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se trouver dans le rayon réfléchi, ils en concluoient qu’il doit paroître dans le point de concours du rayon réfléchi avec la cathete d’incidence ; ce qui est généralement vrai dans les miroirs plans, mais non pas dans les autres, comme le montre Kepler. Voyez Miroir & Apparent.

Quant aux lois particulieres de la réflexion qui resultent des circonstances des différentes especes de miroirs plans, concaves, convexes, &c. Voyez-les au mot Miroir.

Réflexion de la lune, est un terme dont quelques auteurs se servent pour exprimer ce que nous appellons autrement sa variation ; c’est une des principales irrégularités de son mouvement, par laquelle son vrai lieu hors des quadratures, differe du lieu que l’on trouveroit par le calcul du mouvement de cette planete dans une ellipse. Voyez Lune, Chambers & Wolf. (O)

Réflexion, (Gnom.) cadran à reflexion est une sorte de cadran solaire qui indique les heures par le moyen d’un miroir plan placé de maniere qu’il réfléchit les rayons solaires au haut d’un plafond où les heures sont tracées.

Les rayons du soleil qui viennent tomber sur un cadran à réflexion, ont leur direction de bas en haut, au lieu que ceux qui tombent sur les cadrans ordinaires ont leur direction de haut en bas. Ainsi un cadran à réflexion, soit horisontal, vertical, soit incliné, n’est autre chose qu’un cadran horisontal, vertical ou incliné, tracé à l’ordinaire, & dont la surface est opposée au soleil : d’où il s’ensuit que pour tracer de pareils cadrans, on peut les décrire d’abord sur le papier à l’ordinaire, comme si on vouloit faire un cadran direct, en observant seulement d’écrire les heures avant midi à gauche de la méridienne, & les autres à droite, & ensuite renverser le papier, de maniere que les heures qui étoient à droite se trouvent à gauche.

Voilà quelle doit être la construction de ces cadrans, lorsque la surface du miroir plan qui leur renvoie les rayons est entierement exposée au soleil, & éclairée par cet astre, parce qu’alors les cadrans de réflexion doivent montrer l’heure de la même maniere que si le soleil étoit sous l’horison, & que la terre étant transparente, il éclairât le plan du cadran ; mais si les rayons du soleil tombent sur le miroir par un trou, & qu’ils soient réfléchis de là sur le cadran, il faut alors que le cadran soit construit de la même maniere que si le bout de son stile étoit placé dans la perpendiculaire menée du trou sur le miroir, & prolongée au-dessous du miroir, & que le bout de ce stile fût autant éloigné de la surface du miroir en-dessous que le trou l’est en-dessus. Voyez Cadran. (O)

REFLUER, v. n. (Gramm.) il se dit de tout fluide qui pressé dans un endroit se porte dans un autre. Ce mouvement s’appelle reflux, & l’action refluer. On l’emploie au propre & au figuré. Les eaux de cette riviere ont reflué sur mes champs ; sa mauvaise humeur refluera sur vous.

REFLUX, s. m. (Phys.) c’est la descente de la marée ou son refoulement. On l’appelle ainsi, parce que c’est le mouvement opposé à flux. Voyez Flux & Marée. (O)

REFONDER, v. act. (Jurispr.) du latin refundere, qui signifie verser, se dit en matiere de dépens pour rembourser. Refonder les frais de contumace, c’est payer au demandeur ce qui lui en a coûté pour lever le défaut. Voyez Contumace, Dépens, Frais, Refusion. (A)

REFONDRE, v. act. (Gramm.) c’est fondre derechef. Ce réduplicatif a toutes les acceptions du verbe fondre. Voyez Fondre & Fonte.

REFONTE, s. f. (Monnoie.) c’est le changement qu’on fait aux monnoies en les remettant à la fonte

pour en faire de nouvelles especes. Trévoux. (D. J.)

REFORGER, v. act. (Hydrauliq.) est battre au marteau les tables de plomb, pour reboucher les souflures qui se trouvent dans la fonte. (K)

RÉFORMATION, RÉFORME, (Synon.) La réformation est l’action de réformer ; la réforme en est l’effet.

Dans le tems de la réformation on travaille à mettre en regle, & l’on cherche les moyens de remédier aux abus. Dans le tems de la réforme, on est réglé, & les abus sont corrigés.

Il arrive quelquefois que la réforme d’une chose dure moins que le tems qu’on a mis à sa réformation. Synon. françois. (D. J.)

Réformation, s. f. (Théolog.) l’acte de réformer ou de corriger une erreur ou un abus introduit dans la religion, la discipline, &c.

C’est à l’Eglise seule qu’appartient le droit de réformation, soit dans les opinions, soit dans les mœurs. Ainsi les conciles de Constance & de Bâle se proposerent de réformer l’Eglise, tant dans son chef que dans ses membres. C’est par la même autorité que le concile de Trente a travaillé utilement à la réformation de la discipline.

Réformation est aussi le nom que les Prétendus réformés ou Protestans donnent aux nouveautés qu’ils ont introduites dans la religion, & le prétexte par lequel ils colorent leur séparation d’avec l’Eglise romaine.

La prétendue réformation fut commencée par l’électeur de Saxe, à la sollicitation de Luther, environ le milieu du xvj. siecle. Voyez Luthéranisme.

Henri VIII. roi d’Angleterre, qui avoit écrit contre cet hérésiarque, démentit bientôt ses sentimens par une conduite toute semblable. Sa passion pour Anne de Boulen, lui fit souhaiter de rompre son mariage avec Catherine d’Arragon ; mariage contracté de bonne foi depuis vingt ans, & sur lequel ce prince n’avoit pas témoigné jusque-là le moindre scrupule. Le pape Clément VII. n’ayant pas voulu prononcer la sentence de divorce qu’Henri VIII. demandoit, celui-ci n’en répudia pas moins sa premiere femme, se sépara de l’Eglise romaine, abolissant la primauté du pape, & s’attribuant à lui-même le titre de chef suprème de l’église anglicane. Il persécuta les catholiques qui ne vouloient pas reconnoître l’autorité qu’il s’arrogeoit à cet égard, fit saisir les monasteres & les autres maisons religieuses, réunit leurs terres au domaine de la couronne, ou les divisa aux nobles & aux gentilshommes. Au reste, il ne s’écarta point des dogmes catholiques, & poursuivit dans ses états les Luthériens & les Calvinistes avec la derniere sévérité. Aussi les anglois pensent-ils que sous son regne la réformation ne fut que commencée ; mais sous celui d’Edouard VI. son successeur, le duc de Sommerset, qui étoit zuinglien, ayant appellé dans le royaume Pierre Martyr, & Bernardin Ochin, on reprit avec plus de chaleur l’ouvrage de la réformation ; on nia la transubstantiation, la présence réelle ; on abolit la messe & le culte des images, & à l’ancienne liturgie on en substitua une nouvelle toute dans les principes de ces nouveaux réformateurs. Le regne de Marie qui succéda, vit détruire tout cet ouvrage, & rétablir la Religion catholique en Angleterre ; mais il fut trop court pour l’affermir ; & la reine Elisabeth qui vint ensuite, consomma le projet de la réformation.

A-peu-près dans le même tems, Calvin, Zuingle, Bucer, Mélanchton, Carlostad & plusieurs autres, s’érigeoient en réformateurs en France, en Suisse, & en diverses parties de l’Allemagne. La Suede, le Danemark, & les Provinces-Unies, se séparerent aussi dans le même siecle de l’Eglise romaine.

On a si savamment écrit sur cette matiere, que nous ne nous étendrons pas à faire sentir combien