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nence, par le moyen desquels les Méthodistes vouloient dans la suite guérir toutes sortes de maladies.

Soranus d’Ephese, qui vécut d’abord à Alexandrie & ensuite à Rome, sous Trajan & Adrien, mit la derniere main au système de la secte des Méthodistes ; & il en fut le plus habile, selon Cœlius qui en est aussi un des partisans les plus distingués.

Il étoit afriquain, natif de Sicca ville de Numidie : on l’a cru contemporain de Galien : on lui est redevable du long détail que l’on a conservé sur la doctrine de la secte méthodique. C’est un écrivain très-exact, & tels étoient tous les Méthodistes. C’est de lui, sur-tout, que l’on fait qu’ils avoient beaucoup d’aversion pour les spécifiques, pour les purgatifs cathartiques (excepté dans l’hydropisie ; car en ce cas, Themison lui-même purgeoit), pour les clysteres forts, pour les diurétiques, pour les narcotiques & pour tous les remedes douloureux, tels que les cauteres, &c. Mais ils faisoient un grand usage des vomitifs, de la saignée, des fomentations & de toutes sortes d’exercices. Ils s’attachoient sur-tout à contenter les malades, comme faisoit Asclepiade, principalement par rapport à la maniere de se coucher, à la qualité de l’air & des alimens ; ayant parmi eux cette maxime, que les maladies devoient être guéries par les choses les plus simples, telles que celles dont on fait usage dans la santé, & qu’il ne falloit que les diversifier, suivant que les circonstances l’exigeoient.

Les Méthodistes furent encore célebres longtems après Cœlius ; & Sextus Empiricus les fait plutôt approcher des Pyrrhoniens ou Sceptiques en Philosophie que les Empiriques : mais il y eut enfin tant de variations parmi eux, & leur doctrine fut si fort alterée, que ce ne furent plus entre eux que des disputes & des querelles qui firent éclore deux nouvelles sectes, savoir, les Episynthétiques & les Ecclectiques.

Le chef des premiers, dont il n’a été rien dit dans ce Dictionnaire, fut Léonide d’Alexandrie qui vivoît quelque tems après Soranus. Il prétendoit avoir concilié les opinions & réuni les trois sectes dominantes ; savoir, celles des Dogmatiques, des Empiriques & des Méthodistes. C’est pour cette raison que lui & ses sectateurs furent appellés Episynthétiques, mot tiré d’un verbe grec qui signifie entasser ou assembler : c’est tout ce que l’on peut dire, n’ayant pas d’autres lumieres sur ce sujet.

A l’égard des Ecclectiques, voyez ce qui en a été dit en son lieu.

Prosper Alpin aimoit tant la doctrine des Méthodistes, qu’il entreprit de faire revivre leur secte, comme il paroît par son livre de Medicina methodica, imprimé en 1611, & dont il a paru depuis une nouvelle édition à Leyde en 1719.

Mais la nouvelle Philosophie commençoit à paroître dans le tems de cet auteur ; & chacun fut bientôt plus attentif à la découverte de la circulation du sang, au système de Descartes, qu’au soin de la chercher, d’estimer ce que les anciennes opinions, même les plus célebres, pouvoient avoir de bon, d’avantageux pour l’avancement de la Médecine. Tel est le pouvoir de la nouveauté sur l’esprit humain !

Pour tout ce qui regarde plus en détail la secte méthodique, il faut consulter l’histoire de la Médecine de Leclerc, celle de Barchusen, l’état de la Médecine ancienne & moderne, traduit de l’anglois de Clifton, les généralités de la Médecine, dans le traité des fievres continues de M. Quesnay, &c. qui sont les différens ouvrages d’où on a extrait ce qui vient de faire la matiere de cet article :

d’ailleurs, voyez Médecine, Fibre, Maladie

MÉTHODISTE, adj. (Méd.) On appelloit anciennement méthodistes les médecins de la secte méthodique. Voyez Méthodique.

MÉTHON, Cycle de, Voyez Méthonique.

MÉTHONE, (Géog. anc.) Les Géographes distinguent plusieurs villes de ce nom dans la Grece. 1°. Méthone de Messénie que Pausanias écrit Mathon. Quelques modernes veulent que ce soit aujourd’hui Modon, & d’autres Mutune. 2°. Méthone de Laconie, selon Thucydide. 3°. Méthone de l’Eubée, selon Étienne le géographe. 4°. Méthone de Thessalie. 5°. Enfin, Méthone de Thrace à 40 stades de Pydné. Ce fut, dit Strabon (in excerptis, l. VII.) au siege de Méthone de Thrace, qu’Aster dont Philippe avoit refusé les services, lui tira une fleche de la place ; & sur cette fleche, pour signe de sa vengeance, il avoit écrit : à l’œil droit de Philippe ; cette fleche creva effectivement l’œil droit de ce prince. Le siege fut long, & la résistance opiniâtre ; mais la ville se rendit finalement à discrétion. Philippe doublement irrité la ruina de fond en comble, ne permit aux soldats que d’emporter leurs habits, & distribua les terres à ses troupes. (D. J.)

MÉTHONIQUE, ou MÉTONIQUE, adj. cycle méthonique, en Chronologie, est le cycle lunaire ou la période de 19 ans, qui s’appelle de la sorte de Méthon athénien, son inventeur. Voyez Cycle & Période.

Méthon, pour former cette période ou cycle de 19 ans, supposa l’année solaire de 365 jours 6 h. 18′ 56″ 50‴ 31‴’34v. & le mois lunaire de 29 j. 12h. 45′ 47″ 26‴ 48‴’30v.

Lorsque le cycle méthonique est révolu, les lunaisons ou les pleines lunes reviennent au même jour du mois ; de façon que si les nouvelles & pleines lunes arrivent cette année à un certain jour, elles tomberont dans 19 ans, suivant le cycle de Méthon, précisément au même jour. Voyez Lunaison.

C’est ce qui a fait qu’au tems du concile de Nycée, lorsqu’on eut réglé la maniere de déterminer le tems de la Pâque, on inséra dans le calendrier les nombres du cercle méthonique à cause de leur grand usage ; & le nombre du cycle pour chaque année, fut nommé le nombre d’or pour cette année. Voyez Nombre d’or.

Cependant ce cycle a deux défauts ; le premier, de ne pas faire l’année solaire assez grande ; le second, d’être trop court, & de ne pas donner exactement les nouvelles lunes à la même heure, après 19 ans écoulées ; de sorte qu’il ne peut servir que pendant environ 300 ans, au-bout desquels les nouvelles & pleines lunes rétrogradent d’environ un jour.

Calippus a prétendu corriger le cycle méthonique, en le multipliant par 4, & formant ainsi une période de 76 ans. Voyez Période calippique, au mot Calippique. (O)

MÉTHYDRE, (Géog. anc.) μεθυδριον, Methidrium ; ville du Péloponnese en Arabie, ainsi nommée à cause de sa situation entre deux rivieres, dont l’une s’appelloit Maloeta, & l’autre Mylaon. Orchomene, qui en fut le fondateur, la bâtit sur une éminence. Il y avoit proche de cette ville un temple de Neptune équestre, & une montagne qu’on surnommoit Thaumasie, c’est-à-dire miraculeuse. On prétendoit que c’étoit-là que Cybele, enceinte de Jupiter, trompa Saturne, en lui donnant une pierre au-lieu de l’enfant qu’elle mit au monde. On y montroit aussi la caverne de cette déesse, où personne ne pouvoit entrer que les seules femmes consacrées à son culte. Méthydre n’étoit plus qu’un village du tems de Pausanias, & il appartenoit aux