Discussion:Chansons secrètes de Bilitis

Dernier commentaire : il y a 4 ans par Cunegonde1 dans le sujet Fac-similé
Informations sur l’édition de Chansons secrètes de Bilitis
Édition : Pierre Louÿs, Chansons secrètes de Bilitis , première publication 1929 ou 1933 selon les versions.
Paris, : Devambez, 1933.

Source : OCR


Contributeur(s) : Cunegonde1


Niveau d’avancement : Relu et corrigé


Remarques : Le présent texte a été relu et corrigé à partir de l’édition établie par Jean-Paul Goujon, éd. Robert Laffont, 2012. La dernière chanson, intitulée : chanson inédite, est omise, par respect du droit d’auteur.


Relu et corrigé par : Cunegonde1 (d) 23 novembre 2016 à 11:53 (UTC)Répondre


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IA

  Cunegonde1 : peux-tu vérifier que tous les poèmes y sont stp

--Le ciel est par dessus le toit Parloir 16 mars 2020 à 09:58 (UTC)Répondre


  Le ciel est par dessus le toit :L’édition de IA mentionnée correspond aux chansons de Bilitis, déjà présentes sur WS au tome 2 des œuvres complètes de Pierre Louÿs.

Les chansons secrètes sont théoriquement différentes et "libres" à l'inverse des chansons et des nouvelles chansons, en fait certaines chansons sont presque identiques. Voir un comparatif des chansons ci-dessous.

  • L’ARBRE (Idem)


  • LE VIEILLARD ET LES NYMPHES (idem)


  • LE RÉVEIL

LE RÉVEIL (Chansons de Bilitis)

LE RÉVEIL (Chansons secrètes)

 Il fait déjà grand jour. Je devrais être levée. Mais le sommeil du matin est doux et la chaleur du lit me retient blottie. Je veux rester couchée encore.
 Tout à l’heure j’irai dans l’étable. Je donnerai aux chèvres de l’herbe et des fleurs, et l’outre d’eau fraîche tirée du puits, où je boirai en même temps qu’elles.
 Puis je les attacherai au poteau pour traire leurs douces mamelles tièdes ; et si les chevreaux n’en sont pas jaloux, je sucerai avec eux les tettes assouplies.
 Amaltheia n’a-t-elle pas nourri Dzeus ? J’irai donc. Mais pas encore. Le soleil s’est levé trop tôt et ma mère n’est pas éveillée.

 Il fait déjà grand jour. Je devrais être levée. Mais dormir le matin est doux, les mains blotties entre les cuisses. Je veux me caresser encore.
 Tout à l’heure, j’irai dans l’étable. Je donnerai aux chèvres de l’herbe et des fleurs, et l’outre d’eau fraîche tirée du puits, où je boirai en même temps qu’elles.
 Puis je les attacherai au poteau pour traire leurs douces mamelles tièdes ; et si les chevreaux n’en sont point jaloux, je sucerai avec eux les tettes assoupies.
 Mais je veux jouer encore un peu avec ma virginité chaude, une seule fois, mais tout à fait. Le soleil s’est levé trop tôt. Ma mère n’est pas éveillée.


  • LES FLEURS

LES FLEURS (Chansons de Bilitis)

LES FLEURS (Chansons secrètes)

 Nymphes des bois et des fontaines, amies bienfaisantes, je suis là. Ne vous cachez pas, mais venez m’aider car je suis fort en peine de tant de fleurs cueillies.
 Je veux choisir dans toute la forêt une pauvre hamadryade aux bras levés, et dans ses cheveux couleur de feuilles, je piquerai ma plus lourde rose.
 Voyez : j’en ai tant pris aux champs que je ne pourrai les rapporter si vous ne m’en faites un bouquet. Si vous refusez, prenez garde :
 Celle de vous qui a les cheveux orangés, je l’ai vue hier saillie comme une bête par le satyre Lamprosathès, et je dénoncerai l’impudique.

 Nymphes des bois et des fontaines, amies bienfaisantes, je suis là. Ne vous cachez pas, mais venez m’aider, car je suis fort en peine de tant de fleurs cueillies.
 Je veux choisir dans toute la forêt une pauvre hamadryade aux bras levés, et dans les touffes de ses aisselles je piquerai mes plus jeunes roses.
 Voyez : j’en ai tant pris aux champs que je ne pourrai les rapporter si vous n’en faites un bouquet. Si vous refusez, prenez garde !
 Celle de vous qui a les cheveux orangés, je l’ai vue saillir trop en arrière par le satyre Lamprosathès, et je dénoncerai l’impudique qui se fait aimer des deux côtés.


  • IMPATIENCE

IMPATIENCE (Chansons de Bilitis)

IMPATIENCE (Chansons secrètes)

 Je me jetai dans ses bras en pleurant, et longtemps elle sentit couler mes larmes chaudes sur son épaule, avant que ma douleur me laissât parler :
 « Hélas ! je ne suis qu’une enfant ; les jeunes hommes ne me regardent pas. Quand aurai-je comme toi des seins de jeune fille qui gonflent la robe et tentent le baiser ?
 « Nul n’a les yeux curieux si ma tunique glisse ; nul ne ramasse une fleur qui tombe de mes cheveux ; nul ne dit qu’il me tuera si ma bouche se donne à un autre. »
 Elle m’a répondu tendrement : « Bilitis, petite vierge, tu cries comme une chatte à la lune et tu t’agites sans raison. Les filles les plus impatientes ne sont pas les plus tôt choisies. »

 Elle se jeta dans mes bras en pleurant, et longtemps et longtemps, je sentis sur mes joues couler ses pauvres larmes chaudes avant qu’elle expliquât ainsi sa douleur :
 « Hélas, je ne suis qu’une enfant ; les jeunes hommes ne me regardent pas. Quand aurai-je comme toi mes mamelles rondes, et des poils épais, et le sang de chaque mois !
 « Nul n’a les yeux ardents si ma tunique glisse. Si je me couche dans les champs, nul ne s’étend sur moi. Nul ne me dit qu’il me tuera si je jouis par un autre. »
 Je lui ai répondu doucement : « Sélanis, petite vierge, tu cries comme une chatte à la lune et tu t’agites sans raison. Les vulves les plus impatientes ne sont pas les plus tôt rompues. »


  • LES COMPARAISONS (Chansons de Bilitis) rien à voir avec LA COMPARAISON (Chansons secrètes)


  • LA RIVIÈRE DE LA FORÊT / LA RIVIÈRE DES NAÏADES

LA RIVIÈRE DE LA FORÊT (Chansons de Bilitis)

LA RIVIÈRE DES NAÏADES (Chansons secrètes)

 Je me suis baignée seule dans la rivière de la forêt. Sans doute je faisais peur aux naïades car je les devinais à peine et de très loin, sous l’eau obscure.
 Je les ai appelées. Pour leur ressembler tout à fait, j’ai tressé derrière ma nuque des iris noirs comme mes cheveux, avec des grappes de giroflées jaunes.
 D’une longue herbe flottante, je me suis fait une ceinture verte, et pour la voir je pressais mes seins en penchant un peu la tête.
 Et j’appelais : « Naïades ! naïades ! jouez avec moi, soyez bonnes. » Mais les naïades sont transparentes, et peut-être, sans le savoir, j’ai caressé leurs bras légers.

 Je me suis baignée seule dans la rivière de la forêt. Sans doute je faisais peur aux naïades, car je les devinais à peine et de très loin, sous l’eau obscure.
 Je les ai appelées. Pour leur ressembler tout à fait, j’ai tressé derrière ma nuque des iris noirs comme mes cheveux, avec des grappes de giroflées jaunes.
 D’un nénuphar planté en moi je me suis fait une vulve fleurie, et pour la voir je pressais mes seins en penchant un peu la tête.
 Et j’appelais : « Naïades ! naïades ! jouez avec moi, soyez bonnes. » Mais les naïades sont transparentes, et peut-être, sans le savoir, j’ai caressé leurs bras légers.


  • LES DANSES AU CLAIR DE LUNE

LES DANSES AU CLAIR DE LUNE (Chansons de Bilitis)

LES DANSES AU CLAIR DE LUNE (Chansons secrètes)

 Sur l’herbe molle, dans la nuit, les jeunes filles aux cheveux de violettes ont dansé toutes ensemble, et l’une de deux faisait les réponses de l’amant.
 Les vierges ont dit : « Nous ne sommes pas pour vous. » Et comme si elles étaient honteuses, elles cachaient leur virginité. Un aegipan jouait de la flûte sous les arbres.
 Les autres ont dit : « Vous nous viendrez chercher. » Elles avaient serré leurs robes en tunique d’homme, et elles luttaient sans énergie en mêlant leurs jambes dansantes.
 Puis chacune se disant vaincue, a pris son amie par les oreilles comme une coupe par les deux anses, et, la tête penchée, a bu le baiser.

 Sur l’herbe molle, dans la nuit, les jeunes filles aux cheveux de violette ont dansé nues, et l’une des deux faisait les réponses de l’amant.
 Les vierges ont dit : « Nous ne sommes pas pour vous. » Et comme si elles étaient honteuses, elles mettaient une main sur leurs seins, une main sur leur virginité. Un ægipan jouait de la flûte sous les arbres.
 Les autres ont dit : « Vous nous viendrez chercher. » Et elles luttaient sans énergie en mêlant leurs jambes dansantes.
 Alors chacune d’elles a pris son amie par les deux oreilles et lui a fait un baiser, car l’union des langues humides est le simulacre de l’amour.


  • LES PETITS ENFANTS

LES PETITS ENFANTS (Chansons de Bilitis)

LES PETITS ENFANTS (Chansons secrètes)

 La rivière est presque à sec ; les joncs flétris meurent dans la fange ; l’air brûle, et loin des berges creuses, un ruisseau clair coule sur les graviers.
 C’est là que du matin au soir les petits enfants nus viennent jouer. Ils se baignent, pas plus haut que leurs mollets, tant la rivière est basse.
 Mais ils marchent dans le courant, et glissent quelquefois sur les roches, et les petits garçons jettent de l’eau sur les petites filles qui rient.
 Et quand une troupe de marchands qui passe, mène boire au fleuve les énormes bœufs blancs, ils croisent leurs mains derrière eux et regardent les grandes bêtes.

 La rivière est presque à sec ; les joncs flétris meurent dans la fange ; l’air brûle, et loin des berges creuses, un ruisseau clair coule sur les graviers.
 C’est là que du matin au soir les petits enfants nus viennent jouer. Ils marchent dans la rivière basse et glissent quelquefois sur les roches.
 Ils se moquent de leurs petits sexes, et pourtant ils veulent s’en servir, mais les petites fentes sont trop menues et les petits membres sont trop peu hardis.
 Et quand, laissant ma tunique dans l’herbe, j’entre dans l’eau avec eux, ils émerveillent leurs doigts dans mes poils et cherchent mon clitoris chaud.


  • LES CONTES

LES CONTES

LES CONTES (Chansons secrètes)

 Je suis aimée des petits enfants ; dès qu’ils me voient, ils courent à moi, et s’accrochent à ma tunique et prennent mes jambes dans leurs petits bras.
 S’ils ont cueilli des fleurs, ils me les donnent toutes ; s’ils ont pris un scarabée, ils le mettent dans ma main ; s’ils n’ont rien, ils me caressent et me font asseoir devant eux.
 Alors ils m’embrassent sur la joue, ils posent leurs têtes sur mes seins ; ils me supplient avec les yeux. Je sais bien ce que cela veut dire.
 Cela veut dire : « Bilitis chérie, redis-nous, car nous sommes gentils, l’histoire du héros Perseus ou la mort de la petite Hellé. »

 Je suis aimée des petits enfants ; dès qu’ils me voient, ils courent à moi, et s’accrochent à ma tunique et prennent mes cuisses dans leurs petits bras.
 Ils me font asseoir devant eux, ils m’embrassent sur le cou, ils me supplient avec les yeux. Je sais bien ce que cela veut dire : « Bilitis chérie, montre-nous (car nous sommes gentils),
 Tes mamelles qui sont si drôles avec leur tache rose et pointue ; tes aisselles qui sentent bon et où des mèches noires ont poussé (est-ce que nous en aurons aussi ?),
 Et surtout, laisse-nous tirer (sans te faire mal, Bilitis chérie), les boucles douces de ton ventre et les belles lèvres qui sont dessous. »


  • LES REMORDS

LES REMORDS (Chansons de Bilitis)

LES REMORDS (Chansons secrètes)

 D’abord je n’ai pas répondu, et j’avais la honte sur les joues, et les battements de mon cœur faisaient mal à mes seins.
 Puis j’ai résisté, j’ai dit : « Non. Non. » J’ai tourné la tête en arrière et le baiser n’a pas franchi mes lèvres, ni l’amour mes genoux serrés.
 Alors il m’a demandé pardon, il m’a embrassé les cheveux, j’ai senti son haleine brûlante, et il est parti… Maintenant je suis seule.
 Je regarde la place vide, le bois désert, la terre foulée. Et je mords mes poings jusqu’au sang et j’étouffe mes cris dans l’herbe.

 D’abord je n’ai pas répondu, et j’avais la honte sur les joues, et les battements de mon cœur faisaient mal à mes seins.
 Puis j’ai résisté, j’ai dit : « Non. Non. » J’ai tourné la tête en arrière et le baiser n’a pas franchi mes lèvres, ni l’amour mes genoux serrés.
 Alors il m’a demandé pardon, il m’a embrassé les cheveux, j’ai senti son haleine brûlante, et il est parti… Maintenant je suis seule.
 Oh ! que je voudrais bien à présent ! S’il était là comme je dirais oui ! Et je mords mes lèvres et j’écrase mon sexe dans ma main.


  • LA NUIT

LA NUIT (Chansons de Bilitis)

LA NUIT (Chansons secrètes)

 C’est moi maintenant qui le recherche. Chaque nuit, très doucement, je quitte la maison, et je vais par une longue route, jusqu’à sa prairie, le regarder dormir.
 Quelquefois je reste longtemps sans parler, heureuse de le voir seulement, et j’approche mes lèvres des siennes, pour ne baiser que son haleine.
 Puis tout à coup je m’étends sur lui. Il se réveille dans mes bras, et il ne peut plus se relever car je lutte ! Il renonce, et rit, et m’étreint. Ainsi nous jouons dans la nuit.
 … Première aube, ô clarté méchante, toi déjà ? En quel antre toujours nocturne, sur quelle prairie souterraine pourrons-nous si longtemps aimer, que nous perdions ton souvenir ?…

 C’est moi maintenant qui le recherche. Chaque nuit, très doucement, je quitte la maison et je vais par une longue route jusqu’à sa prairie, le regarder dormir.
 Quelquefois je reste longtemps sans parler, heureuse de le voir seulement, et j’approche mes lèvres des siennes, pour ne baiser que son haleine.
 Puis tout à coup je m’étends sur lui. Il se réveille dans mes bras, et il ne peut plus se relever car je lutte ! Il renonce, et rit, et m’étreint. Ainsi nous jouons dans la nuit.
 Mais quand j’ai fait entrer moi-même sa virilité dans mon ventre, alors les rires s’arrêtent et j’étouffe mes longues plaintes sur sa bouche et je pousse un cri de souffrance quand l’amour déchirant jaillit.


  • PSAPPHA

PSAPPHA (Chansons de Bilitis)

PSAPPHA (Chansons secrètes)

 Je me frotte les yeux… Il fait déjà jour, je crois. Ah ! qui est auprès de moi ?… une femme ?… Par la Paphia, j’avais oublié… Ô Charites ! que je suis honteuse.
 Dans quel pays suis-je venue, et quelle est cette île-ci où l’on entend ainsi l’amour ? Si je n’étais pas toute lassée, je croirais à quelque rêve… Est-il possible que ce soit là Psappha !
 Elle dort… Elle est certainement belle, bien que ses cheveux soient coupés comme ceux d’un athlète. Mais cet étrange visage, cette poitrine virile et ces hanches étroites…
 Je veux m’en aller avant qu’elle ne s’éveille. Hélas ! je suis du côté du mur. Il me faudra l’enjamber. J’ai peur de frôler sa hanche et qu’elle ne me reprenne au passage.

 Je me frotte les yeux… Il fait déjà jour, je crois. Ah ! qui est auprès de moi ?… une femme ?… Par la Paphia, j’avais oublié… Ô Charites, que je suis honteuse !
 Dans quel pays suis-je venue, et quelle est cette île-ci où l’on entend ainsi l’amour ? Si je n’étais pas ainsi lassée, je croirais à quelque rêve… Est-ce possible que ce soit là Psappha !
 Elle dort… Elle est vraiment horrible. Grasse et mamelue, les bras bouffis, les jambes rouges, le ventre plissé, la vulve noire et quelles ignominieuses lèvres !
 Je veux m’en aller avant qu’elle ne s’éveille. Hélas ! je suis du côté du mur. Il me faudra l’enjamber. J’ai peur de frôler sa hanche et qu’elle ne me reprenne au passage.


  • LE TOMBEAU SANS NOM

LE TOMBEAU SANS NOM (Chansons de Bilitis)

LE TOMBEAU SANS NOM (Chansons secrètes)

 Mnasidika m’ayant prise par la main me mena hors des portes de la ville, jusqu’à un petit champ inculte où il y avait une stèle de marbre. Et elle me dit : « Celle-ci fut l’amie de ma mère. »
 Alors je sentis un grand frisson, et sans cesser de lui tenir la main, je me penchai sur son épaule, afin de lire les quatre vers entre la coupe creuse et le serpent :
 « Ce n’est pas la mort qui m’a enlevée, mais les Nymphes des fontaines. Je repose ici sous une terre légère avec la chevelure coupée de Xantho. Qu’elle seule me pleure. Je ne dis pas mon nom. »
 Longtemps nous sommes restées debout, et nous n’avons pas versé la libation. Car comment appeler une âme inconnue d’entre les foules de l’Hadès ?

 Mnasidika m’ayant prise par la main me mena hors des portes de la ville, jusqu’à un petit champ inculte où il y avait une stèle de marbre. Elle me dit : « Celle-ci fut l’amante de ma mère. »
 Alors je sentis un grand frisson, et sans cesser de la tenir sous les seins, je me penchai sur son épaule, afin de lire les quatre vers entre la coupe creuse et le serpent :
 « Ce n’est pas la mort qui m’a enlevée, mais les Nymphes des fontaines. Je repose ici sous une terre légère avec la chevelure coupée de Xantho. Qu’elle seule me pleure. Je ne dis pas mon nom. »
 Et Mnasidika s’est couchée sur le tertre, sa tunique relevée jusqu’à la ceinture, et avec les doigts elle distendait les lèvres de son sexe blond, pour que ma bouche appliquée lui fit verser la libation.


  • CONVERSATION

CONVERSATION (Chansons de Bilitis)

CONVERSATION (Chansons secrètes)

 « Bonjour. — Bonjour aussi. — Tu es bien pressée. — Peut-être moins que tu ne penses. — Tu es une jolie fille. — Peut-être plus que tu ne crois.
 — Quel est ton nom charmant ? — Je ne dis pas cela si vite. — Tu as quelqu’un ce soir ? — Toujours celui qui m’aime. — Et comment l’aimes-tu ? — Comme il veut.
 — Soupons ensemble. — Si tu le désires. Mais que donnes-tu ? — Ceci. — Cinq drachmes ? C’est pour mon esclave. Et pour moi ? — Dis toi-même. — Cent.
 — Où demeures-tu ? — Dans cette maison bleue. — À quelle heure veux-tu que je t’envoie chercher ? — Tout de suite si tu veux. — Tout de suite. — Va devant. »

 « Bonjour. — Bonjour aussi. — Tu es bien pressée. — Peut-être moins que tu ne penses. — Tu es une jolie fille. — Peut-être plus que tu ne crois.
 — Quel est ton nom charmant ? — Je ne dis pas cela si vite. — Tu as quelqu’un ce soir ? — Toujours celui qui m’aime. — Et comment l’aimes-tu ? — Comme il veut.
 Je sais mon métier. — Me feras-tu ce que j’aime ? — Tu remues la langue, oui, je te ferai cela. — Et quoi encore ? — Ceci avec le doigt. — Et encore ? — Je te laisserai le choix entre les deux roses. — Je prendrai la plus petite. — Tu me feras plaisir.
 — Jouiras-tu avec moi ? — Si tu es habile. — Mais toi qu’aimes-tu ? — Penser que tu es une femme. — Je te le ferai penser. À quelle heure veux-tu que je t’envoie chercher ? — Tout de suite. — Va devant. »


  • LA COMMANDE

LA COMMANDE (Chansons de Bilitis)

LA COMMANDE (Chansons secrètes)

 « Vieille, écoute-moi. Je donne un festin dans trois jours. Il me faut un divertissement. Tu me loueras toutes tes filles. Combien en as-tu et que savent-elles faire ?
 — J’en ai sept. Trois dansent la kordax avec l’écharpe et le phallos. Néphélê aux aisselles lisses mimera l’amour de la colombe entre ses seins couleur de roses.
 Une chanteuse en péplos brodé chantera des chansons de Rhodes, accompagnée par deux aulétrides qui auront des guirlandes de myrte enroulées à leurs jambes brunes.
 — C’est bien. Qu’elles soient épilées de frais, lavées et parfumées des pieds à la tête, prêtes à d’autres jeux si on les leur demande. Va donner les ordres. Adieu.

 « Vieille, écoute-moi. Je donne un festin dans trois jours. Il me faut un divertissement. Tu me loueras toutes tes filles. Combien en as-tu et que savent-elles faire ?
 — J’en ai sept. Trois dansent la kordax avec l’écharpe et le phallos. Néphélê aux aisselles lisses mimera l’amour courbé de la vache. Sa croupe est ronde et bien fendue.
 Une chanteuse en péplos brodé chantera des chansons de Rhodes, accompagnée par deux aulétrides qui auront des guirlandes de myrte enroulées à leurs jambes brunes.
 — C’est bien, qu’elles soient épilées de frais, lavées et parfumées des pieds à la tête, prêtes à d’autres jeux si on le leur demande. Va donner les ordres. Adieu. »


  • LA FIGURE DE PASIPHAË

LA FIGURE DE PASIPHAË (Chansons de Bilitis)

LA FIGURE DE PASIPHAË (Chansons secrètes)

 Dans une débauche que deux jeunes gens et des courtisanes firent chez moi, où l’amour ruissela comme le vin, Damalis, pour fêter son nom, dansa la Figure de Pasiphaë.
 Elle avait fait faire à Kition deux masques de vache et de taureau, pour elle et pour Kharmantidès. Elle portait des cornes terribles, et une queue poilue sur la croupe.
 Les autres femmes menées par moi, tenant des fleurs et des flambeaux, nous tournions sur nous-mêmes avec des cris, et nous caressions Damalis du bout de nos chevelures pendantes.
 Ses mugissements et nos chants et les danses de nos reins ont duré plus que la nuit. La chambre vide est encore chaude. Je regarde mes mains rougies et les canthares de Khios où nagent des roses.

 Dans une débauche que deux jeunes gens et des courtisanes firent chez moi, où l’amour ruissela sur les lits, Damalis, pour fêter son nom, dansa la figure de Pasiphaë.
 Elle avait fait faire à Kition deux masques de vache et de taureau, pour elle et pour Kharmantidès, et elle avait peint les bords de sa vulve avec de la pourpre rouge, par-derrière.
 Les autres femmes et moi-même, portant des fleurs et des flambeaux, nous tournions autour du couple en chantant des strophes honteuses et nous caressions les amants.
 Elle poussait des mugissements… Elle remuait sa croupe empalée. Les gestes, les rires et les cris et les danses effrénées ont duré plus que la nuit.


  • LE PORNÉÏON / L’ÉTRANGER

L’ÉTRANGER (Chansons de Bilitis)

LE PORNÉÏON (Chansons secrètes)

 Étranger, ne va pas plus loin dans la ville. Tu ne trouveras ailleurs que chez moi des filles plus jeunes ni plus expertes. Je suis Sôstrata, célèbre au delà de la mer.
 Vois celle-ci dont les yeux sont verts comme l’eau dans l’herbe. Tu n’en veux pas ? Voici d’autres yeux qui sont noirs comme la violette, et une chevelure de trois coudées.
 J’ai mieux encore. Xanthô, ouvre ta cyclas. Étranger, ses seins sont durs comme le coing, touche-les. Et son beau ventre, tu le vois, porte les trois plis de Kypris.

 Étranger, ne va pas plus loin dans la ville. Tu ne trouveras ailleurs que chez moi des filles plus jeunes ni plus expertes. Je suis Sostrata, célèbre au-delà de la mer. J’ai dix-huit belles filles à ton choix.
 Vois celle-ci, dont les fesses sont rondes comme des pommes. Tu n’en veux pas ? Voici d’autres fesses qui sont grasses comme du beurre et un anus étroit et fort que tu perceras avec peine, et qui se nouera serré pour t’arracher la jouissance.
 J’ai mieux encore. — Plango, ouvre ta cyclas. — Étranger, ses seins sont raides comme des boucliers, touche-les. Et son beau ventre, tu le vois, porte les trois plis de Kypris. Et regarde cette vulve saillante, comme un concombre fendu.
 Je l’ai achetée avec sa sœur, qui n’est pas d’âge à aimer encore, mais qui sait téter le lait des hommes, et te léchera par-derrière pendant que tu feras l’amour. Par les deux déesses ! tu es de race noble. Myrtis et Plango, suivez le chevalier.


  • LA POUPÉE

LA POUPÉE (Chansons de Bilitis)

LA POUPÉE (Chansons secrètes)

 Je lui ai donné une poupée, une poupée de cire aux joues roses. Ses bras sont attachés par de petites chevilles, et ses jambes elles-mêmes se plient.
 Quand nous sommes ensemble elle la couche entre nous, et c’est notre enfant. Le soir elle la berce et lui donne le sein avant de l’endormir.
 Elle lui a tissé trois petites tuniques, et nous lui donnons des bijoux le jour des Aphrodisies, des bijoux et des fleurs aussi.
 Elle a soin de sa vertu et ne la laisse pas sortir sans elle ; pas au soleil surtout, car la petite poupée fondrait en gouttes de cire.

 Je lui ai donné une poupée de cire aux joues roses. Les bras sont attachés par des petites chevilles et ses jambes elles-mêmes se plient. Son petit sexe est large ouvert, mais délicat et bien épilé.
 Quand nous sommes ensemble elle la couche entre nous et c’est notre enfant. Le soir elle la berce et elle lui donne le sein avant de l’endormir. Souvent même elle touche de la langue son petit clitoris de cire rouge… « Pour que tu ne pleures pas », dit-elle !
 Elle lui a tissé trois petites tuniques, et nous lui donnons des bijoux le jour des Aphrodisies, des bijoux et des fleurs aussi. Elle a taillé à sa mesure un petit Phallos d’olivier qu’elle s’attache au doigt comme une bague pour satisfaire la chérie.
 Elle a ses règles comme nous deux. Tous les mois, d’une goutte de mon sang, je teins son petit ventre vierge. Mais nous avons soin de sa vertu : nous ne la laissons pas sortir seule. Pas au soleil, surtout, car la petite poupée fondrait en gouttes de cire.

  • CLITORIS EN RÊVE aucun poème se rapprochant de celui-ci dans les Chansons de Bilitis

--Cunegonde1 (d) 16 mars 2020 à 16:03 (UTC)Répondre

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