Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/871-880

Fascicules du tome 2
pages 861 à 870

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 871 à 880

pages 881 à 890


CONTRELATTER, v. a. couvrir un pan de Charpente de lattes des deux côtés, pour l’enduire de plâtre ou de mortier. Structuram materiariam regulis utrinque tegere, instruere. On taxe la valeur du mur de charpente latté & contrelatté autant qu’un gros mur.

CONTRELATTOIR, s. m. terme de Couvreur, instrument dont se servent les Couvreurs pour soûtenir les lattes en clouant dessus.

CONTRE-LETTRE, s. f. écrit secret & particulier, acte qui détruit un autre acte public, ou plus solennel, qui en altère, ou en diminue les clauses, qui y déroge, ou qui contient une déclaration contraire. Arcana syngrapha alterius vom imminuens, elevans, abrogans, refigens. ☞ Si Titus, par exemple, continue une rente au profit de Mævius ; & que Mævius, par un acte séparé, reconnoisse que la rente ne lui est point due, & que si le contrat a été passé à son profit, ce n’a été que pour lui faire plaisir.

☞ On voit par là qu’il y a une grande différence entre la contre-lettre & la déclaration au profit d’un tiers. La contre-lettre détruit entièrement le contrat ou l’acte, & fait connoître qu’il n’est pas sérieux. La déclaration au profit d’un tiers, ne détruit pas l’acte sur lequel elle est faite : elle fait seulement connoître que le droit de la propriété dudit acte appartient à la tierce personne qui est dénoncée dans la déclaration, & au profit de qui elle est faite.

☞ Ici lettre est prise pour un acte obligatoire. Contre-lettre, acte contraire à la lettre ; contrat qui en détruit un autre.

☞ Les contre-lettres ne font foi que lorsqu’elles sont passées par devant Notaires, ou reconnues en justice ; autrement il dépendroit des parties de se servir d’antidates, au préjudice d’un tiers. Il y a bien des gens qui mettent leur bien à couvert par des fausses obligations, dont ils ont par devers eux les contre-lettres. La coutume de Paris annulle toutes contre-lettres qui sont faites contre la teneur d’un contrat de mariage. Ces pactions particulières qui se font sans la participation de la famille, & qui ruinent les clauses du contrat, sont nulles & prohibées. Il n’y a guère de contre-lettres qui ne soient faites en fraude de quelqu’un, ou contre la foi publique; c’est pourquoi elles devroient être absolument défendues. On approuve les contre-lettres d’un fils à son pere, qui lui a promis un avancement trop considérable, pour lui procurer un mariage avantageux.

CONTRELIGNE, s. f. est la même chose que contre-vallation.

CONTRE-MAILLÉ, CONTRE-MAILLER, terme de Pêcheurs. On dit un filet contre-maillé, c’est-à-dire, un filet à mailles doubles.

CONTRE-MAÎTRE, s. m. terme de marine, c’est l’Officier qui est immédiatement au dessous du Maître d’équipage, & qui a soin de visiter le vaisseau, de le faire agréer, d’examiner s’il est garni de tous les apparaux nécessaires pour le voyage. Il fait aussi exécuter les ordres du Maître, tant de nuit que de jour, & commande sur le devant, sur l’ancrage & sur le cabestan ; & en l’abscence du Maître, suivant les réglemens du titre 5 du livre 2 de l’Ordonnance de la marine. Elle l’appelle aussi Nocher. Son commandement est depuis l’éperon ou la proue jusqu’au mât de misaine, icelui compris. Proreta. Le second Contre-Maître est l’aide du Contre-Maître.

Contre-Maître. On appelle contre-Maître dans les manufactures considérable, dans les raffineries, celui qui est préposé par l’Entrepreneur, pour avoir la vue sur tous les Ouvriers.

CONTRE-MANCHÉ, ÉE, adj. m .& f. terme de blason, parti coupé & contre-manché de sable & d’argent, de l’un en l’autre. Obversis mutuò cuspidibus insectus.

CONTREMAND, s. m. vieux terme de pratique, c’est une excuse qu’on apporte pour faire remettre ou différer un assignation. Le contremand diffère de l’exoine en ce que 1o. par le contremand on propose de mettre l’assignation à un jour certain. 2o. Dans l’exoine on propose une cause qu’on affirme véritable, pour remettre l’ajournement ; mais dans le contremand on n’est point obligé d’affirmer.

CONTREMANDEMENT, s. m. mandement contrait à celui qu’on avoit envoyé, révocation d’un ordre. Priori præcepto præceptum posterius contrarium. Cet Ambassadeur est revenu, parce qu’il a eu un contremandement. On ne dit plus contremandement, mais contre-ordre, révocation d’un ordre.

☞ CONTRE-MANDER, v. a. révoquer un ordre donné. On le dit également des personnes & des choses. Le Roi avoit mandé son Parlement, il l’a contre-mandé ; j’avois commandé un dîner qui ne peut avoir lieu, je vais le contre-mander. Vous avez demandé votre carrosse, vous pouvez le contre-mander, je vous menerai où vous avez affaire.

Contre-mandé, ée. part.

CONTRE-MARC, s. m. terme de Charpentiers, marques ou traits dont ces Ouvriers se servent pour marquer leurs bois, à mesure qu’ils achevent de les façonner, afin de les reconnoître dans l’assemblage. Voyez Marc-franc.

☞ CONTRE-MARCHE, s. f. terme de l’art militaire, qui se dit d’une armée qui fait une marche contraire ou opposée à celle qu’elle avoit commencé, ou qu’elle paroissoit vouloir faire. L’armée avoit pris sa marche vers tel endroit ; mais sur le bruit qui se répandit que l’ennemi avoit fait certains mouvemens, le général lui fit faire une contre-marche & elle se rabattit sur telle place. Deflectere ab incæpto itinere, seque alio versum convertere. Voyez Marche.

Contre-marche se dit aussi sur la mer, lorsque tous les vaisseaux d’une armée, ou d’une division, étant sur une même ligne, vont jusqu’à une certaine ligne derriere le dernier, pour revirer ou changer de bord. On dit qu’une armée fait la contre-marche, quand tous les vaisseaux changent de route les uns après les autres dans le même point. P. Hoste, Jés.

Contre-Marche, est un terme de Charpentier, qui se dit des marches d’un escalier.

CONTRE-MARÉE, s. f. terme de Marine, marée différente, opposée à la marée ordinaire. Il y a des contre-marées dans certains endroits resserrés de la mer.

CONTRE-MARQUE, s. f. est une seconde marque qu’on fait sur un ballot, ou autres choses, quand plusieurs personnes ont intérêt à la chose, afin qu’elle soit ouverte en présence de tous. Additæ priori notæ nota posterior.

On le dit aussi de certaines marques qui sont nécessaires aux pièces de vaisselle d’argent, ou d’étain, pour marquer qu’on en a fait l’essai, ou l’épreuve, & qu’elle sont de la qualité pour laquelle on les vend. Les Orfèvres mettent leur marque à la vaisselle d’argent ; & elle est contre-marquée du poinçon de Paris, ou de la Communauté.

Contre-Marque se dit aussi d’un second billet que donne le portier d’un Spectacle. Celui qui sort du Spectacle, prend une contre-marqueafin de pouvoir rentrer quand il lui plaît. Tessera.

Contre-marque, terme de Médailliste & d’Antiquaire, c’est une marque ajoutée à une médaille long temps après sa fabrication. Les contre-marques pourroient être prises pour des défauts, parce qu’elles semblent des disgraces arrivées aux médailles, dont elles entament le champ, quelquefois du côté de la tête, d’autres fois du côté du revers, particulièrement dans le grand & dans le moyen bronze. Cependant ce sont des beautés pour les Savans, qui leur font rechercher ces sortes de médailles, dont ils reconnoissent le changement de prix, qui leur est indiqué par ces contre-marques, comme nous en voyons à nos sous que le peuple nomme Tappés, à cause du coup qui fait l’enfonçure qui y demeure. Les Antiquaires ne conviennent pas de la signification des caractères que l’on y trouve. Aux unes, N. Prob. A d’autres, N. Carp. Casr. Rm. Ant. Aug. P. Jobert. Il y en a dont la contre-marque est la tête d’un Empereur : j’en ai une de Bithynie où il y en a trois. J’en ai vû d’autre avec une corne d’abondance. Pour celles où l’on trouve SC, elle ne souffrent point de difficulté. Id. Il faut prendre garde à ne pas confondre les monogrammes avec les contre-marque. La manière de les distinguer est aisée. Les contre-marques sont toujours enfoncées, parce qu’elles sont frappées avec la médaille battue. Les monogrammes battus en même-temps que la médaille y font plutôt un petit relief. Id.

Contre-Marque, en termes de Manège, se dit d’une fausse marque imitant le germe de fève, que le maquignon fait adroitement dans une cavité qu’il a creusée lui-même à la dent d’un cheval qui ne marque plus, pour faire croire que ce cheval n’a que six ans. Signum adulterinum aqui dentibus impressum.

CONTRE-MARQUER, v. a. apposer une seconde marque. Alteram notæ notam addere. Voyez Contre-marque. Contre-marquer de la vaisselle, des médaille, des balots.

CONTRE-MARQUÉ, ÉE. part. Une médaille contre-marquée. Les médailles contre-marquées sont recherchées des Antiquaires. Vaisselle marquée de la marque de l’Orfèvre, & contre-marquée du poinçon de la Communauté.

CONTRE-MINE, s. f. terme de Guerre, c’est une voûte, ou allée sous terre tout le long de la muraille, large de trois piés, & haute de six, avec plusieurs trous pour empêcher l’effort des mines. Contrarius, adversus cuniculus. Cette sorte de contre-mine n’est plus en usage. Aujourd’hui c’est un puits, une galerie, un ouvrage souterrain qu’on fait pour éventer la mine de l’ennemi, & en empêcher l’effet.

☞ On appelle aussi contre-mine, une mine pratiquée sous les bastions & sous les dehors d’une place, pour faire sauter les ennemis, en cas qu’ils vinssent à s’y loger. Voyez Mine. En bâtissant cette place, on a fait une contre-mine sous chaque bastion.

Contre-Mine, figurément, signifie une adresse qu’on trouve pour empêcher qu’un autre ne nous fasse le mal que nous savons qu’il a dessein de nous faire. Meliori fraude retusa fraus. On ne le dit guère, ou plutôt on ne le dit point.

CONTRE-MINER, v. a. faire des 'contre-mines. Bastion contre-mine. Les dehors de la place sont contre-minés. Cuniculos agere, cuniculus transversis hostium cuniculos excipere. Voyez Miner.

Contre-miner, se dit au figuré. Loin de les favoriser, je serois le premier à contre-miner toutes leurs menées par les obstacles invincibles que l’honneur & la qualité de premier Prince du sang me doit obliger d’y former pour l’intérêt du peuple. Manifeste de M. le Prince Louis II de Condé.

Contre-miné, ée. part.

CONTRE-MINEUR. s. m. Celui qui fait des contre-mines. Amicularius.

CONTRE-MONT. adv. On l’a jeté les piés contre-mont ; en haut, en l’air. Il est vieux. Sursum, sursum versus. Il faut des chevaux pour tirer les bateaux à contre-mont, pour les faire aller contre le fil de l’eau. Adverso flumine.

Contre-mont, adv. à contre sens, contre le sens naturel, mettant en haut ce qui doit être en bas. Contra quam natura fert ; Des graines plantées contre-mont, c’est-à-dire, la racine en haut, & la tige en bas. Inversa semina. Dodart. Acad 1700. Mém. p. 51. J’ai choisis six glands qui avoient été posés contre-mont, c’est-à-dire, le calive en bas & la pointe en haut. Id. p. 52.

CONTRE-MUR, petit mur qu’on applique à un autre pour le fortifier, ou pour le conserver afin que le voisin ne souffre aucun dommage ni incommodité des constructions qui sont auprès. Muro murus observus, murus miro fultus. Quand on fait une étable contre un mur mitoyen, il faut faire un contre-mur de huit pouces d’épaisseur, & de hauteur jusqu’au rez de la mangeoire. Art. 188 de la Coutume de Paris. On y est aussi obligé en plusieurs autres occasions. M. Bullet remarque sur cet article de la Coutume de Paris, que le contre-mur ne doit point être lié avec le vrai mur, parcequ’il n’est fait que pour empêcher que le vrai mur ne soit endommagé, comme étant mitoyen, & il le seroit s’il y avoit liaison & continuité.

Contre-mur, terme de fortification, c’est un mur extérieur bâti autour d’un mur principal d’une Ville.

CONTRE-MURER, v. a. faire un contre-mur. Muro murum addere, murum muro munire. La coutume oblige à contre-murer les fosses d’un privé, les âtres, &c.

CONTRE-ONLGE, & mieux CONTR’ONGLE, à Contr’ongle ; expression adverbiale, terme de chasse, qui se dit pour signifier au rebours, lorsqu’on a méjugé des allures du cerf, & qu’on a pris le talon pour la pince. In cervinis vestigiis erratio. Prendre le pié de la bête à contr’ongle.

CONTRE-ORDRE, s. m. ☞ & mieux contr’ordre, révocation d’un ordre antérieur par un ordre postérieur. La même chose que contremandement, plus usité ; donner, recevoir un contr’ordre.

CONTRE-OUVERTURE, s. f. & mieux Contr’ouverture, terme de Chirurgie, incision qu’on fait à une partie dans un endroit plus ou moins éloigné d’une plaie. Cette opération est quelquefois nécessaire dans les plaies, pour décharger la matière qu’elles contiennent, & empêcher qu’elles gégénerent en fistule. Contra-apertura.

CONTRE-PAL, s. m. terme de blason, qui se dit lorsqu’un pal est divisé en deux parties, dont l’une est d’une couleur ou d’un métal, ce qui fait comme deux pals opposés l’un à l’autre. Quand dans un écu il y a un pal de cette sorte, on dit qu’il est contre-palé. Voyez ce mot.

CONTRE-PALÉ, ÉE, terme de Blason, se dit de l’Ecu où un pal est opposé à un autre pal, en sorte qu’ils sont alternes, & que la couleur répond au métal. Contrapalatus. Contrepalé de gueules & de sable.

CONTRE-PAN, s. m. terme de Coutumes. L’ordinaire & coutumier contre-pan en quelques lieux, est l’estime du huitième denier de l’héritage donné à cens, ou rente, pour venir au rachat conventionnel.

☞ CONTRE-PAN, dans quelques Coutumes, signifie la même chose que contre-gage, & quelquefois hypothèque.

CONTRE-PANÉ, ÉE. adj. terme de Coutumes. Rente contre-panée, est une rente sur contrepans & héritages. Voyez Contre-pan.

Ces mots viennent de contre, & de pand ; mot de la langue Tudesque, qui veut dire gage.

CONTREPARTIE, s. f. terme de Musique, qui se dit de deux parties opposées. Imus summo sonus oppositus. Le dessus & la basse sont deux contreparties. On le dit de chacune des deux parties considérées par rapport à l’autre.

Contrepartie d’un compte. C’est, en termes de Banque & de Commis aux Bureaux des Fermes du Roi, le registre que tient le Contrôleur, sur lequel il couche & enregistre toutes les parties dont le teneur de livres, si c’est pour la Banque, ou le Receveur, si c’est pour les Fermes du Roi, charge le sien.

Contrepartie, en termes de Marquetterie, signifie ce qui reste d’un dessin, lorsqu’on l’a évidé sur les baquets de cuivre, ou d’étain, pour en faire des ouvrages de rapport, & de placage.

CONTREPASSANT, adj. m. terme de Blason. Il se dit de deux animaux l’un sur l’autre, dont l’un passe d’un côté, & l’autre de l’autre. Contra, ex adverso gradiens.

CONTREPASSANT D’ORDRE, en termes de commerce de lettres de change, veut dire la même chose que rétrocession, en termes de Pratique. La contrepassation d’ordre se fait, lorsqu’un ordre a été passé au dos d’une Lettre de change, par une personne, au profit d’une autre, & que cette autre redonne la même Lettre de change en payement à celle qui la lui avoit déja donnée, & qu’elle passe sont ordre en sa faveur, de même que s’il le passoit au profit d’une troisième personne, qui lui payeroit comptant le contenu en la Lettre de change.

CONTREPENTE. s. f. on appelle contrepente dans le canal d’un ruisseau, ou d’un aquéduc, l’interruption du niveau de pente, qui fait que les eaux s’arrêtent, soit qu’on ait mal conduit le niveau, soit que l’affaissement du terrain en soit la cause. Declivitatis interruptio.

CONTREPERCE, v. a. percer dans un sens contraire. Les ouvriers se servent de contrepoinçons pour contrepercer. Ex adverso terebrare, perforare.

Contrepercé, ée, part. Il a les significations de son verbe en françois & en latin.

CONTREPESER, v. a. servir de contre-poids, ce qui se dit de toute force qui sert à diminuer l’effort d’une force opposée. On ne le dit presque point au propre.

Il se dit aussi au figuré, pour contre-balancer, compenser, servir de contre-poids. Æquare, compensare. Ces raisons-là sont trop foibles pour contrepeser les autres. Les services que je vous ai rendus contrepèsent tous les dons que vous m’avez faits. Où trouve-t’on des gens qui comptent de bonne foi, & qui ne mettent dans la balance le plus léger déplaisir, pour contrepeser le servir du plus grand poids ? S. Evr. Il est peu usité, même au figuré.

Contrepesé, ée. part.

CONTREPETTER, v. a. imiter, contrefaire, être singe que quelqu’un. Cotgrave. Le Recteur Roze, haranguant les Etats de la Ligue, dit ingénûment au Duc de Mayenne : « Vous avez beau faire le Roi, & contrepetter le Biarnois en Edits & Déclarations, en Sceaux, en Gardes, en Grands Prévôts & Maître des requêtes de votre Hôtel, quand vous devriez crever & vous enfler gros comme un bœuf, comme fit la mere grenouille, vous ne serez jamais si gros Seigneur que lui, encore qu’on die qu’il n’a pas de graisse sur tout son corps pour paître une alouette. » Satyre, Men. in-8o, p.92 & 93.

☞ CONTRE-PIÉ, s. m. terme de Vénerie, se dit lorsque les chiens étant tombés sur les voies de la bête, prennent pour la suivre le chemin qu’elle a fait. C’est aller par où la bête est venue, au lieu de prendre le chemin qu’elle tient. Prendre le contre-pié de la bête. feram adversa indagine sectari, insectari.

☞ On a transporté cette expression du sens propre au sens figuré, pour signifier, le contraire. Contraria ratio, via. Vous prenez le contre-pié de ce qu’on vous dit, le sens tout contraire. In sensum contrarium accipere. Vous prenez le contrepié de la véritable éloquence. Ab. Ce qui fait le plus souvent qu’on déplaît, c’est qu’on cherche à plaire, & qu’on en prend le contre-pié. Ch. de Mer. Telle est l’antipathie de l’homme pour la raison, qu’il ne manque jamais de prendre le contre-pié. S. Real.

CONTREPLÉGE, s. m. ou mieux contre-pleige. Terme de Pratique & de Coutumes. Subvas. Un contreplége est un certificateur de la caution, dans les pays où la caution est appelée pleige.

CONTREPLÉGE, ou plutôt contre-pleiger, terme de Pratique & de Coutumes, c’est certifier pour la caution, dans les endroits où pleige signifie caution.

CONTRE-POIDS. s. f. Ce qui est mis pour contre-peser. Sacoma, æquipondum. Le contre-poids d’une horloge. Libramentum. C’est un petit poids qu’on attache à l’extrémité du cordon du poids, afin que le cordon s’accrocher successivement aux petites pointes qui sont sur le cercle que le poids doit faire tourner. Les Danseurs de corde se servent de contre-poids pour tenir leur corps en équilibre.

Contre-poids se dit en général de toute force qui sert à diminuer l’effort d’une force contraire. Tantôt il est égal à la force qui lui est opposée, tantôt plus grand, tantôt plus petit. Il est d’usage dans plusieurs arts & métiers.

Contre-poids, en termes de Manège, se dit de cette liberté d’assiette du corps que garde le cavalier pour demeurer toujours dans le milieu de la selle sans pencher de côté ni d’autre, quelque mouvement que fasse le cheval. Libramentum corporis.

Contre-poids, se dit aussi au figuré, ☞ des qualités des choses qui servent à en contre-balancer d’autres ; sa lâcheté sert de contre-poids à son insolence. La vie de l’homme est mêlée de prospérité & d’adversité ; sans un tel contre-poids, cette élévation le rendroit horriblement vain, ou cet abaissement le rendroit horriblement abject. Pasc. La crainte de la mort rabat l’orgueil, & sert comme de contre-poids pour rabaisser le penchant que l’homme a à s’élever. Nicol. L’avarice sert quelquefois de contre-poids à la cruauté des Barbares. Bouh.

CONTRE-POIL, ☞ sens contraire à la disposition naturelle du poil, rebours du poil. Capillus adversus. Vous prenez le contre-poil.

Contre-poil, (A) façon de parler adverbiale, faire la barbe à contre-poil, étriller un cheval à contre-poil.

☞ On le dit dans le même sens des étoffes. Les Tailleurs ne doivent pas employer le drap à contre-poil. Brosser un chapeau à contre-poil ; du sen contraire à celui dont le poil est couché. pilis adversis.

Contre-poil se dit aussi au figuré, dans le style familier seulement. Cet homme prend toutes choses à contre-poil, au rebours, contre le sens ordinaire. Rem contra accipere quàm par sit. Damon est bon homme ; mais il ne faut pas le prendre à contre-poil.

Un esprit à contre-poil ; pour dire, un esprit qui pense tout autrement que les autres, & qui se plaît à contredire.

CONTREPOINÇON, s. m. c’est un poinçon dont différens ouvriers se servent pour contrepercer les trous, pour river les pièces. Il y a des contreponçons barlongs, il y en a de carrés. Voyez Poinçon.

CONTREPOINT, s. m. terme de Musique. Notarum musicarum aliarum cum aliis composito. C’est en général toute composition qui fait harmonie ; mais plus particulièrement, c’est un ou plusieurs chants différens composés sur un sujet donné. Compositio harmonica. On dit contrepoint affecté, boiteux ou à la boiteuse, composé, coloré, délié, libre, diminué, simple ; contrepoint au dessus ou au dessous du sujet ; contrepoint double, entrelâcé, fait sur le champ, figuré, Fleuri ; contrepoint fugué, délié, lié, obligé, syncopé ; contrepoint obstiné, affecté, simple, sur le livre. &c. Le contrepoint simple est la plus simple des compositions de musique, qui se fait note contre note, quand une note de la basse répond à une note dessus ; & cette musique s’appelle faux-bourdon. Le contrepoint figuré, composé ou diminué, est quand on se sert de notes de différente valeur pour les opposer les unes aux autres dans de différentes parties, de sorte que 2, 4, 8 ou 16 notes d’une partie, répondent à une seule de l’autre qui est chantée en même temps ; ce qui fait la pleine musique & les syncopes. Le P. Paran appelle contrepoint pressé ou étroit, une composition savante, & étroitement observée, où les consonnantes sont liées & mêlées avec les dissonnantes avec art ; contrepoint large, celui où l’on n’observe pas si exactement ces choses ; & contrepoint mêlé, celui où l’on se sert tantôt du contrepoint large, & tantôt du contrepoint serré ou étroit. On appelle contrepoint au dessus, quand on met le sujet à la taille ou à quelque autre partie supérieure ; & la basse ou les autres parties qu’on fait au dessous, s’appelle contrepoint au dessous. Si le contrepoint se fait sans aucune note syncopée, c’est un contrepoint libre & délié ; s’il y a plusieurs syncopes, on l’appelle lié, ou syncopé ou entrelâcé ; si l’on fait des fugues ou des imitations, c’est le contrepoint fugué ; s’il est faite de manière qu’on le puisse chanter au-dessous de son sujet sans gâter l’harmonie, c’est le contrepoint double, &c. Il y a une infinité de manières de contrepoint.

Parmi les gens de l’art, on entend par le mot de contrepoint une Musique composée sur un sujet particulier, qui se tirer ordinairement des chants de l’église. Rameau.

Ce nom de contrepoint vient de ce qu’on se servoit autrefois de points au lieu de notes.

CONTREPOINTE. Voyez Courte-pointe.

☞ CONTREPOINTER, v. a. piquer des deux côtés, avec du fil ou de la soie, des ouvrages de toile, de taffetas. Acu densè pungere ex utrâque parte. Contrepointer une jupe, une couverture.

On le dit aussi d’une batterie qu’on oppose à une autre. Contrepointer du canon.

Contrepointer, dans le sens figuré, signifie être d’avis, de sentiment contraire, contre-dire, contrecarrer. Vous ne deviez pas le contrepointer en cela. Vous le contrepointez en tout ce qu’il dit. Adversari, contradicere. Toutes les fois qu’ils sont ensemble, ils se contrepointent.

CONTREPOINTÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe, en latin comme en françois.

Contrepointé, terme de Blason, qui a pointe contre pointe. Cuspidibus, inbicem, mutuò obversis. Il porte d’argent à deux chevrons contrepointés d’azur.

CONTREPOINTIER. s. m. Pomey dit CONTREPOINTEUR. C’est une qualité qu’on donne aux Marchands Tapissiers dans leurs Lettres, à cause qu’ils font des matelas, des contrepointes. Straguli compungendi opifex.

CONTRE-POISON. s. m. Antidote, remède qui empêche l’effet du poison. Antidotum, Antidotus. La Thériaque, le Mithidrate & l’Orviétan, sont d’excellens contre-poisons. Les contre-poisons, sont ou communs, ou spécifiques. Les contrepoisons communs, sont l’angélique, la rue, le chardon béni, le vincétoxicum, la scabieuse, le dictame, la scorsonère, la zédoaire, les citrons, le bézoard, la corne de cerf, &c. Les spécifiques sont, l’écorce de citron, qui est le contre-poison de la noix vomique ; la thériaque, de la morsure de la vipère ; l’huile de scorpion, de la morsure des scorpions ; l’huile de pignons, de l’orpiment ; la gentiane, de la ciguë, &c. Linder, Médecin Suédois, dans son Traité de Venenis, dit qu’en toute maladie, & mauvaise disposition putride, soit qu’elle vienne de la morsure des animaux venimeux, ou d’un alcali formé par putréfaction, il faut avaler du vinaigre, ou simple & pur, ou distillé, ou avec du miel en forme d’oximel, ou avec de l’oignon de squille ; que c’est-là un excellent contre-poison, qui, par son acidité corrige les alcalis vicieux, dissout la coagulation des humeurs, & les met en état de pousser le venin dehors ; que les autres acides ont à peu près le même effet, comme les esprits de vitriol, de nitre, de soufre.

Contre-poison se dit aussi au figuré. Ce livre est le contre-poison des nouvelles hérésies. Il n’y a point de meilleur contre-poison pour les hérésies, que celui que l’on tire de la parole de Dieu, & des décisions de l’église.

CONTRE-PORTE. s. f. Seconde porte qu’on fait pour se mieux défendre contre l’ennemi. Observa in urbe, arce porta ; ou double porte qu’on fait pour se défendre du vent. Observa in conclavi jauua. Celle-ci se fait ordinairement d’étoffe.

CONTRE-PORTER, v. a. vendre des marchandises en les portant chez les bourgeois, au lieu de tenir une boutique. Merces per domos ostiatum circumferre. Par les statuts de la plûpat des metiers, il es défendu de contre-porter.

CONTRE-PORTEUR, s. m. celui qui porte ses marchandises par les rues pour les vendre. Circumsoraneus propola. On a depuis appelé Colporteurs les Contre-porteurs, parce que leurs marchandises sont souvent dans une manne qu’ils portent à leur cou. Il est défendu aux Colporteurs de vendre par la ville aucune toile ni étoffe neuve.

Pasquier prétend que le mot de Contre-porteur est corrompu de Colporteur : mais je ne sais si l’un & l’autre ne signifient pas proprement & à la lettre ce qu’ils désignent, les Contre-porteurs ou Colporteurs ayant accoutumé d’appuyer contre l’estomac le panier qui leur pend au cou. Il se peut pourtant que Colporteur est plus ancien que l’autre mort, puisque Rabelais s’en étoit servi. Rem. sur la Sat. Men.

CONTRE-POSÉ, ÉE, adj. m. & f. terme de Blason. Il se dit de deux pièces posées d’un sens différent ; par exemple, deux dards, dont l’un a le fer en bas, l’autre en haut. Contra positus.

CONTRE-POSER, v. a. terme de teneurs de livres en parties doubles, qui signifie mal porter ou mal poser un article dans le grand Livre, soit au début, soit au crédit de quelque compte.

CONTRE-POSEUR, s. m. terme de Mâçon, c’est celui qui aide au poseur de pierre ; c’est-à-dire, à celui qui met la pierre en place d’alignement & à demeure. Structoris in collocandis lapidilus adjutor.

CONTRE-POSITION. s. f. Avoir fait une contre-position, c’est avoir porté mal-à-propos dans un compte du grand Livre un article pour un autre.

CONTRE-POTENCÉ, ÉE, adj. m. & f. terme de Blason. Il se dit de plusieurs potences posées diversement : l’une, le bois de traverse en haute, & l’autre en bas. Contrapatibulatus.

CONTR’ÉPREUVE. s. f. Voyez Contre-épreuve.

CONTR’ÉPREUVER. Voyez Contre-épreuver.

CONTRE-PROMESSE. C’est une déclaration de celui au profit duquel une promesse est faite, qui l’annulle, en confessant qu’elle est simulée, & qu’il ne prétend point s’en servir. C’est la même chose que la contre-lettre. Adversum chirographum quo irritum declaratur alterum.

CONTRE-QUARRER. Voyez Contre-carrer.

CONTRE-QUEUE-D’ARONDE, terme de Fortifications, est un dehors ou ravelin fait en tenaille, plus large du côté de la place que vers la campagne. On s’en sert quand on veut couvrir une grande courtine. Propugnaculum exterius forcipis in speciem extructum.

CONTRE-QUILLE, terme de Marine. Voyez Carlingue ou Escarlingue, c’est la même chose.

CONTRE-RAMPANT, ANTE. adj. m. & f. terme de Blason. Il se dit de deux animaux rampans, dont l’un est tourné vers l’autre. Repens & obversus.

CONTRE-REMONTRANS, contra-remonstrantes. C’est le nom qui fut donné en Hollande en 1611, aux Calvinistes qui s’opposèrent aux Arminiens, qui furent appelés remontrans, remonstrantes, à cause d’une remontrance, ou Requête qu’ils présentèrent aux Etats. Cette remontrance, remonstrantia, portoit entr’autres choses qu’on reverroit la Confession de Foi & le Cathéchisme, marquand en même-temps les raisons de leur demande. Les Calvinistes députèrent à la Haye six de leurs Ministres, qui présentèrent aux Etats une contre-remontrance, contra-remonstrantia, & c’est de-là que sont venus les noms remontrans & de contre-remontrans.

☞ CONTRE-RETABLE. s. m. C’est ainsi qu’écrit Daviler, mieux que CONTRETABLE, terme d’Architecture. C’est dans la décoration d’un autel, le fond en forme de lambris, où l’on met un tableau, ou un bas relief, & contre lequel le tabernacle est adossé. Lignea compages aræ summo in recessu imposita, cui tabernaculum obvertitur.

CONTRE-RÔLE. Voyez Contrôle.

CONTRE-RONDE. s. f. C’est une seconde ronde, qui se fait par une route opposés à la première, pour observer si les soldats font bien leur devoir. Altera per contrariam viam vigiliarum lustratio.

CONTRE-RUSE, s. f. ou CONTRE-FINESSE. Ruse opposée à ruse, pour se défendre d’un piège d’un ennemi. Dolus dolo retusus.

CONTRE-SABORD, s. m. terme e Marine, fenêtre qui sert à fermer le sabord. Les contre-sabords s’appellent aussi Mantelets.

☞ CONTRE-SAILLANT, adj. terme de Blason, qui se dit de deux animaux qui semblent sauter, en s’écartant l’un de l’autre, directement en sens contraire.

CONTRE-SALUT, terme de Marine, marque de respct, de déférence qu’on donne à celui de qui on a été salué : action, manière par laquelle on rend le salut, en faisant tirer certain nombre de coups de canon, &c. Resalutatio.

CONTRE-SANGLON, s. m. petites courroies de cuir clouées aux arçons de la selle pour y attacher les sangles d’un cheval, ou d’autres bêtes de somme. Corrigia.

CONTRESCARPE, terme de Fortifications, ligne qui termine le fossé de la campagne. ☞ C’est la pente du mur extérieur du fossé, celle qui regarde la place, & non pas celle qui regarde la campagne, comme le disent les vocabulistes. C’est le talus ou le penchant que l’on donne au bord d’un fossé pour soûtenir la terre de la campagne, de peur qu’elle ne s’éboule dans le fossé. Fossæ declivis crepido, crepidinis ou marginis acclivitas, declivitas in parte fossæ extimâ. La contrescarpe est le long du fossé de la place, & du côté de la campagne. On comprend quelquefois sous ce nom le chemin couvert & le glacis. Etre logé sur la contrescarpe, c’est être logé sur le glacis, ou sur le chemin couvert. On a percé la contrescarpe. On a attaqué, on a insulté la contrescarpe. On attaqua la contrescarpe la nuit du 6 au 7 du mois. La contrescarpe fut prise, fut emportée après un combat opiniâtre de deux heures. On se logea sur la contrescarpe.

CONTRE-ESCARPÉ, ÉE. adj. Præruptus, abruptus, a. Ce chemin dure deux bonnes lieues sur un roc contre-escarpé. On voit en bas la mer, comme un précipice, & au dessus les rochers s’élevent si haut, que de part & d’autre ils sont effroyables. Du Loir, p. 339.

CONTRE-SCEL, s. m. terme de Chancellerie, c’est un petit sceau qu’on applique à gauche des Lettres scellées sur un tiret ou lacet qui attache les pièces qui ont servi de fondement pour les faire passer au sceau, afin d’empêcher qu’on ne les détache. Sigillum sigillo ex adverso positum. Les commissions qu’on obtient pour l’exécution des Arrêts y sont attachées sous le contre-scel. Les quittances de finance & procuration ad resignandum doivent être attachées sous le contre-scel des provisions. On commença d’ajouter le contre-scel, qu’on appeloit d’abord le Sceau du secret, du temps de Louis le Jeune. D’abord ce n’étoit qu’une simple figure d’un aigle, d’un lion, d’une fleur, ou de quelque tête humaine, appliquée sur le derrière du Sceau : ce qui lui a donné le nom de contre-scel. Depuis on y a mis des écussons. Celui de Louis le Jeune étoit alors d’une seule fleur-de-lys. On a souvent représenté ce contre-scel en forme de rose, parce qu’elle étoit chez les Anciens le symbole du secret, d’où est venu un proverbe qu’on disoit autrefois, Datum sub rosâ ; ce qu’on dit maintenant sous la cheminée & parler secrettement. Quelques-uns prétendent que c’est à l’imitation de ces roses qu’on a fait des colliers des Ordres de Chevalerie, & tous ces ornemens ou marques d’honneur qu’on a mis autour de l’Ecu qui ont pû se tourner en rond, comme la jarretière d’Angleterre, les cordelières, les guirlandes de feuilles & de fleurs, les couronnes d’épines, &c.

☞ On appelle encore contre-scel, un second sceau qu’un Juge appose sur des effets scellés par un autre Juge, lorsque plusieurs juridictions différentes prétendent avoir droit d’en faire inventaire ou d’y être appelées. Les effets des comptables peuvent, après avoir été scellés du Sceau du Châtelet, être contre-scellés par la Chambre des Comptes.

CONTRE-SCELLER, v. a. appliquer le contre-scel. Adversum sigillo sigillum apponere.

Contre-scellé, ée. part. & adj. Sigillum habens sigillo ex adverso appositum.

CONTRE-SEING. s. m. Signature de celui qui contre-signe, au dessous de celle du Supérieur. Le Mandement d’un Evêque porte le seing du Prélat, & le contre-seing de son Secrétaire. Cette Patente porte seing & contre-seing. Ce qui se peut dire de tout ce qui est contre-signé.

☞ CONTRE-SEMPER, v. n. terme de manufacture en Soie, c’est transporter un dessein déjà lu sur un semple, dans un autre semple, sur lequel il n’y a rien, sans se servir du ministère de la liseuse. Encyc.

☞ CONTRE-SENS, s. m. sens qu’on donne à un mot, à un discours lorsqu’on le prend dans un sens contraire à celui qu’il a naturellement. Contrarius sensus. Quand le discours rend une autre pensée que celle qu’on a dans l’esprit, ou que l’Auteur qu’on interprête y avoit, c’est un contre-sens. Je vous ai bien expliqué ma pensée, & vous avez pris le contre-sens. Les traducteurs sont sujets à faire des contre-sens. Verba in contrarium sensum detorquere.

Contre-sens se dit aussi en parlant des étoffes & autres choses, pour marquer qu’elles ne sont pas du sens & du côté qu’elles doivent être. Mon tailleur a pris le contre-sens de l’étoffe.

☞ On l’emploie plus ordinairement adverbialement, & souvent dans un sens figuré. Cet homme a l’esprit mal fait, il prend tout à contre-sens & à rebours. Les contre-vérités sont des choses qui se doivent entendre à contre-sens, dans un sens contraire. Notre imperfection nous fait prendre, pour ainsi dire, le zèle des Supérieurs à contre-sens, & au lieu de l’approuver & de l’aimer comme un moyen de sanctification par rapport à nous, nous le condamnons, & nous nous en choquons. Bourdal. Exh. T. I, p. 228. Un fer frotté d’aimant attire un autre fer ; mais il perd cette propriété lorsqu’il est frotté à contre-sens. Roh.

CONTRE-SIGNER, v. a. signer un ordre, ou une patente d’un Supérieur en qualité de Secrétaire, pour rendre la chose plus authentique. Chirographum chirographo ex adverso apponere. Les brevets du Roi sont contre-signés au bas par un Secrétaire d’Etat. Les provisions d’une Chanoinie sont signées par le Collateur, & contresignées par son Secrétaire, aussi-bien que les provisions des charges que donnent les Princes. On étend souvent ce mot à toute autre seconde signature.

Contre-signer se dit aussi en parlant des lettres qui viennent des Bureaux des Ministres, & sur l’enveloppe desquelles on met leur nom & leur cachet.

Contre-signé, ée, part.

CONTRE-SOMMATION, s. f. action par laquelle une tierce personne appelée en garantie, en appelle une autre en Justice, qui est aussi obligée de la garantir de la même poursuite. Vadantis ad alterum vadem appellatio. Quand une terre a passé par plusieurs mains sans être décrétée, elle est sujette à plusieurs sommations, & contre-sommations.

CONTRE-SOMMER, v. a. dénoncer à son garant une demande en sommation, ou garantie, qui est faite par une nouvel acquéreur au dernier vendeur. Appellationem à vadato factam, alteri vadanti denunciare. Un garant contre-somme à son vendeur toutes les poursuites qu’on fait contre lui. Les poursuivans criées contresomment au saisi & aux créanciers les demandes des opposans, & somment de leur fournir des moyens pour les faire cesser.

Contre-sommé, ée, part.

CONTRE-SOMMIER. s. m. Les Parcheminiers nomment ainsi une peau de parchemin en colle, qu’ils mettent entre le sommier & le parchemin, lorsqu’ils le raturent avec le fer.

CONTR’ESPALIER. Voyez Contre-espalier.

CONTRESTAMBORD, ou plutôt CONTRE-ÉTAMBORD. s. m. terme de Marine, c’est une pièce courbe, triangulaire, qui lie l’etambord sur la quille.

CONTRESTRAVE, & mieux CONTRE-ÉTRAVE. s. f. terme de Marine, c’est une pièce de bois courbe, qui est posée au dessus de la quille & de l’etrave, pour les lier ensemble.

CONTRETABLE. Voyez Contre-retable.

☞ CONTRE-TAILLES & TRIPLES-TAILLES, termes de Graveurs en bois, c’est dans la gravure en bois, des tailles croisées par dessus d’autres tailles, ou la même chose que les Graveurs en cuivre appellent contre hachures, ou secondes & troisièmes tailles. Encyc.

CONTRE-TEMPS ou CONTRE-TEMS. s. m. temps mal pris pour dire, ou faire quelque chose. ☞ Evénement qui traverse le succès d’une affaire, & qui rompt les mesures qu’on avoit prises. Alienum tempus. Il se trouve dans les affaires des contre-temps, qu’on ne peut prévoit. L’esprit humain par un contre-temps perpétuel fait le bon Catholique quand il faut être bon sujet, & le bon sujet quand il faut être bon Catholique. S. Réal. Il est des contre-temps qu’il faut qu’un sage essuie. Racine. Il se dit plus souvent adverbialement. Prenez garde de parler à contre-temps. Une entreprise fait à contre-temps ne réussit jamais. Præpostere, alieno tempore.

Contre-temps. C’est ainsi que Molière a intitulé une de ses comédies, parce qu’il y introduit un jeune homme qui, par plusieurs contre-temps, & par des coups d’étourdi, rompt toutes les mesures qu’on avoit prises pour servir son amour.

Contre-temps, en termes de manège, est une mesure ou cadence interrompue en maniant, soit par la malice du cheval, soit par le peu de soin du cavalier qui le monte, lorsque le cheval continue des ruades, au lieu qu’il devroit lever le devant.

Contre-temps, chez les maîtres en fait d’armes, se dit lorsque les deux ennemis s’alongent en même temps : ce qui produit le coup fourré. Mutua petitio. Le contre-temps se dit aussi, quand l’ennemi prend un temps qu’on lui a présenté à dessein par quelque appel ou temps faux qui est hors la mesure afin de prendre le dessus ou le dessous, ou de quarrer suivant l’occasion.

Contre-temps, terme de danse, ☞ se dit d’un certain pas, lorsque le pié qu’on doit poser étant en l’air, on saute sur l’autre pié, avant que de le poser. Tollere pedem in altum, altero pede suspenso, cui videretur insistendum. Les contre-temps du menuet renferment trois manières différentes de sauter : l’une est sautée avant le pas ; la deuxième est sautée après le pas, & la troisième en faisant le pas.

La première manière est que lorsque vous avez fini votre pas de menuet (& comme vous le finissez du pié gauche) il faut porter le corps entièrement dessus, & approcher le droit auprès de la première position, puis plier dessus le gauche, & vous relever en sautant ; c’est ce qu’on appelle communément sauter à cloche-pié, & c’est sauter avant le pas.

La 2e est qu’ayant le corps sur le pié gauche, vous repliez une seconde dessus, & puis étant pliés, vous glissez le pié droit devant vous à la quatrième position, & vous vous relevez dessus en sautant, & c’est sauter après le pas.

La 3e, enfin, est que, comme vous avez le corps posé sur le pié droit, vous pliez dessus approchant le gauche tout auprès, puis en vous élevant, vous le passez devant doucement, & vous vous laissez tomber dessus en sautant, ainsi c’est sauter en faisant le pas.

Mais quand vous comprenez bien ces trois temps différens, vous les faites tout de suite, pour former votre contre-temps dans toute son étendue. Les Dames doivent adoucir les contre-temps. Les contre-temps ne conviennent qu’à de jeunes personnes, & à des personnes de moyenne taille.

Les contre-temps sont de ces pas sautés qui animent la dame par les différences manières de les faire.

Il y a le contre-temps de gavotte & le contre-temps en avant. Pour le faire du pié droit, il faut avoir le corps posé sur la gauche, étant posé à la quatrième position, le droit derrière le talon levé, puis plier sur la gauche & se relever en sautant dessus : mais du même temps, la jambe droite qui étoit prête à partir, passe devant en se portant à la quatrième position, & sur la pointe du pié, les deux jambes fort étendues ; ensuite sautant un autre pas du pié gauche en avant à la quatrième position, ce qui fait le contre-temps complet. Il se fait de la même manière en arrière. Il occupe le même temps que le temps de bourrée ordinaire.

Le contre-temps de côté se fait différemment du contre-temps en avant, sur-tout celui qui est croisé. La différence est qu’il faut plier sur un pié pour le contre-temps en avant, & pour celui-ci on doit plier sur les deux. Si vous voulez faire un contretemps en avant du côté gauche, il se fait du pié droit ayant les deux piés à la deuxième position, le corps droit dans son aplomb, & vous pliez, puis vous vous relevez en sautant. Mais comme le mouvement que l’on prend pour sauter est plus forcé que celui pour s’élever en demi-coupé, cela fait qu’en vous élevant, la jambe droite rejette le corps sur le pié gauche, & elle reste en l’air fort étendue à côté, & de suite vous faites un pas de cette même jambe en la croisant jusqu’à la cinquième position, en posant le corps dessus ; puis vous faites de suite un autre pas du pié gauche en le portant à côté à la deuxième position, ce qui finit ce pas. Plusieurs le font faire comme le contre-temps en avant. On fait aussi de ces mêmes contre-temps en tournant.

Contre-temps de chaconne, ou contre-temps ouvert. Il se fait le pié gauche devant, & le corps posé dessus la jambe droite, s’approche derrière, & vous pliez & vous vous relevez dessus en sautant sur le pié gauche, & la jambe droite qui est en l’air se porte à côté à la quatrième position, & le pié gauche se porte soit derrière ou devant à la cinquième position, ce qui en fait l’étendue.

Contre-temps à deux mouvemens, ou contre-temps balonné. Cette manière de contre-temps est des plus gracieuses & des plus gaies ; ce pas se fait en avant, en arrière & à côté, les uns comme les autres. Pour le faire en avant & du pié droit, ayant le gauche devant à la quatrième position, le corps posé dessus, il faut plier & vous relever en sautant sur le même pié, & la jambe droite qui est derrière, se passe devant dans le même temps que vous pliez, & se tient en l’air fort étendue pendant ce premier mouvement ; mais vous reprenez de suite un second mouvement en pliant sur le pié gauche, ce qui vous rejette sur le pié droit en formant un jeté. Ainsi ce pas est composé de deux mouvemens différens, savoir, plier & sauter sur un pié, & se rejeter sur l’autre. Ce pas a pris apparemment l’épithète de balonné, de Balon, fameux danseur. Rameau.

CONTRETENANT. s. m. champion qui entre en lice dans un tournois pour combattre celui qui est le tenant, qui avoit fait le premier défi. Oppugnator.

On le dit aussi dans la dispute. Dupleix s’est appelé le contretenant de Vaugelas, dans le livre qu’il a écrit contre ses remarques.

CONTRE-TERRASSE. s. f. terrasse élevée au-dessus d’une autre terrasse, pour quelque élévation de parterre, ou racommodement de terrain. Terrenus agger aggeri terreno impositus.

CONTRE-TIRER, v. a. copier un dessein, un tableau, en observant les mêmes traits & mesures. Exemplar aliquod pingendo imitari, ce qu’on fait par le moyen d’une toile fine, d’un papier huilé ou autres matières transparentes, en marquant les mêmes traits qu’on voit à travers. On le fait aussi avec des instrumens, comme avec le châssis, le singe, ou le parallélograme des géomètres.

On appelle aussi en Imprimerie contre-tirer, lorsque l’on tire une contr’épreuve sur une épreuve fraîchement tirée, & qu’on en imprime une autre. Imaginem ab excusa recens imagine exprimere.

Contre-tiré, ée. part.

CONTRETRANCHÉES. s. f. pl. terme de fortification. Ce sont des tranchées que l’on fait contre les assiégeans, lesquelles, par conséquent, ont leur parapet tourné du côté des assiégeans. Fossa munita vallo obsidentibus objecta. Elles sont d’ordinaire enfilées de plusieurs endroits de la place, afin d’empêcher les ennemis de s’en servir, en cas qu’ils s’en rendent les maîtres.

CONTRÉTRAVE. s. m. Pour l’explication, voyez Contretrave.

CONTRE-VAIR, terme de Blason, c’est le contraire de Vair. Il se dit des fourrures dont les peaux sont opposées les unes aux autres, & comme elles peuvent l’être en trois manières, contre-vair se dit aussi de trois façons. Si les bases sont opposées aux bases, ayant argent contre argent, & azur contre azur, on l’appelle simplement contre-vair ; mais si les bases sont opposées aux pointes, on dit contre-vair en pointe, & si les pointes étoient opposées aux pointes, on l’appelleroit contre-vair opposé en pointe.

CONTREVAIRÉ, ÉE. adj. terme de blason, qui se dit d’un écu chargé de contre-vairs. C’est l’opposé de vair, & il se dit quand le métal autre que l’argent est opposé à l’azur. Contrapetasatus. Contrevairé en pointes, & contrevairé opposé en pointes. Voyez Contrevair où cela est expliqué. La maison du Plessis-Auger porte contrevairé d’argent & d’azur.

CONTREVAL, vieux adv. en descendant, en bas. Deorsùm. C’est le contraire de contremont.

Ce mot est composé de contra, contre, & vallis, val, vallée. Ce qui va contre la vallée, va en descendant.

CONTREVALLATION. s. f. terme de l’art militaire. Contreligne ou fossé qu’on fait autour d’une place assiégée, pour empêcher les sorties de la garnison quand elle est forte. Fossa munita vallo, obsessæ urbi circumducta. Il est bordé d’un parapet du côté de la place, & flanqué de distance en distance.

CONTREVENANT, ANTE. adj. ordinairement employé substantivement. Les sentences qui contiennent les défenses, portent souvent permission d’emprisonner les contrevenans à ce qu’elles ordonnent. Violator, violatæ rei cujuspiam reus.

CONTREVENIR, v. n. faire quelque chose contre quelque loi, quelque coutume, ou quelque obligation qu’on a contractée. Legis statuta, pacta, fœdus violare, persringere. La procédure est nulle, quand on contrevient à la dernière Ordonnance. Les Infidèles contreviennent souvent aux traités qu’ils ont fait avec les Chrétiens. Le Roi fit punir sévèrement ceux qui contrevinrent à ses ordres. Choisi. Il contrevint aux ordres de l’Empereur. Ablanc.

CONTREVENT. s. m. grand volet qui s’ouvre & se ferme en dehors, & qui a toute la hauteur de la fenêtre. Exterius fenestræ ostium. On en met sur-tout aux maisons de campagne, tant pour garantir les vitres des vents & de la grêle, que pour les fermer & défendre les maisons des voleurs.

On appelle aussi contrevens, les pièces de bois qui servent à affermir les fermes contre la violence des vents ; quand les toits ont beaucoup de hauteur, on les met en croix de S. André.

CONTREVENTER, v. n. c’est mettre des pièces de bois obliques dans les charpentes des bâtimens, pour résister à la violence des vents.

☞ CONTRE-VERGE. s. f. instrument du métier des étoffes de soie. Baguette ronde, sans écorce, qui sert à apprêter les verges quand il y a du poil, à fixer les divers composteurs dont on se sert au métier, & à séparer le poil de la chaîne, pour donner la facilité d’habiller les fils & de remettre. Encyc.

CONTREVÉRITÉ. s. f. discours évidemment faux & opposé à la vérité, fait exprès pour faire comprendre tout le contraire de ce qu’on dit ; par exemple, en donnant des louanges à quelqu’un sur des bonnes qualités qu’il n’a pas, on fait entendre qu’il a les vices opposés. Dire d’un poltron que c’est un brave, d’une femme reconnue libertine, que c’est une Lucrèce, ce sont des contrevérités.

CONTRE-VISITE. s. f. seconde visite des lieux contentieux qu’une partie fait ordonner en justice, quand elle prétend que la première visite faite à la requête de sa partie adverse, est nulle ou vicieuse.

On appelle aussi contre-visites, de secondes visites de Police, ou de Commis, pour empêcher les fraudes qui pourroient avoir été faites dans les visites fixées & ordonnées par les réglemens.

CONTREUVE, s. f. vieux mot qui signifioit un conte inventé, une fable faite à plaisir. On a dit aussi controuvaille dans le même sens.

☞ CONTR’EXTENSION. Voyez Contre-extension.

CONTRIBUABLE, adj. m. & f. terme de finances, qui doit fournir sa part de quelque imposition ou dépense commune. Qui de suo tribuere quidpiam tenetur. Les nobles ne sont point contribuables pour les tailles. Le rôle contient le nombre des contribuables.

CONTRIBUER, v. n. fournir sa part d’une imposition ou dépense commune. Contribuere, conferre. Tous les habitans doivent contribuer aux charges de ville. Ces paroissiens contribuent à la construction du presbytère. Dans ce sens, c’est payer extraordinairement une somme pour quelque nécessité publique.

☞ CONTRIBUER, en termes de guerre, se dit en parlant des sommes que l’on paye aux ennemis pour se racheter du pillage & des exécutions militaires. Pecuniam imperatam conferre. Tout le pays a contribué. Le Général a fait contribuer tout le pays.

☞ On le dit par abus des voleurs de grand chemin qui font contribuer les passans. J’entrai dans une troupe d’hommes courageux qui faisoient contribuer les voyageurs.

Contribuer signifie encore aider, de quelque manière que ce soit, au progrès, au succès d’une entreprise, à l’exécution de quelque projet. Conferre. Un homme puissant contribue à la fortune, à l’avancement de son protégé. Le soldat contribue au gain d’une bataille. Contribuer de ses deniers, de ses soins, de son crédit, &c. Opes, vires, auctoritatem conferre ad aliquid.

Contribuer se dit encore d’un nombre de créanciers qui doivent porter une partie de la perte qu’il y a à souffrir dans une banqueroute. Aliquid cedere de jure suo, decedere. Quand il n’y a que des effets mobiliaires & insuffisans pour leur entier payement, ils sont obligés de contribuer, de perdre sur leur dette à proportion de leur dû ; ce qui s’appelle autrement, être payé au sou la livre, au marc la livre,

Contribué, ée. part.

CONTRIBUTION. s. f. payement que chacun fait de la part qu’il doit porter d’une impostion, ou d’une dépense commune. Pecuniæ collatio. Il y a des contributions forcées, comme celles des tailles & des impots. Il y a des contributions volontaires, comme celles des frais pour faire réussir une affaire de communauté.

On dit que les voleurs mettent les paisans à contribution ; pour dire, qu’ils leur font donner leur argent, qu’ils les dévalisent.

Contribution lustrale. Collation lustrale, impôt qui se levoit autrefois sur les marchands. Collatio lustralis. La troisième exemption que Constantin accorde aux clercs, est de la contribution lustrale, qui se levoit sur les marchands. Fleury. Cette contribution se remit ensuite sur les clercs, car Gratien les exempta de nouveau. Voyez Collation lustrale.

☞ On appelle particulièrement contributions, en terme de guerre, ce qu’on paye aux ennemis pour se garantir du pillage & se rédimer des exécutions militaires. Tributum, vectigal imperatum. Le Général a mis tout le pays à contribution, sous contribution. Payer, faire payer les contributions.

Contribution, en terme de Palais, se dit du partage des effets mobiliaires du débiteur, qui se fait entre plusieurs créanciers, quand ces effets ne sont pas suffisans pour les payer entièrement de leurs créances : auquel cas il faut qu’ils perdent à proportion sur les sommes qui leur sont dues. On a fait un procès verbal de contribution au sou la livre. La contribution n’a lieu en matière hypothécaire, que quand il y a concurrence de privilège.

Contribution aux dettes d’un défunt ; c’est la répartition qui se fait entre les héritiers de la masse des dettes, afin que chacun d’eux en supporte la portion qui est à sa charge, à proportion de la part qu’il a dans la succession.

Il se fait aussi une contribution sur la mer entre les assureurs & les marchands assûrés ou les maîtres de navire, quand il est arrivé quelque perte ou avarie, ce qu’ils appellent aussi rétribution.

CONTRISTER, v. act. donner du chagrin, de l’affliction. Contristare aliquem, mæstitiam alicui inferre. La nouvelle de la mort d’une personne aimée contriste beaucoup. Ce mot n’est pas d’un grand usage.

En terme de l’écriture-sainte, contrister le Saint-Esprit, c’est retomber dans le péché, après avoir reçu les graces, les dons du Saint-Esprit.

Contristé, eé. part.

CONTRIT, ITE. adj. Ce mot se dit proprement en terme de dévotion & signifie proprement celui qui a un grand regret de ses péchés par un pur amour de Dieu, avec le vœu de remplir tout ce qui est nécessaire pour recevoir dignement le Sacrement de Pénitence. De peccatis admissis vehementer dolens, cum proposito confitendi & satisfaciendi, dit S. Thomas. Dieu ne dédaignera pas un cœur contrit & humilié, dit le Psalmiste. S’affliger d’un péché, & en gémir, ce n’est pas le hair, comme le hait Dieu, qui n’en est ni affligé ni contrit. Boss.

Tu ne te plais, Seigneur, à d’autres sacrifices,
Qu’à ceux d’un cœur contrit.

Contrit, ite, se dit aussi par une espèce de plaisanterie ; pour dire, triste, affligé, mortifié. Il étoit bien contrit de cette affaire.

CONTRITION. s. f. terme de Théologie, c’est la véritable douleur que sent un pénitent dans le regret qu’il a d’avoir offensé Dieu, causé par un pur amour de Dieu, & par la seule considération de sa bonté, sans faire réflexion sur la crainte des supplices que le péché mérite. Summus animi dolor ob peccata adversùs Deum infinitè amabilem commissa, contritio. Les Docteurs tiennent que la contrition suffit pour obtenir de Dieu miséricorde, dans les occasions où l’on ne peut pas faire une confession sacramentale, & qu’en cela elle diffère de l’attrition. Il faut faite souvent des actes de contrition.

☞ Ce terme métaphorique vient du verbe conterere, briser, broyer.

☞ L’usage l’a consacré, pour marquer l’état d’une ame que le repentir déchire. Cette douleur en effet brise, pour ainsi dire, les cœurs, & amollit la dureté. Elle doit être intérieure, surnaturelle, souveraine & universelle. Il y en a de deux sortes, l’une parfaite, qu’on nomme simplement contrition, l’autre imparfaite, que les Théologiens nomment attrition. La première est une douleur & une détestation du péché, causée par le mouvement d’une charité parfaite. La seconde est une douleur & une détestation du péché, causée ordinairement par la considération de la difformité ou laideur du péché, ou par la crainte du châtiment, & qui a pour principe le Saint-Esprit qui n’habite pas encore dans un cœur, mais qui l’excite & le porte au bien, (& par conséquent un amour de Dieu encore foible.)

☞ La contrition parfaite réconcilie l’homme avec Dieu, avant même qu’il ait reçu le sacrement de Pénitence, en vertu du desir de recevoir ce sacrement.

☞ Si la douleur que cause l’attrition est accompagnée d’une volonté sincère de ne plus pécher & de l’espérance du pardon ; bien loin de rendre l’homme hypocrite & plus grand pécheur, elle le dispose à obtenir la grace de Dieu dans le sacrement de Pénitence.

CONTROLE. s. m. c’est un registre double qu’on tient des expéditions, des actes de finance & de justice, pour en assûrer davantage la conservation & la vérité. Un registre qu’on tient pour la vérification d’un rôle, d’un autre registre. Commentarius, acta. Tenir, faire le contrôle. Toutes les quittances de finance s’enregistrent au Contrôle général. Il se fait un contrôle du payement des rentes de la Ville. L’Edit du contrôle des Bénéfices de l’année 1636, contient des réglemens très-utiles ; mais il a été révoqué pour la plus grande partie en l’année 1646. Le contrôle des exploits empêche bien des antidates, des friponneries de Sergens. On a des Commis aux portes, aux bureaux, qui tiennent le contrôle des entrées.

Contrôle des ouvrages d’or & d’argent, marque ou poinçon que les Orfèvres & autres sont obligés de faire appliquer sur tous les ouvrages d’or & d’argent, avant que de les mettre en vente. Voyez Marque, Poinçon.

Contrôle est aussi le droit qu’on paye pour ce contrôle. Le contrôle des exploits rapporte tant. Il a acheté le contrôle d’une telle partie de rente sur la Ville.

Contrôle se dit aussi de quelques droits & impositions. On paye un droit de contrôle, quand on taxe des dépens. Des contrôles pour des marques de marchandises.

Contrôle signifie aussi l’office de celui qui tient le contrôle. Le contrôle de l’Hôtel de Ville, le contrôle des Finances, des Domaines & Bois, &c. Quand on dit simplement contrôle général, on entend le contrôle général des Finances.

CONTROLER, v. a. tenir un contrôle, enregistrer des actes de finance ou de justice. In commentaria, in acta referre. On ne délivre point de lettres de Chancellerie, ni d’exploits, qu’ils ne soient contrôlés. On contrôle toutes les quittances de finance pour leur validité.

Contrôler signifie aussi faire mettre sur les nouveaux ouvrages d’or & d’argent, la marque ou poinçon qui fait foi qu’ils ont payé les droits du Roi.

Contrôler signifie aussi reprendre les paroles ou les actions d’autrui, les critiquer, y trouver à redire. Arguere, vellicare, increpare, censoriâ virgulâ notare. Il y a des gens incommodes qui contrôlent toutes les actions des autres, qui ne trouvent rien de bien fait à leur fantaisie. Sous prétexte qu’il n’est pas permis de contrôler les ordres de la Providence, ni de sonder les profondeurs de sa sagesse, il ne faut pas lui attribuer une conduite injuste & bizarre. S. Evr. Contrôler les actions des Dieux. Ar. Taisez-vous, ignorante, ce n’est pas à vous à contrôler les gens. Mol.

Car il contrôle tout ce Critique zélé ;
Et tout ce qu’il contrôle est fort bien contrôlé. Mol.

CONTROLÉ, ÉE. part. Acte, contrôle, conduite contrôlée.

CONTRÔLEUR, s. m. Officier établi pour contrôler, pour tenir le contrôle, & certifier que les choses ont été contrôlées. Le Contrôleur Général des Finances. Le Contrôleur du marc d’or. Les Contrôleurs de la Chancellerie. Il y a aussi des Commis Contrôleurs d’Exploits, Contrôleurs aux portes, aux bureaux.

☞ Le Contrôleur Général des finances est celui qui a la direction & administration de toutes les finances du royaume tant ordinaires qu’extraordinaires. C’est lui qui contrôle & enregistre tous les actes qui ont rapport aux finances du Roi.

Contrôleur se dit aussi chez le Roi, les Princes & les Grands Seigneurs, des Officiers établis pour régler ou certifier les dépenses de leur maison. Alienæ fidei in gerendo munere inspector. Les Contrôleurs généraux de la Maison du Roi. Les Contrôleurs & les Maîtres d’Hôtel des Seigneurs s’entendent souvent ensemble.

Contrôleurs des actes, sont des Commis préposés pour l’enregistrement & le contrôle des actes de Notaires & Tabellions royaux.

Contrôleur général des restes, est un Officier de la Chambre des Comptes de Paris, créé pour faire le recouvrement des restes & débets des comptes rendus à la Chambre.

Contrôleur de la Marine, est un Officier qui contrôle & observe les marchés qui se font dans un arsenal de Marine, tant pour les marchandises & provisions, que pour le salaire & le travail des ouvriers, & qui assiste aux montres & revûes des équipages avec le Commissaire ordinaire. Rei maritimæ inspector.

Contrôleur des rentes. La première fonction qui est attribuée à ces Officiers par leur édit de création, c’est d’être présens lorsque les payeurs des rentes font leur payement, pour en tenir le contrôle.

Contrôleur, euse, se dit aussi figurément dans le style familier des curieux & critiques, qui observent les actions d’autrui pour les blâmer & les reprendre. Censor importunus. On a beau faire bien on ne manque jamais de contrôleurs, ou de contrôleuses qui blâment la conduite des gens. Du Cange dit qu’en la basse latinité on appeloit un contrôleur, curiosus.

CONTROVAILLE, s. f. vieux mot, fable, imagination.

CONTROVERSE, s. f. terme dogmatique, dispute sur une chose qui n’est pas certaine, où il s’agit d’opinions qui peuvent être soûtenues de part & d’autres. Controversia. Les Astronomes ne sont plus en controverse sur le mouvement de la terre ; il est hors de controverse. Sénèque a fait deux livres de controverses.

Controverse se dit maintenant en un sens plus étroit, des disputes sur les matières de Religion ☞ qui ne sont pas absolument décidées par l’Eglise, ou sur les points de foi, entre les Catholiques & les Hérétiques. Etudier la controverse, c’est-à-dire les matières controversées ; prêcher la controverse, se dit d’un Prédicateur qui discute, éclaircit en chaire les points contestés entre les Catholiques et les Protestans. De re ad christianam fidem pertinente controversia. On ne doit point craindre de troubler la paix du Christianisme par des controverses, quand il s’agit d’établir les vérités de la Religion. Rien n’est plus capable de ramener dans la bonne voie ceux qui s’en sont malheureusement égarés, que de savantes controverses. Les hérétiques n’ont rien tant en horreur que les controverses, parce que rien ne fait mieux voir la fausseté de leurs opinions, & ne détrompe plus efficacement ceux qui sont dans l’erreur.

CONTROVERSÉ, ÉE, disputé, débattu de part & d’autre. Controversus. En vain les Calvinistes prétendent-ils faire du Purgatoire un point controversé, depuis que l’Eglise a reconnu cette doctrine établie dans les Livres saints.

CONTROVERSISTE, s. m. qui écrit, ou qui prêche la controverse. Controversiarum de rebus ad fidem pertinentibus scriptor. Les Cardinaux Bellarmin & du Perron ont été de grands Controversistes. Tout le monde se mêle d’être Controversiste. Les Hérétiques ne sont plus excusables de leurs égaremens depuis que tant d’habiles Controversistes leur ont fait connoître la vérité. Le zèle des Controversistes passe dans l’esprit des Hérétiques pour des emportemens d’une ame ambitieuse, qui allume la discorde, & la dissension, pour se rendre considérable sous prétexte de défendre la vérité. L’ardeur des Controversistes est un effet d’un amour véhément pour les intérêts de la vérité. Les Controversistes doivent moins ambitionner de triompher de leur adversaire, que de l’erreur. Combien le zèle des habiles Controversistes a-t’il fait rentrer dans le sein de l’Eglise de bonnes âmes que se seul malheur de leur naissance tenoit engagées dans l’erreur ! Tant de saintes ames, réunies de bonne foi au troupeau de J. C. sont redevables de leur conversion a la ferveur des habiles Controversistes.

CONTROUVER, v. a. inventer une fausseté, une imposture. Fingere, confingere, comminisci. Cet Avocat n’a plaidé que des faits controuvés. Voilà des choses controuvées pour l’endurcir. Il faut que ce soit un démon, pour avoir controuvé une si noire calomnie. Il y a quelques gens qui croient que controuver est trop vieux pour s’en servir, mais il est certain qu’il peut être d’usage, pourvu qu’on ne l’emploie pas souvent, & que controuver des mensonges est fort bien dit. Vaug.

☞ Ce mot a vieilli encore depuis Vaugelas, & il est certain qu’on s’en sert peu aujourd’hui.

Controuvé, ée. part. Fictus, commentitius.

☞ CONTUMACE, s. f. terme de procédure criminelle, refus de comparoître, de se présenter au tribunal du Juge par-devant lequel on est appelé pour crime, C’est ce qu’on appelle défaut dans le civil. Vadimonii defectio, detractatio. Être condamné par contumace. Faire juger, purger la contumace. Les défauts & contumaces sont mis au néant, quand on se vient purger dans les cinq ans. Si le condamné par contumace meurt dans les cinq ans, les parents sont reçus à purger sa mémoire. La contumace n’est pas toujours une présomption que l’accusé soit coupable. On condamne l’accusé par contumace, non parce que le crime est prouvé, mais parce que l’accusé est absent. Le Mait. S. Athanase aima mieux se laisser condamner par contumace que de se présenter ; la raison est qu’un accusé a plutôt devant les yeux ce que les Juges peuvent, que ce qu’ils doivent. Id. Par les lois Romaines on ne faisoit point le procès par contumace dans la première année de l’absence. On annotoit seulement les biens du fugitif, & s’il mouroit dans l’année, il mouroit integri status : mais après l’an expiré, il étoit réputé coupable.

Ce mot vient du latin contumax, désobéissant.

Contumace. adj. La même chose que contumax. Il a été déclaré contumace ou contumax.

☞ CONTUMACER, v. a. terme de pratique, instruire la contumace, en poursuivre l’instruction, donner les assignations, faire les publication, & procédures nécessaires contre celui qui ne comparoît pas. Vadimonii deserti reum pronunciare, judicare, aliquem ob desertum vadimonium sontem pronunciare. Il n’a point comparu pour être interrogé sur faits & articles, quoiqu’il ait été assigné par trois fois, & dûment contumacé. Il s’est laissé trompeter & contumacer sans avoir osé paroître.

CONTUMACÉ, ÉE. part. jugé par contumace, condamné par contumace. Deserto vadimonio damnatus. Ayant été long temps poursuivi & contumacé. Fleury.

☞ CONTUMAX, terme de pratique, synonime de contumace. On appelle ainsi celui qui refuse de comparoître en Justice sur les assignations qui lui sont données. Vadimonii desertor. Il ne se dit qu’en matière criminelle. Il a été déclaré contumax, & comme tel déclaré atteint & convaincu, &c.

Dans le Droit Romain, contumax, est celui qui ayant eu trois sommations pour comparoître, ou une seule qu’on appelle peremptoire, & qui est équivalente aux trois autres, refuse de comparoître. Contumax. Voyez Contumace.

Contumax se dit aussi en Théologie morale ou en Droit canon, de celui qui ne fait point de cas des Ordonnances de l’Eglise, qui les méprise. Pour être frappé de censure, il faut être véritablement contumax, & pour être véritablement contumax, il est nécessaire qu’il ait précédé au moins une monition avec menace de censure, faite de la part d’un Juge Ecclésiastique, Contumax est indéclinable, comme beaucoup d’autres pris des langues étrangères. Il est purement latin, & signifie opiniâtre, réfractaire, désobéissant.

CONTUMÉLIE. s. f. vieux mot, qui signifioit autrefois une vilaine injure, un honteux reproche. Contumelia.

CONTUMÉLIEUSEMENT. adv. injurieusement, outrageusement. Il est vieux. Acad. Fr. 1718.

CONTUMÉLIEUX, EUSE. adj. qui dit de vilaines injures, qui fait de honteux affronts. Contumeliosus. Il ne faut rien dire à cet homme-là ; car il est fort contumélieux. Ce mot est hors d’usage.

CONTUNDANT, terme de Chirurgie. Voyez Contondant.

☞ CONTUS, USE. adj. meurtri, froissé. Contusus.

CONTUSION. s. f. terme de Chirurgie, meurtrissure dans la chair ou dans les os, occasionnée par une chute, un coup ou une compression violente ; en sorte que la chair est endommagée, sans cependant aucune rupture extérieure, & qui est suivie d’une effusion de sang de plusieurs petits vaisseaux rompus. Contusio. Contusion interne, forte ou légère, simple ou compliquée. Plaie avec contusion.

CONVAINCRE, v. a. Je convaincs, j’ai convaincu, je convainquis, je convaincrai. que je convainque, que je convainquisse, je convaincrois. ☞ forcer quelqu’un par le raisonnement, par des raisons évidentes & démonstratives de se rendre à une vérité qu’il ne comprenoit pas, ou de convenir d’un fait qu’il nioit. Convincere. Il n’y a point d’opiniâtre qui ne se laisse convaincre par les démonstrations de la Géométrie. Il a été convaincu de cette vérité par le témoignage de ses yeux. Nous passons la vie à croire, & à ne croire point ; à vouloir nous persuader, sans pouvoir nous convaincre. S. Evr. Rien ne fait mieux voir la foiblesse de la nature humaine, qu’on soit convaincu de la raison, & qu’on ne la suit pas. B. Rab.

Convaincre signifie aussi prouver un crime ou un fait qu’on désavoue ; montrer par preuves authentiques qu’un accusé est coupable. Convincere aliquem crimine. Ce criminel est atteint & convaincu d’assassinat. J’avois une si grande confiance en vous, que vous auriez pu me trahir, sans crainte d’être convaincu. Vill.

C’est à des cœurs formés pour de faibles vertus,
A se croire innocens, s’ils ne sont convaincus. Breb.

CONVAINCU, UE, part. ☞ Le style de cette formule que les Juges emploient dans les Sentences criminelles, dûment atteint & convaincu, paroît assez bizarre. C’est plutôt le Juge, dit-on, qui est convaincu du crime, que l’accusé, lequel dénie ordinairement le crime. Quand il en seroit intérieurement convaincu, on ne peut pas l’accuser, puisqu’il ne le manifeste pas extérieurement. Il arrive même quelque fois que des innocens sont condamnés comme coupables, soit sur de fausses dépositions, soit sur des indices trompeurs. Il est bien certain dans ce cas que l’accusé n’est point intérieurement convaincu du crime. Il semble donc que la forme de déclarer un accusé atteint & convaincu, ne conviendroit que dans le cas où il avoue le crime, & que quand il le nie, on devroit seulement le réputer coupable. Cependant on ne fait aucune distinction à cet égard, & l’usage a prévalu.

☞ CONVAINQUANT, ou plutôt CONVAINCANT, ANTE, comme on écrit aujourd’hui. adj. qui a la force de convaincre. Raison convaincante. Argument convaincant. Ratio probatissima, certissima, argumentum firmissimum. La déposition de deux témoins non reprochés, passe pour une preuve convaincante. Les preuves de la Religion sont si convaincantes, qu’à moins d’un aveuglement volontaire, on est obligé d’y souscrire.

☞ CONVALESCENCE, s. f. état d’une personne qui relève de maladie & recouvre insensiblement la santé, reprend des forces. Ab adversà valetudine recreatio. La convalescence est un état où il se faut bien ménager. Le moindre excès peut causer des rechûtes dangereuses. Prendre part à la convalescence de quelqu’un.

CONVALESCENT, ENTE. adj. & s. qui relève de maladie & recouvre insensiblement la santé. Ex morbo convalescens. Les convalescens ont bon appétit, mais ils doivent manger sobrement.

☞ CONVENABLE. adj. m. & f. décent, proportionné, conforme. Ce mot exprime particulièrement la conformité des actions avec les opinions reçues, l’usage & la coutume, deux espèces de loix indépendantes de la raison, dans ce qui concerne l’intérieur de la conduite. Conveniens, congruens. Il n’est pas convenable à un homme sage de faire telle chose. Cette charge, cette commission ne vous est pas convenable, n’est pas convenable à votre rang, à votre dignité. Un grand service demande une récompense convenable, aussi-bien à la personne qu’à l’action. Il faut que le discours de l’Orateur soit convenable à celui qui parle, à celui qui écoute, & aux circonstances du lieu & du temps. S. Evr.

CONVENABLEMENT. adv. d’une manière convenable. Convenienter, congruenter. On a traité cet Ambassadeur convenablement à sa qualité.

☞ CONVENANCE. s. f. terme relatif aux choses, & qui paroît exprimer le plus ou moins de conformité, les différens rapports qu’elles ont entr’elles. Convenientia. Mais comme ces rapports se multiplient à l’infini, il est bien difficile de donner de ce terme, une notion générale qui soit bien exacte, & applicable à tous les cas.

☞ Il est quelquefois synonime à conformité. Pour bien parler des choses il faut sçavoir les convenances & les différences. Le blanc & le noir n’ont aucune convenance ensemble. Quelle convenance y eut-il, entre l’offrande & celui qui la recevoit ? Godeau.

Convenance exprime souvent des rapports plus éloignés, d’âge, d’état, de fortune, de tempérament, de caractère & d’humeurs, &c. ; comme quand on dit qu’il y a convenance entre deux partis qui se marient. Garder les convenances dans ce cas, c’est consulter ces différens rapports.

Convenance est quelquefois synonime à bienséance, commodité. C’est ainsi qu’on dit qu’un tel a fait une acquisition, un échange de telle terre par raison de convenance. Souvent aussi il exprime les égards qu’on a pour les opinions reçues ; il n’y auroit pas de convenance à en user de la sorte.