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Horrox, Bouillaud, Ward contribuerent aussi de leur côté à l’avancement de l’Astronomie. Voy. Saturne, Anneau, Ecliptique, Micrometre.

L’Italie possédoit alors J. B. Riccioli & Fr. Ma. Grimaldi, tous deux de la Compagnie de Jesus, & associés dans leurs observations. Le premier, à l’imitation de Ptolomée, composa un nouvel Almageste, dans lequel il rassembla toutes les découvertes astronomiques, tant anciennes que modernes. Les Hollandois qui ont tant d’intérêt à cultiver cette Science à cause de la navigation, eurent aussi dans ce xviie siecle d’habiles Astronomes. Le plus illustre est Huyghens ; c’est à lui qu’on doit la découverte de l’anneau de Saturne, d’un de ses satellites, & l’invention des horloges à pendule. Il fit un livre sur la Pluralité des mondes, accompagné de conjectures sur leurs habitans. Il mourut en 1695, âgé de 76 ans.

Newton, d’immortelle mémoire, démontra le premier, par des principes physiques, la loi selon laquelle se font tous les mouvemens célestes ; il détermina les orbites des planetes, & les causes de leurs plus grands ainsi que de leurs plus petits éloignemens du soleil. Il apprit le premier aux savans d’où naît cette proportion constante & réguliere observée, tant par les planetes du premier ordre, que par les secondaires, dans leur revolution autour de leurs corps centraux, & dans leurs distances comparées avec leurs révolutions périodiques. Il donna une nouvelle théorie de la lune, qui répond à ses inégalités, & qui en rend raison par les lois de la gravité & par des principes de méchanique. Voy. Attraction, Lune, Flux & Reflux, &c.

Nous avons l’obligation à M. Halley de l’Astrononomie des cometes, & nous lui devons aussi un catalogue des étoiles de l’hémisphere méridional. L’Astronomie s’est fort enrichie par ses travaux. Voy. Comete, Table, &c.

M. Flamsteed a observé pendant quarante ans les mouvemens des étoiles, & il nous a donné des observations très-importantes sur le soleil, la lune, & les planetes, outre un catalogue de 3000 étoiles fixes, nombre double de celui du catalogue d’Hevelius. Il paroît qu’il ne manquoit plus à la perfection de l’Astronomie, qu’une théorie générale & complete des phénomenes célestes expliqués par les vrais mouvemens des corps & par les causes physiques, tant de ces mouvemens que des phénomenes ; Gregori a rempli cet objet. Voyez Centripete, Centrifuge, &c.

Charles II. roi d’Angleterre, ayant formé en 1660 la Société royale des Sciences de Londres, fit construire six ans après un observatoire à Greenwich. Flamsteed, qui commença à y faire des observations en 1676, est mort en 1719. Il a eu pour successeur l’illustre Edmond Halley, mort en 1742, & remplacé par M. Bradley, célébre par sa découverte sur l’aberration des étoiles fixes.

L’Académie royale des Sciences de Paris, protegée par Louis XIV. & par Louis XV. a produit aussi d’excellens Astronomes, qui ont fort enrichi cette Science par leurs observations & par leurs écrits. M. Cassini, que Louis XIV. fit venir de Bologne, s’est distingué par plusieurs découvertes astronomiques. M. Picard mesura la terre plus exactement que l’on ne l’avoit fait jusqu’alors ; & M. de la Hire publia en 1702 des tables astronomiques. Depuis ce tems les membres de cette compagnie n’ont point cessé de cultiver l’Astronomie en même tems que les autres Sciences qui font son objet. Aidés des instrumens dont l’observatoire de Paris est abondamment fourni, ils ont fait prendre une nouvelle face à l’Astronomie. Ils ont fait des tables exactes des satellites de Jupiter ; ils ont déterminé la parallaxe de Mars, d’où l’on peut tirer celle du soleil ; ils ont corrigé la doctrine des réfrac-

tions des astres ; enfin ils ont fait & font tous les jours

un grand nombre d’observations sur les planetes, les étoiles fixes, les cometes, &c. L’Italie n’est pas demeurée en arriere, & pour le prouver il suffit de nommer Mrs Gulielmini, Bianchini, Marsigli, Manfredi, Ghisleri, Capelli, &c. Le Nord a aussi eu de savans Astronomes. M. Picard ayant amené Olaüs Roemer, de Copenhague à Paris, il ne tarda pas à se faire connoître avantageusement aux Académiciens. Il construisit diverses machines qui imitoient exactement le mouvement des planetes. Son mérite le fit rappeller dans sa patrie, où il continua à fournir glorieusement la même carriere. Le roi de Suede Charles XI. observa lui-même le soleil à Torneo, dans la Bothnie, sous le cercle polaire arctique. L’on sait avec quels soins & quelles dépenses on cultive depuis quelque-tems l’Astronomie à Petersbourg, & le grand nombre de savans que la liberalité du souverain y a attirés. Enfin les voyages faits au Nord & au Sud pour déterminer la figure de la terre avec la plus grande précision, immortaliseront à jamais le regne de Louis XV. par les ordres & les bienfaits de qui ils ont été entrepris & terminés avec succès.

Outre les observatoires dont nous avons déjà parlé, plusieurs princes & plusieurs villes en ont fait bâtir de très-beaux, & fort bien pourvûs de tous les instrumens nécessaires. La ville de Nuremberg fit bâtir un observatoire en 1678, qui a servi successivement à MM. Eimmart, Muller, & Doppelmayer. Les curateurs de l’Académie de Leyde en firent un en 1690 : l’on y remarque la sphere armillaire de Copernic.

Frederic I. roi de Prusse, ayant fondé au commencement de ce siecle une Société royale à Berlin, fit construire en même-tems un observatoire ; M. Kirch s’y est distingué jusqu’à sa mort, arrivée en 1740. Le comte de Marsigli engagea en 1712 le senat de Bologne à fonder une académie & à bâtir un observatoire. Voyez Institut. L’année suivante l’académie d’Altorf fit aussi la dépense d’un pareil édifice. Le Landgrave de Hesse suivit cet exemple en 1714 ; le roi de Portugal en 1722, & la ville d’Utrecht en 1726 ; enfin en 1739 & l’année suivante le P. d’Evora en a fait construire un à Rome ; le roi de Suede un à Upsal ; l’on en a fait un troisieme dans l’académie de Giesse.

Nous trouverons quelques dames qui ont marché sur les traces de la célebre Hypatia ; telle a été Marie Cunitz, fille d’un Medecin de Silésie, laquelle fit imprimer en 1650 des tables astronomiques suivant les hypotheses de Kepler. Maria Clara, fille du savant Eimmart & femme de Muller, tous deux habiles Astronomes, fut d’un grand secours à son pere & à son mari, tant dans les observations que dans les calculs. Jeanne du Mée fit imprimer à Paris, en 1680, des entretiens sur l’opinion de Copernic touchant la mobilité de la terre, où elle se propose d’en démontrer la vérité. Mademoiselle Winkelman, épouse de M. Godefroi Kirch, partageant le goût de l’Astronomie avec son mari, se mit à l’étudier & y fit d’assez grands progrès pour aider M. Kirch dans ses travaux. Elle donna au public en 1712 un ouvrage d’Astronomie.

Il paroît par les lettres des missionnaires Danois, que les Brachmanes qui habitent la côte de Malabar ont quelque connoissance de l’Astronomie : il y en a qui savent prédire les éclipses. Leur calendrier approche du calendrier Julien : mais ces connoissances sont obscurcies par quantité d’erreurs grossieres, & en particulier par un attachement superstitieux à l’Astrologie judiciaire : ils abusent étrangement le peuple par ces artifices. Il en faut dire autant des habitans de l’île de Madagascar, où les prêtres sont tous Astrologues. Les Siamois donnent aussi dans ces superstitions. M. de Laloubere, à son retour de Siam en France, apporta leurs tables astronomiques sur