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trui, certaines marchandises de contrebande ou entrées en fraude, comme étoffes des Indes, toiles peintes, dentelles de Flandre. Ce dernier négoce que font les revendeuses à la toilette, a été trouvé si pernicieux pour les droits du roi, & pour le bien des manufactures du royaume, qu’il y a plusieurs arrêts & réglemens qui prononcent des peines considérables contre celles qui le font. On nomme ces sortes de femmes revendeuses à la toilette, parce qu’elles se trouvent pour l’ordinaire le matin à la toilette des dames pour leur faire voir les marchandises & choses qu’elles ont à vendre, & encore parce qu’elles portent ordinairement les marchandises enveloppées dans des toilettes. Savary. (D. J.)

REVENDICATION, s. f. (Jurisprud.) est l’action par laquelle on reclame une chose à laquelle on prétend avoir droit.

Chez les Romains la revendication, appellée revindicatio, ou simplement vindicatio, étoit une action réelle que l’on pouvoit exercer pour trois causes différentes, savoir pour reclamer la propriété de sa chose, ou pour reclamer une servitude sur la chose d’autrui, ou pour reclamer la chose d’autrui à titre de gage.

La revendication de propriété étoit universelle ou particuliere ; la premiere étoit celle par laquelle on reclamoit une universalité de biens comme une hérédité ; la seconde étoit celle par laquelle on reclamoit spécialement une chose.

On pouvoit revendiquer toutes les choses qui sont dans le commerce, soit meubles ou immeubles, les animaux, les esclaves, les enfans.

Toute la procédure que l’on observoit dans l’exercice de cette action est expliquée au digeste, liv. VI. titre j.

Parmi nous la revendication est aussi une action par laquelle on reclame une personne ou une chose.

La revendication des personnes a lieu lorsque le souverain reclame son sujet qui a passé sans permission en pays étranger. Le juge ou son procureur d’office peuvent revendiquer leur justiciable, qui s’est soustrait à la jurisdiction. Le juge revendique la cause, c’est-à-dire demande à un juge supérieur que celui-ci la lui renvoie. L’official peut aussi revendiquer un clerc qui plaide en cour laye, dans une matiere qui est de la compétence de l’official. Un supérieur régulier peut aussi revendiquer un des ses religieux qui s’est évadé. Voyez Asyle, Souverain, Sujet, Jurisdiction, Ressort, Distraction, Official, Officialité, Clerc, Cour laye, Moine, Religieux, Cloitre, Apostat.

La revendication d’une chose est lorsqu’on reclame une chose à laquelle on a droit de propriété, ou qui fait le gage & la sureté de celui qui la reclame.

Ainsi le propriétaire d’un effet mobilier qui a été enlevé, volé, ou autrement soustrait. le revendique entre les mains du possesseur actuel, encore qu’il eût passé par plusieurs mains.

Lorsque sous les scellés ou dans un inventaire il se trouve quelque chose qui n’appartenoit point au défunt, celui auquel la chose appartient peut la reclamer, c’est encore une espece de revendication.

Enfin le propriétaire d’une maison qui apprend que son locataire a enlevé ses meubles sans payer les loyers, peut saisir & revendiquer les meubles, afin qu’ils soient réintégrés chez lui pour la sureté des loyers échus, & même de ceux à échoir.

Toutes ces revendications ne sont que des actions qui ne donnent pas droit à celui qui les exerce de reprendre la chose de son autorité privée ; il faut toujours que la justice l’ordonne, ou que la partie intéressée y consente. Voyez Locataire, Loyers, Meubles, Propriétaire, Saisie, Scellé, Inventaire. (A)

REVENDRE, v. act. (Gram. & Com.) vendre ce qu’on a auparavant acheté. Les marchands détailleurs revendent en détail les marchandises qu’ils ont achetées en gros des marchands magasiniers. La profession des Fripiers n’est autre chose que de revendre, souvent fort cher, ce qu’ils ont acheté à bon marché. Diction. de Commerce.

REVENIR, v. n. (Gram.) c’est venir une seconde ou plusieurs fois. Allez ; non, revenez. Il faut revenir au gîte. Le printems est revenu pour les plantes, mais l’hiver dure pour moi. Ces mets me reviennent, je n’en veux point manger. Il se porte à merveille, le voilà revenu. Je crois que cette plante voudroit revenir. Revenez à vous, vous n’êtes pas dans votre bon sens. Elle revient de sa défaillance. On dit qu’il est revenu de l’autre monde pour l’avertir de songer à lui, mais il a mal pris son tems, car son homme n’y étoit pas. Il me revient un bruit que vous parlez mal de moi. Revenons au fait, qu’en est-il ? avez-vous dit cela ou non. J’en reviens à votre avis. C’est une mule, qui ne reviendra pas de son entêtement. Il est bien revenu de ces folies là. Croyez-vous qu’il revienne à Dieu ? Il faudroit qu’une offense fût bien grave, si je repoussois un ami qui me l’auroit faite & qui reviendroit à moi. C’est la bisarrerie de votre esprit, & non l’estime de son cœur qui vous fait revenir à elle. Eh bien, que vous en reviendra-t-il, pauvre poëte, après un triomphe passager ; encore quel triomphe ! une ignominie éternelle. Il me revient de cette terre quatre mille francs, bon an mal an. Il revient toujours sur la même corde. Je ne sais comment il a échappé ; je le croyois noyé, & le voilà revenu sur l’eau.

Revenir, se dit, en terme de Commerce, du profit que l’on fait, ou que l’on espere tirer d’une société, d’une entreprise. de la cargaison d’un vaisseau, ou autre affaire de négoce. Il me reviendra mille écus, tous frais faits, de la vente de mes laines.

Revenir, en terme de Teneurs de livres, se dit du total que plusieurs sommes additionnées ensemble produisent Le premier chapitre de dépense revient à quinze mille livres.

Revenir, se dit encore de ce qu’il en coûte pour l’achat ou la façon d’une chose. Ce velours me revient à dix écus, &c.

Revenir, se dit aussi proverbialement dans le commerce. A tout bon compte revenir, c’est-à-dire qu’on peut recompter de peur d’erreur, ou que quand il y en auroit quelqu’une, il n’y a rien à perdre. Diction. de Commerce.

Revenir, v. act. (Fromagerie.) lorsque les fromages qui ont été affinés, se sont dans la suite sechés & durcis ; les fromagers les font porter dans des caves profondes & des lieux humides, pour les faire ramollir ; c’est ce qu’ils appellent faire revenir les fromages. (D. J.)

Revenir, v. act. terme de Rotisseurs, c’est faire renfler la viande en la mettant sur des charbons allumés, ou sur un gril, sous lequel il y a de la braise, avant que de piquer ou de larder la viande ; on dit faire revenir une volaille, &c.

REVENOIR, s. m. outil sur lequel les Horlogers mettent les pieces d’acier pour leur donner différens recuits, ou leur faire prendre la couleur bleue. Cet outil est ordinairement fait d’une lame d’acier ou de cuivre très-mince, dont les bords sont pliés, pour empêcher les pieces qu’on met dessus de tomber dans le feu, ou sur la chandelle, il a une queue par laquelle on le tient.

REVENTE, s. f. (Comm.) vente réitérée ; on nomme ordinairement marchandises de revente celles qui ne sont pas neuves & qui ne s’achetent pas de la premiere main, comme celles qui se trouvent chez les marchands fripiers, ou qui sont entre les mains des revendeuses.