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dans la direction qu’il suit lentement, qu’on accélere sa vitesse : pour peu qu’on hâtât les uns, ou qu’on arrêtât les autres, ils auroient la vîtesse qui convient aux choses de la vie.

NONCIATION, nouvel œuvre, s. f. (Droit coutum.) c’est un acte par lequel on dénonce à celui qui fait élever un bâtiment, ou aux ouvriers qui y travaillent, qu’ils aient à cesser, jusqu’à ce qu’il en ait été ordonné par justice. Nous tenons cette coutume des Romains. Lorsque quelqu’un faisoit une entreprise, soit en élevant ou en démolissant sa maison, le voisin qui s’en trouvoit incommodé signifioit aux ouvriers qu’il y mettoit empêchement. Il ne falloit point pour cela avoir la permission du préteur ; & l’exploit qui contenoit cette nonciation étoit valable, pourvu qu’il fût donné dans le lieu même où les ouvriers travailloient, & à des personnes qui pussent en avertir le propriétaire. Si, malgré cette défense, il vouloit continuer, il étoit obligé, après cet acte, de donner une caution suffisante, qui répondoit pour le propriétaire qu’on remettroit les choses en état, si la justice l’ordonnoit ainsi : ce qui devoit se terminer dans trois mois.

Mais si l’entreprise intéressoit le public, tous les citoyens indistinctement pouvoient user de la nonciation. En France, dans un pareil cas, on en donne avis au voyer. Voyez Voyer. (D. J.)

NONCIATURE, s. f. (Jurispr.) signifie quelquefois le titre & la fonction du nonce du pape, ou le tems qu’un prélat a exercé cette fonction.

On appelle aussi nonciature un certain territoire dans lequel chaque nonce exerce sa jurisdiction ecclésiastique, ce qui n’a lieu que dans les pays où les nonces exercent une telle jurisdiction, & non en France où ils n’en ont aucune. Voyez ci-devant Nonce. (A)

NON-CONFORMISTES, s. m. (Hist. mod.) nom d’une secte, ou plutôt de plusieurs sectes en Angleterre. Voyez Séparatistes. Autrefois ce nom étoit restraint aux Puritains ou Calvinistes rigides ; aujourd’hui il s’étend à tous ceux qui ne sont pas du sentiment de l’église anglicane dominante, excepté les Catholiques romains. Voyez Puritain, Presbytérien, Indépendant, &c.

On dit que ce mot a pris son origine dans une déclaration du roi Charles I. qui ordonna que toutes les églises d’Angleterre & d’Ecosse observassent les mêmes cérémonies & la même discipline ; & c’est l’acquiescement ou l’opposition à cette ordonnance, qui a fait donner aux uns le nom de Conformistes, & aux autres celui de non-Conformistes.

NONDINA, (Mythol.) S. Augustin est le seul qui dise que c’étoit une déesse qu’on invoquoit chez les Romains le neuvieme jour après la naissance ; & c’est de ce neuvieme jour, nonus dies, qu’a été forgé le mot barbare Nondina. (D. J.)

NONES, s. f. (Chronol.) c’étoit dans le calendrier romain le cinquieme jour des mois de Janvier, Fevrier, Avril, Juin, Août, Septembre, Novembre & Décembre ; & le septieme des mois de Mars, Mai, Juillet & Octobre. Ces quatre derniers mois avoient six jours avant les nones, & les autres quatre seulement, suivant ces vers,

Sex Maius nonas, October, Julius & Mars
Quatuor at reliqui.


Voyez Calendes.

Ce mot est venu apparemment de ce que le jour des nones étoit le neuvieme avant les ides, comme qui diroit nono-idus. Voyez Ides.

Les mois de Mars, Mai, Juillet & Octobre avoient six jours avant les nones, parce que ces quatre mois

étoient les seuls qui, dans l’année de Numa, eussent 31 jours, les autres n’en avoient que 29, & Février 30 ; mais quand César réforma le calendrier, & qu’il donna 31 jours à d’autres mois, il ne leur donna point 6 jours avant les nones. Voyez Calendrier, Année, Mois, &c.

On comptoit les jours depuis les nones en rétrogradant, comme depuis les calendes, de sorte que le premier jour après les calendes ou le second du mois s’appelloit sextus nonarum, pour les mois qui avoient six jours avant les nones, & quartus nonarum pour ceux qui n’en avoient que quatre. Chambers.

None, Nones, nonæ, (Hist. ancienne.) une des sept heures canoniales dans l’Eglise romaine. Voyez Heure.

Nones, ou la neuvieme heure est la derniere des petites heures que l’on dit avant vêpres, & celle qui répond à 3 heures après midi. Voyez Vêpres.

L’office simple & l’office pour les morts finissent à nones, laquelle heure, selon la remarque du P. Rosweyd, étoit anciennement celle où se séparoit la synaxe, c’est-à-dire l’assemblée ordinaire des premiers Chrétiens à l’église.

L’heure de nones étoit aussi le tems où l’on commençoit à manger les jours de jeûne, quoiqu’il y eût des fideles qui ne mangeoient point avant le soleil couché. Voyez Jeune.

Pour conserver quelques traces de cette ancienne coûtume, on dit encore nones avant le dîner les jours de jeûne & pendant le carême. Voyez Carême.

Bingham observe que dans la primitive Eglise, none étoit regardée comme la derniere des heures ou prieres du jour, & qu’elle avoit été instituée principalement pour honorer la mémoire de l’heure à laquelle Jesus-Christ avoit expiré sur la croix. C’est aussi ce que dit la glose : Latus ejus nona bipertit. C’étoit chez les Juifs l’heure du sacrifice solemnel du soir, & on lit dans les Actes que S. Pierre & S. Jean se rendoient au temple à l’heure de nones, ad horam orationis nonam. Les anciens ne disent rien de précis sur le nombre des pseaumes & autres prieres qu’on récitoit à nones. Cassien semble seulement insinuer qu’on n’y chantoit que trois pseaumes. Aujourd’hui dans l’Eglise latine, l’office de none est composé du Deus in adjutorium, d’une hymne, de trois pseaumes sous une seule antienne, puis d’un capitule, d’un répons bref & d’un verset, & enfin d’une oraison propre au tems on à la fête. Bingham, Orig. ecclés. t. V. l. XIII. c. ix. §. 13.

Nones, (Jurisp.) nona, quasi nona pars fructuum, c’étoit le neuvieme des fruits ou le neuvieme de leur valeur que l’on payoit par forme de redevance pour la jouissance de certains biens, de même que l’on appella dixme ou décime, une autre prestation qui dans son origine étoit par-tout du dixieme des fruits. Le concile de Meaux de l’an 845 demande que ceux qui doivent à l’Eglise les nones & les dixmes, à cause des héritages qu’ils possedent, soient excommuniés, s’ils ne les payent pour fournir aux réparations & à l’entretien des clercs : on voit par-là que les laïques qui tenoient des terres par concession de l’Eglise lui devoient double prestation, savoir d’abord la dixme ecclésiastique, & en outre une redevance du neuvieme des fruits comme rente seigneuriale ou emphytéotique. Voyez Dixme. (A)

NONNAT, voyez Aphye.

NON-NATURELLES, choses, c’est un terme de Médecine assez impropre, mais reçu sur tout dans les écoles, qui demande toujours un commentaire pour être entendu : on appelle donc choses non-naturelles (d’après Galien qui paroît avoit le premier employé cette épithète singuliere) celles qui ne