L’Encyclopédie/1re édition/FOND
FOND, s. m. & au pluriel fonds. Ce mot a plusieurs acceptions analogues entre elles, tant au propre qu’au figuré.
Fond signifie premierement la partie la plus basse d’un tout. Le fond d’un puits, le fond d’une riviere, le fond de la mer, de fond en comble, c’est-à-dire de bas en-haut ; (on prononce de font-en-comble, ce qui fait voir qu’il faut écrire fond au singulier sans s) le fond du panier. Bâtir dans un fond, c’est bâtir dans un lieu bas : il faut mettre un fond à ce tonneau, c’est-à-dire qu’il y faut ajoûter des douves qui serviront de fond.
Le fond des forêts, le fond d’une allée ; il s’est retiré dans le fond d’une solitude, dans le fond d’un cloître.
2°. Fond signifie aussi profondeur ; ce haut-de-chausse n’a pas assez de fond, c’est-à-dire de profondeur. La digestion se fait dans le fond de l’estomac ; un fossé à fond de cuve est un fossé sec & escarpé des deux côtés, à l’imitation d’un vase : on dit familierement déjeuner à fond de cuve, c’est-à-dire amplement. En terme de jeu on dit aller à fond, pour dire écarter autant de cartes qu’on peut en prendre dans le talon. En terme de Marine, le fond de cale est la partie la plus basse du vaisseau ; c’est celle où l’on met les provisions & les marchandises.
Prendre fond, c’est jetter l’ancre : couler à fond se dit dans le sens propre d’un vaisseau qui se remplit d’eau & s’enfonce. Or dit par figure d’un homme, dont la fortune est renversée, qu’il est coulé à fond.
On dit encore, en terme de Marine, donner fond, c’est-à-dire jetter l’ancre. On sonde quelquefois sans trouver fond. Un bon fond dans le sens propre, en terme de Marine, veut dire un bon ancrage, c’est-à-dire que le fond de la mer se trouve propre à retenir l’ancre : bas-fond est un endroit de la mer où il y a peu d’eau, où l’eau est basse.
Il y a des carrosses à deux fonds. On dit par métaphore le fond de l’ame, le fond d’une affaire ; ce qu’il y a de plus caché, ce qui fait le nœud de la difficulté : on dit aussi en ce sens le fond du sac.
On dit qu’il ne faut point qu’on sache le fond de notre bourse, pour dire ce que nous avons de biens ou d’argent.
A fond, c’est-à-dire pleinement ; il a parlé à fond de, &c. Connoître à fond, c’est connoître l’origine, la vie, l’esprit, la conduite, & les mœurs de quelqu’un.
Au fond, sorte d’adverbe de raisonnement, pour dire au reste, si l’on veut bien y faire attention.
3°. Fond se prend aussi dans le sens propre pour le terrein, pour ce qui sert de base. On a planté ces arbres dans un bon fond ; un bon fond de terre. On ne doit pas bâtir sur le fond d’autrui. On dit d’un seigneur qu’il est riche en fonds de terre, in fundis terræ ; en sorte que, selon M. Ménage, fonds est alors au pluriel.
Le fond d’un tableau, c’est ce qui sert comme de base & de champ aux figures ; c’est ainsi que l’on dit que le fond du damas est de taffetas, & que les fleurs sont de satin.
4°. Fond se dit par extension pour propriété, & alors il est opposé à usufruit : la veuve n’a que l’usufruit de son doüaire ; les enfans en ont le fond ou la propriété.
5°. Fond se dit par imitation d’une somme d’argent qu’on amasse & qu’on destine à certains usages. Faire un fond pour bâtir, pour joüer, &c. On dit d’un joüeur qu’il est en fond ou en fonds au pluriel, pour dire qu’il a de l’argent comptant.
Fond, dans le même sens, se dit pour le capital d’une somme d’argent : aliéner son fond à la charge d’une rente qui tient lieu de fruits. Quand on donne de l’argent à rente viagere, pour en retirer un denier plus fort, on dit qu’on l’a placé à fond perdu.
6°. Fond se dit aussi par figure des choses spirituelles, comme on le dit d’étendue. Un fond d’esprit, de bon sens, de vertu, de probité, &c.
On dit faire fond sur quelqu’un ou sur quelque chose, y compter, s’en croire assûré. L’abbé de Bellegarde dit qu’il ne faut pas toûjours faire fond sur les personnes qui se répandent en témoignages extérieurs de politesse.
M. de Vaugelas, remarques, tom. II. pag. 314. dit que fond & fonds sont deux choses différentes ; car fond sans s, dit-il, se dit en latin hoc fundum, c’est la partie la plus basse de ce qui contient, comme le fond du tonneau, le fond du verre : mais fonds avec un s se dit en latin hic fundus ; & c’est proprement la terre qui produit des fruits, & par figure tout ce qui rapporte du profit. Mais le docte Ménage desaprouve ce sentiment de Vaugelas ; il ne connoît en latin que fundus, & ajoûte que si l’on dit, il n’y a point de fonds, c’est qu’alors fonds est au pluriel, nulli sunt fundi.
Il est vrai que quelques-uns de nos dictionnaires ont adopté fundum, i, mais c’est sans autorité, fundum n’est que l’accusatif de fundus. Danet & le pere Joubert ne reconnoissent que fundus.
Quoique le thrésor d’Etienne mette fundum, i, après Laurent Valle, dit l’auteur du Novitius, cependant ni l’un ni l’autre n’en apportent aucune autorité.
Martinius dit qu’on trouve fundum & fundus dans Calepin & dans quelques autres dictionnaires : sed de primo nullum exemplum, nec hoc fundum apud idoneos autores reperias.
Faber, dans son thrésor, ne met que fundus, & ajoûte, comme s’il vouloit répondre à Vaugelas : non audiendi sunt grammatici & lexicographi recentiores, qui inter fundus & fundum distinguunt, ut fundus de agro, fundum de imo cujusque rei dicatur ; neque verò id exemplis probari potest.
Je me suis peut-être trop étendu sur un article aussi peu important ; je finis par ces paroles de Thomas Corneille, dans sa note sur la remarque de Vaugelas, tom. II. pag. 316. « Je suis ici du sentiment de M. Ménage, & cela me fait écrire fond sans s, & jamais fonds, à-moins que ce mot ne soit au pluriel ». (F)
Fond, (Jurispr.) s’entend de plusieurs choses différentes.
Fond, en tant qu’il est opposé à la forme, signifie ce qui est de la substance d’un acte, ou ce qui fait le vrai sujet d’une contestation : on dit communément que la forme emporte le fond, c’est-à-dire que les exemptions péremptoires, tirées de la procédure, font déchoir le demandeur de sa demande, quelque bien fondée qu’elle pût être par elle-même, abstraction faite de la procédure : on dit conclure au fond, pour distinguer les conclusions qui tendent à faire décider définitivement la contestation de celles qui tendent seulement à faire ordonner quelque préparatoire. (A)
Biens-Fonds, sont les terres, maisons, & autres héritages ; ils sont ainsi appellés, pour les distinguer des immeubles fictifs, tels que les rentes foncieres & constituées, les offices, &c. (A)
Fonds, est pris souvent pour l’héritage tout nud, c’est-à-dire abstraction faite des bâtimens qui peuvent être construits dessus ; les bois de haute-futaie & les fruits pendans par les racines font partie du fonds. On distingue quelquefois le fonds de la superficie de l’héritage ; mais la superficie suit le fonds, suivant la maxime superficies solo cedit. Quand on veut exprimer que l’on cede non-seulement la superficie d’une terre, mais aussi tout le fonds, sans aucune réserve, on cede le fonds & très-fonds de l’héritage, c’est-à-dire jusqu’au plus profond de la terre, de maniere que le propriétaire y peut fouiller comme bon lui semble, en tirer de la pierre, du sable, &c. (A)
Fonds de terre, signifie ordinairement la propriété d’une portion de terre, soit qu’il y ait un édifice construit dessus ou non. On entend aussi quelquefois par fonds de terre, la redevance qui le représente, telle que le cens ou la rente fonciere ; c’est en ce sens que l’on joint souvent ces mots cens & fonds de terre, comme synonymes. L’auteur du grand coûtumier, & autres anciens auteurs, ont pris ces termes fonds de terre pour le premier cens, appellé dans les anciennes chartes fundum terræ. Voyez la Thaumassiere sur le chap. xxjv. de Beaumanoir ; Brodeau sur l’art. 74. de la coûtume de Paris, verbo cens ou fonds de terre. Voyez aussi Cens. (A)
Fonds dotal, est un immeuble réel que la femme s’est constitué en dot. La loi julia de fundo dotali défend au mari d’aliéner le fonds dotal de sa femme ; mais quand le fonds dotal est estimé par le contrat de mariage, cette estimation équivaut à une vente, & dans ce cas le mari est seulement débiteur envers sa femme du montant de l’estimation, & peut aliéner le fonds dotal. Voyez Dot. (A)
Fonds perdu, est un principal qui ne doit point revenir au créancier qui a prêté son argent à rente viagere.
Donner un héritage à fonds perdu, c’est le donner à rente viagere.
L’édit du mois d’Août 1661, fait défenses de donner aucuns héritages ni deniers comptans à fonds perdu à des gens de main-morte, si ce n’est à l’Hôpital général, l’Hôtel Dieu ou aux Incurables. (A)
Fond, en terme de Marine ; c’est la terre ou sable qu’on trouve sous les eaux : on lui donne différens noms, suivant la nature du terrein ou du sable ; par exemple, on dit fond de sable, fond de vase, fond de coquillages pourris, fond d’équilles, &c. ce sont de petits coquillages de la grosseur d’un ferret d’éguillette, & qui se terminent en pointe. Lorsque le fond est uni, ni trop dur ni trop mou, & que l’ancre y entre aisément & y tient bien, on dit bon fond ; lorsqu’il y a des roches aiguës, qui gâtent ou peuvent couper les cables, on l’appelle mauvais fond. (Z)
Fond de cale, (Marine.) c’est la partie la plus basse du vaisseau, comprise entre le premier pont & le fond du vaisseau. On partage cette étendue en plusieurs parties destinées à différens usages. Voy. Planche IV. de Marine, fig. 1. n. 31. Le fond de cale avec ses différentes divisions ; savoir, n°. 40. fosse aux lions, 42. fosse aux cables, 44. chambre aux voiles, 46. soute du chirurgien, 47. parquet des boulets, 55. soutes aux poudres pour y mettre les barrils à poudre, 56. caissons à poudre pour les gargousses, 61. soutes au pain, 62. couroir des soutes, 65. soute du capitaine, 66. soute du canonnier. (Z)
Fond de voile ; c’est le milieu d’une voile par le bas, & ce qui retient le vent par le milieu. (Z)
Fond de la hune ; ce sont les planches qu’on pose sur les barres de la hune, & sur lesquelles on marche. (Z)
Fond, dans le Commerce, signifie le capital ou le fonds que possede un commerçant, compagnie ou corps ; ou bien c’est la somme d’argent qu’il met dans le commerce. Voyez Capital, &c.
Dans ce sens, nous disons en général fond, pour signifier les fonds publics, c’est-à-dire ce qui appartient aux compagnies ou corps célebres du royaume, comme la compagnie de la banque, de la mer du Sud, des Indes orientales. Voyez Banque, Compagnie, &c.
Fonds signifie encore toutes les marchandises d’un marchand. Ce négociant s’est retiré : il a vendu son fonds. Il se dit pareillement des machines, métiers, instrumens servans à une manufacture, &c. (G)
Fond, en Peinture, signifie ou les derniers plans d’une composition, ou le champ qui entoure un objet peint.
Ce dernier sens comprend les préparations sur lesquelles on ébauche un tableau, c’est-à-dire l’apprêt ou les premieres couches de couleurs dont on couvre la toile, le bois, le cuivre, ou la muraille sur laquelle on veut peindre.
Il me semble que les Artistes laissent souvent à l’habitude, à l’exemple, ou au hasard, à décider de la couleur sur laquelle ils commencent à ébaucher leurs ouvrages ; je crois cependant que cette partie de leur art, ainsi que plusieurs autres qui paroissent de médiocre conséquence, devroient être quelquefois l’objet de leurs recherches, de leurs épreuves, & de leurs réflexions.
Il est vrai qu’il est des peintres difficiles, qui dans l’indécision de leur composition, qu’ils n’ont point assez réfléchie, couvrent plusieurs fois leurs ebauches, & substituent des masses claires à des masses sombres, en cherchant leur effet. Pour ces peintres, le premier apprêt ne peut devenir l’objet de leur combinaison ; mais un peintre facile ou prudent, qui se feroit une loi de ne commencer un tableau qu’après avoir fait une esquisse arrêtée, pourroit se décider sur le premier apprêt, pour rendre par son moyen ses masses claires plus brillantes, & pourroit, en ménageant sa couleur, leur donner un transparent, qui serviroit à mieux imiter l’éclat de la lumiere.
Rubens, cet artiste à la fois facile & profond, cet homme de génie, qui a vû la Peinture en grand, a sû tirer parti du fond de ses tableaux & des glacis, & c’est aux artistes de cette classe que les pratiques même les plus dangereuses fournissent des ressources & des beautés ; il peignoit souvent sur des fonds blancs, mais pour éviter l’inconvénient que peuvent avoir les fonds de cette couleur dans les grandes masses d’ombres, ne pourroit-on pas, d’après une esquisse bien arrêtée, faire préparer son fond par grandes masses blanches & brunes, & cette pratique ne vaudroit-elle pas mieux que celle de peindre sur des fonds gris, bruns, ou rouges, qu’on regarde comme des fonds indifférens, & qui en effet ne sont favorables ni aux masses claires, ni aux masses d’ombres ? mais en voilà assez pour les artistes intelligens, & trop pour ceux qui, esclaves de l’habitude, croyent que ce qu’ils n’ont pas vû faire à leurs maitres ne peut être bon.
Après avoir parlé de l’apprêt qui fait le principal fond général du tableau, je vais dire quelque chose du champ particulier sur lequel se trouvent les objets que renferme un tableau.
Ce qui distingue les objets les uns des autres, c’est l’opposition des nuances claires & obscures. Dans tous les objets qu’offre la nature, la nuance que présente le côté éclairé d’un corps, fait paroître celui qui est à côté plus teinté. La partie ombrée produit l’effet contraire ; sans cette loi de la nature, les objets confondus ensemble ne nous offriroient point ce que nous nommons le trait, qui est la ligne claire ou obscure, qui nous donne l’idée de leur forme.
Un flocon de neige, lorsque nous le distinguons dans les airs, se détache en brun sur la teinte que la lumiere répand dans le ciel ; si ce même flocon passe devant un nuage obscur, il reparoît blanc, en raison de l’opposition du fond sur lequel il se trouve ; s’il se montre enfin vis-à-vis d’un mur noirci par le tems, il prend cet éclat dont nous ne devons l’idée générale qu’à la plus grande habitude que nous avons de voir la neige en opposition avec des objets qui relevent son éclat ; une branche d’arbre, examinée avec soin, donnera une idée juste de cet effet. Quelquefois dans l’espace de quelques piés, elle se détachera plusieurs fois, alternativement en clair & en brun ; ce sont ces variétés fondées sur la nature, qui prêtent leur secours au peintre, lorsqu’il veut chercher dans les oppositions des ressources pour l’harmonie ; il reconnoîtra, en examinant ce jeu, des couleurs causées par les fonds, qu’il peut à son gré distinguer plus ou moins les objets par des combinaisons d’oppositions qui sont absolument à sa disposition. Il trouvera aussi, pour rendre son coloris plus brillant, que certaines couleurs se détruisent, tandis que d’autres se font valoir ; l’incarnat devient pâle sur un fond rouge, le rouge pâle paroît vif & ardent sur un fond jaune ; la décoration des fonds étant au choix de l’artiste, il est autorisé à donner aux objets de ses premiers plans & aux draperies de ses figures principales, les fonds qui doivent leur être les plus favorables. Cette réflexion conduit naturellement à parler de ce qu’on appelle fonds, lorsqu’on entend par-là les derniers plans d’une composition.
Les différentes modifications qu’on ajoûte ordinairement à ce terme, lorsque l’on s’en sert dans ce sens, indiquent ce que l’artiste doit observer.
On dit d’un tableau de paysage, qui représente un site très-étendu dans lequel une dégradation de plans insensible & multipliée se fait appercevoir, que le fond de ce tableau est un fond vague.
L’artiste qui peint l’étendue des mers, doit par un fond aérien faire sentir cette immensité de lieu dont la distance n’est pas désignée par des objets successifs qui la font concevoir dans la représentation des objets terrestres. Un fond agréable est celui qui nous offre l’image d’un lieu où nous souhaiterions nous trouver.
Un fond devient picquant par le choix de la couleur du ciel & de l’instant du jour.
Il est frais, s’il représente le ton de l’air au matin ; il est chaud, si le coucher du soleil lui donne une couleur ardente.
Le fond pittoresque est celui dans lequel un choix ingénieux rassemble des objets favorables au peintre, & agréables au spectateur.
Il faut dans certains sujets d’histoire des fonds riches : telle est une partie des actions tirées de la Fable ; tels sont les traits que fournissent les histoires asiatiques, les triomphes, les fêtes, &c.
La simplicité, l’austérité même, conviennent aux fonds des tableaux qui représentent les objets de notre culte ; ils sont favorables aussi à la plûpart des objets pathétiques : rien ne doit détourner de l’intérêt qu’ils font naître ; c’est à l’ame qu’il faut parler principalement.
Cependant toutes ces qualités différentes, que la raison & le goût distinguent, sont renfermées dans celle-ci. Les fonds doivent être toûjours convenables au sujet qu’on traite.
Voyez le mot Fabrique, dans l’explication duquel il y a plusieurs choses qui ont rapport au mot Fond. Article de M. Watelet.
Fond, en Architecture, se dit du terrein qui est estimé bon pour fonder. Le bon & vif fond est celui dont la terre n’a point été éventée, & qui est de bonne consistance : on appelle aussi fond une place destinée pour bâtir.
Fond d’ornemens, se dit du champ sur lequel on taille ou on peint des ornemens, comme armes, chiffres, bas-reliefs, trophées, &c. (P)
* Fond, en terme de Batteur d’or ; c’est une liqueur composée de vin blanc & d’eau-de-vie en quantité proportionnée ; un demi-septier d’eau-de-vie, par exemple, sur trois pintes de vin ; de deux onces de poivre ; de deux gros de muscade, autant de gérofle & de cannelle ; enfin de la meilleure colle de poisson. Quand tout cela s’est réduit en bouillant à une certaine quantité dépendante de celle de tous ces ingrédiens, on en enduit les feuilles des outils avec une éponge sur une planche de bois, & on les fait sécher sur des toiles neuves ; les vieilles étant remplies d’un duvet avec lequel le fond s’incorporeroit.
Fond, en terme de Bijoutier ; c’est proprement la partie plate inférieure d’une boîte, qui jointe à la bate, forme la cuvette.
* Fond, en terme de Blondier ; c’est proprement le réseau, ou ce qui sert d’assiette aux grillages & aux toiles. Nous avons dit que ces fonds étoient composés de points plus ou moins fins selon la qualité des blondes, tantôt de point d’Angleterre, tantôt de celui de Malines, &c. Voyez Grillages & Toiles.
Fond, (Cizelure.) On dit mettre une médaille en fond. Voyez Gravure sur l’acier.
Fond, (Jardin.) se peut dire d’une terre : il se prend aussi pour la partie la plus basse d’une tulipe. (K)
Fond, en termes de Marchand de modes ; est une piece de gaze, de mousseline, de dentelle, &c. dont deux angles sont arrondis, qui sert à couvrir le reste du bonnet piqué, sur lequel le bavolet & la piece de dessous n’étoient pas parvenues. Voyez Bavolet. On attache les fonds avec des épingles.
Fond, en terme de Planeur ; c’est cette partie plate qui fait le centre d’une assiete ou autre piece de vaisselle. Il se trace au compas, & se termine où le bouge commence.
* Fond d’or ou Fond d’argent, étoffe de soie en or ou argent. Cette étoffe est un drap dont le fond est toûjours tout or ou tout argent : on en fait aussi à ramages en argent sur l’or, & à ramages en or sur les fonds d’argent avec des nuances mêlées : il s’en fabrique aussi dont les desseins sont destinés à être tout or ou tout argent sans mélange d’or avec l’argent.
Cette étoffe se fait avec deux chaînes ; l’une pour le corps de l’étoffe qui se travaille en gros-de-Tours : l’autre, qu’on appelle poil, & qui sert à passer une soie avec laquelle on accompagne les dorures : ensuite, en faisant valoir ce même poil, on broche les dorures & les nuances, au moyen de l’armure qu’on a disposé selon qu’il convient pour le dessein. Cette étoffe à Lyon est toûjours de onze vingt-quatriemes d’aune. Voyez Étoffe de soie.
Nous avons dit que les fonds d’or se travailloient communément en gros-de-Tours ; mais il s’en fait plus souvent en fond de satin. Cet ouvrage demande un grand détail tant pour l’armure que pour le reste. Voyez ce détail à l’article Brocard.
* Fond, (Rubann.) se dit des chaînes de la livrée qui forment le corps de cette sorte d’ouvrage. Il y a de deux sortes de fonds, l’un appellé gros fond, & l’autre fin fond : le gros fond & la figure levent ensemble sur le pié gauche, & le fin fond sur le pié droit alternativement : le gros fond étant trop épais, ne peut approcher par le coup de battant ; & le coup de fin fond venant après, qui étant bien plus propre par la finesse des soies qui le composent, à recevoir l’impulsion du battant, rend la liaison plus facile que si les deux pas étoient de gros fond.
* Fond, (faux-) Serrurerie : c’est dans une serrure la piece où le canon est renfermé, comme on voit en RR, Planche de Serrurerie.