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figure, mais par sa couleur ; on peut même l’appercevoir à la vue simple, quoique les embryons des semences soient encore très petits ; car elle a presque autant de volume elle seule, que les embryons en ont tous quatre ensemble, & elle excede ordinairement leur grandeur. (D. J.)

Tête d’une coquille, (Conchyl.) autrement dite clavicule ; c’est la partie pyramidale extérieure & intérieure d’une coquille tournée en spirale ; elle prend vers le milieu jusqu’au sommet. (D. J.)

Tête, c’est un mot usité dans les anciens écrits pour exprimer chef ou personne. Voyez Chef.

Ce mot est évidemment formé du mot pole ; la tête ou le chef étant, pour ainsi dire, le pole du microcosme. Voyez Pole.

C’est pourquoi les Anglois se servent du mot to poll, pour l’action de recueillir & d’écrire les noms des personnes qui donnent leur voix à une élection. Voyez Voter, Voix, Suffrage, Election, &c.

Tête, (Critiq. sacrée.) κεφαλή ; ce mot au figuré se prend dans l’Ecriture, 1°. pour commencement ; 2°. pour le point capital de quelque chose, Luc, x. 17. La pierre rejettée est la principale du coin. 3°. pour le chef qui gouverne, I. Rois. xv. 17. N’êtes-vous pas devenu le chef de toutes les tribus d’Israël ? 4°. pour la vie, I. Paral. xij. 10. David retournera à Saül sur le péril de notre tête ; 5°. pour état, royaume : Ephraim fortitudo capitis mei, psal. v. 9. Ephraim est la force de mon royaume ; 6°. pour origine, source de quelque chose, bras d’un fleuve ; 7°. il signifie poison ; il sucera la tête des aspics, Job, xx. 16.

Voici les façons de parler proverbiales mentionnées dans l’Ecriture. Aller la tête baissée, c’est gémir dans la tristesse, Jérém. ij. 10. courber la tête, c’est affecter un air mortifié. Le jeûne, dit Is. lviij. 5. consiste-t il à faire comme un cercle de sa tête, en baissant le cou ? Donner de la tête contre quelque chose, c’est s’obstiner à le faire avec entêtement. Les Juifs se sont opiniâtrés, dederunt caput, à vouloir retourner à leur premiere servitude. II. Esdras, ix. 17. Elever la tête de quelqu’un, c’est le mettre en honneur, IV. Rois, xxv. 27. Oindre la tête de quelqu’un avec des parfums, c’est le combler de toutes sortes de biens, Ps. xxij. 5. Lever la tête, c’est prendre courage, Eccles. xx. 11.

Branler la tête, exprime les différens sentimens dont on est affecté ; ainsi c’est quelquefois un signe de mépris & d’insulte. Sennacherib a secoué sa tête derriere vous, ô Jérusalem ! IV. Rois, xix. 21. D’autres fois c’est une marque de joie & de sensibilité. Les parens de Job, après sa guérison, vinrent s’en réjouir avec lui, & hochoient la tête sur lui, Job, xlij. 11.

Découvrir la tête, marquoit quelquefois le deuil, Levit. x. 6. & quelquefois aussi on se couvroit la tête dans des momens d’amertume. Le roi couvrit la tête, en s’écriant, mon cher fils Absalon ! II. Rois, xix. 4. (D. J.)

Tête, (Jurisprud.) on entend par-là celui qui prend une portion virile ou entiere dans une succession.

Faire une tête, c’est être compté pour une portion virile.

Succéder par têtes, c’est lorsque chacun des héritiers prend une portion virile ; au lieu que succéder par souches, ou par tige, c’est lorsque plusieurs héritiers, descendans d’une même souche, viennent par représentation de leur pere & mere, ou autre parent, & ne prennent tous ensemble que la part qu’auroit eu le représenté.

Pour savoir quand on succede par souches ou par tête, Voyez Représentation, Souche, Succession. (A)

Tête, s. f. (Art Numismat.) côté de la médaille opposé au revers. L’on voit peu de médailles antiques sans tête, c’est-à-dire sans qu’on y ait frappé la tête ou le buste, soit de quelque divinité, soit de quelque personnage humain ; ou bien il se rencontre sur ce côté de la médaille, quelque chose qui en tient lieu. Il se trouve aussi très-peu de médailles antiques sans revers, à moins qu’elles ne soient incuses.

Les têtes se connoissent d’abord par la légende ; mais les ornemens qui les accompagnent, sont autant d’énigmes capables d’embarrasser par leur obscurité, si l’on n’a au-moins les premieres notions de la science des antiquaires. C’est à tracer ces premieres notions, à l’égard de têtes, que cet article est destiné.

Les têtes ou personnages qui se voient sur les médailles, sont quelquefois de simples têtes qui finissent avec le col ; quelquefois ce sont des bustes avec les épaules & les bras ; quelquefois des figures à mi-corps. Chacune de ces positions reçoit des ornemens différens.

Les simples têtes sont quelquefois toutes nues, d’autres fois couvertes en diverses façons.

Nous ne parlerons point de celle des femmes, parce qu’il n’est pas possible de donner de noms propres à leurs différentes coëffures. On ne peut que les connoître à l’œil, & les exprimer ensuite par des noms qui aient quelque analogie aux coëffures modernes : cependant on trouvera dans le Valesiana, pag. 99. 103. un petit article sur les coëffures qui se voient sur les médailles des impératrices. Ce léger essai auroit dû porter des antiquaires à faire quelques recherches sur les différentes coëffures qui ont été en usage, tant dans le haut que dans le bas Empire ; mais personne n’y a songé.

Dans les médailles impériales, lorsque la tête est toute nue, c’est ordinairement la marque que ce n’est point une tête d’empereur, mais de quelqu’un de ses enfans, ou véritables ou adoptifs, ou de quelque héritier présomptif de l’Empire. Tel est le jeune Néron, Aelius adopté par Hadrien, Aurelius par Antonin, &c. ou bien ce sont des princes qui n’ont jamais regné, comme Drusus, Germanicus, &c. Cependant on ne peut sur cela faire de regle générale, car si l’on vouloit dire que personne n’a porté sur les médailles la couronne avant que de regner, on feroit voir de simples césars couronnés de laurier, ou parés du diadème, comme Constantin le jeune, & Constantius dans la famille de Constantin. Et si l’on vouloit avancer, qu’au moins tous les empereurs regnans ont pris la couronne ou le diadème, on montreroit avec la même facilité plusieurs médailles d’Auguste dejà empereur, de Néron, de Galba, d’Othon, d’Hadrien, &c. où leur tête se trouve toute nue.

Les têtes couvertes, le sont ou du diadème, ou d’une couronne, ou d’un casque, ou d’un voile, ou de quelque ornement étranger.

Des ornemens de têtes sur les médailles. Le diadème est plus ancien que la couronne. C’est le propre ornement des rois, qui n’est devenu que dans le bas Empire, celui des empereurs. Je sai qu’un savant a prétendu que le diadème étoit un privilege attaché à la qualité d’auguste. Et Jornandès dit, qu’Aurelien est le premier des empereurs romains qui s’en soit paré. Le diadème est un tissu, tantôt plus & tantôt moins large, dont les extrémités nouées derriere la tête, tombent sur le col. Ce n’est que depuis Constantin que les empereurs romains s’en sont servis, en le relevant par des perles & par des diamans, ou simples ou à double rang ; & permettant même aux impératrices de le porter, ce qui ne s’étoit point vu dans le haut Empire, ou jamais tête de femme ne fut couronnée. Je dis dans l’Empire, & dans le haut Empire, parce que nous trouvons des reines sur les