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pas au point d’avoir absolument perdu la consistence liquide, n’est sujet à d’autres inconvéniens qu’à celui de candir, c’est-à-dire, de déposer son sucre superflu par une vraie crystallisation.

Les syrops sont divisés communément dans les pharmacopées, en syrops simples & en syrops composés, & les uns & les autres en syrops altérans & syrops purgatifs. Voyez Simple, Composé, Altérant, Purgatif. On emploie à la préparation de quelques syrops, selon un ancien usage, du miel au lieu de sucre : ceux-là s’appellent vulgairement miels. On trouve dans les boutiques un miel de concombre sauvage, un miel rosat, un miel violat, un miel sillitique, un miel mercurial appellé aussi syrop de longue vie. Voyez Mercuriale, &c.

On trouve aussi dans les boutiques un remede appellé syrop très-improprement, & seulement à cause de la ressemblance qu’il a par sa consistence avec le syrop : c’est le syrop ou extrait de mars. Voyez l’article Mars & Remedes martiaux.

Les syrops sont tous des remedes officinaux ; & c’est même une suite du principal objet qu’on se propose dans leur préparation, que les médecins n’ordonnent point de remedes magistraux sous cette forme ; en effet ce seroit inutilement qu’on s’appliqueroit à rendre durable un remede qui doit être donné sur le champ. Que si les médecins ordonnent cependant des syrops pour être employés sur le champ, tel que le syrop de pruneaux ou le syrop de bourrache, c’est le mot seulement qu’ils emploient, mais non pas la chose ; car ces prétendus syrops contiennent à peine la sixieme partie du sucre nécessaire pour constituer la vraie consistence du syrop.

Les syrops officinaux s’ordonnent par gros ou par once, soit seuls, c’est-à-dire, cependant dissous dans de l’eau commune, soit dans les juleps dont ils constituent un ingrédient essentiel, dans des émulsions, des potions, & même dans des apozèmes, quoiqu’ils soient absolument indifférens à la forme de ce remede.

On ne sauroit disconvenir que le sucre ne tempere jusqu’à un certain point l’activité de quelques remedes, & par conséquent que ces remedes chargés de sucre ne soient plus doux cæteris paribus, que le suc, l’infusion, la décoction, l’esprit, l’eau aromatique, &c. avec laquelle ils sont préparés ; mais il faut bien se garder de croire que le sucre opere une correction réelle de ces médicamens, & encore moins qu’il soit une matiere nuisible & dangereuse en soi. Voyez Correction, Pharmacie. Voyez Doux. Voyez Sucre.

Au reste l’usage des syrops est passé comme bien d’autres genres d’assaisonnemens, de la pharmacie à l’office & à la boutique du limonadier. On prépare plusieurs syrops principalement acides, aromatiques ou émulsifs, tels que le syrop de limon, le syrop de coin, le syrop de capillaire, le syrop d’orgeat, &c. qui étant dissous en une proportion convenable dans de l’eau fournissent une boisson très-agréable & très salutaire. (b)

Syrop, s. m. (terme de Sucrerie.) nom d’une des chaudieres dans lesquelles on cuit le vesou ou suc des cannes, dans les sucreries ou atteliers où on travaille au sucre brut. On l’appelle de la sorte, parce que c’est dans cette chaudiere par laquelle le vesou passe avant que d’être réduit sucre, & c’est là où il prend sa consistance, & commence à devenir syrop. (D. J.)

SYRO-PHÉNICIE, (Géog. anc.) c’est la Phénicie proprement dite, dont Sidon étoit la capitale, & qui ayant été unie par droit de conquête au royaume de Syrie, joignit son ancien nom de Phénicie à celui de Syrie, de même que la Palestine fut surnommée Syrie, parce qu’elle étoit considérée comme faisant partie de la Syrie. La chananéenne est nommée syro-phénicienne par S. Marc, viij. 26, parce qu’elle étoit de phénicie, qui étoit alors regardée comme faisant

partie de la Syrie, & obéissant au gouverneur de cette province. S. Matthieu, c. xv. 22. 24. qui avoit écrit en hébreu ou en syriaque, l’appelle chananéenne, parce que ce pays étoit véritablement peuplé de Chananéens, Sidon étant le fils aîné de Chanaam. (D. J.)

SYROS, (Géog. anc.) 1°. ville de l’Asie mineure dans la Carie ; 2°. fleuve du Péloponnèse, dans l’Arcadie, aux confins des Messéniens & des Mégalopolitains ; 3°. île de l’Asie mineure sur la côte d’Ionie, suivant Etienne le géographe, qui parle d’une autre île de même nom dans l’Acarnanie ; 4°. Syros ou Syra, île de l’Archipel voisine de Paros. Elle n’a que vingt-cinq milles de tour, & est bien cultivée. On voit sur le port, les ruines de sa capitale autrefois nommée Syros, de même que l’île. Tournefort trouva dans son voisinage la plante qui donne la manne de Perse, en latin alhagi Maurorum. Il a cru que Phérécides étoit né dans cette île de Syros ; mais il s’est trompé ; c’est dans Scyros, île de la mer Egée, à l’orient de celle d’Eubée. Voyez-en l’article. (D. J.)

SYRTES, (Géog. anc.) écueils de la mer Méditerranée, sur la côte d’Afrique, & appellés présentement Seches de Barbarie, Baxos de Barbaria. Il paroit d’un passage de Pline, l. V. c. iv. que par le mot de syrtes on n’entendoit pas seulement des écueils ou basses, mais des endroits où les vaisseaux entrainés par les vagues viennent échouer.

Les anciens auteurs distinguent deux Syrtes, la grande sur la côte de la Cyrénaïque, la petite sur la côte de la Bysacène. Strabon, l. II. p. 123, distingue, ainsi que Pomponius Mela, mais moins exactement, la petite Syrte de la grande ; l’une & l’autre sont très dangereuses à cause des bans de sable qui s’y amassent, & qui changent souvent de place.

Les poëtes parlent quelquefois des Syrtes au nombre singulier, & quelquefois au nombre plurier. Ce n’est pas tout, ils nomment aussi Syrtes les campagnes arides & sablonneuses de la Lybie qui s’avancent dans les terres, & où l’on ne peut voyager qu’avec de grandes incommodités. C’est dans ce dernier sens que Claudien & Virgile ont pris le nom de Syrtes, quand l’un a dit, stant pulvere Syrtes getulæ, & l’autre, hunc ego getulis agerem, si Syrtibus exul. Horace dit pareillement, sive per Syrtes iter oestuosas facturus, soit qu’il traverse les sables brûlans de l’Afrique. Prudence place le temple de Jupiter Ammon dans les Syrtes, c’est-à-dire, dans des campagnes sablonneuses ; car ce temple étoit bien éloigné de la mer. (D. J.)

Syrtes, s. m. pl. (Marine.) ce sont des sables nouveaux, agités par la mer, tantôt ammoncelés, tantôt dispersés, mais toujours très-dangereux pour les vaisseaux.

SYRTITES, s. f. (Hist. nat. Lithol.) nom donné par quelques auteurs anciens à une pierre prétieuse, dans laquelle on voyoit comme des petites étoiles d’un jaune d’or.

SYRUS lapis, (Hist. nat. Lithol.) nom donné par quelques auteurs à une pierre, dont on ne nous apprend rien, sinon qu’elle nageoit à la surface de l’eau. Peut-être étoit-ce une pierre ponce.

SYRY, (Géog. mod.) province de l’Ethiopie, au nord-est de celle d’Ogara, & dont elle est séparée par la riviere de Tekesel. C’est le pays le plus beau & le plus fertile de toute l’Ethiopie. Les lettres édifiantes disent qu’on y voit de grandes plaines arrosées de fontaines, des forêts d’orangers, de citronniers, de grenadiers, &c. & des campagnes couvertes de mille sortes de fleurs qui embaument l’air. La capitale de cette province, porte le même nom, & n’a point été décrite. (D. J.)

SYSCIA, (Géog. anc.) ville de la haute Pannomie, sur la Save, selon Ptolomée, l. II. c. xv. Elle étoit au confluent de la riviere Colapis, & au midi de l’île Segestica, que forme la Save en cet endroit :