L’Encyclopédie/1re édition/REDRESSER

REDRESSER, v. a. (Gram.) remettre droit. Voyez Droit. On redresse un arbre, une regle, une planche, une éguille ; il se prend aussi quelquefois au moral, & l’on dit redresser le jugement, la raison, la conduite.

Redresser, en terme de Batteur d’or, c’est l’action de dérouler une bande d’or en la tirant à deux par chacune de ces extrémités ; cette opération sert à faire prendre le pli à l’or, & le prépare à recevoir toutes les formes qu’on va lui donner.

Redresser, en terme de Cornetier tabletier, c’est l’action d’unir les inégalités extérieures & intérieures d’un cornet, par le moyen du billot à redresser & du mandrin. Voyez ces mots à leur article.

Redresser les peaux, (terme de Chamoiseur) qui signifie les faire passer une seconde fois sur le palisson ; c’est la derniere façon qu’on leur donne après qu’elles ont été passées en huile, & après cette façon elles sont en état d’être vendues & employées. V. Chamois.

Redresser les Peaux, est aussi un terme de Megissier, qui signifie détirer les peaux avec les mains sur une table pour empêcher qu’il n’y reste aucun pli.

Redresser les Gants, terme de Gantier ; c’est leur donner leur derniere façon en les détirant avec les mains ; on dit aussi redresser les estavillons, c’est-à-dire ouvrir les gants en large & les étendre en long avec les fuseaux ou bâtons à gants.

Redresseur de tords, ce mot en usage dans les romans des chevaliers errans, étoit pris dans un sens moral & appliqué à ceux qui reparoient les outrages & les violences qu’on faisoit aux personnes. Nous le prenons ici dans un sens physique, pour signifier un chirurgien qui s’applique particulierement à donner aux membres la configuration qu’ils ont perdue par la maladie connue sous le nom de rachitis. J’ai vu un privilégié à Paris, il y a quelques années, qui m’a appellé pour être témoins de plusieurs cures en ce genre. Il faisoit baigner les enfans pendant quelques jours pour assouplir les membres ; il les frottoit ensuite tous les jours avec une pommade dont il faisoit un secret ; elle étoit de couleur verte & son odeur étoit assez forte. Cette composition m’a paru ressembler à l’onguent martiatum, décrit dans toutes les pharmacopées ; après quelques jours de ces embrocations, il mettoit des compresses, des éclisses & des bandages assez serrés pour retablir le membre dans sa rectitude naturelle, j’ai vu des succès de cette méthode, & assez prompts. Un enfant de sept à huit ans entr’autres, rachitique depuis l’âge de deux ans, avoit les jambes torses faisant un arc en dedans au point qu’étant debout, comme il pouvoit s’y tenir, il portoit sur la partie moyenne de chaque jambe, elles formoient exactement un X ; au bout de trois semaines les jambes étoient redressées, mais non assez pour pouvoir être abandonnées sans éclisses. Des bains froids étoient très-bien indiqués pour raffermir ensuite les parties rétablies dans leur figure naturelle. (Y)