prévenir toutes les falsifications qu’on y pourroit introduire. Le plus sûr moyen est de préposer des officiers particuliers pour marquer ces poids, & pour les regler d’après des modeles ou étalons fixes.

Cet expédient est très-ancien, & plusieurs auteurs pensent que ce qu’on appelloit sicles du sanctuaire chez les Juis n’étoit autre chose qu’une sorte de poids qu’on conservoit dans le sanctuaire pour servir de regle aux poids communs. Voyez Sicle & Poids du sanctuaire.

C’est ainsi qu’en Angleterre les étalons des poids sont conservés à l’échiquier par un officier particulier appellé le clerc ou le contrôleur du marché. En France l’étalon des poids est gardé sous plusieurs clés dans le cabinet de la cour des monnoies. Voyez Etalon.

La plupart des nations chez qui le commerce fleurit ont leurs poids particuliers, & souvent même différens poids, suivant les différentes provinces, & suivant les différentes especes de denrées.

La diversité des poids fait un des articles des plus embarrassans dans le commerce, mais c’est un inconvénient irremédiable. Non-seulement la réduction des poids de toutes les nations à un seul est une chose impossible, mais la réduction même des différens poids établis dans une seule nation n’est pas praticable ; témoin les efforts inutiles qu’on a faits en France pour réduire les poids sous Charlemagne, Philippe-le-Long, Louis XI. François I. Henri II. Charles IX. Hemi III. Louis XIV.

Les poids peuvent être distingués en anciens, modernes, étrangers & domestiques.

Poids modernes, usités dans les différentes parties de l’Europe & dans le Levant.

Poids anglois. Par le vingt-septieme chapitre de la grande charte, les poids sont les mêmes dans toute l’Angleterre, mais suivant les différentes marchandises on emploie de deux sortes de poids ; l’un poids-de-troie, de 12 onces à la livre ; l’autre poids d’avoir-du-poids, de 16 onces à la livre ; l’origine de l’une & de l’autre de ces mesures est rapportée aux grains de blé contenus dans l’épi. Dans les poids-de-troye 24 de ces grains font un denier de poids sterling, 20 deniers une once, & 12 onces une livre. Voyez Once, Poids.

C’est avec ces poids qu’on pese l’or, l’argent, les pierreries, les grains, & les liqueurs. Les apoticaires emploient aussi le poids-de-troie, l’once & le grain, mais ils ont quelque chose de particulier quant aux divisions intermédiaires. Ils divisent l’once en 8 drachmes, la drachme en 3 scrupules, & le scrupule en 20 grains. Voyez Drachme, Scrupule, &c.

Dans les poids avoir-du-poids la livre contient 16 onces, mais l’once est moindre d’un que l’once de troye, cette derniere contenant 490 grains, & la premiere seulement 448.

L’once contient 16 drachmes ; 80 onces avoir du-poids valent 73 onces de troye, & 17 livres de troye valont 14 livres avoir du-poids. Voyez Livre.

C’est avec les poids avoir-du-pois qu’on pese le mercure, les épiceries, les métaux bas, la laine, le suif, le chanvre, les drogues, le pain, &c. Voyez Avoir-du-poids.


Table pour le poids de troie.

Pour les Orfevres, &c.

Grains.
24 Denier de poids.
480 20 Once.
5760 240 12 Livre.


Pour les Apoticaires.

Grains.
20 Scrupule.
60 3 Drachme.
480 24 8 Once.
5760 288 96 12 Livre.


Table pour le poids aver du poids.
Scrupule.
3 Drachme.
24 8 Once.
384 128 16 Livre.
43008 14336 1752 112 Quintal.
860160 186720 35840 2240 20 Tonneau.

Les monnoyeurs & les jouailliers ont des poids particuliers ; pour peser l’or & pour les pierreries, ils se servent du karat & du grain ; & pour l’argent ils se servent de denier & de grain. Voyez Karat, Or & Argent.

Les monnoyeurs ont encore une maniere particuliere de soudiviser le grain de troie.

Le grain en 20 pites ; la pite en 24 droits, le droit en 20 périt ; le périt en 24 flans.

Les marchands de laine ont aussi leurs especes de poids particulieres ; le sac, le neigh, le tod, stone, &c. toutes mesures angloises sans termes françois. Voyez Neige & les proportions de ces poids à l’article précédent.

Poids employés en France. La livre commune à Paris est de 16 onces, & on la soudivise de deux manieres différentes. Dans la premiere on fait de la livre 2 marcs, du marc 8 onces, de l’once 8 gros, du gros 3 deniers, du denier 24 grains ; le grain étant équivalent à un grain de froment. Dans la seconde division, la livre se partage en deux demi-livres, la demi livre en deux quarterons, le quarteron en deux demi-quarterons, le demi-quarteron en deux onces, l’once en deux demi-onces.

On emploie la premiere division pour les marchandises de prix, la seconde pour celles de moindre valeur.

Grains.
24 Deniers.
72 3 Gros.
576 24 8 Onces.
7008 192 64 8 Marcs.
9216 384 128 16 2 Livre.


Demi-once.
2 Once.
4 2 Demi-quarteron.
8 4 2 Quarteron.
16 8 4 2 Demi-livre.
32 16 8 4 2 Livre.
3200 1600 800 400 200 100 Quintal.

Mais la livre n’est pas la même par toute la France : à Lyon par exemple, la livre poids de ville, n’est que de quatorze onces ; ensorte que 100 livres de Lyon ne valent que 88 livres de Paris. D’ailleurs outre la livre poids de ville à Lyon, on en emploie une autre pour la soie, qui est de quinze onces : on appelle ce poids, poids de soie.

A Toulouse & dans tout le haut Languedoc, la livre qu’on nomme poids de table, n’est que de 13 onces du poids de Paris. A Marseille & dans toute la Provence, la livre est de 13 onces du poids de Paris. A Rouen, outre la livre commune de Paris, ils ont le poids de vicomté, qui est de demi-once six cinquiemes plus fort que le poids de marc.

Les poids dont on vient de parler à l’article de France & d’Angleterre, sont les mêmes que ceux dont on se sert dans la plus grande partie de l’Europe ; ce n’est guere que par des noms particuliers, ou par d’autres soudivisions qu’il peut y avoir quelque différence. Voyez Livre, Gros, Denier, Marc, &c.

Chaque nation a cependant quelques sortes de poids particuliers. En Espagne, par exemple, il y a des arrobes qui contiennent 25 livres d’Espagne, ou un quart de quintal ; des quintaux machos qui sont de 150 livres, ou d’un quintal & demi ou de six arrobes ; des adarmes, qui sont la seizieme partie d’une once. Et pour l’or, il y a le castillan ou la centieme partie de la livre ; le tomin, qui est de 12 grains, ou d’un huitieme de castillan. Tous ces poids sont les mêmes dans la nouvelle Espagne.

Dans le Portugal il y a aussi des arrobes qui sont de 32 arates de Lisbonne, c’est-à-dire de 32 livres. Savary parle aussi du faratelle qui est de 2 livres de Lisbonne, & du rottoli qui est de 12 livres ; à l’égard de l’or on se sert du chego qui est de 4 karats ; & ce sont les mêmes poids dans les lieux de l’Orient soumis aux Portugais.

En Italie, & particulierement à Venise, on a le migliaro qui est de 4 mirres, la mirre qui est de 30 livres de Venise. Le saggir qui est de la sixieme partie d’une once. A Genes on emploie deux sortes de poids, les grands poids pour la douane, le poids de caisse pour les piastres & autres especes, la cantasa ou quintal pour les marchandises grossieres, la grande balance pour la soie crue, & la petite pour les marchandises plus précieuses.

En Sicile on a le rottolo qui pese 32 livres & demi de Messine. Savary.

En Allemagne, en Flandre, en Hollande, dans les villes hanseatiques, en Suede, en Danemarck, en Pologne, &c. on a des schipponds qui sont à Anvers & à Hambourg de 300 livres, à Lubec de 320, & à Konisberg de 400 livres. En Suede le schippond de cuivre est de 320 livres, & le schippond ordinaire de 400 livres. A Riga & à Revel le schippond est de 400 livres, à Dantzic de 340, en Norvege de 300, & à Amsterdam le schippond est de 300 livres, & se divise en 20 lysponds, lesquels valent chacun 15 liv. Idem.

En Moscovie on compte les marchandises en gros par bercheroct ou berkeirtz, qui sont de 400 de leurs livres. Ils ont encore le poët ou poëde, qui est de 40 livres, c’est-à-dire du bercheroct. Idem.

En Turquie à Smirne, &c. on compte par battman ou battemant qui sont de six occos ; l’occo est de 3 livres & d’Angleterre. Ils ont un autre battman beaucoup moindre, qui consiste, ainsi que le premier, en 6 occos ; mais ce sont des occos qui ne pesent que 16 onces d’Angleterre ; 44 occos de la premiere espece font un quintal turc.

Au Caire, à Alexandrette, à Alep, & à Alexandrie on se sert de rotto, rotton, ou rotoli. Le rotoli au Caire & dans les autres lieax de l’Egypte, est de 144 drachmes, & pese un peu plus que la livre angloise. A Alep il y a trois sortes de rotoli, le premier de 720 drachmes, vaut environ 7 livres d’Angleterre, & sert pour le cotton, la noix de galle, & autres marchandises en gros ; le second de 624 drachmes, & sert pour la soie, excepté la blanche, pour laquelle on emploie le troisieme rotoli, qui excede 600 drachmes.

A Seyde le rotto est de 600 drachmes.

Dans les autres ports du Levant que nous ne nommons pas ici, on se sert des mêmes poids, particulierement de l’occo, ou ocqua, du rotoli ou rotto.

Afin de faire voir la proportion de ces différens poids entre eux ; nous ajouterons une réduction des differentes livres dont on fait usage en Europe, & qui servent de regle fixe pour y rapporter tous les autres ; le calcul de ces poids a été fait avec beaucoup de soins par M. Ricard, & a été publié dans la nouvelle édition de son excellent traité de commerce, 1722.

Proportion des poids des principales villes de l’Europe, à ceux d’Amsterdam.
Cent livres d’Amsterdam valent
108 d’Alicant 105 de Liége
105 d’Anvers 114 de Lisle
120 livres d’Arcangel, ou 3 poëdes 143 de Livourne
105 d’Arschot 106 de Lisbonne
120 d’Avignon 109 de Londres, poids d’avoir-du-poids
98 de Basle 105 de Louvain
100 de Bayonne 105 de Lubek
166 de Bergame 141 de Luques, poids-léger.
97 de Bergopsom 116 de Lyon, poids-de-ville
95 de Berg en Norvege 114 de Madrid
151 de Bologne 105 de Malines
100 de Bordeaux 123 de Marseille
104 de Bourg-en-Bresse 154 de Messine, poids-léger.
103 de Breme 168 de Milan
125 de Breslan 120 de Montpellier
105 de Bourges 125 bescherots de Moscovie
105 de Bruxelles 100 de Nantes
111 de Berne 106 de Nancy
100 de Besançon 169 de Naples
100 de Bilbao 98 de Nuremberg
105 de Bois-le-Duc 100 de Paris
105 de Cadis 112 de Revel
105 de Cologone 109 de Riga
107 de Copenhague 100 de la Rochelle
87 de Constantinople 146 de Rome
113 de Dantzic 100 de Rotterdam
100 de Dort 96 de Rouen, poids de vicomté.
97 de Dublin 100 de Saint-Malo
97 d’Edimbourg 100 de Saint-Sébastien
143 de Florence 156 de Saragosse
98 de Francfort-sur-Mein 106 de Séville
105 de Gand 114 de Smirne
89 de Genève 110 de Stettin
163 de Gènes, poids-de-caisse. 81 de Stockholm
102 de Hambourg 118 de Toulouse & haut Languedoc
125 de Koenigsberg 151 de Turrin
106 de Leyde 158 de Valence
105 de Leypsic 182 de Venise, petit poids.

Poids des différens lieux des Indes orientales. Dans la Chine on emploie pour les marchandises en gros le pico, qui est de 100 catis ou cattis, quoique quelques auteurs le font de 126. Le cati se divise en 16 taels ou tales, chacun valant 1 > d’once d’Angleterre, ou le poids d’un rial & , & se divisant en 10 mas ou masses, lesquelles masses valent chacune 10 condrins ; de sorte que le pico chinois monte à 137 livres angloises avoir-du-poids, & que le cati pese 1 livre 8 onces ; le pico pour la soie est de 66 catis &  ; le batias, bakaise ou bars contient 300 catis.

Les Tonquinois se servent des mêmes poids & des mêmes mesures que les Chinois. Les Japonnois n’ont qu’une sorte de poids qui est le catt ; mais il differe du cati des Chinois, en ce qu’il contient 20 taels.

A Surate, à Agra, & dans les autres lieux de l’obéissance du Grand-Mogol, on se sert du man ou maund, qui sont de deux especes ; le man royal ou poids de roi, & le man ordinaire. Le premier est employé à peser toutes les denrées communes, & contient 40 seerson ou serres équivalentes aux livres de Paris, quoique Tavernier prétende qu’elles soient moindres d’un septieme. Le man commun qui sert à peser les marchandises, consiste pareillement en 40 serres, chaque serre valant 12 onces de Paris, ou les des autres serres.

Le man peut être regardé comme le poids commun des Indes orientales, quoiqu’il change de nom ou plutôt de prononciation. A Cambaye on l’appelle mao, & dans les autres lieux mein & maun. Le seer est, à proprement parler, la livre indienne, & est d’un usage général ; on en peut dire autant du bahar, tael, & du cati ci-dessus mentionnés.

Les poids de Siam sont les pices qui contiennent deux schans ou catis. Quant au cati de Siam, il n’est que la moitié de celui du Japon, ce dernier contenant 20 taels, tandis que le premier n’en contient que 10 ; quelques auteurs font le cati chinois de 16 taels, & celui de Siam de 8.

Le tael contient 4 baats ou ticals, chacun d’environ une once de Paris ; le baat contient 4 selins ou mayons, le mayon 2 fouangs, le fouang 4 payes, la paye 2 clans, le sous-paye la moitié du fouang. Savary.

Il faut remarquer que ces noms conviennent également aux monnoies & aux poids, parce que l’or & l’argent dans ces pays-là se vendent aux poids comme les autres marchandises. Voyez Monnoie.

Dans l’île de Java, & particulierement à Bantam, on se sert du gansart qui pese à-peu-près 3 livres hollandoises. A Golconde, à Visapour & à Goa, on a la furatelle, qui est du poids de 1 livre & 14 onces d’Angleterre ; le mangalis ou mangelin qui sert à peser le diamant, les pierres précieuses, & dont le poids est à Goa de 5 grains, & à Golconde de 5 grains. On a aussi le rotolo valant 14 onces d’Angleterre, le metricol qui est la sixieme partie d’une once, le vall pour les piastres & les ducats, & qui vaut la soixante-treizieme partie d’un rial.

Dans la Perse on se sert de deux sortes de batmans ou mans, l’un appellé cahi ou cheray, qui est le poids du roi, & l’autre est appellé batman de Tauris, d’un nom des principales villes de Perse.

Le premier, suivant Tavernier, pese 13 livres 12 onces d’Angleterre, le second 6 livres. Suivant le chevalier Chardin le batman du roi est de 13 livres 14 onces, & le batman de Tauris de 6 livres : on les divise en vatel, qui en font la seizieme partie ; en derhem ou drachme, qui sont la cinquantieme partie ; en meschal moitié du derhem ; en dung, qui est la sixieme partie du meschal, & qui équivaut à 6 grains de carat, & enfin en grain, qui est la quatrieme partie du dung. Il y a aussi le vakié, qui excede un peu l’once d’Angleterre, le sahcheray valant la 1170e partie du derhem, & le toman qu’on emploie pour faire de grands payemens sans parler ; son poids est celui de 50 abassis. Savary. Voyez Toman.

Poids d’Afrique & d’Amérique. Nous avons peu de chose à dire des poids qu’on emploie en Amérique, parce que dans les différentes colonies qui y sont établies on emploie les mêmes poids que ceux des pays de l’Europe auxquels elles sont soumises. Quant à la roue du Pérou, qui est de 27 livres, c’est évidemment le même poids que l’arrobe espagnol, dont le nom a été un peu altéré.

Quant à l’Afrique, il y a peu d’endroits où l’on se serve de poids, excepté en Egypte & dans les côtes de l’Afrique, dont les poids ont été comptés parmi ceux des ports du Levant, &c.

Sur les côtes qui sont par-delà le Cap-verd, comme la Guinée, le Congo, à Stofala, Mozambique, il n’y a pas de poids particuliers ; mais les Anglois, les François, les Hollandois, les Portugais y ont introduit leurs poids, chacun dans leur établissement.

Dans l’île de Madagascar il y a des poids particuliers, mais aucun de ces poids n’excede une drachme, ils ne servent qu’à peser l’or & l’argent, car ils ne pesent jamais les autres choses ; le gros s’y nomme sompi, le demi gros vari, le scrupule ou denier sacare, le demi-scrupule ou obole nanqui, les six grains nangue ou nanque ; pour le grain il n’a point de nom propre. On trouvera dans ce Dictionnaire tous les noms de ces différens poids expliqués, & leur évaluation avec les poids de France ou d’Angleterre. Voyez chaque nom de poids sous son titre particulier.

Poids, bon poids, (Comm.) on appelle bon poids en Hollande, & particulierement à Amsterdam, un excédent de poids que le vendeur accorde à l’acheteur par gratification.

Cet excédent est de deux sortes ; l’un qui est établi depuis long-tems & qu’on paye toujours sans contestation ; l’autre qui est nouveau, & qui cause souvent des disputes. La déduction pour le bon poids anciennement établie, va pour l’ordinaire à un pour cent, & au plus à deux, suivant la nature des marchandises. On peut consulter sur cette matiere la table qu’en a donnée le sieur Ricard dans son traité du négoce d’Amsterdam, imprimé en 1722. Quant au nouvel excédent de bon poids, c’est aux acheteurs à le solliciter & à l’obtenir, & aux vendeurs à se défendre de l’accorder. Dictionnaire de commerce.

Poids du Roi ou Poids-le-Roi, c’est en France une balance publique établie dans la douane de Paris, pour peser toutes les marchandises qui y arrivent, & qui sont contenues dans les tarifs dressés à cet effet.

L’établissement du poids-le-roi à Paris est d’une grande antiquité, & l’on en trouve des traces des avant le tems de Louis VII. Jusqu’au regne de ce prince, il avoit été du domaine royal, mais en 1069 il fut aliéné à des particuliers à la charge néanmoins de la foi & hommage. Il paroît qu’en 1238 les droits du poids-le-roi étoient retournés au domaine, ce qui dura plus d’un siecle ; après quoi ayant été de nouveau aliéné, une partie passa au chapitre de Paris en 1384, ce corps en acquit l’autre moitié en 1417, & il en a été depuis en possession jusqu’en 1693 qu’il fut de nouveau réuni au domaine.

Sauval remarque que pendant très-long-tems les poids dont on se servoit pour peser les marchandises au poids-le-roi n’étoient que des cailloux d’où l’aide du peseur étoit appellé lieve-caillou, ce qui lui fait conjecturer qu’alors les étalons n’étoient eux-mêmes que de pierre, ce que paroissent autoriser les poids de quelques cantons & villes d’Allemagne, qui conservent encore le nom de pierre. Voyez Pierre.

Le droit de poids-le-roi dont il est tenu registre par les commis du poids, est de deux sortes ; l’un qui est de 10 sols 5 deniers par cent pesant, & du plus ou du moins par proportion jusqu’à une livre, se paye sur toutes les drogueries & épiceries ; & l’autre qui n’est que de 3 sols aussi le cent pesant, & du plus ou du moins sur toutes les autres marchandises communes d’œuvre-de-poids, comme parlent les ordonnances. Voyez Œuvre-de-poids.

Amsterdam a aussi ses poids publics, dont l’un est établi dans la place du Dam devant l’hôtel-de-ville, où il y a sept balances pour peser les grosses marchandises, comme sucres, prunes, fanons, laines, &c. & une pour peser les marchandises fines, telles que les soies, la cochenille, l’indigo, &c. un second poids public établi dans le marché-neuf à cinq balances, & un troisieme dans le marché au beurre en a seulement quatre.

On ne s’y sert que du poids de marc. Depuis une livre jusqu’à 25 livres le droit du poids est comme de 25 livres ; depuis 25 livres jusqu’à 50 livres comme de 50, depuis 50 jusqu’à 75 comme de 75, & depuis 75 jusqu’à 100 comme de 100. On peut voir dans le traité du négoce d’Amsterdam de Jean-Pierre Ricard, un tarif des droits du poids de toutes les marchandises qui y sont sujettes, & quelques tarifs particuliers pour quelques especes de marchandises, entre autres les fromages, beurres, sirops. Ces droits, dont partie appartient à la ville & partie à la province, sont régis par des fermiers qu’on renouvelle de trois ans en trois ans. Ils ont sous eux des peseurs qui ne sont que mettre les marchandises dans les balances & estimer le poids, & auxquels il est défendu de toucher les cordes desdites balances pour les faire pancher à leur gré. Toute marchandise qui se vend au poids est sujette au droit de ce poids, aucun marchand ne pouvant avoir chez soi de grandes balances sans une permission du fermier, pour laquelle on paye 20, 30, jusqu’à 50 florins plus ou moins, sans préjudice des droits dûs pour le poids public. Quand ils veulent en vendre, ils sont obligés de les faire transporter à quelqu’une des places dont nous avons parlé, ou bien les peseurs publics les pesent devant leur porte à l’aide d’une machine qu’on nomme prikel, ce qui ne coute que 3 florins 3 sols pour le droit du bureau, & 6 à 8 s. pour le port de la machine. Voyez Prikel.

En Angleterre, les droits de poids le roi sont de 5 sols sterlings pour une pesée d’un millier, & de 2 sols pour une pesée de deux cens, & dont les François payent deux tiers plus que les Anglois.

Dans les anciennes archives d’Angleterre, poids, pondus, signifie un droit que l’on paye au roi, suivant le poids des marchandises. Voyez Pondage.

Poids du roi, pondus regis, c’est le nom qu’on donne en Angleterre, à ce qu’on appelle ailleurs étalon, c’est-à-dire à un poids original qui étoit anciennement réglé par le roi ; ce poids est de 12 onces à la livre. Voyez Poids & Etalon. Savary, Dict. de commerce de Chambers.

Poids, (Comm.) considérés par rapport à leur matiere, sont ou de cuivre, ou de fer, ou de plomb, & il y en a d’autres qu’on appelle cloches.

Les poids de cuivre ou de marc sont des poids de cuivre qui viennent pour la plûpart de Nuremberg, & qui étant subdivisés & emboîtés l’un dans l’autre, servent, en les séparant, à peser les marchandises les plus précieuses ; on les appelle poids de marc, parce que tous ensemble, la boîte comprise, ils pesent juste huit onces ou le marc. Voyez Marc.

Les poids de fer sont ordinairement carrés, & ont un anneau aussi de fer pour les prendre plus commodément, sur-tout ceux dont la pesanteur est considérable. On les fabrique dans les forges à fer. Il y en a depuis un quarteron jusqu’à cent livres : on s’en sert pour peser les marchandises les plus pesantes & du plus grand volume.

Les poids de plomb servent au contraire à peser les marchandises les plus legeres, ou celles qui sont en plus petite quantité.

Les poids qu’on appelle cloches de la figure qu’ils ont approchante de celle d’une cloche, sont pleins & massifs. Ils se font par les fondeurs, & s’achevent par les balanciers qui ajustent aussi tous les autres, on les étalonne sur ceux de la cour des monnoies. Voyez Étalon.

L’ordonnance du mois de Mars 1673 enjoint à tous négocians & marchands, tant en gros qu’en détail, d’avoir chacun à leur égard des poids étalonnés, & leur fait défenses de s’en servir d’autres, à peine de faux & de 150 livres d’amende. Dictionn. de commerce.

Poids dormant, (Comm.) on appelle ainsi en Flandre & dans le reste des pays conquis le poids ou marc, matrice & étalon que l’on garde dans la monnoie de Lille. Il fut réformé sous le regne de Louis XIV. en 1686, & a depuis pour marque une L à la place du soleil & de la fleur de lys qu’il avoit auparavant. Voyez Marc & Étalon. Dict. de commerce, tome III. p. 904.

Poids étalonné, est un poids qui a été marqué par les officiers de la cour des monnoies, après avoir été vérifié & pesé sur le poids matrice ou original, qui se garde dans le cabinet de cette cour. L’étalonnage se fait avec un poinçon d’acier. Voyez Étalon, Étalonnage. Dictionnaire de commerce, tome III. p.903.

Poids de marc, (Comm.) poids de huit onces ; c’est par cette raison qu’à Paris & dans toutes les villes de l’Europe, quand on parle d’une livre poids de marc, on l’entend toujours d’une livre de seize onces ou de deux marcs. En Hollande, particulierement à Amsterdam, le poids de marc se nomme poids de Troie.

Poids, (Docimastique.) 1°. Un essayeur bien occupé de son art, a besoin d’autant d’especes de poids qu’un artiste est obligé d’en avoir pour peser les mines qu’il travaille en grand, autrement il seroit exposé à des erreurs & à perdre son tems à calculer pour réduire ses poids. Il est des occasions où ils ne sont pas tous nécessaires, parce que les quantités communes de quelques-uns d’entr’eux facilitent leur réduction ou comparaison. La différence qu’il y a entre les poids ordinaires ou réels, & ceux des essais fictifs, imaginaires ou représentans, c’est que ceux-ci sont mille fois plus petits que les poids réels, devant servir à peser de très-petites quantités de métaux ou de mines dont on veut avoir l’essai. Ces poids en petit se divisent en autant de parties de même nom que les poids réels employés dans les travaux en grand.

Comme les noms & les soudivisions de ces sortes de poids varient selon les différens pays, nous ne nous amuserons pas à entrer dans le détail immense où cette matiere nous jetteroit. Nous ne parlerons seulement que des especes les plus ordinaires. Ceux qui en souhaiteront davantage pourront examiner les poids en usage dans les différens pays, & les comparer avec ceux qui leur sont connus. On trouve dans les traités des monnoies & dans plusieurs ouvrages d’arithmétique leurs noms & leurs proportions.

2°. Le poids le plus commun dans les fonderies, où les métallurgistes tirent les métaux des minerais & des terres métalliques, est le quintal. On le divise en cent parties égales, quelquefois en cent dix, & même en un plus grand nombre, qu’on appelle des livres, en allemand pfund. La livre se divise en trente-deux parties nommées demi-onces, loth ; le loth ou demi-once en deux siciliques, & le sicilique en deux demi-siciliques ou drachmes, quintlein. On ne se sert pas de poids plus petits que ceux-ci, excepté pourtant que les essayeurs divisent encore le demi-sicilique en deux, parce qu’on est quelquefois obligé d’avoir égard à ces sortes de minuties. Mais pour peser toutes les parties dont nous venons de parler, outre un poids de cent livres, il faut encore avoir tous ceux qui sont nécessaires pour les différentes portions de ce quintal. Peu importe qu’on fasse usage d’un quintal de plus de cent livres, la division est toujours la même. On doit donc avoir,

1. 100 livres ou quintal.
2. 64 livres.
3. 32 livres.
4. 16 livres.
5. 8 livres.
6. 4 livres.
7. 2 livres.
8. 1 livre ou 32 demi-onces.
9. livre ou 16. loths ou demi-onces.
10. livre ou 8.
11. livre ou 4.
12. livre ou 2.
13. livre ou 1.
14. loth ou 2. demi-sicilique ou gros.
15. loth ou 1.
16. loth ou .

3°. Voici quelles sont les divisions & les noms des poids employés par les Métallurgistes & les Essayeurs, avec cette différence que le quintal des métallurgistes, ou celui dont on se sert dans la société pese 100 livres réelles ou plus, (§. précédent), & que celui des essayeurs ne pese qu’un gros ou demi-sicilique, ensorte qu’il n’est tout-au-plus que du quintal ordinaire ou réel.

4°. Comme les derniers des poids fictifs ou d’essais sont très-petits (§. précédent), & conséquemment très-sujets à se perdre ; & que l’on ne trouve pas par-tout des ouvriers capables de les réparer, un essayeur doit les savoir faire lui-même : c’est ce dont je vais parler.

5°. Ces sortes de poids (§. 2.) se font de lames d’argent quarrées assez étendues pour recevoir la marque de leur poids. On commence par le poids de 64 livres, qui est environ les deux tiers du gros réel, & on lui imprime la marque qui lui convient ; celui-ci sert à régler tous les autres. On met ce poids (soixante-quatre livres) dans la balance d’essai garnie de ses bassins ; & du côté opposé de la grenaille de plomb très-menue, ou du sable fin bien lavé, séché, & passé à-travers un tamis serré jusqu’à ce qu’on en ait l’équilibre, on ôte ensuite le poids & on partage également la grenaille ou le sable : on vuide l’un des bassins, se gardant bien d’y rien laisser de la grenaille : on met à la place un poids qui n’est que la moitié du précédent ; on le marque 32 livres : on peut l’avoir préalablement ébauché dans une balance moins délicate. Si ce second poids surpasse de beaucoup la pesanteur de la grenaille, on lui ôte son excédent avec une lime fine ; mais si cet excès est peu de chose, on se sert d’une pierre fine à aiguiser, sur laquelle on le frotte jusqu’à ce qu’on l’ait rendu capable de faire un équilibre parfait avec la grenaille, observant de le lui comparer de tems en tems. On change pour-lors les bassins pour voir si on n’est point tombé dans l’erreur, ou si la balance n’a point de défauts.

L’on continue la même manœuvre par tous les autres poids jusqu’à celui d’une livre. Quant à celui du quintal, on met ensemble, pour le régler, ceux de soixante-quatre, de trente-deux & de quatre livres, & on le marque. La division des demi-onces se fait aisément en prenant toujours leur moitié, ainsi qu’il suit. Le poids d’une livre étant une fois bien réglé, l’on mettra en équilibre avec lui un fil d’argent très-droit, recuit au feu, & parfaitement cylindrique. On le divisera en deux parties égales, à l’aide d’un rapporteur & d’un coin bien tranchant, chaque moitié sera un poids de demi-livre, ou de seize demi-onces. Si l’on en divise une en deux, chaque nouvelle division sera un poids de huit demi-onces ou loths, & ainsi de suite jusqu’au gros, voyez la table du §. 2. On se servira des segmens de ce cylindre pour ajuster les petites lames d’argent sur lesquelles on aura empreint le caractere des demi-onces.

Il n’est pas nécessaire d’avoir des divisions de poids au-delà d’une demi-once ; car les drachmes sont déja de très-petits segmens du fil d’argent que l’on est obligé d’applatir légerement, & de courber pour avoir l’aisance de les prendre. On se sert de points pour marquer le nombre des drachmes, ou bien l’on se contente de reconnoître leur poids au rang qu’ils occupent & à leur grandeur. On a aussi une quantité de poids assez considérable pour faire aisément toutes les parties du quintal.

6°. On a souvent besoin d’un quintal qui pese plus d’un gros réel : on peut facilement en faire un, selon les regles que nous avons prescrites au §. précédent, de tel poids que l’on voudra. Il est cependant à propos qu’il soit en proportion avec le petit quintal fictif, comme, par exemple, qu’il lui soit comme deux ou quatre sont à un, parce qu’alors le plus petit peut en faire partie avec toutes ses divisions.

7°. On vérifie les poids neufs, ou l’on s’assûre si les vieux n’ont contracté aucun défaut par l’usage en comparant les grandes quantités aux petites ; comme, par exemple, le quintal avec les poids de soixante-quatre, trente-deux & quatre livres ; celui de soixante-quatre livres avec celui de trente-deux, & deux autres de seize livres, & ainsi des autres. Il est à propos d’avoir deux poids pour chaque division du quintal ; & l’on doit goûter cet avis que, comme l’on a beaucoup de peine & d’ennui à ajuster la grenaille, il n’en coute presque pas davantage pour faire deux poids semblables que pour un seul.

8°. Ces poids, §. 5 & 6, seront tenus renfermés dans une petite boite plate, munie d’une fermeture, & divisée en petits cassetins garnis de cuir ou de drap ; chacun aura son rang marqué, afin qu’on puisse l’avoir sous sa main. On se gardera bien d’en mettre deux ensemble, car le frottement ne manqueroit pas de leur faire perdre leur justesse.

Quelques artistes ont coutume de faire leurs poids, §. 5, en commençant par le plus petit, & d’aller ainsi en le multipliant jusqu’au quintal. Mais il arrive qu’ils multiplient aussi en même tems l’erreur qu’ils peuvent avoir commise dès le premier, quoique peu sensible, & qu’ils perdent ainsi toutes leurs peines : d’autres au contraire commencent par le plus grand, & éprouvent beaucoup de difficultés pour trouver les petits ; car en partageant toujours par moitié, on ne passe guere aisément le poids de vingt-cinq livres. C’est la raison pour laquelle on doit commencer par soixante-quatre livres, & ne faire point de poids de cinquante livres ni de vingt-cinq, vû qu’on les peut composer de l’assemblage des autres.

9°. Le quintal réel differe en plusieurs endroits. Souvent il contient plus de cent livres, & va même jusqu’à cent dix & au-delà. Lors donc qu’un essayeur sera obligé de faire un essai de quelque matiere dont le poids soit en proportion avec celui du quintal réel, il ajoutera au quintal représentant autant de livres que le quintal réel en contient en sus.

10°. On se sert d’un poids de marc ou de demi-livre pour les essais d’or & d’argent ; & pour connoître le titre des monnoies d’argent allié au cuivre ou à quelqu’autre métal. On le divise en seize demi-onces ou loths, chaque loth en quatre demi-siciliques, quintlein ; le demi-sicilique en quatre deniers, pfenning ; & le denier en deux mailles, heller. On donne à cette suite représentant le marc le nom de poids-de-semelle, pfenning-gewicht.

11°. Le poids de marc du §. précédent n’est pas absolument nécessaire, parce qu’on peut se servir à sa place du quintal d’essai (§. 2. & 5.), en prenant le poids de seize livres de celui-ci pour les seize demi-onces du poids de semelle, qui y est représenté dans toutes ses parties. Chaque livre du quintal fictif répondra donc à une demi-once du poids de marc représentant : huit demi-onces à un demi-sicilique : deux demi-onces à un denier, & une demi-once à une maille.

12°. Si l’on veut avoir un poids de marc fictif pour allier le cuivre à l’argent, on le divise ainsi que le précédent en seize loths. Mais chaque loth est sous-divisé en dix-huit grains, & selon Georges Agricola en quatre siciliques ; chaque grain en quatre parties. Le plus fort poids de cette suite est donc le marc, lequel peut, comme celui du §. précédent, être représenté par celui de seize livres du quintal d’essai, auquel cas la livre de celui-ci vaudra un loth de celui-là.

Le second poids de ce marc est petit, c’est-à-dire, le plus fort après le premier sera de huit loths ; le troisieme, de quatre ; le quatrieme, de deux ; le cinquieme, d’un seul ou de dix-huit grains ; le sixieme, d’un demi-loth ou de neuf grains. On peut encore substituer à ce dernier la demi-livre du quintal fictif. Quant à la division des grains du poids en question, on aura recours aux mêmes expédiens que pour les demi-onces du quintal en petit, c’est-à-dire, au cylindre d’argent (§. 5.). Son septieme poids sera donc de six grains ; le huitieme, de trois ; le neuvieme, de deux ; le dixieme, d’un seul ; l’onzieme, d’un demi ; & le douzieme enfin, d’un quart de grain. Ces grains auront des cases particulieres, de peur qu’on ne les confonde avec les demi-onces du quintal imaginaire.

Au reste, s’il prenoit fantaisie à quelque artiste de se faire un poids particulier en suivant notre division, nous n’avons pas d’autres avis à lui donner que ceux que nous avons exposés au §. 5. & suivans ; excepté pourtant que son principal poids de marc ne doit être tout-au-plus que de l’équivalent de celui de seize livres du quintal d’essai, comme nous l’avons dit aussi. Il est arbitraire à-la vérité de choisir tel poids absolu qu’on voudra, pour lui donner les divisions reçues : mais aussi un poids trop considérable est contraire aux vûes de l’art, puisqu’il ne s’occupe que de travaux en petit & non en grand. On fait principalement usage en Allemagne des deux poids de marc du §. 5. & de celui-cl.

13°. Dans la Flandre, au lieu des poids exposés aux §. 10 & 12. on se sert d’un poids de semelle que l’on divise idéalement en douze deniers. chacun desquels est sous-divisé en vingt-quatre grains. Ces douze deniers pesent un demi-gros réel ; c’est donc le poids que l’on donne au premier de la suite. Le second est de six deniers ; le troisieme, de trois ; le quatrieme, de deux ; le cinquieme, d’un seul ; le sixieme, de douze grains ; le septieme, de six ; le huitieme, de trois ; le neuvieme, de deux ; & le dixieme, d’un seul. On néglige les autres divisions.

14°. Quant à l’alliage de l’or par l’argent & le cuivre, on y fait usage d’un poids de semelle (carathgewicht), que l’on divise idéalement en vingt-quatre karats (carath.). Chaque karat se divise aussi imaginairement en douze grains ; le premier poids de la suite pese donc, ainsi qu’il convient, vingt-quatre karats ; le second, douze ; le troisieme, six ; le quatrieme, trois ; le cinquieme, deux ; le sixieme, un seul ; le septieme, un demi ou six grains, le huitieme, trois ; le neuvieme, deux ; le dixieme, un grain.

Il y a encore un grand nombre d’especes de poids, différentes de celles dont nous venons de parler §. 1. & suivans. Mais toute l’étendue dont cette matiere est susceptible n’est point de notre plan. On peut consulter à ce sujet le septieme livre de la métallique de Georges Agricola ; Docimastiq. de Crammer. (D. J.)

Poids, (Pharmacie.) Les Apoticaires se servoient autrefois de la livre de Médecine, qui étoit composée de douze onces, chacune moindre d’un sixieme que l’once poids de marc usité à Paris. Car cette once de Médecine étoit composée de huit gros ou dragmes qui n’étoient chacune que de soixante grains, au lieu que le gros poids de marc contient soixante-douze des mêmes grains.

Aujourd’hui les Apothicaires ne se servent plus en France & dans presque tous les pays de l’Europe, que de la livre civile ou marchande usitée dans chaque pays ; & lorsque quelques auteurs désignent une quantité de quelque remede par la livre de Médecine, ils ont soin d’ajouter l’épithete medica au mot libra. Reste donc à savoir seulement quelle est la livre usitée en chaque pays. Voyez Livre, Commerce.

La livre se désigne ainsi dans les formules de Médecine par ce caractere ℔ ; l’once, par celui-ci ℥ ; le gros, par celui-ci ʒ ; le tiers du gros, que les Médecins appellent scrupule, par celui-ci ℈ ; & enfin le grain, par les lettres initiales gr. (b)

Poids, terme de Monnoie, c’est l’épreuve de la bonté des especes de monnoie.

Ces poids sont ordinairement de cuivre, de plomb ou de fer ; dans quelques endroits des Indes orientales, ils ne sont que de pierre : mais comme la sûreté & la bonne foi du commerce, dépendent en partie de la fidélité & de la justesse des poids, il n’y a guere de nation, pour peu qu’elle soit policée, qui n’ait pris des précautions pour en empêcher la falsification. La plus sûre de ces précautions est ce qu’on appelle communément l’étalonnage, c’est-à-dire, la vérification & la marque des poids, par des officiers publics sur un poids matrice & original, qu’on appelle étalon, déposé dans un lieu sûr, pour y avoir recours quand on en a besoin. Cet usage est de la premiere antiquité. En Angleterre, l’étalon est gardé à l’échiquier ; & tous les poids de ce pays-là sont étalonnés sur ce pié original, conformément à la grande charte. En France, le poids-étalon se garde dans le cabinet de la cour des monnoies. (D. J.)

Poids originaux, (Monnoie.) ce sont des poids de cuivre avec leurs boîtes de même métal, assez proprement travaillés, & que le roi Jean qui régnoit en 1350 fit faire. On les a mis en dépôt à la cour des monnoies à Paris, & on s’en sert en cas de nécessité pour régler tous les autres poids. (D. J.)

Poids, clous au, (Clouterie.) Les clous au poids, dans le négoce de Clouterie, sont plus forts que les broquettes, & commencent où elles finissent ; ils vont depuis deux livres jusqu’à quarante livres au millier. Ils s’achetent presque tous à la somme, composée de douze milliers ; dans le détail on les vend ou à la livre, ou au compte. (D. J.)

Poids du sanctuaire, (Théologie.) expression fort usitée dans l’Ecriture. Moise parle souvent du poids du sanctuaire, lorsqu’il est question de marquer un poids juste, public & sûr.

Plusieurs savans ont prétendu que ce poids du sanctuaire étoit plus fort que le poids ordinaire. D’autres au contraire ont donné un plus grand poids au poids commun qu’au poids du sanctuaire. Ils sont encore partagés sur la valeur & sur le poids de ces deux sicles, & sur la distinction qu’il y a à faire entre le sicle du sanctuaire & le sicle public, ou le sicle du roi ou le sicle commun. Voyez Sicle.

Les uns croient que le poids du sanctuaire & le poids du roi sont mis par opposition au poids des peuples étrangers comme les Egyptiens, les Chananéens, les Syriens. D’autres veulent que le poids du roi signifie le poids babylonien, & que par le poids du sanctuaire il faut entendre le poids des Juifs.

Les meilleurs critiques soutiennent que la distinction du poids du sanctuaire & du poids public est chimérique ; que toute la différence qu’il y a entre ces deux poids est celle qui se trouve entre les étalons qui se conservent dans un temple ou dans une maison de ville, & les poids étalonnés dont se servent les marchands & les bourgeois. On voit par les Paralipom. liv. I. c. xxij. v. 29. qu’il y avoit un prêtre dans le temple qui avoit soin des poids & des mesures : super omne pondus & mensuram. Et Moïse ordonne, Levitic. xxvij. 25. que toutes choses estimables à prix d’argent seront estimées sur le pié du poids du sanctuaire. D’ailleurs il ne marque point de différence entre ce poids & le poids public. Ni Josephe, ni Philon, ni saint Jérôme, ni aucun ancien ne marquent cette distinction prétendue du poids du temple & du poids du peuple.

Au reste la coutume de conserver les étalons des poids & des mesures dans les temples n’étoit pas particuliere aux Hébreux. Les Egyptiens, au rapport de saint Clément d’Alexandrie, avoient dans le college de leurs prêtres un officier dont la fonction étoit de reconnoître toutes les mesures, & d’en conserver les mesures originales. Les Romains avoient la même coutume. Fannius, parlant de l’amphore, dit :

Amphora fit cubitis, quam ne violare liceret,
Sacravêre Jovi Tarpeïo in monte Quirites.

Et Justinien, par sa novelle CXXVIII. c. xv. ordonna que l’on garderoit les poids & les mesures dans les églises des Chrétiens. Calmet, Dict. de la Bibl. tom. III. pag. 240.

Poids du sanctuaire se prend aussi, dans un sens figuré & moral, pour un jugement exact & rigoureux. Peser ses actions au poids du sanctuaire, c’est examiner scrupuleusement si elles sont conformes à la loi, sans les flatter, ou se déguiser ce qu’elles peuvent avoir de vicieux.

Poids, (Critiq. sacrée.) dans la vulgate pondus, onus ; ce mot se prend au figuré pour la grandeur des choses ; cette grandeur, en parlant du bonheur à venir, est opposée à la légereté des afflictions de cette vie, dans la II. aux Corinthiens, iv. 17. Les Hellénistes se servent de ce mot pour marquer la force, la puissance, le nombre. Une pesante troupe, ὀχλὸς βαρός ; I. Macch. j. 18. c’est une puissante armée. Ailleurs, je louerai Dieu parmi un grand peuple ; Ps. xxxv. xviij. E Ps. xxxiv. selon les septante : il y a dans l’original un peuple pesant, ἕν λαῶ βαρεῖ ; voyez Pesant.

Poids veut dire aussi travail, fatigue ; Matt. xx. 12. nous avons supporté toute la fatigue du jour, portavimus pondus diei, τὸ βάρος τῆς ἡμέρας. 3°. Ce mot désigne une charge, une commission pénible : pourquoi soutiens-je seul la charge de tout le peuple ? pondus universi populi. 4°. Il signifie punition, châtiment : j’étendrai sur Jérusalem la punition de la maison d’Achab ; IV. des Rois, xxj. 13. pondus domûs Achab. 5°. Il marque aussi la proportion des peines : je vous jugerai dans un rapport juste entre la peine & la faute, ponam in pondere judicium ; Isaïe, xxviij. 17. (D. J.)