L’Encyclopédie/1re édition/ALTÉRATION

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ALTÉRATION, s. f. en Physique, est un changement accidentel & partial d’un corps, qui ne va pas jusqu’à rendre le corps entierement méconnoissable, ou à lui faire prendre une nouvelle dénomination ; ou bien c’est l’acquisition ou la perte de certaines qualités qui ne sont pas essentielles à la nature d’un corps. V. Corps, Qualité, Essence

Ainsi on dit qu’un morceau de fer, qui auparavant étoit froid, est altéré lorsqu’il est échauffé ; parce qu’on peut toûjours voir que c’est du fer, qu’il porte toûjours le nom de fer, & qu’il en a toutes les propriétés.

C’est par là que l’altération est distinguée de la génération & de la corruption : ces termes marquant l’acquisition ou la perte des qualités essentielles d’un corps. Voyez Génération & Corruption.

Quelques Philosophes modernes prétendent, d’après les anciens Chimistes & les Corpusculaires, que toute altération est produite par un mouvement local ; & selon eux, elle consiste toûjours dans l’émission, ou l’accession, ou l’union, ou la séparation, ou la transposition des particules qui composent un corps. Voyez Particule, &c.

Aristote établit une espece particuliere de mouvement, qu’il appelle mouvement d’altération. Voyez Mouvement, &c. (O)

Alteration, en Medecine, se prend en différens sens : pour le changement de bien en mal, tous les excès causent de l’altération dans la santé : pour une grande soif, il a une altération continuelle ; l’altération est une suite ordinaire de la fievre. (L)

Alteration, (Jardinage.) est une espece de cessation de seve dans un végétal ; c’est une maladie à laquelle il faut promptement remédier, pour rendre à la plante toute la vigueur nécessaire. (K)

Alteration, (à la Monnoie.) est la diminution d’une piece en la rognant, en la limant, regravant dans la tranche, ou en emportant quelque partie de la superficie avec des caustiques, comme l’eau régale pour l’or, l’eau forte pour l’argent, ou avec une fleur de soufre préparée. Les Ordonnances & les Lois punissent ce crime de mort, comme celui de faux monnoyage.