Traduction par Traduction d’Albin de Kazimirski Biberstein.
Librairie Charpentier (p. 489-491).

CHAPITRE LXXVI.

L’HOMME.


Donné à la Mecque. — 31 versets.


Au nom du Dieu clément et miséricordieux


  1. S’est-il écoulé beaucoup de temps sur la tête de L’HOMME sans qu’on se soit souvenu de lui[1] ?
  2. Nous avons créé l’homme du sperme contenant le mélange de deux sexes. C’était pour l’éprouver. Nous l’avons doué de vue et d’ouïe.
  3. Nous l’avons dirigé sur la droite voie, dut-il être reconnaissant ou ingrat.
  4. Nous avons préparé aux infidèles des chaines, des colliers et un brasier ardent.
  5. Les justes boiront des coupes remplies d’un mélange de cafour[2].
  6. C’est une source à laquelle boiront les serviteurs de Dieu (Ils la conduiront en rigoles où ils voudront).
  7. Les justes qui accomplissent leurs vœux[3], et craignent le jour dont les calamités s’étendront au loin,
  8. Qui, quoique eux-mêmes soupirant après le repas, donnent de quoi manger au pauvre, à l’orphelin et au captif,
  9. En disant : Nous vous donnons cette nourriture pour être agréables à Dieu, et nous ne vous en demanderons ni récompense ni actions de grâces.
  10. Nous craignons de la part de Dieu un jour terrible et calamiteux.
  11. Aussi Dieu les a préservés du malheur de ce jour ; il a donné de l’éclat à leurs fronts et les a comblés de joie.
  12. Pour prix de leur constance, il leur a donné le paradis et des vêtements de soie,
  13. Où, appuyés sur des sièges. Ils n’éprouveront ni la chaleur du soleil, ni froid glacial.
  14. Des arbres avoisinants les couvriront de leur ombrage et leurs fruits s’abaisseront pour être cueillis sans peine.
  15. Pour eux on fera courir à la ronde des vases d’argent et des gobelets comme des cruches,
  16. Des cruches d’argent qu’ils rempliront dans une certaine mesure.
  17. Ils y seront abreuvés avec des coupes remplies d’un mélange de zendjébil,
  18. D’une source qui s’y trouve, appelée Selsebil[4].
  19. Ils seront servis à la ronde par des enfants d’une éternelle jeunesse ; En les voyant, tu les prendrais pour des perles défilées.
  20. Si tu voyais cela, tu verrais un séjour de délices qui est un vaste royaume.
  21. Ils seront revêtus d’habits de satin vert et de brocart, et parés de bracelets d’argent. Leur Seigneur leur fera boire une boisson pure.
  22. Tout cela vous sera donné à titre de récompense. Vos efforts seront reconnus.
  23. Nous t’avons envoyé le Koran d’en haut.
  24. Attends avec patience les arrêts de ton Seigneur, et n’obéis point aux criminels parmi eux et aux ingrats (incrédules)
  25. Répète le nom de Dieu au matin et au soir,
  26. Et pendant la nuit aussi ; adore Dieu, et célèbre son nom toute la longue nuit.
  27. Ces hommes-ci aiment le présent, qui s’écoule promptement, et négligent la journée difficile de l’autre monde.
  28. Nous les avons créés, et nous leur avons donné de la force ; si nous voulions, nous pourrions les remplacer par d’autres hommes.
  29. Voilà l’avertissement ; que celui donc qui veut, prenne la route qui mène vers son Seigneur.
  30. Mais ils ne peuvent vouloir que ce que Dieu voudra ; car il est savant et sage.
  31. Il embrassera de sa miséricorde ceux qu’il voudra ; il a préparé aux méchants un supplice douloureux.

  1. Les commentateurs expliquent ce passage de cette manière : Dieu avait formé l’homme d’argile, et l’a laissé dans cet état pendant quarante ans avant de lui souffler son esprit.
  2. Cafour veut dire en arabe camphre. On en met dans les boissons pour les rafraichir. Ici Cafour est le nom d’une source au paradis. La construction de ce passage fait supposer qu’il y a dans le paradis des sources de camphre d’où l’on en puisera pour le mêler au vin. Ce sens est appuyé par le verset 17.
  3. Selon les commentateurs, les deux versets 7 et 8 s’appliquent à Ali et à sa famille. Hassan et Housseïn, fils d’Ali, étant tombés malades, Ali et Fatima sa femme firent un vœu de jeûne : pendant trois jours si les enfants guérissaient. Dès le premier jour (le jeûne chez les musulmans consiste à ne manger qu’après le coucher du soleil), Ali, n’ayant pas de quoi faire du pain, emprunte de la farine à un juif, et Fatima en cuit cinq pains au four. Là-dessus se présente un pauvre qui demande à manger ; les cinq pains lui sont donnés, et la famille passe la nuit sans rien manger : le lendemain, le pain préparé est donné à un orphelin, et le troisième jour à un captif. Lange Gabriel vint par la révélation de ce passage féliciter Mahomet de cette bonne œuvre de sa famille. C’est à cause de cet incident que nous avons traduit quoique soupirant eux-mêmes après le repas, malgré le désir qu’ils ont d’en manger ; ala houbbihi, malgré l’amour de lui. Les mots du texte sont ala houbbihi, avec l’amour de lui, ce qui peut être ici entendu de deux manières, soit avec l’amour du pain, c’est-à-dire malgré l’envie qu’ils en aient étant pressés par la faim, soit avec l’amour de lui, c’est-à-dire de Dieu, à cause de Dieu, pour lui plaire. Cette latitude dans l’interprétation vient ici de l’emploi de la préposition ala, qui signifie malgré et avec.
  4. Le mot zendjébil veut dire gingembre ; en Orient, on a l’habitude de le mâcher et de le mêler aux boissons et à la nourriture.