Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/577

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le gouvernement d’Emeraldas, avec divers autres monumens de l’industrie des anciens habitans. Les pierres vertes deviennent tous les jours plus rares, tant parce que les Indiens qui en font grand cas, ne s’en défont pas volontiers, qu’à cause du grand nombre de ces pierres qui a passé en Europe. (D. J.)

Pierres apyres, (Hist. nat. Minéralogie.) Quelques Naturalistes donnent cette épithete aux pierres qui ne souffrent aucune altération par l’action du feu, c’est-à-dire, qui ne sont ni calcinées ou réduites en chaux, ni fondues ou changées en verre par un feu ordinaire, tel que celui que la Chimie emploie pour ses analyses. Les pierres de cette espece sont le talc, l’amiante, l’asbeste, le mica, &c. Il faut observer que ces sortes de pierres ne sont point absolument apyres, puisque le miroir ardent est en état de les faire entrer en fusion. Voyez l’article Miroir ardent. (—)

Pierre a chaux, (Hist. nat. Minéral.) lapis calcareus, nom générique que l’on donne à toute pierre que l’action du feu convertit en chaux. Plus les pierres que l’on emploie à cet usage sont dures & compactes, plus la chaux qui en résulte est d’une bonne qualité. Voyez Calcaire. & Chaux. (—)

Pierre d’Automne, (Chimie.) espece de composition que préparent les Chinois. On fait bouillir dans une chaudiere de fer, de l’urine d’un adulte ; lorsqu’elle commence à bouillir, on y verse, goutte à goutte, la valeur d’un gobelet d’huile de navette. On laisse évaporer ce mélange jusqu’à consistence de colle ; on étend ensuite ce résidu sur des plaques de tôle, & on le fait sécher au point de pouvoir être pulvérise. On humecte ensuite cette poudre avec de l’huile, & on met ce mélange dans un creuset pour le sécher. On le remet encore en poudre, & on met cette poudre dans un vaisseau de porcelaine, couvert d’une étoffe de soie & d’un papier en double ; on verse dessus de l’eau bouillante qui se filtre goutte à goutte au-travers de ces papiers, & l’on continue jusqu’à ce qu’il y en ait assez pour donner à la poudre une consistence de pâte, que l’on fait ensuite sécher au bain marie.

Les Chinois regardent cette composition comme un grand remede pour les maux de poitrine ; ils l’appellent en leur langue d’un mot qui signifie pierre d’automne, parce qu’ils sont dans l’idée que les saisons ont des influences particulieres sur les différentes parties du corps. Voyez les observations sur les coutumes de l’Asie.

Pierres de Croix, (Hist. nat. Mineral.) lapis crucifer. C’est ainsi qu’on nomme des pierres qui se trouvent en Espagne, dans le voisinage de S. Jacques de Compostelle ; on y remarque distinctement la figure d’une croix, d’une couleur noirâtre, tandis que le reste de la pierre est d’un blanc tirant sur le gris. Boece de Boot dit que cette pierreressemble par sa grandeur & sa figure à la corne d’un bœuf, & que lorsqu’on la coupe horisontalement, on voit une croix dans son intérieur. Cette pierre est tendre & facile à tailler ; les Espagnols en sont des chapelets ou rosaires : ce qui donne lieu de croire que ces pierres sont de la nature de la serpentine ou de la pierre ollaire, qui par une crystallisation particuliere affectent la figure que l’on y remarque. Le pere Feuillée a trouvé dans une riviere du Chily en Amérique, des pierres qui portoient aussi la figure d’une croix.

Pierres divines, (Hist. nat.) nom sous lequel on a désigné quelquefois le jade. Voyez Jade.

Pierres empreintes, (Hist. nat. Mineral.) ce sont les pierres qui portent les empreintes de substances étrangeres au regne minéral. Voyez les articles Phytolites & Typolites.

Pierres figurées, (Hist. nat. Mineral.) Ce

sont les pierres qui ont pris dans le sein de la terre une figure étrangere au regne minéral. Voyez Figurées (Pierres).

Pierres de Florence, (Hist. nat. Mineral.) ce sont des pierres de la nature du marbre, & susceptibles, comme lui, de prendre le poli, sur lesquelles on voit des figures qui ressemblent assez à des ruines : ce qui leur a fait donner le nom de lapis ruderum ou de pierres de ruines. Ces pierres sont ordinairement grisâtres, & la partie qui représente des ruines est composée de veines plus ou moins jaunâtres ; cette partie semble, pour ainsi dire, collée à la pierre contigue qui est d’une même couleur, & qui fait, pour ainsi dire, le fond du tableau.

Pierres gypseuses, (Hist. nat.) ce sont celles que l’action du feu convertit en plâtre. Voyez l’article Gypse.

Pierres hematites ou sanguines. Voyez l’article Hematites.

Pierres d’Hirondelle, (Hist. nat.) Voyez Hirondelle (Pierre d’) on l’appelle aussi pierre de sassenage.

Pierres ollaires ou Pierres a pots. Voyez Ollaires (Pierres).

Pierre philosophale, (Alchimie.) Si la passion des richesses, dit M. de Fontenelle, n’étoit pas aussi puissante, & par conséquent aussi aveugle qu’elle est, il seroit inconcevable, qu’un homme qui prétend avoir le secret de faire de l’or, pût tirer de l’argent d’un autre, pour lui communiquer son secret. Quel besoin d’argent peut avoir cet heureux mortel ? Cependant c’est un piége où l’on donne tous les jours, & M. Geoffroi a développé dans les mém. de l’acad. des Sciences, année 1722, les principaux tours de passe-passe que pratiquent les prétendus adeptes, enfans de l’art, philosophes hermétiques, consmopolites, rosecroix, &c. gens qu’un langage mystérieux, une conduite fanatique, des promesses exorbitantes, devroient rendre fort suspects, & ne font que rendre plus importans. Nous ne répéterons point ce qu’a dit M. Geoffroi sur leurs différentes supercheries ; il est presque insensé d’écouter ces gens-là, du moins dans l’espérance de quelque profit. Ainsi nous transcrirons seulement un mot des observations de l’historien de l’académie de, Sciences sur le fond de la chose.

Il pourroit bien être impossible à l’art de faire de l’or, c’est-à-dire d’en faire avec des matieres qui ne soient pas or, comme il s’en fait dans le sein de la terre. L’art n’a jamais fait un grain d’aucun des métaux imparfaits, qui selon les Alchimistes, soit de l’or que la nature a manqué ; il n’a seulement jamais fait un caillou. Selon les apparences, la nature se réserve toutes les productions. Cependant on ne démontre pas qu’il soit impossible qu’un homme ne meure pas. Les impossibilités, hormis les géométriques, ne se démontrent guere ; mais une extrème difficulté, prouvée d’une certaine façon par l’expérience, doit être traitée comme une impossibilité, si non dans la théorie, au-moins dans la pratique.

Les Alchimistes prétendent dissoudre l’or radicalement, ou en ses principes, & en tirer quelque matiere, un soufre, qui, par exemple, mêlé avec quelqu’autre minéral, comme du mercure, ou de l’argent, le change en or : ce qui en multiplieroit la quantité.

Mais on n’a jamais dissous radicalement aucun métal. On les altére, on les déguise quelquefois à un tel point qu’ils ne sont plus reconnoissables ; mais on sait aussi les moyens de les faire reparoître sous leur premiere forme ; leurs premiers principes n’étoient pas désunis.

Il est vrai qu’il s’est fait par le miroir ardent des dissolutions radicales, que le feu ordinaire des four-