Traduction par Traduction d’Albin de Kazimirski Biberstein.
Librairie Charpentier (p. 351-355).

CHAPITRE XXXV.

LES ANGES[1] OU LE CRÉATEUR.


Donné à la Mecque. — 45 versets.


Au nom du Dieu clément et miséricordieux


  1. Gloire à Dieu, créateur des cieux et de la terre, celui qui emploie pour messagers les ANGES à deux, trois et quatre paires d’ailes[2] il ajoute à la création autant qu’il veut ; il est tout-puissant.
  2. Ce que Dieu ouvre aux hommes des trésors de sa miséricorde, nul ne saurait le retenir, et ce que Dieu retient, nul ne saurait l’envoyer après lui. Il est le Puissant, le Sage.
  3. Ô hommes ! souvenez-vous des bienfaits dont Dieu vous a comblés ; y a-t-il un autre créateur que Dieu qui vous nourrisse des dons du ciel et de la terre ? Il n’y a point d’autre dieu que lui. Pourquoi donc vous en détournez-vous ?
  4. S’ils te traitent d’imposteur, ô Mohammed ! les apôtres qui t’ont précédé ont été traités de même ; mais toutes choses reviendront à Dieu.
  5. Ô hommes ! les promesses de Dieu sont véritables ; que la vie de ce monde ne vous éblouisse pas ; que la vanité ne vous aveugle pas sur Dieu.
  6. Satan est votre ennemi ; regardez-le comme votre ennemi. Il appelle ses alliés à lui, afin qu’ils soient ensuite livrés au feu.
  7. Ceux qui ne croient pas éprouveront un supplice terrible.
  8. Ceux qui croient et qui font le bien obtiendront le pardon de leurs fautes et une récompense magnifique.
  9. Celui à qui on a présenté de mauvaises actions sous un beau jour, et qui les croit belles, sera-t-il comme celui à qui le contraire arrive ? Dieu égare celui qu’il veut, et dirige celui qu’il veut. Que ton âme, ô Mohammed ! ne s’abîme donc point dans l’affliction sur leur sort. Dieu connaît leurs actions.
  10. C’est Dieu qui envoie les vents qui poussent les nuages. Dès que nous avons poussé devant nous les nuages vers une contrée morte de sécheresse, nous en ranimons la terre naguère morte. Ainsi se fera la résurrection.
  11. Si quelqu’un désire la grandeur, la grandeur appartient tout entière à Dieu ; vers lui montent toute bonne parole et toute bonne œuvre, et il les élève encore. Ceux qui trament de mauvais projets recevront un châtiment terrible. Leurs machinations seront mises au néant.
  12. Dieu vous a d’abord créés de poussière, puis d’une goutte de sperme ; ensuite il vous a divisés en deux sexes ; la femelle ne porte et ne met rien au monde dont il n’ait connaissance ; rien n’est ajouté à l’âge d’un être qui vit longtemps, et rien n’en est retranché, qui ne soit consigné dans le Livre. Ceci est facile à Dieu.
  13. Les deux mers[3] ne se ressemblent point : l’une est d’eau fraîche et douce, de facile absorption ; l’autre d’eau amère et salée. Vous vous nourrissez de viande fraîche de l’une et de l’autre, et vous en retirez des ornements que vous portez[4]. Vous voyez les vaisseaux fendre les flots pour obtenir des richesses de la faveur de Dieu. Peut-être lui rendrez-vous des actions de grâces.
  14. il fait entrer la nuit dans le jour, et le jour dans la nuit. Il vous a assujetti le soleil et la lune ; chacun de ces astres poursuit sa course jusqu’à un terme marqué. Tel est votre Seigneur ; le pouvoir n’appartient qu’à lui. Ceux que vous invoquez en dehors de lui ne disposent pas même de la pellicule qui enveloppe le noyau de la datte.
  15. Si vous les appelez, ils n’entendront point ; s’ils entendaient vos cris, ils ne sauraient vous exaucer. Au jour de la résurrection ils désavoueront votre alliance. Et qui peut l’instruire, si ce n’est celui qui est instruit ?
  16. O hommes ! vous êtes des indigents ayant besoin de Dieu, et Dieu est riche et plein de gloire.
  17. S’il le veut, il peut vous faire disparaître et former une création nouvelle.
  18. Ceci n’est point difficile à Dieu.
  19. Aucune âme chargée de son propre fardeau ne portera celui d’une autre, et, si l’âme surchargée demande à être allégée d’une partie, elle ne le sera point, même par son proche. Tu avertiras ceux qui craignent Dieu dans le secret de leurs cœurs, et qui observent la prière. Quiconque sera pur, le sera à son propre avantage ; car tout doit un jour revenir à Dieu.
  20. L’aveugle et celui qui voit ne sont pas la même chose, pas plus que les ténèbres et la lumière, que la fraîcheur de l’ombre et la chaleur.
  21. Les vivants et les morts ne sont pas la même chose ; Dieu se fera entendre de quiconque il voudra ; et toi, tu ne peux pas te faire entendre dans les tombeaux. Tu n’es chargé que de prêcher.
  22. Nous t’avons envoyé avec une mission vraie, chargé d’annoncer et d’avertir. Il n’y a pas une seule nation où il n’y ait eu d’apôtre.
  23. S’ils te traitent d’imposteur, leurs devanciers aussi ont trait d’imposteurs les apôtres qui se présentèrent munis de signes évidents, des Écritures et du livre qui éclaire[5].
  24. J’ai puni ceux qui n’ont point cru ; et quel terrible châtiment !
  25. Ne vois-tu pas que Dieu fait descendre l’eau du ciel ? Avec cette eau nous avons tiré de la terre des fruits de tant d’espèces. Dans les montagnes il y a des sentiers blancs et rouges, de diverses couleurs ; il y a des corbeaux noirs, et, parmi les hommes, les reptiles et les bestiaux, il y en a de différentes couleurs[6]. Cest ainsi que les plus savants d’entre les serviteurs de Dieu le craignent. Il est puissant et indulgent.
  26. Ceux qui récitent le livre de Dieu, qui observent la prière, et font l’aumône des biens que nous leur donnons, en secret et en public, doivent compter sur un fonds qui ne périra pas.
  27. Dieu soldera leur salaire, et y ajoutera encore de sa grâce ; car il est indulgent et reconnaissant.
  28. Ce que nous t’avons jusqu’ici révélé du Livre (du Koran) est la vérité même : il confirme ce qui avait été donné avant lui. Dieu est instruit de ce que font ses serviteurs, et il voit tout.
  29. Ensuite[7] nous avons accordé ce Livre comme un héritage à ceux d’entre nos serviteurs que nous avons élus nous-mêmes. Tel d’entre eux se perd lui-même, tel autre flotte entre le bien et le mal, tel autre avec la permission de Dieu, par ses bonnes œuvres, a devancé tous les autres. C’est un mérite immense.
  30. Les jardins d’Éden aux vertueux ! ils y entreront et s’y pareront de bracelets d’or et de perles ; leurs vêtements y seront de soie.
  31. lis diront : Gloire à Dieu, qui a éloigné de nous l’affliction ! Notre Seigneur est indulgent et reconnaissant.
  32. Par un effet de sa grâce, il nous a donné l’hospitalité dans l’habitation éternelle, où la fatigue ne nous atteindra plus, où la langueur ne nous saisira point.
  33. A ceux qui n’ont point cru, le feu de la géhenne. L’arrêt qui les fasse mourir et termine leurs tourments ne sera pas porté, ni le supplice de l’enfer adouci. C’est ainsi que nous rétribuerons quiconque ne croit pas.
  34. Ils crieront du fond de l’enfer : Seigneur ! fais-nous sortit d’ici ; nous pratiquerons la vertu autrement que nous ne l’avions fait auparavant. — Ne vous avons-nous pas accordé une vie assez longue pour que celui qui devait réfléchir eût le temps de le faire ? Un apôtre fut envoyé vers vous.
  35. Subissez donc votre peine ; il n’y a point de protecteur pour les méchants.
  36. Dieu connaît les secrets des cieux et de la terre, il connaît ce que les cœurs recèlent.
  37. C’est lui qui vous constitue ses lieutenants sur la terre : quiconque ne croit pas portera la charge de son incrédulité ; elle ne fera qu’accroître la haine de Dieu contre les infidèles, elle ne fera que mettre le comble à leur ruine.
  38. Dis-leur : Vous avez considéré ces divinités que vous invoquiez à côté de Dieu ; faites-moi voir quelle portion de la terre elles ont créée ; ont-elles leur part dans la création des cieux ? Leur avons-nous envoyé quelque livre qui leur serve de preuve évidente ? Non ; mais les méchants se promettent réciproquement ce qui n’est que vanité.
  39. Dieu soutient les cieux et la terre, afin qu’ils ne s’affaissent pas ; s’ils s’affaissaient, quel autre que lui saurait les soutenir ? Il est humain et indulgent.
  40. Ils ont juré devant Dieu, par un serment solennel, que, si un apôtre venait au milieu d’eux, ils se maintiendraient dans le chemin droit mieux que ne l’avait jamais fait aucun peuple de la terre ; mais, lorsque l’apôtre parut, sa venue ne fit qu’accroître leur éloignement,
  41. Leur orgueil sur cette terre et leurs iniques fraudes ; mais ces iniques fraudes n’envelopperont que ceux qui s’en servent. S’attendent-ils à rencontrer quelque autre chose que la coutume de Dieu à l’égard des peuples d’autrefois ? Or tu ne trouveras pas de changement dans les coutumes de Dieu.
  42. Tu ne trouveras pas de déviation dans les coutumes de Dieu[8].
  43. Ne voyagent-ils pas dans ce pays ? n’ont-ils pas vu quel a été le sort de leurs devanciers, qui étaient cependant plus robustes qu’eux ? Rien aux cieux et sur terre ne saurait affaiblir sa puissance. Il est savant et puissant.
  44. Si Dieu avait voulu punir les hommes selon leurs œuvres, il n’aurait pas laissé, à l’heure qu’il est, un seul reptile à la surface de la terre ; mais il vous donne un délai jusqu’au terme marqué.
  45. Lorsque le terme sera arrivé… Certes, Dieu voit ses serviteurs.
  1. Ce chapitre est encore intitulé le Créateur. Les deux mots qui lui servent de titre sont empruntés au premier verset.
  2. L’ange Gabriel, selon les commentateurs, apparut à Mahomet dans la nuit de son voyage nocturne (voy. chap. XVII) avec six cents ailes.
  3. Le mot mer, en arabe bahr, s’applique non-seulement à la mer d’eau salée, mais à des grands fleuves ; comme le Nil, le Tigre, etc.
  4. Comme des perles, des coraux, etc.
  5. Le livre qui éclaire, c’est l’Évangile.
  6. Les mots : de différentes couleurs, peuvent se traduire toujours par : différentes espèces.
  7. Dieu, après avoir dit qu’il a donné le Koran à Mahomet, ajoute que le Koran devient un héritage pour tous les autres musulmans et divise les hommes en trois classes : les méchants, puis ceux qui ne sont ni tout à fait méchant ni tout à fait bons, et enfin les justes,
  8. Le mot sonnet, que nous traduisons par coutume, veut dire chemin fréquenté et suivi constamment, ornière, voie. De là, le mot sonnet, sonna, s’applique au recueil des usages suivis et autorisés par la tradition constante en matière de religion ou de droit. Dieu suit toujours les mêmes voies, il avertit d’abord les méchants et puis les punit.