L’Encyclopédie/1re édition/BLANC

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BLANC, adj. pris subst. (Physiq.) l’une des couleurs des corps naturels. Voyez Couleur.

On ne peut pas dire exactement que le blanc soit une couleur simple & unique, car c’est le composé de toutes les couleurs ; ainsi que l’a prouvé M. Newton, qui a fait voir que les corps ne paroissent blancs qu’autant qu’ils refléchissent des rayons de toutes les couleurs. Voyez Couleur.

Les corps noirs s’échauffent plus aisément que les blancs, par la raison qu’ils absorbent les rayons de toutes les couleurs ; au lieu que les blancs en renvoyent de toute espece. Voyez Noir.

C’est ce qui fait qu’un papier noir est plûtôt enflammé qu’un papier blanc, lorsqu’on le présente au miroir ardent, & que les étoffes noires que les teinturiers exposent au soleil, sont bien plûtôt seches que les blanches. Voyez Chaleur. (O)

* Blanc, (couleur en Peinture.) Le plus commun est celui qu’on appelle blanc d’Espagne ou de Roüen : on le trouve chez les épiciers-droguistes par gros pains. Ce n’est qu’une terre ou marne blanche qui se fond très-facilement dans l’eau. Pour la purifier & lui ôter tout le gravier qui y est mélé, on la fait fondre ou dissoudre dans de l’eau claire dans quelque vaisseau bien net ; ce qui se fait trés-facilement sans aucune manipulation. Quand elle est dissoute avec beaucoup d’eau, on la remue bien, & on la laisse reposer un peu de tems, pour que tout le gravier tombe au fond du vaisseau : alors on verse toute l’eau blanche dans des vaisseaux bien nets, & on la laisse reposer jusqu’à de que l’eau soit devenue claire, & que tout le blanc soit tombé au fond du vaisseau : on ôte ensuite toute l’eau du vaisseau sans agiter le fond ; & quand elle est presque seche, on la met en pains, qu’on laisse sécher à l’air. Ce blanc est d’un grand usage pour la détrempe : mais il ne peut servir à l’huile, parce qu’il manque de corps quand il y est mêlé.

Le blanc qu’on appelle craie, est à-peu-près de la même nature, à la réserve qu’il est plus dur, & qu’on s’en sert en quelques lieux pour bâtir : mais on peut le réduire comme la marne. Ce blanc s’appelle blanc de craie.

Il y a un troisieme blanc fort commun ; c’est du marbre blanc bien pulvérisé : on ne l’employe que dans la peinture à fresque.

Blanc de plomb ou Céruse, est une sorte de rouille que donne le plomb, ou plûtôt c’est du plomb dissous par le vinaigre. Cette couleur est d’un grand usage pour les Peintres. Voyez Plomb.

Le blanc de plomb ou blanc de céruse, est un blanc parfaitement beau. Dans les ouvrages à détrempe, où il y a plusieurs teintes ou nuances à faire, on mêle le blanc de plomb avec le blanc de Roüen ; car il a plus de corps, & se travaille plus facilement. Mais pour la peinture à l’huile, on n’employe que du blanc de plomb.

On a deux manieres de faire le blanc de plomb : dans la premiere on réduit le plomb en lames minces qu’on trempe dans du vinaigre fort, & qu’on gratte tous les jours pour en ôter la rouille formée sur la surface ; répetant cette opération jusqu’à ce que le plomb ait entierement disparu : dans la seconde, on forme avec les petites lames de plomb des rouleaux semblables à des rouleaux de papier, en observant seulement de laisser un peu d’espace entre chaque feuille du rouleau ; on suspend ces lames dans le milieu d’un pot de terre, au fond duquel est du vinaigre ; on ferme ensuite exactement ce pot, & on l’enferme dans du fumier pendant trente jours, après quoi on l’ouvre, & on y trouve le plomb comme calciné & réduit en ce qu’on appelle céruse ou blanc de plomb ; on le divise en monceaux, & on le fait sécher au soleil.

On se sert du blanc de plomb dans la peinture à l’huile & dans la peinture en détrempe. La couleur qu’il donne est belle, mais il est un peu dangereux pour ceux qui le broyent & pour ceux qui l’employent, parce qu’il peut être mis au rang des poisons : il leur occasionne une maladie appellée colique de plomb. Voyez Couleur.

Le blanc de plomb est aussi un cosmétique : les femmes s’en servent pour se blanchir la peau ; on en fait le fard. Les revendeuses à la toilette font ce blanc de plomb en mettant du vinaigre & de l’orge perlé le plus beau, dans un vaisseau qui ait un couvercle de plomb. Elles placent le tout dans cet état dans un lieu chaud : la vapeur du vinaigre calcine le plomb, & fait un blanc que ces femmes détachent pour leur commerce : elles prétendent que l’orge qu’elles joignent au vinaigre, empêche que le blanc de plomb n’ait de mauvais effets. Celles qui n’ont pas le moyen d’avoir cette espece d’orge perlé, qui est la plus chere, y substituent le riz. (M)

La céruse ne doit être autre chose que le blanc de plomb broyé, si elle est bien pure : mais elle peut être mêlangée avec une partie du blanc de Roüen ou de craie, sans qu’on puisse s’en appercevoir facilement, si ce n’est par la suite ; car après qu’elle a été employée à l’huile, elle noircit. On peut absolument reconnoître si elle est mêlangée, parce que si l’huile avec laquelle on l’a broyée n’est pas vieille, & que le blanc soit gras, cela vient de la craie. C’est pourquoi ceux qui veulent avoir de beau blanc de plomb pour la peinture à l’huile, doivent toûjours le faire broyer quand il est en écaille.

Blanc, ou Magistere de Bismuth, (Chimie.) Voici, suivant M. Pott, la meilleure façon de le faire : on prend une partie de régule de bismuth pulvérisé, on verse par-dessus bien doucement & à plusieurs reprises deux parties d’esprit de nitre bien pur & bien dégagé de l’acide vitriolique, pour que le magistere soit bien blanc ; car sans cela il prendroit une couleur grise ; on prend garde qu’il n’arrive point d’effervescence. Peu de tems après la solution, il se formera des crystaux blancs ; ou si on ne veut pas attendre la formation de ces crystaux, on n’aura qu’à précipiter la solution avec huit parties d’eau claire toute pure ; on fait par là tomber une chaux blanche, qu’on lave dans plusieurs eaux pour l’édulcorer ; on la fait sécher ensuite à l’ombre : car si on le faisoit au soleil ou au feu, la chaux perdroit de sa blancheur. Si on met cette chaux calciner, elle devient blanche & brillante comme du talc folié ; c’est ce qu’on appelle blanc de bismuth, blanc d’Espagne, ou blanc de perles. Cette chaux est regardée comme un grand cosmétique ; on s’en sert comme d’un fard pour cacher les difformités du visage, & on prétend qu’elle blanchit le teint.

Lorsqu’on veut employer cette chaux pour des usages de medecine, on la met en distillation avec de l’eau-forte affoiblie par moitié ou plus d’eau commune, ou bien l’on en fait plusieurs cohobations avec l’esprit de vin. Cela produit, suivant quelques-uns, un bon remede pour les maladies inflammatoires : mais il vaut mieux de s’en défier à cause de l’arsénic qui est toûjours attaché au bismuth, & qui ne peut guere produire de bons effets dans le corps humain. Lorsqu’on applique extérieurement cette chaux, on trouve qu’elle est dessiccative, astringente, & propre à nettoyer les ulceres ; on en vante aussi beaucoup l’usage pour les maladies de la peau, comme galle, rougeurs, dartres & boutons, après avoir préalablement préparé le corps par des purgations. On la mêle pour cet effet avec des pommades ou du beurre de cacao, ou de l’eau-rose ; mais ce remede ne laisse pas d’endommager la peau à la longue, c’est pourquoi il vaut mieux en bannir entierement l’usage même extérieur.

Les fleurs de bismuth se tirent, suivant M. Lemery, en réduisant le bismuth en poudre, & y mêlant partie égale de sel ammoniac : on met ces deux matieres sur le feu, & il se fait une sublimation ; on prend ce qui a été sublimé, on le dissout dans de l’eau, on précipite la solution avec de l’esprit de sel ammoniac, ou de l’huile de tartre ; il tombe au fond une poudre blanche qu’on appelle fleur ou sucre de bismuth ; on s’en sert pour les mêmes usages que le magistere précédent. (—)

Blanc des Carmes ; ce blanc n’est autre chose que de la chaux de Senlis fort blanche & passée dans un tamis très-fin. Quand elle est claire comme du lait, on en donne cinq ou six couches : mais il faut que chacune de ces couches soit bien seche avant que d’en appliquer une nouvelle ; il faut aussi les bien frotter avec la brosse ; après cela on frotte l’ouvrage avec une brosse de poil de sanglier, ou avec la paume de la main ; c’est ce qui lui donne ce luisant qui en fait tout le prix.

On fait dans les Indes un blanc plus pur encore & plus luisant avec de la chaux vive mêlée avec du lait & du sucre, dont on enduit les murailles que l’on polit avec une pierre d’agate. Cet enduit les rend d’un poli qui imite la glace, & dont le plus beau blanc des Carmes n’approche pas.

Blanc, (chez les Batteurs d’or.) ce n’est autre chose que de l’argent dont ils allient quelquefois l’or, malgré l’infidélité qu’il y a & le danger de ne pouvoir plus le travailler & le mettre en feuilles. Voyez Batteur d’or.

Blanc, (en terme de Doreur sur bois.) se fait avec du plâtre bien battu qu’on sasse à un tamis très-fin, & qu’on affine à force de le noyer dans de l’eau. On en forme ensuite des pains qu’on laisse sécher ; on le délaye avec de l’eau pour s’en servir, & on l’applique à plusieurs couches sur les ouvrages destinés à être dorés, afin de remplir les traits des outils, & rendre la dorure égale & unie. Voyez Blanchir.

Blanc, donner le blanc, (chez les Fayenciers.) c’est couvrir le biscuit de l’émail de la fayence. Voyez Fayence.

Blanc, (chez les Fondeurs en lettres d’Imprimerie.) les blancs font partie du moule à fondre les caracteres d’Imprimerie, & en sont les deux principales pieces ; elles forment le corps du caractere : par exemple, si c’est un moule pour fondre du cicero, les blancs sont juste de l’épaisseur du corps de cicero. Voyez Corps. Ces blancs sont égaux entre eux & arrêtés sur la longue piece d’un bout par une vis, & de l’autre par une piece qu’on nomme potence, qui traverse ce blanc, la longue piece & la platine par un trou quarré, pratiqué égal dans ces trois pieces, dont cette potence remplit les vuides, & est fortement arrêtée par-dessous la platine avec une vis & un écrou qui les unit ensemble ; toutes ces parties sont de fer. Voyez Longue piece, Platine.

Blanc a encore une autre acception, chez les mêmes ouvriers : on dit des lettres en fonte qu’elles ont blanc dessus, dessous, ou dessus & dessous : une m, par exemple a blanc dessus & dessous, & le corps de cette lettre doit être coupé de ces deux côtés ; un b n’a blanc que dessous, parce que le trait s’éleve au-dessus de ceux de l’m ; on ne le coupe par conséquent que dessous : le q dont le trait occupe la partie inférieure du corps a blanc dessus, & se coupe de ce côté. Ainsi des autres lettres, dont les traits occupent les parties supérieures ou inférieures du corps ; les places vuides s’appellent blancs, & se coupent pour laisser l’œil isolé, & que rien ne nuise à l’impression. Voyez Couper.

On appelle encore blanc, des reglettes minces de fonte ou de bois que l’on met à l’Imprimerie entre chaque ligne de caractere, pour les éloigner un peu les unes des autres, & laisser par-là plus de blanc entre elles ; ce qui se fait ordinairement pour la poësie.

On dit une fonte portant son blanc, lors qu’un caractere est fondu sur un corps plus fort qu’il n’a coûtume d’être ; comme lorsqu’on fond le caractere de petit-romain sur le corps de cicero. Cet œil de petit-romain qui se trouve par-là sur un corps plus fort qu’il n’a coûtume d’être, laisse entre les lignes plus de blanc que s’il étoit fondu sur son corps naturel : cela évite d’ajoûter des choses étrangeres pour écarter les lignes, & est beaucoup plus propre & plus sûr. Voyez Corps.

Blanc, chez les Facteurs d’orgue, est une composition dont ils se servent pour blanchir les parties qu’ils veulent souder ; c’est un mêlange de colle, d’eau, & de blanc d’Espagne. Pour faire le blanc propre à blanchir les soudures, on met de l’eau dans une terrine, dans laquelle on jette du blanc d’Espagne réduit en poudre, voyez l’article Blanc : on met ensuite la terrine sur le feu, qui ne doit point échauffer la composition jusqu’à la faire bouillir, ce qui la rendroit inutile. On verse ensuite dedans un peu de colle fondue, que l’on mêle bien avec la composition, qui se trouve ainsi achevée. Pour en faire l’essai, on en met un peu sur une bande d’étain poli : si le blanc s’écaille, c’est une marque qu’il est trop collé, s’il s’efface, on connoît qu’il n’a pas assez de colle. Il vaut mieux mettre de la colle petit-à-petit, que d’en mettre trop, parce qu’il faudroit remettre de l’eau & du blanc, & faire rechauffer le mêlange, que l’on connoît être bon, lorsqu’en tortillant le morceau d’étain sur lequel on fait l’essai, il ne s’écaille ni ne s’efface point.

Autrement, prenez du blanc d’Espagne réduit en poudre dans une terrine de terre vernissée ; versez dessus du vinaigre en quantité suffisante pour détremper le blanc, vous aurez une composition qui n’a point besoin d’épreuve. Pour employer ce blanc, qui ne s’écaille ni ne s’efface jamais, il faut en prendre avec un pinceau, & passer ce pinceau sur les vives ou arrêtes des pieces que l’on veut souder, en sorte qu’elles en soient couvertes. On met une seconde couche sur l’étain, après que la premiere est sechée, ensuite on gratte, avec la pointe à gratter, le blanc & même la surface des pieces à souder, dans tout l’espace que l’on veut que la soudure occupe. Après que les pieces sont soudées, on fait chauffer de l’eau dans un chaudron, dans laquelle on trempe un linge, avec lequel on lave la soudure & le blanc, que l’on ôte par ce moyen. Lorsque ce sont des tuyaux d’étain que l’on soude, il faut qu’ils soient blanchis en-dedans pour empêcher la soudure d’y entrer. Lorsqu’on veut ôter le blanc qui est dedans les tuyaux où l’on ne peut pas fourrer la main, on attache au bout d’une baguette un linge, avec lequel on emporte le blanc que l’on veut ôter.

Blanc, en terme de Pratique, se dit en quelques phrases pour l’endroit d’un acte qui est resté non-écrit. C’est en ce sens qu’on dit qu’on a laissé deux, trois ou quatre lignes de blanc, qu’on a laissé un nom en blanc. (H)

Blanc, s. f. (Commerce.) petite monnoie de cuivre qui avoit autrefois cours en France, de la valeur de cinq deniers. Selon le prix réel du marc d’argent, le billon dont on fabriquoit les blancs avoit plus ou moins de titre. Le blanc n’a pas de cours dans le commerce, il n’y a plus que le bas peuple qui se sert de l’expression six blancs, pour marquer le prix de trente deniers.

Blanc, (Jardinage.) maladie qui survient aux concombres : on la remarque aussi dans l’œillet. Ce n’est autre chose qu’une altération dans les fibres de leurs fannes ou de leurs bras, qui n’étant plus en état de recevoir le suc qui les nourrit, les fait périr sans qu’on puisse y remédier. C’est une espece de rouille blanche, telle qu’on en voit sur les laitues, les chicorées, les melons, & les blés. Cette maladie vient d’une trop grande sécheresse, d’une mauvaise exposition, d’un arrosement fait mal-à-propos, de brouillards, & des nuits froides : une grande attention peut en garantir ces plantes. (K)

* Blanc-bois, (Œconomie rustiq.) on comprend sous ce nom tous les arbres qui ont non-seulement le bois blanc, mais encore léger & peu solide : tels sont le saule, le bouleau, le tremble, l’aune. Mais le châtaigner, le tilleul, le frêne, le sapin, &c. sont bois-blancs & non blancs-bois, parce que, quoique blanchâtres, ils sont fermes & propres aux grands ouvrages. Les blancs-bois viennent vîte, même en des terreins mauvais : mais ils n’ont point de consistance, ne sont bons qu’à de petits ouvrages, & ne peuvent entrer que pour un tiers au plus dans les bois à brûler.

* Blanc-en bourre, (Œconomie rustiq.) espece d’enduit fort en usage à la campagne ; il est fait de terre, & recouvert de chaux mêlée de bourre. On l’applique aux murs des granges, des bergeries, &c.

* Blanc-étoc ou Blanc-être, (Œconom. rust.) Couper une forêt à blanc-étoc ou blanc-être, c’est l’abattre sans y laisser ni baliveaux ni autres arbres retenus, ce qui est défendu sous peine de trois cents livres d’amende, à moins qu’on n’ait fait déclaration des baliveaux qu’on veut couper, au greffe de la maîtrise des eaux & forêts, dont les bois sont ressortissans, afin que les officiers puissent renonnoître avant la coupe l’âge & la qualité des baliveaux qu’on veut abattre. Cette loi s’étend aux taillis comme aux futaies.

Blanc-manger, (Pharmacie.) espece de gelée, dont Fuller donne la préparation suivante : Prenez quatre pintes de lait, les blancs d’un chapon bouilli, amandes douces blanchies, deux onces ; battez le tout ensemble, & faites-en une forte expression : faites bouillir l’extrait sur le feu, avec trois onces de farine de riz : lorsque le tout commencera à se coaguler, ajoûtez sucre blanc, huit onces, eau de roses rouges, dix cuillerées : mêlez bien le tout ensemble.

Cette composition est salutaire dans les consomptions, dans les gonorrhées, & dans d’autres maladies où l’on doit se proposer de corriger les humeurs & d’en tempérer l’acrimonie. (N)

Blancs-manteaux, s. m. pl. (Hist. ecclés.) c’est le nom qu’on donna aux religieux de l’ordre des Servites ou Serviteurs de la sainte Vierge mere de Jesus-Christ, à cause qu’ils avoient des habits & des manteaux blancs. Cet ordre avoit été institué à Marseille, & fut confirmé par le pape Alexandre IV. l’an 1257 ; & comme ils s’établirent à Paris, dans la rue de la vieille Parcheminerie, cette rue & le monastere ont depuis retenu le nom de Blancs-manteaux, quoique ce monastere ait été donné, dès l’an 1298, aux religieux Guillelmites, qui avoient des manteaux noirs, & que les religieux Bénédictins de Cluni, qui sont habillés de noir, y soient entrés en 1618, par la cession que leur en firent les Guillelmites de France, non sans opposition de la part de leur général. Les Bénédictins de Cluni l’ont encore cedé depuis aux Bénédictins de la congrégation de saint Maur, qui en sont presentement en possession. Du Breuil, Antiquit. de Paris. (G)

* Cette maison est aujourd’hui remplie de religieux très-savans & d’un grand mérite, auteurs d’ouvrages fort estimables & fort utiles ; comme l’art de vérifier des dates, qui a été si bien reçû du public ; la nouvelle Diplomatique, la collection des Historiens de France, &c. Nous saisissons avec plaisir cette occasion de célebrer leurs talens & leurs travaux.

Blanc de baleine, (Medecine.) matiere grasse & onctueuse, qui se tire de la tête & d’autres parties d’une espece de baleine. C’est un très-bon expectorant. Voyez Baleine & Cachalot.

Blanc de l’œil, (en Anatomie.) c’est la premiere tunique ou enveloppe de l’œil ; on l’appelle aussi l’albuginée, & on lui donne encore le nom de conjonctive, à cause qu’elle sert à unir les paupieres aux globes de l’œil. Voyez Conjonctive & Œil. (L)

Blanc d’œuf, c’est cette partie visqueuse & blanchâtre qui enveloppe le jaune, quand l’œuf est cru, & qui est consistante & blanche quand il est cuit : on l’employe, en Medecine, en qualité de glutineux & d’astringent. Dans cette vûe on le mêle souvent avec le bol d’Arménie, &c. pour empêcher l’enflure des parties qui ont souffert quelque violence, & pour rendre aux fibres leur ressort & leur élasticité ; c’est ce qu’on appelle un défensif. Il entre aussi dans quelques mêlanges pour consolider les plaies récentes & prévenir l’hemorrhagie. (N)

On se sert du blanc-d’œuf, chez les Relieurs-doreurs, pour englairer deux ou trois fois avec une éponge très-fine, les dos, & les autres endroits, avant d’y appliquer l’or, lorsque le blanc-d’œuf est sec. On dit passer au blanc-d’œuf. On se sert encore du blanc-d’œuf pour donner du lustre aux couvertures. Quand le livre est entierement achevé, on passe légerement une éponge fine trempée dans le blanc-d’œuf sur toute la couverture, & quand il est sec on y passe le fer à polir. Voyez Fer à polir & Polir

Blanc-signé ou Blanc-seing, s. m. en termes de Commerce, est un papier sur lequel on n’a mis que sa signature. Les blancs-signés ne se confient ordinairement qu’à des arbitres ou à des amis, pour les remplir de ce qu’ils jugeront à propos pour terminer quelque contestation ou procès, ou à des personnes de la probité desquelles on est extrèmement sûr. (G)

* Blanc (le), Géog. petite ville de France, en Berry, sur la Creuse. Longitude 18. 43. latitude 46. 38.