La Théorie physique/PREMIERE PARTIE/Chapitre IV/VIII

Chevalier & Rivière (p. 137-149).
§ VIII. — La diffusion des méthodes anglaises.

L’esprit anglais est nettement caractérisé par l’ampleur de la faculté qui sert à imaginer les ensembles concrets et par la faiblesse de la faculté qui abstrait et généralise. Cette forme particulière d’esprit engendre une forme particulière de théorie physique ; les lois d’un même groupe ne sont point coordonnées en un système logique ; elles sont figurées par un modèle ; ce modèle peut être, d’ailleurs, soit un mécanisme construit avec des corps concrets, soit un agencement de signes algébriques ; en tous cas, la théorie anglaise ne se soumet point, en son développement, aux règles d’ordre et d’unité qu’impose la logique.

Pendant longtemps, ces particularités ont été comme la marque de fabrique des théories physiques construites en Angleterre ; de ces théories, on ne faisait guère usage sur le continent. Il en est autrement depuis quelques années ; la manière anglaise de traiter la Physique s’est répandue partout avec une extrême rapidité ; aujourd’hui, elle est usuelle en France comme en Allemagne ; nous allons rechercher les causes de cette diffusion.

En premier lieu, il convient de rappeler que si la forme d’intelligence nommée par Pascal amplitude et faiblesse d’esprit est très répandue parmi les Anglais, elle n’est cependant ni l’apanage de tous les Anglais, ni la propriété des seuls Anglais.

Pour l’aptitude à donner une parfaite clarté à des idées très abstraites, une extrême précision à des principes très généraux, pour l’art de conduire dans un ordre irréprochable soit une suite d’expériences, soit un enchaînement de déductions. Newton ne le cède assurément ni à Descartes, ni à aucun des grands penseurs classiques ; sa force d’esprit est une des plus puissantes que l’humanité ait connues.

De même que l’on peut trouver parmi les Anglais — Newton nous en est garant — des esprits forts et justes, on peut rencontrer hors de l’Angleterre des esprits amples, mais faibles.

C’en était un que Gassendi.

Le contraste des deux formes intellectuelles si nettement définies par Pascal se marque avec une extraordinaire vigueur dans la discussion célèbre[1] qui mit aux prises Gassendi et Descartes. Avec quelle ardeur Gassendi insiste[2] pour « que l’esprit ne soit pas distingué réellement de la faculté imaginative » ; avec quelle force il affirme que « l’imagination n’est pas distinguée de l’intellection », qu’ « il y a en nous une seule faculté par laquelle nous connaissons généralement toutes choses » ! Avec quelle hauteur Descartes répond[3] à Gassendi : « Ce que j’ai dit de l’imagination est assez clair si l’on veut y prendre garde, mais ce n’est pas merveille si cela semble obscur à ceux qui ne méditent jamais, et qui ne font aucune réflexion sur ce qu’ils pensent ! » Les deux adversaires semblent avoir compris que leur débat a une autre allure que la plupart des discussions si fréquentes entre philosophes, qu’il n’est point la dispute de deux hommes ni de deux doctrines, mais la lutte de deux formes d’esprit, de l’esprit ample, mais faible, contre l’esprit fort, mais étroit. O anima ! O mens ! s’écrie Gassendi, interpellant le champion de l’abstraction. O caro ! riposte Descartes, écrasant sous son mépris hautain l’imagination bornée aux objets concrets.

On comprend, dès lors, la prédilection de Gassendi pour la Cosmologie épicurienne ; sauf leur extrême petitesse, les atomes qu’il se figure ressemblent fort aux corps qu’il a, chaque jour, occasion de voir et de toucher ; ce caractère concret, saisissable à l’imagination, de la Physique de Gassendi se montre en pleine lumière dans le passage suivant[4], où le philosophe explique à sa manière les sympathies et les antipathies de l’École : « Il faut comprendre que ces actions se produisent comme celles qui s’exercent d’une manière plus sensible entre les corps ; la seule différence est que les mécanismes qui sont gros dans ce dernier cas sont très déliés dans le premier. Partout où la vue ordinaire nous montre une attraction et une union, nous voyons des crochets, des cordes, quelque chose qui saisit et quelque chose qui est saisi ; partout où elle nous montre une répulsion et une séparation, nous voyons des aiguillons, des piques, un corps quelconque qui fait explosion, etc. De même, pour expliquer les actions qui ne tombent pas sous le sens vulgaire, nous devons imaginer de petits crochets, de petites cordes, de petits aiguillons, de petites piques, et autres organes de même sorte ; ces organes sont insensibles et impalpables ; il ne faut pas en conclure qu’ils n’existent pas. »

À toutes les périodes du développement scientifique, on rencontrerait, parmi les Français, des physiciens apparentés intellectuellement à Gassendi et désireux, comme lui, de donner des explications que l’imagination puisse saisir. Parmi les théoriciens qui honorent notre époque, un des plus ingénieux et des plus féconds, M. J. Boussinesq, a exprimé avec une netteté parfaite ce besoin qu’éprouvent certains esprits de se figurer les objets sur lesquels ils raisonnent : « L’esprit humain, dit M. Boussinesq[5], en observant les phénomènes naturels, y reconnaît, à côté de beaucoup d’éléments confus qu’il ne parvient pas à débrouiller, un élément clair, susceptible par sa précision d’être l’objet de connaissances vraiment scientifiques. C’est l’élément géométrique, tenant à la localisation des objets dans l’espace, et qui permet de se les représenter, de les dessiner ou de les construire d’une manière plus ou moins idéale. Il est constitué par les dimensions et les formes des corps ou des systèmes de corps, par ce qu’on appelle, en un mot, leur configuration à un moment donné. Ces formes, ces configurations, dont les parties mesurables sont des distances ou des angles, tantôt se conservent, du moins à peu près, pendant un certain temps et paraissent même se maintenir dans les mêmes régions de l’espace pour constituer ce qu’on appelle le repos, tantôt changent sans cesse, mais avec continuité, et leurs changements de lieu sont ce qu’on appelle le mouvement local, ou simplement le mouvement. »

Ces configurations diverses des corps, leurs changements d’un instant à l’autre sont les seuls éléments que le géomètre puisse dessiner ; ce sont aussi les seuls que l’imaginatif puisse se représenter clairement ; ce sont donc, selon lui, les seuls qui soient proprement objets de science. Une théorie physique ne sera vraiment constituée que lorsqu’elle aura ramené l’étude d’un groupe de lois à la description de telles figures, de tels mouvements locaux. « Jusqu’ici la science[6], considérée dans sa partie édifiée ou susceptible de l’être, a grandi en allant d’Aristote à Descartes et à Newton, des idées de qualités ou de changements d’état, qui ne se dessinent pas, à l’idée de formes ou de mouvements locaux qui se dessinent ou se voient. »

Pas plus que Gassendi, M. Boussinesq ne veut que la Physique théorique soit une œuvre de raison dont l’imagination serait bannie ; il exprime sa pensée à cet égard en formules dont la netteté rappelle certaines paroles de lord Kelvin.

Que l’on ne s’y méprenne pas, cependant ; M. Boussinesq ne suivrait point jusqu’au bout le grand physicien anglais ; s’il veut que l’imagination puisse saisir en toutes leurs parties les constructions de la Physique théorique, il n’entend point, pour tracer le plan de ces constructions, se passer du concours de la logique ; il ne consent nullement, et Gassendi n’y aurait pas consenti davantage, à ce qu’elles soient dénuées de tout ordre et de toute unité, à ce qu’elles ne composent plus qu’un labyrinthe de bâtisses indépendantes et incohérentes.

À aucun moment, les physiciens français ou allemands n’ont, d’eux-mêmes, réduit la théorie physique à n’être qu’une collection de modèles ; cette opinion n’est point née spontanément au sein de la science continentale ; elle est d’importation anglaise.

Nous la devons surtout à la vogue de l’œuvre de Maxwell ; elle a été introduite dans la science par les commentateurs et les continuateurs de ce grand physicien ; aussi s’est-elle répandue tout d’abord sous celle de ses formes qui semble la plus déconcertante ; avant que les physiciens français ou allemands en vinssent à l’usage de modèles mécaniques, plusieurs d’entre eux s’étaient déjà habitués à traiter la Physique mathématique comme une collection de modèles algébriques.

Au premier rang de ceux qui ont contribué à promouvoir une telle façon de traiter la Physique mathématique, il convient de citer l’illustre Heinrich Hertz ; nous l’avons vu prononcer cette déclaration : « La théorie de Maxwell, ce sont les équations de Maxwell. » Conformément à ce principe, et avant même qu’il ne l’eût formulé. Hertz avait développé[7] une théorie de l’électro dynamique ; les équations données par Maxwell en formaient le fondement ; elles étaient acceptées telles quelles, sans discussion d’aucune sorte, sans examen des définitions et des hypothèses d’où elles peuvent dériver ; elles étaient traitées pour elles-mêmes, sans que les conséquences obtenues fussent soumises au contrôle de l’expérience.

Une telle manière de procéder se comprendrait de la part d’un algébriste s’il étudiait des équations tirées de principes reçus de tous les physiciens et confirmées d’une manière complète par l’expérience ; on ne s’étonnerait point de lui voir passer sous silence une mise en équations et une vérification expérimentale au sujet desquelles personne n’aurait le moindre doute. Mais tel n’est point le cas des équations de l’électro dynamique étudiées par Hertz ; les raisonnements et les calculs par lesquels Maxwell s’est efforcé, à plusieurs reprises, de les justifier abondent en contradictions, en obscurités, en erreurs manifestes ; quant à la confirmation que l’expérience leur peut apporter, elle ne saurait être que tout à fait partielle et limitée ; il saute aux yeux, en effet, que la simple existence d’un morceau d’acier aimanté est incompatible avec une telle électro dynamique ; et cette contradiction colossale n’a pas échappé à l’analyse de Hertz[8].

On pourrait peut-être penser que l’acceptation d’une théorie aussi litigieuse est nécessitée par l’absence de toute autre doctrine susceptible d’un fondement plus logique et d’une concordance plus exacte avec les faits. Il n’en est rien. Helmholtz a donné une théorie électro dynamique qui découle très logiquement des principes les mieux assis de la science électrique, dont la mise en équations est exempte des paralogismes trop fréquents dans l’œuvre de Maxwell, qui explique tous les faits dont rendent compte les équations de Hertz et de Maxwell, sans se heurter aux démentis que la réalité oppose brutalement à ces dernières ; la raison, on n’en saurait douter, exige que l’on préfère cette théorie ; mais l’imagination aime mieux jouer de l’élégant modèle algébrique façonné par Hertz et, à la même époque, par Heaviside et par Cohn. Très vite, l’usage de ce modèle s’est répandu parmi les esprits trop faibles pour ne point redouter les longues déductions ; on a vu se multiplier les écrits où les équations de Maxwell étaient acceptées sans discussion, semblables à un dogme révélé, dont on révère les obscurités comme des mystères sacrés.

Plus formellement encore que Hertz, M. Poincaré a proclamé le droit, pour la Physique mathématique, de secouer le joug d’une trop rigoureuse logique et de briser le lien qui rattachait les unes aux autres ses diverses théories. « On ne doit pas se flatter, a-t-il écrit[9], d’éviter toute contradiction ; mais il faut en prendre son parti. Deux théories contradictoires peuvent, en effet, pourvu qu’on ne les mêle pas, et qu’on n’y cherche pas le fond des choses, être toutes deux d’utiles instruments de recherche, et, peut-être, la lecture de Maxwell serait-elle moins suggestive s’il ne nous avait pas ouvert tant de voies nouvelles divergentes. »

Ces paroles, qui donnaient libre pratique en France aux méthodes de la Physique anglaise, aux idées professées avec tant d’éclat par lord Kelvin, ne demeurèrent pas sans écho. Bien des causes leur assuraient une résonnance forte et prolongée.

Je ne veux parler ici ni de la haute autorité de celui qui proférait ces paroles, ni de l’importance des découvertes au sujet desquelles elles étaient émises ; les causes que je veux signaler sont moins légitimes, bien que non moins puissantes.

Parmi ces causes, il faut citer, en premier lieu, le goût de ce qui est exotique, le désir d’imiter l’étranger, le besoin d’habiller son esprit comme son corps à la mode de Londres ; parmi ceux qui déclarent la Physique de Maxwell et de Thomson préférable à la Physique jusqu’ici classique en notre pays, combien n’ont qu’un motif à invoquer : elle est anglaise !

D’ailleurs, l’admiration bruyante pour la méthode anglaise est, pour beaucoup, un moyen de faire oublier combien ils sont peu aptes à la méthode française, combien il leur est difficile de concevoir une idée abstraite, de suivre un raisonnement rigoureux ; privés de force d’esprit, ils tentent, en prenant les allures des esprits amples, de faire croire qu’ils possèdent l’amplitude intellectuelle.

Ces causes, cependant, n’auraient peut-être pas suffi à assurer la vogue dont jouit aujourd’hui la Physique anglaise, si les exigences de l’industrie ne s’y étaient jointes.

L’industriel est très souvent un esprit ample ; la nécessité de combiner des mécanismes, de traiter des affaires, de manier des hommes, l’a, de bonne heure, habitué à voir clairement et rapidement des ensembles compliqués de choses concrètes. En revanche, c’est presque toujours un esprit très faible ; ses occupations quotidiennes le tiennent éloigné des idées abstraites et des principes généraux ; peu à peu, les facultés qui constituent la force d’esprit se sont atrophiées en lui, comme il arrive à des organes qui ne fonctionnent plus. Le modèle anglais ne peut donc manquer de lui apparaître comme la forme de théorie physique la mieux appropriée à ses aptitudes intellectuelles.

Naturellement, il désire que la Physique soit exposée sous cette forme à ceux qui auront à diriger des ateliers et des usines. D’ailleurs, le futur ingénieur réclame un enseignement de peu de durée ; il a hâte de battre monnaie avec ses connaissances ; il ne saurait prodiguer un temps qui, pour lui, est de l’argent. Or, la Physique abstraite, préoccupée, avant tout, de l’absolue solidité de l’édifice qu’elle élève, ignore cette hâte fiévreuse ; elle entend construire sur le roc et, pour l’atteindre, creuser aussi longtemps qu’il sera nécessaire ; de ceux qui veulent être ses disciples, elle exige un esprit rompu aux divers exercices de la logique, assoupli par la gymnastique des sciences mathématiques ; elle ne leur fait grâce d’aucun intermédiaire, d’aucune complication. Comment ceux qui se soucient de l’utile, et non du vrai, se soumettraient-ils à cette rigoureuse discipline ? Comment ne lui préféreraient-ils pas les procédés plus rapides des théories qui s’adressent à l’imagination ? Ceux qui ont mission de donner l’enseignement industriel sont donc vivement pressés d’adopter les méthodes anglaises, d’enseigner cette Physique qui, même dans les formules mathématiques, ne voit que des modèles.

À cette pression, la plupart d’entre eux n’opposent aucune résistance ; bien au contraire ; ils exagèrent encore le dédain de l’ordre et le mépris de la rigueur logique qu’avaient professés les physiciens anglais ; au moment d’admettre une formule dans leurs leçons ou leurs traités, ils ne se demandent jamais si cette formule est exacte, mais seulement si elle est commode et si elle parle à l’imagination. À quel degré ce mépris de toute méthode rationnelle, de toute déduction exacte, se trouve porté dans maint écrit consacré aux applications de la Physique, c’est chose à peine croyable pour qui n’a pas eu la pénible obligation de lire attentivement de tels écrits ; les paralogismes les plus énormes, les calculs les plus faux s’y étalent en pleine lumière ; sous l’influence des enseignements industriels, la Physique théorique est devenue un perpétuel défi à la justesse d’esprit.

Car le mal n’atteint point seulement les livres et les cours destinés aux futurs ingénieurs. Il a pénétré partout, propagé par les méprises et les préjugés de la foule, qui confond la science avec l’industrie ; qui, voyant passer la voiture automobile poudreuse, haletante et puante, la prend pour le char triomphal de la pensée humaine. L’enseignement supérieur est déjà contaminé par l’utilitarisme, et l’enseignement secondaire est en proie à l’épidémie. Au nom de cet utilitarisme, on fait table rase des méthodes qui avaient servi, jusqu’ici, à exposer les sciences physiques ; on rejette les théories abstraites et déductives ; on s’efforce d’ouvrir aux élèves des vues inductives et concrètes ; on entend mettre dans les jeunes esprits non des idées et des principes, mais des nombres et des faits.


Ces formes inférieures et dégradées des théories d’imagination, nous ne nous attarderons pas à les discuter longuement.

Aux snobs, nous ferons remarquer que, s’il est aisé de singer les travers d’un peuple étranger, il est plus malaisé d’acquérir les qualités héréditaires qui le caractérisent ; qu’ils pourront bien renoncer à la force de l’esprit français, mais non point à son étroitesse ; qu’ils rivaliseront facilement de faiblesse avec l’esprit anglais, mais non pas d’amplitude ; qu’ainsi, ils se condamneront à être des esprits à la fois faibles et étroits, c’est-à-dire des esprits faux.

Aux industriels qui n’ont cure de la justesse d’une formule pourvu qu’elle soit commode, nous rappellerons que l’équation simple, mais fausse, c’est, tôt ou tard, par une revanche inattendue de la logique, l’entreprise qui échoue, la digue qui crève, le pont qui s’écroule ; c’est la ruine financière, lorsque ce n’est pas le sinistre qui fauche des vies humaines.

Enfin, aux utilitaires qui croient faire des hommes pratiques en n’enseignant que des choses concrètes, nous annoncerons que leurs élèves seront tout au plus des manœuvres routiniers, appliquant machinalement des recettes incomprises ; car, seuls, les principes abstraits et généraux peuvent guider l’esprit en des régions inconnues et lui suggérer la solution de difficultés imprévues.


  1. P. Gassendi Disquisitio metaphysica, seu dubitationes et instantiae adversus Renati Cartesii Metaphysicam, et responsa.
  2. P. Gassendi Dubitationes in Meditationem IIem.
  3. Cartesii Responsum ad Dubitationem V in Meditationem IIem.
  4. Gassendi : Syntagma Philosophicum, IIe pars, l. VI, c. xiv.
  5. J. Boussinesq : Leçons synthétiques de Mécanique générale, p. 1 ; Paris, 1889.
  6. J. Boussinesq : Théorie analytique de la Chaleur, t. I, p. xv, 1901.
  7. H. Hertz : Ueber die Grundgleichungen der Elektrodynamik für ruhende Körper. Gottinger Nachrichten, 19 mars 1890. — Wiedemann’s Annalen der Physik und Chemie, Bd. XL, p. 577. — Gesammelte Werke von H. Hertz ; Bd. II : Untersuchungen über die Ausbreitung der elektrischen Kraft, 2« Auflage, p. 208.)
  8. H. Hertz : Untersuchungen über Ausbreitung der elektrischen Kraft, 2e Auflage, p. 240.
  9. H. Poincaré : Électricité et Optique. I. Les théories de Maxwell et la théorie électro-magnétique de la lumière. Introduction, p. ix.