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quelle est attaché le soc, & qui sert pour tourner la terre que le soc a fendue. En plusieurs endroits l’oreille de la charrue est un petit ais triangulaire qui s’applique à la partie où se met le soc ; en sorte que par sa pointe il y sort attaché avec un crochet de fer qui est à cette pointe, & que l’on engage dans un anneau qui est proche du soc ; par l’autre bout elle s’en éloigne au moyen d’une cheville de bois, longue d’environ un pié. Ainsi l’oreille fait un angle aigu avec la partie de la charrue qui porte le soc. Cette oreille est mobile, & se met tantôt d’un côté, & tantôt d’un autre. On la change quand le sillon est achevé, & que l’on veut tourner pour en commencer un autre, afin qu’elle soit toujours en-dedans des sillons. Dans d’autres endroits, c’est la partie postérieure du bois même auquel le soc se met, & que l’on peut appeller le manche du soc, qui s’élargit, mais qui est immobile. Alors il faut labourer à deux rangs de sillons, l’un à droite, & l’autre à gauche, afin que cette oreille, qui ne se peut changer, soit toujours en-dedans du sillon, & qu’elle rejette sur les sillons déja tracés, & non pas sur la terre non encore labourée, celle que le soc coupe à mesure qu’il avance. Voyez les Pl. d’Agricul. (D. J.)

Oreille de frisquette, terme d’Imprimerie. Voyez Languette.

Oreilles, terme d’emballeur, ce sont des morceaux de toile qu’on ménage aux quatre coins d’un ballot ou d’une balle, lorsqu’on en fait l’emballage, afin que les crocheteurs, forts, ou gagne-deniers, qui ont coutume de les charger ou décharger, ayent plus de prise pour les remuer & changer de place. On leur a donné le nom d’oreilles, parce qu’en effet ils ont quelque ressemblance avec celles des animaux qui les ont les plus grandes.

Oreilles, (Luth.) ce sont dans les jeux de l’orgue de petites lames de plomb ed, fig. 32. Pl. d’orgue, minces & flexibles, que l’on soude aux deux côtés de la bouche des tuyaux bouchés & à cheminées, & qui servent à les accorder. On fait baisser les tuyaux de ton en inclinant les oreilles vers la bouche ; ce qui alonge le chemin que le vent qui anime le tuyau est obligé de faire avant de frapper l’air extérieur, & diminue la fréquence de ces vibrations. Au contraire, lorsqu’on écarte les oreilles, le chemin que le vent qui remplit le tuyau doit faire est d’autant racourci, & qu’à vîtesse égale, les tems sont comme les espaces à parcourir. La fréquence des vibrations de l’air est augmentée, ce qui fait hausser le tuyau de ton. Au moyen de ces deux opérations, il est facile d’accorder tel tuyau que l’on veut ; car s’il est trop bas, en levant les oreilles petit-à-petit, on le fait facilement venir à l’accord qu’il doit faire. Si au contraire il est trop haut, on le fera baisser on ouvrant les oreilles jusqu’à ce qu’il soit d’accord. Voyez Partition.

Oreille, (Maréchallerie.) les oreilles du cheval doivent être petites, placées haut & droites. Boiteux de l’oreille, voyez Boiteux. Redresser les oreilles, voyez Redresser. Regarder entre les deux oreilles, voyez Regarder. Couper les oreilles, voyez Couper. Aller de l’oreille, voyez Aller. Le bouquet sur l’oreille, est une marque que l’on met à l’oreille d’un cheval pour marquer qu’il est à vendre.

Oreilles, (Menuiserie.) sont les pieces qu’on met dans les angles pour les arrondir.

Oreille, en terme de Potier, c’est une espece de manche qui ne differe du manche proprement dit, que par sa forme qui est applatie & arrondie sur le bout extérieur, l’oreille a le même usage que le manche. Voyez Manche.

Oreilles, (Serrurerie.) parties saillantes qu’on laisse excéder le corps de l’ouvrage, & qui servent de guides à une autre piece, comme dans les cade-

nats d’Allemagne, les quatre éminences qui sont sur la tête du cadenat, entre lesquelles passent les branches du crampon.

Oreilles, (Blason.) ce sont deux petites pointes qui sont au-haut des grandes coquilles, comme à celles de saint Jacques. Ce mot se dit encore des grandes coquilles quand elles ont des oreilles aussi d’émail différent. Menétrier. (D. J.)

OREILLÉ, adj. en termes de Blason, se dit des dauphins & des coquilles dont les oreilles sont d’un émail différent de celui de leurs corps. Feydeau, à Paris, d’azur au chevron d’or, accompagné de trois coquilles d’or.

OREILLER, s. m. (Gram.) espece de sac quarré de grosse toile cirée, qu’on remplit de plumes ou de duvet, & qu’on recouvre d’une autre toile plus fine, qu’on appelle la taye de l’oreiller. L’oreiller se place sur le chevet du lit, & tient la tête élevée.

Oreiller, en Architecture, voyez Coussinet de chapiteau.

Oreiller, (Boutonnier.) qu’on appelle aussi coussinet, ou carreau, terme de Passementiers Boutonniers, pour désigner une sorte de petit pupitre quarré fait de bois leger plus long que large, & recouvert pour l’ordinaire d’une étoffe verte, rembourée un peu ferme. L’oreiller se place sur les genoux, & sert à fabriquer à la main avec des fuseaux & des épingles, des dentelles, guippures, & autres ouvrages semblables, dépendans du métier des Boutonniers.

Oreiller, terme de Couteliers, est une espece de coussin de toile, rempli de paille d’avoine ou de bourre, que ces ouvriers mettent sur le chevalet de leur roue à remoudre, afin de n’en être pas incommodés dans la situation contrainte où ils sont en rémoulant.

OREILLERE, voyez Perce-oreille.

OREILLETTE, s. f. en Anatomie, nom de deux cavités situées à la base du cœur. Voyez Cœur.

Le mot est dérivé du latin auricula, petite oreille, diminutif de aures, qui signifie les oreilles.

Les oreillettes sont deux sacs musculeux situés à la base du cœur, l’un du côté du ventricule droit, l’autre du côté du ventricule gauche, & unis ensemble par une cloison interne & par des fibres communes externes, à-peu-près comme les ventricules. On appelle aussi l’un l’oreillette droite, & l’autre l’oreillette gauche.

L’oreillette droite est plus ample que l’oreillette gauche, & elle s’abouche avec le ventricule du même côté. Elle a encore deux ouvertures formées par la rencontre de la veine cave ascendante & de la descendante qui y aboutissent.

L’oreillette gauche est un grand sac auquel s’abouchent quatre veines appellées veines pulmonaires. Voyez Pulmonaire. (L)

Oreillette, (Botan.) par les Botanistes, asarum. Voyez Cabaret, (Botan.)

Oreillette, (Orfévrerie.) petit cercle de métal, que les femmes qui ne veulent pas se faire percer les oreilles, y appliquent pour soutenir les boucles & les pendans d’oreilles. (D. J.)

OREILLONS, s. m. pl. nom que le vulgaire donne aux tumeurs des parotides, parce qu’elles viennent autour des oreilles. Voyez Parotides.

Les parotides sont ordinairement des tumeurs inflammatoires ou fort dures ; & l’on donne plus particulierement le nom d’oreillons à des engorgemens lymphatiques qui ressemblent plutôt à un œdeme qu’à un phlegmon, & dont le siége paroît plutôt dans le tissu cellulaire qui avoisine la glande maxillaire ou la parotide, qu’attaquer le corps même de ces glandes. Les enfans sont sujets aux oreillons ; c’est la lymphe stagnante qui les produit. Les