L’Encyclopédie/1re édition/FUSEAU

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* FUSEAU, s. m. (Maison rust. & Econ. domest.) c’est un morceau de bois leger, rond, renflé dans le milieu, d’où il va en diminuant jusqu’à ses deux extrémités, où il finit en pointe ; ce sont presque deux cones assemblés par leurs bases. Il y en a de toutes sortes de grandeurs, & même de plusieurs figures. Celui que nous venons de définir, est celui de fileuses du chanvre ; le fuseau des faiseuses de dentelle est différent. Voyez l’article Dentelles.

Fuseau, (Géom.) quelques géometres ont appellé ainsi le solide que forme une courbe en tournant autour de son ordonnée ; comme le fuseau parabolique, autrement nommé pyramidoïde. Voyez ce mot. D’autres ont appellé fuseau le solide que forme une courbe en tournant autour de sa tangente au sommet ; d’autres le solide indéfini que forme une courbe de longueur infinie comme la parabole ou l’hyperbole, en tournant autour de son axe. Dans tous ces cas, si on appelle 2 n le rapport de la circonférence au rayon, u les parties de l’axe de rotation, z les ordonnés à cet axe, l’élément du solide sera nzzdu ; & comme on aura par l’équation de la courbe la valeur de z en u, le reste s’achevera par le calcul intégral : l’élément de la surface solide sera , qu’on intégrera de la même maniere quand cela sera possible. Voyez Intégral, Quadrature, &c. (O)

Fuseau, (Géog.) l’on nomme ainsi chaque partie d’une carte géographique ou uranographique destinée à être appliquée sur une boule, pour former un globe terrestre ou céleste ; ou pour s’exprimer géométriquement, un fuseau de globe est un espace renfermé entre deux courbes égales & semblables, dont le sommet de chacune se trouve sur l’équateur du globe terrestre, ou sur l’écliptique du globe céleste. L’axe de chacune de ces deux courbes est la moitié de la partie de l’équateur ou de l’écliptique, qui forme la largeur du fuseau. Les abscisses de cet axe, en partant du sommet, croissent comme les sinus verses des distances des paralleles à l’équateur ou à l’écliptique : & les ordonnées à cet axe, en partant du même sommet, suivent la progression arithmétique 1, 2, 3, & des distances de ces mêmes paralleles à l’équateur, de sorte que la plus grande double ordonnée, commune à ces deux courbes, est le développement même du méridien du globe. L’on voit que cette courbe n’est pas une portion de cercle, comme le prétend Glareau dans sa Géographie, qui, pour tracer des fuseaux, fait prendre pour rayon les de la circonférence de l’équateur. Voyez Globe. Cet article est de M. Robert de Vaugondy.

Fuseau, (Chimie philosoph.) tuyau de verre, qui a pris son nom de sa figure ; on l’appelle encore alonge, mais ce n’en est qu’une espece. C’est un intermede qu’on employe dans les distillations à la retorte où il est nécessaire de donner un degré de feu, qui ne manqueroit pas d’échauffer un balon. Il est vrai que quand on se sert d’un matras à long col, il est naturellement aussi éloigné du fourneau qu’un balon avec son alonge ; mais il s’échauffe encore plus que quand ce col est une piece séparée : & d’ailleurs ce col est plus fragile qu’une alonge ; & celle-ci se répare plus aisément, si elle vient à casser. Voyez Vaisseaux, & nos Planches de Chimie. Article de M. de Villiers.

Fuseau du taquets de Cabestan, (Marine.) ce sont des pieces de bois fort courtes, que l’on met au cabestan pour le renfoncer. (Q)

* Fuseau, terme de Passementier-Boutonnier, ce sont des petits bâtons de bois ou d’autre bois dur tournés, sur lesquels ces ouvriers devident le fil d’or, d’argent, ou de soie, dont ils font différens ouvrages sur l’oreiller. Ces fuseaux sont faits en forme de quilles de cinq ou six pouces de longueur, & garnis par en-haut d’une petite tête pour en retenir les fils. Le bout d’en-bas restant est large & pesant, pour contenir par ce poids le fuseau dans la situation où l’ouvrier le place. Voyez nos Planches.

C’est par le différent arrangement de ces fuseaux, qui souvent sont au nombre de plus de cent, que se forment les différens desseins de l’ouvrage. Voyez les figures du Boutonnier, & leur explication.

* Fuseau, en termes de Cloutier d’épingle, c’est une verge de fer qui traverse la meule, & est soûtenue sur deux tampons. Voyez Tampons, & les figures, Planche du Cloutier d’épingle.

Fuseaux, nom que les Horlogers donnent aux dents d’un pignon à lanterne. Voy. Pignon à lanterne.

* Fuseau, (Potier-de-Terre.) ce sont des broches de fer ou de bois, rondes & pointues, plus grosses vers le manche qu’au bout, dont ces ouvriers se servent pour percer des trous à leurs ouvrages. Ces trous s’appellent souvent des registres. Voyez l’article Fourneau, (Chimie.)

* Fuseaux, (Rubannier.) especes de broches quarrées, & longues de huit à dix pouces, de fer, pointues par un bout, & à tête plate par l’autre. Cette tête est percée d’un trou rond, qui sert à passer la ficelle qui suspend le fuseau aux lissettes. Chaque lissette a son fuseau particulier ; il y en a de différens poids ; les plus lourds sont des quatre, & les plus legers des douze à la livre. Leur usage est de faire retomber les lissettes, lorsque l’ouvrier quitte la marche qu’il enfonçoit. Dans les grands ouvrages il y a quelquefois deux cents de ces fuseaux en œuvre ; leur poids rend souvent le pas de la marche très-pesant à lever, & c’est ici l’occasion où l’ouvrier a besoin d’être sanglé. Voyez Sangle.