L’Encyclopédie/1re édition/FÊTES des Payens

Fêtes des Payens, (Hist. anc.) Numa partagea les jours de l’année en festi, profesti, & intercisi : les premiers étoient consacrés aux dieux, les seconds étoient accordés aux hommes pour vacquer à leurs propres affaires, & les derniers étoient partagés entre les dieux & les hommes.

Les jours de fête, dies festi, étoient encore divisés, suivant Macrobe, saturn. c. xvj. en sacrifices, épulæ ou banquets, ludi ou jeux, & feriæ, féries. Voyez Féries, &c. Dies profesti étoient partagés en fasti, comitiales, comperendini, stati, & præliares. Voyez Fastes, &c.

Les jours de fêtes on ne rendoit point la justice, c’est-à-dire que les tribunaux étoient fermés ; le négoce & le travail des mains cessoit, & le peuple les passoit en réjoüissances. On offroit des sacrifices ; on faisoit des festins ; on célebroit des jeux : il y en avoit de fixes appellées annales ou stativi, & de mobiles. Les premieres fêtes chez les Grecs étoient ces assemblées solennelles de toute la nation où l’on célebroit des jeux, comme les olympiques, les pythiens, les isthmiens, & les némeens. A l’imitation des Grecs, les Romains donnoient les jours de fêtes des jeux ou dans le cirque, ludi circenses, ou des spectacles sur le théatre, ludi scenici ; c’étoit aux dépens de l’état pour l’ordinaire, & le soin en rouloit sur les principaux magistrats, qui, dans certaines occasions, en faisoient eux-mêmes les frais. Parmi les fêtes, il y en avoit de fixées qui revenoient tous les mois, les néoménies chez les Grecs, c’est-à-dire les jours de la nouvelle lune, les calendes, ou le premier jour du mois chez les Latins, les nones qui se célebroient le 3 ou le 7 du mois, & les ides le 13 ou le 15. Ces fêtes étoient consacrées à Jupiter & à Junon.

Sans entrer ici dans un détail d’autant plus inutile du nom & des cérémonies propres à chacune de ces fêtes chez les anciens, qu’on les trouvera dans ce Dictionnaire chacune à leur article, qu’il nous suffise de remarquer que quoique ces fêtes paroissent occuper la plus considérable partie de l’année, il ne faut cependant pas s’imaginer que tous les jours fussent employés en solennités qui empêchassent l’artisan de travailler, ni personne de vacquer à ses affaires ; car de ces fêtes un très-petit nombre obligeoit généralement tout le monde ; la plûpart des aûtres n’étoient, s’il est permis de s’exprimer ainsi, que des dévotions particulieres affectées à certaines communautés ou sociétés, tantôt aux prêtres de Jupiter, tantôt à ceux de Mars, un jour aux sacrificateurs de Minerve, un autre aux Vestales : ainsi le public n’y étoit pas régulierement obligé ; dans la plûpart, on ne s’abstenoit ni de travailler ni de rendre la justice dans les tribunaux ; & Jules Capitolin remarque que l’empereur Antonin regla qu’il y auroit trois cents trente jours dans l’année où l’on pourroit vacquer librement à ses affaires : en sorte qu’il n’en restoit plus que trente-cinq qui fussent universellement fêtés.

Il y avoit outre cela des fêtes qui ne revenoient qu’après un certain nombre d’années révolues, comme les jeux capitolins qui ne se célebroient que tous les cinq ans, les jeux séculaires qu’on ne renouvelloit qu’au bout de cent ans, & d’autres fêtes qui recommençoient tous les dix, vingt, ou trente ans, & qui étoient généralement observées. (G)