Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède/Chapitre XXVI

XXVI

GORGO L’AIGLE

La vallée alpestre

Très loin au nord, entre les fjells de Laponie, il y avait un vieux nid d’aigle perché sur une saillie d’une abrupte paroi de rocher. L’aire était construite avec des branches de pin. Au cours des années elle avait été augmentée et renforcée ; à présent elle s’étalait sur près de deux mètres de largeur et s’élevait presque à la hauteur d’une tente de Lapon.

La muraille de pierre dominait une assez grande vallée, habitée en été par une bande d’oies sauvages. Dissimulée entre les montagnes et presque ignorée des hommes, même des Lapons, la vallée était un refuge excellent. Au centre s’arrondissait un petit lac où il y avait abondance de nourriture pour les oisons, et les rives, couvertes de hautes touffes d’osiers nains et de petits bouleaux chétifs, offraient aux oies des cachettes excellentes pour couver leurs œufs.

De tout temps, des aigles avaient habité le rocher et des oies sauvages le fond de la vallée. Tous les ans les aigles en ravissaient quelques-unes en ayant soin toutefois de ne pas en prendre tant que les oies ne revinssent plus. Les oies sauvages, de leur côté, profitaient malgré cela de la présence des aigles. Ils étaient des brigands, mais ils tenaient éloignés les autres brigands.

Trois ans environ avant l’époque où Nils Holgersson voyageait avec les oies sauvages, la vieille oie-guide Akka de Kebnekaïse regardait un matin, du fond de la vallée, l’aire des aigles. Les aigles partaient pour la chasse peu après le lever du soleil. Les étés précédents, Akka avait tous les matins guetté leur départ afin de s’assurer qu’ils ne choisissaient pas la vallée comme terrain de chasse.

Elle n’attendit pas longtemps. Beaux, mais redoutables, les deux oiseaux s’élancèrent bientôt dans l’air. Ils se dirigèrent vers la plaine cultivée ; Akka poussa un soupir de soulagement.

La vieille oie avait cessé de pondre des œufs et d’élever des petits ; en été elle passait son temps à aller de l’un à l’autre entre les nids et à donner de bons conseils sur la façon de couver et de soigner les petits. En outre elle guettait non seulement les aigles, mais aussi les renards alpins, les hiboux et tous les autres ennemis qui menaçaient les oies et leurs couvées.

Vers midi Akka se mit à épier le retour des aigles, comme elle l’avait fait depuis des années. Elle voyait à leur vol s’ils avaient fait une bonne chasse, auquel cas elle se sentait tranquille pour les siens. Mais ce jour-là elle ne les vit point revenir.

— Décidément je me fais vieille, pensa-t-elle après avoir attendu un bon moment. Les aigles ont dû rentrer depuis longtemps.

Au cours de l’après-midi elle ne cessa pas de surveiller la montagne, s’attendant à voir les aigles sur le gradin, où ils prenaient ordinairement leur repos du soir ; le soir elle les attendit encore à l’heure où ils se baignaient dans le lac. Et de nouveau elle se plaignit d’être devenue vieille. Elle ne pouvait admettre que les aigles ne fussent pas revenus.

Le lendemain Akka s’éveilla de bonne heure pour tâcher de voir les aigles. Mais ce fut encore en vain. En revanche elle entendit dans le calme du matin un cri à la fois furieux et pitoyable, et qui semblait provenir de l’aire. Elle s’enleva rapidement et monta assez haut pour pouvoir plonger le regard dans le nid des aigles.

Elle n’y découvrit ni l’aigle mâle ni l’aigle femelle. Dans le grand nid, il n’y avait qu’un aiglon à demi nu, qui criait de faim.

Lentement, comme hésitante, Akka descendit vers l’aire. C’était un endroit lugubre. On voyait bien qu’on était chez des brigands. L’aire et le gradin de la montagne étaient jonchés d’os blanchis, de plumes et de lambeaux de peaux ensanglantées, de têtes de lièvres, de becs d’oiseaux et de pattes de lagopèdes couvertes de plumes. L’aiglon lui-même, qui reposait au milieu de tous ces détritus, était affreux à voir avec son gros bec ouvert, son corps lourd à peine duveté, et ses ailes rudimentaires où les pennes futures perçaient comme des épines.

Akka finit par vaincre son dégoût et vint se poser au bord de l’aire, regardant avec inquiétude autour d’elle, car à chaque instant elle s’attendait à voir revenir les aigles.

— Ce n’est pas trop tôt qu’on vienne enfin à mon aide ! cria l’aiglon. Apporte-moi tout de suite à manger.

— Pas si vite ! dit Akka. Dis-moi d’abord où sont tes père et mère ?

— Est-ce que je sais ? Ils sont partis hier matin en me laissant un méchant lemming pour toute nourriture. Tu comprends bien qu’il est fini il y a longtemps. C’est honteux de me laisser ainsi mourir de faim.

Akka commença décidément à croire que les vieux aigles avaient été tués ; elle se dit que, si elle laissait l’aiglon mourir de faim, on serait débarrassé à l’avenir de toute cette famille de brigands. Pourtant il lui répugnait trop de ne pas secourir un petit sans défense.

— Qu’est-ce que tu attends ? cria l’aiglon avec impatience. N’as-tu pas entendu que je veux quelque chose à manger ?

Akka ouvrit les ailes et se laissa tomber jusqu’au petit lac du fond de la vallée, et bientôt elle remonta avec une truite dans le bec.

L’aiglon éclata de colère en voyant le poisson.

— Tu crois que je veux manger ça ? siffla-t-il en repoussant la truite de la patte. Apporte-moi sur-le-champ un lagopède ou un lemming, tu entends.

Akka allongea le cou et pinça fortement l’aiglon à la nuque.

— Écoute bien ce que je te dis, fit la vieille oie ; si tu veux que je t’apporte à manger, tu te contenteras de ce que je te donnerai. Ton père et ta mère sont morts et ne pourront par conséquent plus rien pour toi. Si tu veux mourir de faim en attendant des lagopèdes et des lemmings, je ne t’en empêcherai pas.

Là-dessus elle s’envola et ne reparut dans l’aire qu’après une bonne heure. L’aiglon avait dévoré le poisson, et lorsqu’elle déposa devant lui une autre truite, il l’avala sans dire un mot, bien qu’il parût la trouver peu appétissante.

Akka eut un rude travail. Les vieux aigles ne revinrent point, et elle dut à elle seule nourrir l’aiglon. Elle lui apporta des poissons et des grenouilles ; l’aiglon ne sembla point se trouver mal de ce régime : il devenait grand et vigoureux. Il oublia vite ses parents, les aigles, et prenait Akka pour sa véritable mère. Akka de son côté l’aimait comme son propre enfant. Elle s’efforça de lui donner une bonne éducation et de le déshabituer de sa férocité naturelle et de son arrogance.

Deux ou trois semaines plus tard, Akka s’aperçut que le temps approchait où elle allait muer et devenir pendant quelque temps incapable de voler. Pendant toute une lunaison elle ne pourrait apporter à manger à l’aiglon.

— Voilà, Gorgo, lui dit Akka, je ne pourrai plus t’apporter du poisson. Il s’agit de savoir si tu pourras te transporter dans la vallée. Il faut choisir : ou mourir de faim ici ou te jeter en bas, ce qui pourra également te coûter la vie.

Sans répliquer, et sans l’ombre d’une hésitation, l’aiglon grimpa sur le bord du nid ; il ne daigna même pas mesurer la distance des yeux, étendit ses bouts d’ailes et s’élança. Il pirouetta plusieurs fois en l’air, mais sut pourtant tirer parti de ses ailes assez pour arriver en bas à peu près indemne.

Dans la vallée, Gorgo passa ensuite l’été en compagnie des oisons. Il se considérait comme un des leurs, et tenta de vivre comme eux ; lorsqu’ils se jetaient à la nage, il les suivait et manqua se noyer. Il était très humilié de ne pas pouvoir apprendre à nager et s’en plaignit à Akka.

— Pourquoi ne puis-je nager comme les autres ?

— Tes serres sont devenues trop crochues pendant que tu restais là-haut sur la montagne, dit Akka. Mais ne te désole pas ! Tu seras un brave oiseau quand même.

Les ailes de l’aiglon grandissaient vite, mais il n’eut pas l’idée de s’en servir pour voler avant l’automne, époque où les oisons apprirent à voler. Ce fut pour lui un fier moment, car dans ce sport il fut vite le premier. Ses camarades ne restaient jamais longtemps dans l’air, il y passa bientôt tout son temps. Il ne s’était pas encore rendu compte qu’il était d’une autre espèce que les oies, mais il remarqua une foule de choses sur lesquelles il questionna Akka.

— Pourquoi les lagopèdes et les lemmings se sauvent-ils lorsque mon ombre tombe sur le fjell ? Ils ne montrent pas cette terreur devant les oisons ?

— C’est que tes ailes ont trop poussé pendant que tu étais là-haut sur le gradin, dit Akka. Cela les effraie. Mais ne te désole pas. Tu n’en seras pas moins un brave oiseau.

Quand les oies sauvages partirent en automne pour leur migration, Gorgo les suivit. Il se considérait toujours comme des leurs. Or l’air était rempli d’oiseaux en route pour les pays chauds, et ce fut un beau tapage, lorsqu’ils aperçurent dans la suite d’Akka un aigle. Des essaims de badauds entouraient toujours le triangle des oies. Akka les suppliait de se taire, mais comment lier tant de langues bavardes ?

— Pourquoi m’appellent-ils l’aigle ? demandait sans cesse Gorgo, toujours plus agacé. Ne voient-ils pas que je suis des vôtres ? Je ne suis pas de ces mangeurs d’oiseaux qui dévorent leurs pareils.

Un jour, ils passaient au-dessus d’une ferme où des poules picoraient dans la basse-cour.

— Un aigle ! Un aigle ! crièrent les poules en se sauvant éperdument.

Mais Gorgo, qui avait toujours entendu nommer les aigles comme de terribles malfaiteurs, ne put maîtriser sa colère. Il abaissa ses ailes, fonça droit sur une poule et lui enfonça ses serres dans le corps.

— Je t’apprendrai, moi, que je ne suis point un aigle, criait-il, furieux, en lui donnant des coups de bec.

À ce moment il entendit la voix d’Akka qui l’appelait. Obéissant, il remonta. L’oie sauvage vola au-devant de lui pour le châtier.

— Qu’est-ce qui te prend ? dit-elle en lui donnant un coup de bec. Était-ce ton intention de tuer la pauvre poule ? Tu n’as pas honte ?

Comme l’aigle se laissait morigéner sans résistance par l’oie sauvage, une tempête de cris et de risées se déchaîna dans la foule des oiseaux. L’aigle entendit les rires et se tourna vers Akka avec des regards courroucés comme s’il voulait l’attaquer. Puis tout à coup, il vira brusquement, s’élança vers le ciel à grands coups d’ailes vigoureux, monta si haut qu’aucun cri ne pouvait lui arriver, et ne cessa de planer tant que les oies purent l’apercevoir.

Trois jours plus tard il apparut de nouveau parmi les oies sauvages.

— Je sais maintenant qui je suis, dit-il à Akka. Puisque je suis un aigle, il faut bien que je vive comme vivent les aigles, mais il me semble que nous n’en pourrions pas moins être amis. Jamais je n’attaquerai ni toi ni personne de ta race.

Akka s’était fait un point d’honneur d’élever un aigle en faisant de lui un oiseau doux et inoffensif ; elle ne voulut pas admettre que Gorgo allât vivre à sa guise. « Crois-tu donc que je serai l’amie d’un mangeur d’oiseaux ? dit-elle. Vis comme je t’ai appris à vivre et je te permettrai de suivre la bande. »

Tous les deux étaient fiers et indomptables, tous les deux incapables de céder. Akka finit par défendre à l’aigle de se montrer devant elle, et sa colère fut si forte que nul n’osa plus prononcer le nom de Gorgo.

Depuis ce jour, Gorgo erra dans le pays, solitaire et haï de tous, brigand redoutable. Il était souvent d’humeur sombre, et souvent sans doute il regrettait le temps où il croyait être une oie sauvage et jouait avec les oisons. Parmi les animaux il avait acquis une grande renommée de hardiesse. On disait qu’il ne craignait au monde qu’un seul être, Akka, sa mère adoptive. On racontait en outre qu’il n’attaquait jamais une oie.

En captivité

Gorgo n’avait que trois ans ; il n’avait point encore songé à chercher une compagne et à se fixer, lorsqu’il fut pris par un chasseur et vendu au Skansen. Il y avait déjà là quelques aigles. Ils étaient enfermés dans une volière de barres et de fils de fer, élevée en plein air et assez vaste pour contenir un assez gros tas de pierres et deux arbres. Pourtant les oiseaux y languissaient. Ils demeuraient presque toute la journée immobiles à la même place. Leur beau plumage perdait son lustre et se hérissait, et leurs yeux plongeaient dans l’espace avec une fixité désespérée.

Pendant la première semaine de sa captivité, Gorgo était encore vif et éveillé, mais peu à peu un lourd engourdissement l’assoupit. Comme ses camarades, il commença à rester immobile des heures durant, sans compter les jours.

Un matin qu’il sommeillait selon son habitude, il s’entendit appeler d’en bas. Il eut peine à secouer sa torpeur pour baisser les yeux vers le sol et demander :

— Qui est-ce qui m’appelle ?

— Mais Gorgo, tu ne me reconnais donc plus ? C’est Poucet, qui suivait les oies sauvages.

— Akka est-elle aussi prisonnière ? demanda Gorgo, en faisant un effort pour réunir ses pensées, comme après un long sommeil.

— Non, Akka et le jars blanc et les autres oies sont sans doute en Laponie à cette heure-ci, répondit le gamin. Moi seul je suis prisonnier.

Nils parlait encore quand il vit le regard de l’aigle s’éteindre et reprendre sa fixité.

— Aigle royal ! cria le gamin. Dis-moi, si je puis te rendre service.

Gorgo le regarda à peine.

— Ne me dérange pas, Poucet ! dit-il. Je rêve. Je plane là-haut dans les airs. Je ne veux pas être réveillé.

— Il faut te remuer et t’intéresser à ce qui arrive autour de toi, exhorta Nils. Sinon tu auras bientôt l’air aussi piteux que les autres aigles.

— Je voudrais être comme eux. Ils sont si bien partis dans leurs rêves que rien ne saurait plus les émouvoir, répondit Gorgo.

La nuit venue, tandis que les aigles dormaient, un léger bruit se fit entendre sur le toit de la volière. Les deux vieux aigles ne se dérangèrent nullement, mais Gorgo s’éveilla.

— Qui est là sur le toit ? demanda-t-il.

— C’est Poucet, Gorgo. Je suis en train de limer quelques fils de fer pour que tu puisses t’envoler.

L’aigle leva la tête et dans la nuit claire il aperçut le gamin. Il eut un mouvement d’espoir, auquel succéda vite l’abattement.

— Je suis un grand oiseau, Poucet, dit-il. Comment veux-tu limer assez de fils pour me laisser passer ? Il vaut mieux ne pas te fatiguer et me laisser où je suis.

— Dors ! et ne t’occupe pas de moi ! dit le gamin sans se laisser décourager. Je te délivrerai avant que tu ne sois tout à fait abîmé.

Gorgo se replongea dans le sommeil ; quand il se réveilla, il vit que plusieurs fils étaient limés. Ce jour-là il fut moins assoupi que les jours précédents. Il exerça un peu ses ailes en voletant entre les branches pour secouer la rigidité de ses membres.

Un matin, au moment où la première lueur de l’aube s’allumait sous le ciel, Poucet l’éveilla.

— Essaie maintenant, Gorgo !

L’aigle leva la tête. Le gamin avait fait un assez grand trou dans le filet. Gorgo remua les ailes et y monta. Deux ou trois fois il échoua, et retomba dans la volière, mais finalement il se dégagea et sortit.

D’un vol fier il monta jusqu’aux nuages. Le petit Poucet le regardait avec mélancolie, souhaitant que quelqu’un lui rendît la liberté à lui aussi. « Si je n’étais pas lié par ma promesse, pensait-il, je trouverais bien un oiseau qui me ramènerait parmi les oies. »

On s’étonnera peut-être que Klement Larsson n’eût pas rendu la liberté au tomte, mais il faut se rappeler combien le petit ménétrier avait la tête tournée en quittant le Skansen. Le matin de son départ il avait pourtant songé au tomte ; malheureusement il ne trouva pas de bol bleu. Et tous les gens du Skansen, Lapons, Dalécarliennes, jardiniers et ouvriers, tous venaient prendre congé de lui. Au moment du départ, n’ayant toujours pas pu mettre la main sur un bol bleu, il eut recours aux services d’un vieux Lapon : « Il y a ici au Skansen un tomte, lui confia-t-il. Je lui donne à manger tous les matins. Prends ces quelques sous ; tu achèteras un bol bleu ; tu y mettras demain matin un peu de nourriture et le placeras sous le perron de la cabane de Bollnäs. » Le Lapon eut l’air très étonné, mais Klement n’avait pas le temps de lui fournir de longues explications, car il était temps de se rendre à la gare.

Or, le Lapon était en effet descendu dans la ville pour exécuter sa promesse, mais, ne trouvant pas de bol bleu qui fît son affaire, il en acheta un blanc que par la suite il remplit régulièrement tous les matins et plaça à l’endroit indiqué.

Voilà comment, Klement étant parti, Nils demeura retenu au Skansen par sa promesse.

Cette nuit-là le gamin soupirait plus que jamais après la liberté, car le printemps et l’été étaient venus pour tout de bon. Le sol était vert, les bouleaux et les peupliers arboraient des feuilles soyeuses, les cerisiers et beaucoup d’autres arbres étaient en fleurs, les chênes dépliaient prudemment leurs petites feuilles, les pois, les haricots et les choux poussaient dans les plates-bandes du Skansen. « Comme il serait bon de naviguer dans l’air tiède sur le dos du jars par une belle journée et de regarder la terre parée et ornée d’herbe verte et de belles fleurs ! »

Assis sur le toit de la volière, il réfléchissait à ces choses, quand l’aigle descendit subitement comme une flèche, et se posa à côté de lui.

— J’ai seulement voulu vérifier si mes ailes ont encore de la force, expliqua-t-il. Tu n’as pas cru, j’espère, que je t’abandonnais dans la captivité ? Monte sur mon dos, et je te conduirai auprès de tes camarades de voyage.

— Impossible, soupira Nils. J’ai donné ma parole de rester ici, jusqu’à ce qu’on me rende ma liberté.

— Qu’est-ce que tu racontes ? fit Gorgo. On t’a amené ici de vive force, puis on t’a contraint de donner ta promesse, et tu te prétends lié par une promesse ainsi extorquée ?

— Je te remercie de ta bienveillance, mais il faut que je la tienne, cette parole. Tu ne peux rien pour moi.

— Je ne peux rien ? Nous verrons bien, dit Gorgo.

Au même moment il saisit Nils Holgersson entre ses fortes serres, s’éleva avec lui jusque dans les nuages, et disparut dans la direction du nord.