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nombre ; elle est verte en dessus, cendrés en dessous, & bordée d’une ligne grisâtre ; le haut du creux donne une espece de moelle que les Negres mettent sur leurs blessures ; les fleurs sortent de la partie supérieure du tronc, & pendent à un pédicule fort court, au nombre de quatre ou cinq ; leur forme est cylindrique ; elles ont sept à neuf pouces de long, sur un pouce d’épaisseur ; leur cavité est pleine de duvet ; il y a aussi des amandes qui sont bonnes à manger, quand les fleurs sont tombées ; les habitans du Brésil font du feu avec sa racine seche sans caillou ni acier ; ils pratiquent un petit trou ; ils fichent dans ce trou un morceau de bois dur & pointu qu’ils agitent avec beaucoup de vitesse ; le bois percé est sous leurs piés, & le bois pointu est perpendiculaire entre leurs jambes : l’agitation suffit pour allumer l’écorce.

On attribue à sa racine, à son écorce, à sa moelle, à sa feuille, au suc de ses rejettons, une si grande quantité de propriétés, que les hommes ne devroient point mourir dans un pays où il y auroit une douzaine de plantes de cette espece, si on en savoit faire usage. Mais je ne doute point que ceux qui habitent ces contrées éloignées, ne portent le même jugement de nos plantes & de nous, quand ils lisent les vertus merveilleuses que nous leur attribuons.

* AMBAITINGA : cet arbre a la branche rougeâtre, le bois d’un tissu fort serré, & la feuille d’un verd éclatant au sommet, pâle à la base, mais d’un grain si rude, qu’elle polit comme la lime. On tire de l’ambaitinga une liqueur huileuse ; son fruit est large, menu, long comme la main, bon & doux au goût. Voyez l’Hist. des Plant. de Ray.

* AMBALAM, grand arbre qui croît aux Indes, dont les branches s’étendent beaucoup ; qui aime les lieux sablonneux, dont le tronc est fort gros, & qui a la racine longue & fibreuse, le bois lisse & poli, l’écorce épaisse ; les plus grandes branches de couleur cendrée, les petites de couleur verte, & parsemées d’une poudre bleue ; les feuilles petites, irrégulieres, rangées par paires, oblongues, arrondies, excepté par le bout, deux fois aussi longues que larges, pointues, d’un tissu serré, douces, lisses, luisantes des deux côtés, d’un verd vif en dessus, un peu plus pâles en dessous, & traversées d’une côte, qui distribue des nervures presqu’en tous sens. Les jets des grandes branches portent un grand nombre de fleurs à cinq ou six pétales minces, pointues, dures, & luisantes ; ces fleurs contiennent dans un petit ovaire jaune le fruit qui doit venir ; cet ovaire est entouré de dix à douze étamines, selon le nombre des pétales. Les étamines sont déliées, petites, blanches & jaunes à leurs sommets. Il part du centre de l’ovaire cinq ou six petits styles : quand les boutons des fleurs viennent à paroître, l’arbre perd ses feuilles, & n’en pousse d’autres que quand le fruit se forme. Ce fruit pend des branches en grappes ; il est rond, oblong, dur, semblable à celui du mango, & d’un verd vif, quand il est presque mûr ; il jaunit ensuite ; il est acide au goût ; sa pulpe se mange ; il contient une amande dure, qui remplit toute sa cavité ; sa surface est recouverte de filets ligneux ; il est tendre sous ces filets ; l’arbre porte fleurs & fruits deux fois l’an. Les naturels du pays font de son suc mêlé avec le riz une espece de pain qu’ils appellent apen. On attribue à ses différentes parties, à ses feuilles, à son écorce, &c. plusieurs propriétés médicinales, qu’on peut voir dans Ray.

* AMBARE, arbre des Indes grand & gros, à feuilles semblables à celles du noyer, d’un verd un peu plus clair, & parsemées de nervures qui les embellissent ; à fleurs petites & blanches, à fruit gros comme la noix, verd au commencement, d’une odeur forte, d’un goût âpre, jaunissant à mesure qu’il mûrit ; acquérant en même tems une odeur

agréable, un goût aigrelet, & plein d’une moelle cartilagineuse & dure, parsemée de nervures ; on le confit avec du sel & du vinaigre ; il excite l’appétit, & fait couler la bile. Lémery.

AMBARVALES, adj. pl. pris subst. (Hist. anc.) fêtes ou cérémonies d’expiation, que les Romains faisoient tous les ans dans les campagnes, pour obtenir des Dieux une abondante moisson. V. Fête, &c.

A cette fête, ils sacrifioient une jeune vache, une truie, ou une brebis, après l’avoir promenée trois fois autour du champ ; ce qui fit donner à cette fête le nom d’ambarvales, lequel est dérivé d’ἀμφὶ, autour, ou ambio, faire le tour, & de arva, champs ; d’autres, au lieu d’ambarvalia, écrivent ambarbalia, & amburbia, & le font venir de ambio, faire le tour, & urbs, ville.

Du nom des animaux qu’on sacrifioit en cette fête, on la nommoit aussi suovetauriles, suovetaurilia. Voyez Suovetauriles.

Le carmen ambarvale, étoit une priere qui se faisoit en cette occasion, dont Caton nous a conservé la formule, ch. cxxxxj. de re rustica.

Les Prêtres qui officioient à cette solennité, s’appelloient Fratres orvales. Voyez Orvales, & Agriculture.

Cette fête se célébroit deux fois l’année, à la fin de Janvier, ou selon quelques Auteurs, au mois d’Avril, & pour la seconde fois au mois de Juillet ; mais on n’a rien de certain sur le jour auquel elle étoit fixée. (G)

AMBASSADE, s. f. (Hist. mod.) envoi que les Princes Souverains ou les Etats se font les uns aux autres de quelque personne habile & expérimentée pour négocier quelque affaire en qualité d’Ambassadeur. Voyez Ambassadeur.

Le P. Daniel dit que c’étoit la coûtume, sous les premiers Rois de France, d’envoyer ensemble plusieurs ambassadeurs qui composoient une espece de conseil : on observe encore quelque chose d’assez semblable à cela dans les traités de paix. L’ambassade de France à Nimegue, pour la paix, étoit composée de trois Plénipotentiaires ; celle de Munster de deux, &c.

L’histoire nous parle aussi d’ambassadrices ; Mme la Maréchale de Guebriant a été, comme dit Wicquefort, la premiere femme, & peut-être la seule, qui ait été envoyée par aucune Cour de l’Europe en qualité d’ambassadrice. Matth. liv. IV. Vie d’Henri IV. dit que le Roi de Perse envoya une Dame de sa Cour en ambassade vers le Grand Seigneur pendant les troubles de l’Empire.

AMBASSADEUR, s. m. (Hist. moder.) Ministre public envoyé par un Souverain à un autre, pour y représenter sa personne. Voyez Ministre.

Ce mot vient de ambasciator, terme de la basse latinité, qui a été fait de ambactus, vieux mot emprunté du Gaulois, signifiant serviteur, client, domestique ou officier, selon Borel, Ménage, & Chifflet d’après Saumaise & Spelman : mais les Jésuites d’Anvers, dans les act. Sanct. Mart. tom. II. pag. 128. rejettent cette opinion, parce que l’ambact des Gaulois avoit cessé d’être en usage long-tems avant qu’on se servît du mot Latin ambascia : cependant cela n’est pas strictement vrai, car on trouve ambascia dans la loi Salique, tit. 19, qui s’est fait d’ambactia, en prononçant le t comme dans actio, & ambactia vient d’ambactus, & ce dernier d’ambact. Lindenbroeg le dérive de l’Allemand ambacht, qui signifie œuvre, comme si on se loüoit pour faire quelque ouvrage ou légation : Chorier est du sentiment de Lindenbroeg au sujet du même mot, qui se trouve dans la loi des Bourguignons. Albert Acharisius en son Dictionnaire Italien, le dérive du Latin ambulare, mar-