L’Encyclopédie/1re édition/CAPITAINE

Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 629-630).

CAPITAINE, s. m. (Art milit.) le titre de Capitaine en matiere de guerre, a toûjours signifié un commandant ou un chef de troupe ; ce mot vient du Latin caput, qui signifie chef.

Capitaine d’une compagnie, est un officier subalterne, qui commande une compagnie de cavalerie ou d’infanterie, sous les ordres du colonel. Voyez Compagnie & Colonel.

Nous disons dans le même sens un capitaine de dragons, de grenadiers, de marine, d’invalides. Voy. Dragon, Grenadier, &c. Les capitaines des gardes à pié & à cheval du Roy d’Angleterre ont le titre de colonel ; parce que ce sont pour l’ordinaire gens du premier rang & des officiers généraux.

Dans la compagnie colonelle d’un régiment ou premiere compagnie, dont le colonel est lui-même capitaine, l’officier commandant est appellé capitaine-lieutenant. Voyez Capitaine-Lieutenant.

Lieutenant capitaine, est le capitaine en second ou l’officier qui commande la compagnie sous les ordres du capitaine, & pendant son absence. Voyez Lieutenant. On l’appelle dans quelques compagnies, capitaine-lieutenant.

Capitaine lieutenant, est celui qui commande une troupe ou compagnie, au nom & à la place de quelqu’autre, qui en a la commission avec le titre, les honneurs & la paye ; mais qui est dispensé à cause de son rang d’exercer les fonctions de ce poste.

Le colonel étant ordinairement capitaine de la premiere compagnie de son régiment, il la fait commander par un subalterne avec le titre de capitaine lieutenant.

En France & en Angleterre, &c. le roi, la reine, le dauphin, les princes, &c. ont pour l’ordinaire les titres & les dignités de capitaines des gardes, des gens-d’armes, &c. quoique les capitaines lieutenans en exercent véritablement les fonctions.

Capitaine-Lieutenant, est donc dans les gendarmes & les chevau-légers de la garde du Roi, dans les deux compagnies de mousquetaires, celle des grenadiers à cheval & les compagnies des gendarmes d’ordonnance, le commandant de chacune de ces compagnies ; parce que c’est le Roi qui est le capitaine.

Il y a deux raisons de ce titre de capitaine-lieutenant : la premiere est l’autorité que le roi donne aux commandans des compagnies qui le portent, & qui est le même que celle du capitaine dans les autres compagnies ; & la seconde, que le capitaine-lieutenant a les gages de capitaine & ceux de lieutenant.

Les compagnies de la gendarmerie, qui portent le nom de quelques princes, comme les gendarmes de Bretagne, de Berry, &c. ont également des capitaines-lieutenans, quoiqu’il n’y ait point actuellement de prince de ce nom ; parce que le Roi en est censé le capitaine.

Capitaine réformé, est un officier dont la place & la charge ont été réformés, mais qui conserve cependant le grade de capitaine en second, & sans aucun commandement. Voyez Réformé.

Capitaine général d’une armée, est celui qui la commande en chef. Voyez Général.

Ce dernier mot est seul en usage par une espece d’ellipse. Le Stathouder a pourtant titre de capitaine général des provinces unies.

Capitaine de milice, est celui qui commande une compagnie de milice. Voyez Milice.

Capitaine des guides, est celui qui est chargé du détail des chemins de l’armée. Il doit être très-habile dans la carte & dans la topographie des lieux où se fait la guerre. Les capitaines des guides sont sous les ordres des maréchaux des logis de l’armée. Il y a aussi des capitaines de mineurs, qui ont soin d’instruire & de fournir les mineurs ; un capitaine des charrois, pour les attelages & les chariots des vivres & de l’artillerie, &c. (Q)

Capitaine de vaisseau, ou Capitaine des vaisseaux, (Marine.) c’est un officier employé en cette qualité sur l’état du Roi, dont il tient sa commission, pour commander les vaisseaux de guerre.

Les devoirs & les fonctions du capitaine de vaisseau, sont renfermés dans 47 articles du titre 7 du livre Ier de l’Ordonnance de Louis XIV. pour les armées navales & arsenaux de marine, du 15 Avril 1689. Nous croyons qu’il est inutile de copier cette Ordonnance, qui est commune & connue de tout le monde.

Lorsque les capitaines des vaisseaux du roi se trouvent servir sur terre, ils roulent avec les colonels, suivant l’ancienneté de leur commission.

Quoique le nombre des capitaines ne soit pas absolument fixé, le roi en a toûjours au moins 110 ou 120, employés sur l’état de la marine.

Lorsqu’un capitaine monte un vaisseau pavillon, c’est-à-dire un vaisseau monté par un officier général ; c’est au capitaine à faire faire le détail du service.

Les connoissances d’un capitaine des vaisseaux du roi doivent être fort étendues. Il doit savoir la construction & la bâtisse des vaisseaux ; il doit posséder toutes les manœuvres qu’il convient faire dans les différentes situations où il peut se trouver à la mer, soit dans le mauvais tems, soit pour attaquer ou éviter l’ennemi : il doit savoir les évaluations navales convenables pour marcher en corps d’armée, ou en escadre ; l’hydrographie & toutes ses opérations lui doivent être familieres. Enfin c’est un métier perpétuel d’étude, de réflexion, & d’attention ; & on ne parvient au grade de capitaine, qu’après avoir passé successivement par tous les autres grades de la marine, tels que ceux de garde de la marine, enseigne, & lieutenant.

Capitaine en second ; il fait les mêmes fonctions que le capitaine qui commande le vaisseau en son absence ; le capitaine en second est moins ancien que le commandant.

Capitaine de Vaisseau marchand, ou Capitaine de navire. Voyez Maitre & Patron.

Capitaine de port, c’est l’officier établi dans quelque port considérable, où il y a un arsenal de marine, & qui y commande une garde pour la sûreté de toutes choses. Dans les désarmemens qui se font au retour des voyages, les capitaines & les officiers qui ont monté des vaisseaux, les remettent à la charge & à la garde du capitaine du port ; c’est lui qui a soin de l’amarrage des navires de guerre, & qui oblige les vaisseaux qui arrivent, à rendre les saluts ordinaires. Il fait les rondes nécessaires autour des bassins, pour veiller à la conservation des vaisseaux du roi, & doit coucher toutes les nuits à bord. Il doit visiter les vaisseaux à armer & en dresser l’état de radoub & de carene. Il est obligé de mener en rade les vaisseaux du premier & du deuxieme rang, son lieutenant, ceux des troisieme & quatrieme rang, & l’enseigne aux au-dessous. Il y a présentement en France six capitaines de port, à Toulon, Rochefort, Brest, le Havre, Dunkerque, & Port-Louis.

Le détail de ce qui concerne toutes les fonctions de capitaines de port se trouve renfermé en 15 articles du livre XII. titre iij. de l’Ordonnance de Louis XIV. pour les armées navales & arsenaux de marine, du 15 Avril 1689.

Capitaine de Marine, c’est celui qui commande les soldats gardiens d’un port. Il y en a dans chaque port où il y a des soldats gardiens.

Capitaine d’armes, c’est un bas officier qui a soin des soldats sur les vaisseaux : il est immédiatement au-dessus des sergens, & a l’inspection sur les menues armes du vaisseau ; comme aussi sur les bales, bandolieres, pertuisanes, espontons, haches d’armes, & autres choses semblables qu’il distribue selon les besoins.

C’est au capitaine d’armes d’avoir soin des menues armes, & de se mettre à la tête des soldats lorsqu’il faut combattre ; il doit sur-tout visiter leurs mousquets, & voir s’ils sont chargés comme il faut, & si les soldats ont leurs petites gargousses toutes prêtes. C’est lui qui pose la sentinelle devant la chambre du capitaine, & au haut de la tire-vieille.

Capitaine des Matelots, c’est un officier marinier qui commande aux matelots sous le maître d’équipage.

Capitaine garde-côtes, ce sont ceux qui commandent la milice que l’on établit pour garder les côtes, & pour empêcher les ennemis de faire quelques descentes. (Z)