L’Encyclopédie/1re édition/TYPOLITES

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TYPOLITES ou Pierres a empreintes, (Hist. nat. Minéral.) impressa lapidea, typolitus, c’est ainsi que quelques naturalistes nomment des pierres sur lesquelles on voit des empreintes de substances du regne végétal ou du regne animal.

On trouve dans plusieurs pays des pierres sur lesquelles on remarque distinctement des empreintes de plantes ; c’est ordinairement dans des pierres feuilletées qu’on les rencontre ; les ardoises ou pierres schisteuses qui accompagnent communément les mines de charbon de terre, sont très-fréquemment remplies de différentes plantes, & surtout de celles qui croissent dans les forêts, telles que les fougeres, les capillaires, les roseaux, la prêle que l’on y distingue parfaitement. Scheuchzer & d’autres naturalistes nous ont fait de longues énumérations des plantes qui se trouvent de cette maniere. Mais une observation très-digne de réflexion, c’est que les plantes dont on trouve les empreintes sur des pierres de nos contrées, sont souvent tout-à-fait étrangeres à nos climats, & leurs analogues vivans ne se rencontrent que dans d’autres parties du monde. M. de Jussieu ayant eu occasion d’observer des pierres empreintes qui se trouvent à Saint-Chaumont en Lyonnois, trouva que les plantes qu’il y voyoit, ressembloient si peu à toutes celles qui croissent dans cette province & dans celles des environs, qu’il crut herboriser dans un monde tout nouveau. Voyez les mémoires de l’académie royale des Sciences, année 1718.

Les naturalistes qui attribuent au déluge universel tous les changemens arrivés à notre globe, n’ont pas manqué de le regarder comme l’auteur des pierres empreintes que l’on rencontre dans le sein de la terre. Scheuchzer a été plus loin ; ayant trouvé des pierres chargées des empreintes de quelques végétaux semblables à des épics de blé dans l’état où ils sont au printems, il a cru devoir en conclure que le déluge étoit arrivé dans cette saison ; mais il sera très difficile d’expliquer par le déluge la raison pourquoi la plûpart des plantes que l’on trouve empreintes, sont exotiques ou étrangeres au climat où on les rencontre aujourd’hui ; il faut pour cela supposer que les climats ont changé, ainsi que les plantes qu’ils produisoient autrefois ; d’ailleurs le peu de durée du déluge ne permet point de croire que les eaux aient apporté ces plantes d’Asie ou d’Amérique, vû qu’elles n’auroient point eu le tems de faire un aussi long voyage, & que les végétaux ne flottent point avec beaucoup de rapidité.

Les feuilles & les plantes dont on voit les empreintes, sont ordinairement détruites & décomposées, & l’on ne trouve plus que le limon durci qui a pris leur place, & à qui elles ont servi de moules. La plûpart de ces feuilles empreintes sont étendues ; il est rare d’en voir qui soient roulées ou pliées, d’où quelques naturalistes n’ont pas manqué de conclure qu’elles avoient dû nager sur l’eau ; mais cette raison n’est rien moins que décisive, vû qu’une eau agitée peut aisément rouler & plier des feuilles ou des plantes.

Il ne faut point confondre avec les typolites ou pierres empreintes dont nous venons de parler, celles qui se trouvent dans le tuf, & qui ne sont produites que par incrustation, c’est-à-dire, par le dépôt qui s’est fait des parties terreuses contenues dans des eaux qui sont tombées sur des feuilles ou des plantes.

A l’égard des typolites, ou pierres qui portent des empreintes d’animaux, les plus ordinaires sont celles sur lesquelles on voit des poissons, telles que celles qui se trouvent sur une pierre feuilletée blanchâtre à Papenheim. Voyez Papenheim pierre de. On doit aussi placer dans ce nombre la pierre schisteuse chargée d’empreintes de poissons, qui se trouve près d’Eisleben, dans le comté de Mansfeld, qui est une vraie mine de cuivre. Voyez Mansfeld, pierre de. (—)