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quatre-coins, ou faire les quatre-coins, en termes de Manege, c’est diviser la volte en quatre quarts, & faire faire au cheval un rond ou deux au trot ou au galop sur les quatre quarts, ou sur les quatre angles du quarré qu’on se figure autour du pilier, au lieu de la volte circulaire. Voyez Quarré, Volte, &c.

QUATRE-NATIONS, (Littérature.) nom d’un college fameux dans l’université de Paris, fondé en 1661 par le cardinal Mazarin, pour l’éducation & l’entretien de soixante jeunes gentilshommes natifs des pays conquis par le roi Louis XIV. savoir quinze de Pignerol & de l’Italie, quinze d’Alsace, vingt de Flandres, & dix du Roussillon. Voyez College, Université.

Les gentilshommes sont nommés par le roi, & font preuve de noblesse pour être reçus dans ce college. On y enseigne aussi les Humanités, la Rhétorique, la Philosophie & les Mathématiques à toutes sortes d’écoliers. Il est composé de vingt officiers qui reçoivent tous leurs appointemens sur les biens du college, outre leur nourriture & leur logement. Les trois premiers officiers, savoir le grand-maître qui a la supériorité & la préséance sur tous les officiers du college, le procureur & le bibliothéquaire sont à la nomination de la maison & société de Sorbonne, & toutes les autres à celle du grand-maître, excepté le soubibliothécaire, qui est nommé par le bibliothécaire. La maison & société de Sorbonne a la direction générale de tout le college, à l’effet de quoi elle nomme quatre docteurs qui ont la qualité d’inspecteurs, & en font pendant quatre ans les fonctions, à-moins qu’on ne juge à-propos de les continuer. MM. les avocats & procureur-général ont aussi droit de visite dans ce college. La bibliotheque est publique, & s’ouvre deux fois la semaine, le lundi & le jeudi. Les fonds affectés pour l’entretien du college sont l’abbaye de S. Michel en l’Herm, diocèse de Luçon, qui y est unie, des rentes sur l’hôtel de ville de Paris, & sur les cinq grosses fermes, & plusieurs maisons bâties aux environs du college. On y ouvrir les classes au mois d’Octobre 1688 ; & depuis ce college s’est toujours maintenu dans une grande splendeur. Lettres-patentes du roi pour le college Mazarin. Fondation du college Mazarin.

QUATRE-TEMS, s. m. pl. (Hist. ecclés) jeûnes de l’Eglise dans les quatre saisons de l’année pendant trois jours d’une semaine en chaque saison, savoir le mercredi, le vendredi & le samedi. Voyez Saison & Jour.

Quelques-uns ont attribué l’institution au-moins de trois jeûnes par an aux apôtres, d’autres au pape Calliste, mais cette opinion n’est fondée que sur une fausse decrétale de ce pontife. Il est certain que le jeûne des quatre-tems étoit établi dans l’Eglise romaine dès le tems de S. Léon, qui distingue nettement dans ses sermons les jeûnes qui se pratiquoient aux quatre saisons de l’année, dans lesquels on jeûnoit le mercredi, le vendredi & le samedi ; savoir celui du printems, dans le carême ; celui de l’été, avant la Pentecôte ; celui d’automne, au septieme mois ; & celui de l’hiver, au dixieme. On ne trouve point cet usage établi dans l’église greque, on lit seulement dans les constitutions apostoliques qu’il y avoit une semaine de jeûne après la Pentecôte. L’observation du jeûne des quatre-tems a passé de l’Eglise romaine dans les autres églises d’Occident, mais elle n’y a pas été tout-à-fait uniforme pour ce qui regarde le tems & les jours de ce jeûne. Le jeûne des quatre-tems du printems s’observoit d’abord en la premiere semaine du mois de Mars ; celui de l’été, dans la seconde semaine du mois de Juin ; celui de l’automne, dans la troisieme semaine du mois de Septembre ; & celui de l’hiver, en la quatrieme semaine du mois de Décembre. Mais le pape Gregoire VII.

vers la fin du xj. siecle, ordonna que le jeûne de Mars seroit observé en la premiere semaine de carême, & celui de Juin dans l’octave de la Pentecôte, ceux de Septembre & de Décembre demeurant aux jours où ils se faisoient auparavant. Il semble que dans le vij. siecle où vivoit S. Isidore, on ne connoissoit en Espagne que deux de ces jeûnes, celui d’après la Pentecôte & celui du mois de Septembre. Le concile de Mayence, que Charlemagne fit assembler en 813, parle des quatre-tems comme d’un établissement nouveau qui se faisoit en France à l’imitation de l’église de Rome. Les jeûnes des quatre-tems n’ont pas été institués seulement pour consacrer à Dieu les quatre parties de l’année par la mortification & la pénitence, comme dit S. Léon, & pour obtenir sa bénédiction sur les fruits de la terre, mais aussi pour implorer la grace du S. Esprit dans les ordinations des prêtres & des diacres qui se faisoient le samedi de ces quatre-tems, comme on le voit dans l’épître IX. du pape Gélase vers la fin du v. siecle. Thomassin, traité historique & dogmatique des jeûnes de l’Eglise.

M. Chambers observe que dans les lois du roi Alfred & dans celles du roi Canut les jours de jeûnes des quatre-tems sont appellés ymbren, c’est-à-dire jours circulaires, d’où l’on a fait par corruption en anglois ember-days. Leurs canonistes appellent ces semaines quatuor anni tempora, les quatre saisons cardinales sur lesquelles se fait la révolution de l’année. C’est pourquoi Henshaw pense que ce mot ymbren a été formé par corruption de tember, qui vient de tempora.

Somner croit qu’originairement c’étoient des fêtes instituées pour implorer la bénédiction de Dieu sur les fruits de la terre ; &, suivant cette idée, Skinner pense que le mot ember vient des cendres que l’on répandoit alors sur la tête des fideles en signe de pénitence. Les Anglicans ont aussi destiné ces jours à l’ordination des prêtres & des diacres, suivant leur rit. Chamb. Diction. lettre Q, au mot Quatre-tems.

Quatrieme, s. m. partie d’un tout divisé en quatre parties égales. Avoir un quatrieme dans une affaire de commerce, un armement, une société, c’est y être intéressé pour une quatrieme portion. Dictionn. de commerce.

Quatrieme, au jeu de piquet, se dit de quatre cartes en séquence, comme de l’as, le roi, la dame & le valet, qui font ensemble une quatrieme majeure. Les autres se nomment de la premiere carte qui les commence ; si c’est le roi, par exemple, c’est une quatrieme au roi ; si c’est la dame, à la dame, ainsi des autres. Toute quatrieme vaut quatre, quand elle n’est pas effacée par une supérieure, & rien pour les deux joueurs qui en auroient chacun une semblable.

QUATRIENNAL, adj. (Gram.) qui revient tous les quatre ans ; une fonction quatriennale ; le quatriennal.

QUATRINOME, s. m. (Algeb.) est une quantité composée de quatre termes, comme a + b + c + d.

QUATROUILLÉ, adj. (Vénerie.) se dit d’un poil mêlé aux chiens parmi leur principale couleur.

QUATRUPLE, s. m. à la monnoie, sont des pieces de plaisir, voyez Pieces de plaisir, que l’on fait par des ordres particuliers du prince ; les quatruples valent quatre fois la valeur d’une monnoie courante ; comme en France, les quatruples valent 4 louis.

QUATUOR, s. m. est le nom qu’on donne aux morceaux de Musique, qui sont à quatre parties récitantes. Voyez Parties. (S)

QUATUORVIR, s. m. (Gouvern. romain.) magistrat romain qui avoit trois collegues destinés avec lui aux mêmes fonctions, ou à la même administration. IIIIvir ou quatuorvir, c’étoit quelquefois à des quatuorvirs qu’on donnoit la charge de conduire &