Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/861-870

Fascicules du tome 2
pages 851 à 860

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 861 à 870

pages 871 à 880


fait avec le subrogé tuteur, qui est le légitime Contradicteur. Un Arrêt rendu contre le Fermier, n’opère rien contre le Maître, parce qu’il n’est pas un légitime Contradicteur.

☞ On dit, en termes de Palais, qu’un acte est fait sans Contradicteur, quand il est par défaut, ou que les parties intéressées n’y ont pas été appelées.

☞ CONTRADICTION, s. f. opposition. Contradictio. En termes de Philosophie, contradiction, signifie incompatibilité, opposition de deux idées qui ne peuvent pas subsister ensemble, qui affirment & nient la même chose en même temps. Être & ne pas être implique contradiction. Repugnantia. Si le monde s’étoit fait lui-même, il eut été avant que d’être : ce qui renferme une contradiction. Abad.

☞ Il y a contradiction entre deux propositions, quand elles sont tellement opposées l’une à l’autre, qu’il est impossible qu’elles soient vraies toutes deux en même temps ; quand l’une affirme précisément ce que l’autre nie. Voyez Contradiction, Proposition.

Contradiction, en morale. Ce mot pris dans un sens plus étendu, comme on le prend dans l’usage ordinaire, annonce simplement une opposition aux sentimens & aux discours de quelqu’un ; tout jugement opposé à un autre jugement déja porté, pugnantes jententiæ, discrepentia, diversitas optnionum. On appelle esprit de contradiction, un homme qui, pour l’ordinaire, n’est pas de l’avis des autres. Quit, ut plurimum, ab aliis, ou aliorum opinioni dissentit. Ceux qui ont un esprit de contradiction considèrent peu les raisons qui les pourroient persuader, & ne songent qu’à celles qu’ils pourroient opposer ; ils sont toujours en garde contre la vérité, & ils ne pensent qu’aux moyens de la repousser & de l’obscurcir. Port-R. Ce qui rend les Grands si impatiens à la moindre contradiction de leurs inférieurs, c’est qu’ils ne peuvent souffrir que ces gens qu’ils regardent avec mépris, prétendent avoir autant de jugement & de raison qu’eux. Id. La délicatesse de l’esprit humain va jusqu’à ne pouvoir souffrir de contradiction. De Vill.

☞ Dans une signification plus étendue encore, il se dit à peu près dans le même sens de toute objection, de tout obstacle que l’on oppose à quelqu’un. Ce n’est pas à nous d’examiner pourquoi Dieu a exposé les mystères de la Religion aux contradictions de la raison. C’est le sort des bons Livres, de trouver des contradictions. S. Evr. Il ne faut point mettre trop directement la raison & la foi en contradiction. Claud.

CONTRADICTOIRE, adj. ☞ terme du style didactique, d’usage en philosophie & en jurisprudence, signifie en général, qui contredit. Contradicens, contradictorius. Il est impossible que deux propositions contradictoires soient toutes deux vraies. Les propositions contradictoires en général sont celles dont l’une affirme & l’autre nie la même chose du même sujet, considéré sous le même rapport ou la même qualité. Car en général les propositions contradictoires ne sont pas celles qui sont opposées en quantité & en qualité, puisque les propositions contradictoires non universelles, mais particulières, comme, l’Empereur est mort, l’Empereur n’est pas mort, ne sont pas comprises dans cette définition, n’ayant point de quantité.

Pour que deux propositions soient véritablement contradictoires, il faut qu’elles soient opposées en quantité & en qualité ; c’est-à-dire, que l’une soit universelle & l’autre particulière, c’est l’opposition de quantité ; & que l’une soit affirmative & l’autre négative ; c’est l’opposition de qualité, comme celles-ci : Tout usage du vin & de l’argent est mauvais, elle est fausse. Quelque usage du vin & de l’argent n’est pas mauvais, elle est vraie. Il faut de plus que l’une affirme, & que l’autre nie la même chose, du même sujet considéré dans les mêmes circonstances, s’il ne s’agit pas d’un attribut essentiel ; car on n’a point d’égard aux circonstances dans les attributs essentiels, puisque chaque chose a toujours son essence: c’est ce que les Logiciens expriment en ces termes, affirmare & negare idem de eodem, secundum idem. On peut faire aussi des propositions contradictoires sur un sujet particulier, comme un individu : on les appelle propositions singulières contradictoires, comme Pierre est juste, Pierre n’est pas juste. Pour que ces deux propositions soient contradictoires, il faut considérer Pierre dans le même temps, sans quoi elles pourroient être toutes deux vraies, puisqu’il y a eu un temps où Pierre a été juste, & un autre où il a été pecheur.

☞ On appelle aussi termes contradictoires, des termes directement opposés l’un à l’autre. Oui & non, tout & rien sont des termes contradictoires.

Au Palais, il se dit des jugemens rendus parties ouies à l’Audience, ou sur le vu de leurs productions, ☞ de tout ce qui est fait en présence des parties intéressées. Un inventaire, un procès verbal de visite, sont contradictoires, lorsque toutes les parties y sont présentes, ou que du moins quelqu’un y stipule pour elles. Un jugement par défaut est opposé au jugement contradictoire. On ne peut revenir contre les jugemens contradictoires par opposition: il n’y a que la voie d’appel, en première instance ; ou de la Requête-Civile, en Cour Souveraine ; ou de la cassation, au Conseil privé.

CONTRADICTOIREMENT, adv. d’une manière contradictoire. Contrario ac pugnante sensu. Tout ce qui semble contraire, n’est pas pour cela contradictoirement opposé.

On dit aussi au Palais, un Arrêt rendu contradictoirement, qui a été rendu ☞ après que toutes les parties ont été ouïes, ou après qu’elles ont produit. On le dit par opposition aux jugemens rendus par défaut. Latum, dictâ utrinque causâ, judicium.

CONTRAIGNABLE, adj. m. & f. ☞ terme de Palais. Qui peut être forcé par quelque voie de droit à faire quelque chose. Qui adhibita vi cogi potest. Les femmes en puissance de mari, les septuagénaires, les Prêtres & Diacres, ne sont point contraignables par corps. ☞ Il faut en excepter les marchandes publiques, pour leur négoce ou pour stellionnat procédant de leur fait. Hors delà ce mot n’est point en usage.

☞ CONTRAINDRE. v. a. Je contrains, je contraignis, j’ai contraint, je contraindrai, que je contraigne, que je contraignisse, contraignant. Obliger, forcer, violenter. C’est ainsi qu’on nous présente ces quatre mots, comme pouvant figurer l’un pour l’autre, quoiqu’ils ne se ressemblent que par une idée générale & commune, & qu’ils aient les uns & les autres une idées accessoire & particulière qui les distingue & les caractérise. Ils expriment tous, une action qui donne plus ou moins atteinte à la liberté. Celui de contrainte, dit M. l’Abbé Girard, semble mieux convenir pour marquer une atteinte donnée à la liberté dans le temps de la délibération, par des oppositions génantes, qui font qu’on se détermine contre sa propre inclination, qu’on suivroit si les moyens n’en étoient pas ôtés. Cogere. Voyez les autres mots. Le sexe le plus foible & le plus docile est celui qui aime le moins à être contraint. Dieu n’a pas voulu contraindre notre liberté. C’est toujours un mal de contraindre au mal, & toujours un bien de contraindre au bien. L’erreur n’a pas droit de contraindre ; c’est un privlège réservé à la vérité. Jur. On le contraignit de, ou à faire telle chose. La nécessité contraint la loi, contraint de passer par dessus la loi. Ce mot vient du latin constringere.

Contraindre se dit aussi en termes de Palais ; pour dire, forcer par Justice, par quelque voie de droit à faire quelque chose. Si vous ne me payez pas, je vous ferai contraindre. Il sera contraint par toutes voies dûes & raisonnables, par saisie & exécution de ses biens, par corps.

Contraindre signifie quelquefois simplement obliger quelqu’un à quelque sorte de retenue, qui l’empêche de faire ce qu’il voudroit, ce qui seroit de son goût. Vous voulez aller en tel endroit, je ne prétens pas vous contraindre.

☞ On le dit, à peu près, dans le même sens, pour presser, gêner, incommoder. La religions nous contraint, & ne nous assujettit pas assez. S. Evr. L’ambition contraint quelquefois l’amour, & ne l’étouffe guère. Corn. Il n’est pas juste que la femme soit contrainte sous le joug d’une exacte fidélité, tandis que l’époux prodigue ailleurs son amour conjugal. S. Ev. Un bienfait est une chaîne délicate qui lie notre cœur, & contraint ce beau feu & ces heureuses hardiesses, sans quoi l’orateur est froid & languissant. Id. En Poësie la rime contraint souvent la raison.

Contraindre, dans un sens figuré, synonime de serrer, mettre à l’étroit. Cette chaussure lui contraint les piés. Stringere, promere. Cet habit le contraint si fort, qu’il n’a pas ses mouvemens libres. Il vouloit agrandir son jardin, sa maison ; mais il est contraint par la montagne, par le grand chemin. Angustari.

Contraindre, (Se) se gêner, se retenir, se faire violence, réprimer certains mouvemens. Continere se, reprimere se, coercere. Tout libre qu’il est, il sait se contraindre quand il en est besoin. Il faut se contraindre devant ses Supérieurs. La peine de se contraindre ne doit point paroître fâcheuse, quand il s’agit d’éviter un mal qui arriveroit pour s’être donné trop de liberté.

Contraint, ainte. part. Voyez le verbe. C’est proprement celui dont la liberté est combattue par des oppositions gênantes, qui font qu’il se détermine contre sa propre inclination, qu’il suivroit, si les moyens n’en étoient pas ôtés. C’est pour cela que nous n’aimons par à être contraints.

Contraint, ainte, adj. signifie gêné : dans ce sens il est opposé à naturel. Air contraint. Posture contrainte. Il a l’air contraint dans tout ce qu’il fait. Tot corporis habitu minus facili, parim ad naturam accommodato. Un geste contraint est un grand défaut dans un Orateur. Gestus minime nativus. Le soin qu’on prend de plaire donne un air contraint, & je ne sai quoi d’étudié qui rend encore plus désagréable. Ch. de Mer. L’air grave & contraint des Espagnols fait qu’il n’entre aucune familiarité dans leur commerce. S. Evr. Quand on a l’esprit libre, tout ce qui est contraint, tout ce qui est cérémonie est ennuyeux. M. Sc. On ne perd que dans le commerce du monde cette contenance embarrassée, & ce tour contraint qu’on prend dans le cabinet & la solitude. S. Evr. ☞ On le dit figurément du style, du discours, des ouvrages d’esprit. Vers contraints, style, discours, contraints. Tout ce qui est contraint déplaît, parce que tout ce qui est contraint n’est pas naturel, & il n’y a que le naturel qui ait droit de nous plaire. Voyez Naturel.

Contraint se dit aussi pour serré, mis à l’étroit. Il est contraint dans ses habits, dans ses bottes. La rivière est contrainte par ces deux pointes. Coarctatus, in augustim conclusus.

☞ En musique, on appelle basse contrainte, celle à laquelle le compositeur assujétit les autres parties, & qui se répète ordinairement de quatre mesures en quatre mesures. Voyez Basse.

Contrainte, s. f. atteinte portée à la liberté dans le temps de la délibération, par des oppositions gênantes, qui font qu’on se détermine contre sa propre inclination. Vis. Le cœur s’oppose, & se soulève naturellement contre la contrainte. S. Evr. Il faut accoutumer les enfans au respect par raison, & non par force. Il y a je ne sai quoi de servile dans la contrainte & dans la rigueur. Mont. La force & la contrainte ne servent qu’à endurcir la conscience, & à déraciner la piété du cœur des hommes. Claud. Nous avons tant d’amour pour la liberté, que ce qui nous est aisé, quand nous le faisons sans contrainte, nous devient insupportable si nous y sommes forcés. Ch. de Mer. La confiance qu’il prenoit en moi, me faisoit prendre des résolutions plus austères qu’aucune contrainte n’auroit pû faire. P. de Cl. C’est une nullité à un contrat, d’avoir été fait par contrainte.

Contrainte, terme Dogmatique, violence qui est faite à la liberté par un principe extérieur, ou qui est hors de nous. Coactio. Pour être véritablement libre, il ne suffit pas d’être exempt de contrainte, il faut aussi l’être de nécessité. La volonté ne souffre jamais de contrainte dans ses propres actions, car elle veut toujours ce qu’elle veut. Voyez Liberté.

Contrainte se dit aussi de la retenue que la considération & le respect nous obligent d’avoir. A la table des grands, on est dans une grande contrainte, dans une grande retenue. L’épanchement de cœur que permet l’amitié est d’autant plus sensible, qu’il adoucit la contrainte du monde, où l’on est toujours en spectacle. Sous prétexte d’observer les bienséances, il ne faut pas vivre d’une manière gênante, ni se tenir dans une contrainte mélancolique. Bell. Tout ce qui a l’air de contrainte, est extrêmement opposé à la liberté naturelle des François. Id. La vertu est naturellement austère, par la contrainte qu’elle impose au cœur, en réprimant ses désirs. P. Rap.

L’amour fuit la contrainte
De tous ces noms que suit le respect & la crainte.

Rac.

☞ Ce mot convient encore quand il est question d’exprimer la gêne où l’on est quand on est trop serré dans ses habits. Votre habit, vos souliers vous sont trop étroits, vous devez être dans une grande contrainte, comment pouvez-vous souffrir cette contrainte ? Acad. Fr.

On le dit aussi en parlant du style, du langage. On se dégoûte bientôt d’une certaine contrainte de langage, que l’on tâche de faire ressembler au naturel, tout étudié qu’il est. Val. Un Auteur doit prendre garde à ne pas étouffer son propre génie sous la contrainte de l’imitation. Il lui échappe quelquefois (à M. la Duchesse du Maine) des productions d’un goût savant & délicat, où se font sentir à la fois la finesse & la nouveauté des pensées, le charme de l’expression, & sur tout cet air aisé, libre des contraintes de l’art. Rare présent de la nature, que ne supplée point le plus profond savoir. Mariotte.

Contrainte, en termes de Pratique, exprime toutes les voies que l’on peut employer pour forcer quelqu’un à faire une chose à laquelle il est obligé ou condamné. Il signifie aussi le titre même qui donne le droit d’user de contrainte, jugement, ordonnance. Acte en vertu duquel on peut forcer quelque chose. Potestas cogendi alicujus ad faciendum aliquid per sententiam judicis data. On a mis la contrainte entre les mains des Sergens. On a délivré des contraintes pour le payement de ces taxes. Tous les exécutoires de Justice sont des contraintes. L’Ordonnance de Moulins avoit introduit une contrainte par corps après les quatre mois : elle est abolie à l’égard des dettes civiles par l’Ordonnance de 1667, excepté pour les dépens au dessus de 200 liv. Il a fallu obtenir une contrainte pour faire sortir ce locataire d’une telle maison. Voyez Corps.

Contraire, adj. m. & t. terme relatif, se dit des choses qui ont une nature, ou des qualités entièrement différentes & opposées, qui se détruisent l’une l’autre. Contrarius. Les corps se composent & se détruisent par les qualités contraires des élémens. Le feu est contraire à l’eau, le blanc au noir.

Contraire se dit aussi en choses morales, dans la signification opposés. Les Commentateurs se donnent la torture pour accorder les loix, les textes contraires qui se détruisent. Cet Auteur est contraire à lui-même, il se contredit. A se ipso dissentit. Scot & S. Thomas sont presque toujours d’un avis contraire. Les doutes & les incertitudes sont les effets d’une conscience agités par des mouvemens contraires. Pajon. Cet homme m’est toujours contraire. Ils sont toujours contraires l’un à l’autre, d’un parti opposé.

☞ On dit en ce sens, avoir le vent contraire, adverso uti vento, lorsqu’il est opposé à la route qu’on veut tenir, qu’il n’est pas favorable à la navigation ; & avoir la fortune contraire, quand elle ne nous favorise pas.

Contraire, dans la signification de nuisible, préjudiciable. Noxius, nocens, nocivus, infestus. Il y a des alimens contraires à certains tempéramens. L’usage du vin est contraire à certaines personnes, & salutaire à d’autres. Presque tous les remèdes sont contraires à la poitrine. Tout excès est contraire à la santé.

☞ En Jurisprudence on appelle faits contraires, des faits opposés les uns aux autres, comme quand le demandeur & le défendeur prétendent qu’ils ont, l’un à l’exclusion de l’autre, la propriété d’une chose. On dit que les parties sont appointées en faits contraires, quand on leur permet de faire preuve respective de leurs faits. Contredits en faits contraires, les écritures qui contiennent ces preuves.

☞ On dit encore défenses au contraire, quand on se réserve à alléguer en temps & lieu des raisons contraires aux prétentions d’une autre personne.

☞ En logique, on appelle propositions contraires, celle qui ne sont point opposées en quantité, c’est-à-dire, par rapport à leur étendue (Voyez Étendu), mais seulement en qualité, c’est-à-dire, par rapport à l’affirmation & à la négation. Par exemple, tous les hommes sont justes ; nul homme n’est juste. Deux propositions contraires peuvent être toutes les deux fausses, mais ne sauroient être toutes les deux vraies. Elle diffèrent des propositions contradictoires. Voyez ce mot & opposition des propositions.

Contraire s’emploie aussi substantivement pour signifier une chose opposée. Vous faites le contraire de ce que vous avez promis. Contra ac, contra atque, contra quam promiseras'. Vous soûtenez cela ; je soûtiens le contraire. Contraeo. Je vous prouverai le contraire quand vous voudrez. La raison humaine est si foible, qu’elle croit également les deux contraires. Contrarias partes amplecti.

☞ On dit familièrement, aller au contraire d’une chose, s’y opposer, contredire. Puisque vous voulez partir, personne n’ira au contraire.

Contraires, en termes de l’École, se dit dans une signification plus précise des qualités qui sont directement opposées sous un même genre, qui ne sauroient être ensemble dans le même sujet, qui s’en excluent mutuellement, comme le froid & le chaud, le sec & l’humide, le dur & le fluide, &c. le froid & le chaud sont deux contraires. Calor & frigus sunt duo contraria. Le feu est le contraire de l’eau. Ignis aquæ pugnax.

Contraire, en ce sens, est un terme Dogmatique, qu’on emploie en Théologie, au Palais, en Philosophie, en Rhétorique. Par la raison des contraires. A contrario. Puisque les gens de bien sont sauvés, par la raison des contraires, les libertins seront damnés. Si les corps dont la superficie est âpre & rude ne renvoient point de lumière, les corps polis doivent par la raison des contraires la réfléchir. Si un pere deshérite ses enfans lorsqu’ils l’ont outragé, on doit présumer par la raison des contraires qu’il ne l’a pas fait, s’ils ne lui ont jamais manqué de respect. Le Pere Bourdaloue a employé avec succès dans ses sermons cette manière de prouver par la raison des contraires.

Contraire, (Au) adv. tout autrement, d’une manière opposée, Vous direz qu’il étoit parti ; au contraire, il passera ici l’Eté. Tant sans faut que cela soit comme vous le dites, qu’au contraire, &c. Tantim ab est ut e contra.

CONTR’APPLÉGEMENT, s. m. terme de Coutumes, c’est une opposition aux applégemens, ou complaintes de celui qui veut rentrer en possession d’un héritage.

CONTR’APPLÉGER, terme de Coutumes, c’est de la part d’un homme saisi d’un héritage dont il jouit, s’opposer aux complaintes de celui qui veut rentrer dans l’héritage.

☞ CONTRARIANT, ANTE, adj. qui est d’humeur à contrarier, à dire ou faire le contraire de ce que les autres disent ou font. Dissentiens ab aliis, repugnax. Esprit contrariant. Humeur contrariante.

☞ On décide dans le grand vocabulaire que ce mot s’emploie aussi substantivement. Ce contratiant la persécute. N’en croyez rien, si vous voulez parler correctement.

Contrariant a une signification plus étendue que contredisant. Il paroît aussi marquer un peu d’humeur.

☞ En Angleterre on appelle contrarians ceux qui prirent parti avec le Comte de Lancastre contre le Roi Edouard II. Le crédit dont ils jouissoient fit qu’on n’osa leur donner le nom de rebelles.

CONTRARIER, v. a. dire ou faire le contraire de ce que les autres disent ou font. Adversari, repugnare alicui. Les Philosophes se contrarient en toutes choses, souvent ils se contrarient eux-mêmes. Les grands Seigneurs ne veulent point être contrariés. Cet homme contrarie tout, & absolument ne fait que contrarier.

Contrarier, signifie aussi, s’opposer ☞ à quelqu’un dans ses desseins, dans ses volontés. Adversari, obstare, obsistere. Il me contrarie dans tout ce que je veux entreprendre, dans tous mes desseins.

Contrarié, ée. part. On dit sur la mer, être contrarié par le vent ; pour dire, avoir le vent contraire à la route que l’on veut tenir.

CONTRARIÉTÉ, s. f. combat, opposition entre des choses contraires. Repugnantia, discrepantia. Il se dit tant au propre qu’au figuré, de tout ce qui a été dit ci-dessus des choses contraires, des vents, des élémens, des qualités, des loix, des passages, des avis, &c. A moins que la foi n’assujétisse notre raison, nous passons la vie dans une contrariété perpétuelle de sentimens : à croire, & à ne croire point. S. Evr. L’esprit de l’homme, s’étant révolté contre Dieu, ses sens se sont révoltés contre lui ; & de-là viennent ces contrariétés que nous sentons en nous-mêmes, & cette guerre continuelle que nous sommes obligés de soûtenir contre nous-mêmes. Fléch. La contrariété de sentimens fait naître une certaine aigreur, qui engendre de l’aversion, & quelquefois des querelles. Bell. Il n’y a point de sympathie qui ne soit mêlée de quelque contrariété. S. Evr. Où est l’homme si uniforme, qui ne laisse voir de l’inégalité & de la contrariété dans ses actions ? Id.

Contrariété, en termes de Palais, se dit de l’allégation des faits contraires, sur lesquels on donne un appointement de contrariété pour permettre aux parties d’en faire preuve, chacun de son côté.

On appelle aussi contrariété d’arrêts, deux arrêts qui sont rendus en différents tribunaux entre mêmes parties, & sur le même fait, qui ont des dispositions contraires ; & en ce cas-là la connoissance en est attribuée au Grand-Conseil.

☞ Il faut remarquer que, pour que l’on puisse se pourvoir au Grand-Conseil en contrariété d’arrêts ; il faut que ces arrêts soient rendus sur les mêmes demandes.

Contrariété signifie aussi obstacle, difficulté qu’on trouve en la poursuite de quelque chose. ☞ Dans ce sens, il s’emploie plus ordinairement au pluriel. Mora, difficultas, impedimentum. C’est un beau dessein que la réforme de la chicane, mais on a à essuyer bien des contrariétés dans l’exécution. Cette proposition, cette affaire a passée après bien des contradictions.

☞ CONTRASTE. s. m. Ce mot signifie différence, opposition qui se trouve entre certaines choses. On le dit particulièrement en Peinture, en Architecture, &c. Les contrastes se donnent du relief par leur opposition.

Pour le divorce qu’amenent
Ces contrastes douloureux,
Où les éléments reprennent
Tout ce qu’on a reçu d’eux,
Réservez ce front tranquille.

M. Des-Houl.

Comment le C. de V. fera-t-il pour concilier des contrastes aussi bizarres & aussi diamétralement opposés ? Norm. Des contrastes diamétralement opposés ! Concilier des contrastes ! Quand on veut faire des métaphores, il faut les faire selon la nature des choses. Les contrastes ne sont point faits pour être conciliés, ce ne sont point choses à être conciliées, ce sont choses au contraire à rester toujours contrastes, toujours opposées, pour produire leur effet, qui est de se donner du relief par leur opposition. Gardons-nous de tout ce néotérisme mal entendu. On concilie des contradictions, on ne concilie point des contrastes.

Contraste, en termes de Peinture & d’Architecture, se dit de la différente position des figures, qui donnent de la variété dans un tableau par les différentes attitudes : comme lorsque dans un grouppe de trois figures, l’une se fait voir par devant, l’autre par derrière, & la troisième par le côté, on dit qu’il y a du contraste. C’est l’opposition soit entre le caractère des figures, soit entre les parties d’une même figure, soit entre les couleurs. Status, habitus, situs, gestus, varietas. Le contraste est la plus grande beauté d’un tableau. M. de Piles, dans son Cours de Peinture, définit le contraste, une opposition des lignes qui forment les objets par laquelle ils se font valoir l’un l’autre. Ce Peintre entend bien le contraste. Il faut observer le contraste dans les figures : c’est ce qui donne de l’ame, de l’énergie au sujet, de l’ame & du mouvement à toutes les parties d’une composition.

☞ En Littérature, on dit contraste de passions ; pour dire, combat de passions, passions opposées. Il y a dans cette Tragédie un contraste de passions, qui fait un très-bel effet. Acad. Fr. Voyez Passion.

☞ On dit de même contraste de caractères, de sentimens ; opposition de caractères, de sentiment.

☞ En Musique, on dit qu’il y a contraste dans une pièce, quand le mouvement passe du lent au vîte, du vîte au lent ; lorsque le diapason de la mélodie passe du grave à l’aigu, de l’aigu au grave ; lorsque le chant passe du doux au fort, du fort au doux, &c.

Ce mot vient d’Italie, & il est tiré du latin contrastatio : c’est le sentiment de M. Huet.

☞ CONTRASTER, v. a. terme de Peinture & de Sculpture, faire un contraste, varier les couleurs, la disposition des objets, le caractère, les attitudes des figures. Variare situm, statum, habitum, gestum. Il n’y a qu’un habile Peintre qui sache contraster ses figures, contraster ses têtes, & leur conserver un air naturel.

Contraster se dit aussi d’une figure, lorsque dans son attitude les membres sont opposés les uns aux autres, qu’ils se croisent, ou qu’ils se portent de différens côtés. Cette figure est bien contrastée. De Piles.

Contraster est aussi neutre. Ces figures contrastent bien ensemble. Cette figure ne contraste pas bien avec celle-là. Cette tête contraste bien avec l’autre.

On dit figurément, en parlant d’un Poëme, que le Poëte a bien contrasté ses personnages, que tels & tels caractères contrastent bien ensemble. Acad. Fr. 1740.

Contraster, en Architecture, signifie éviter la répétition de la même chose, pour plaire par la variété, comme on a fait à la grande galerie du Louvre, où les frontons sont alternativement cintrés & angulaires.

Contraster se trouve aussi dans Pomey pour débattre, quereller. Altercari, contendere, rixari. Mais dans ce sens il n’est point usité.

Contrasté, ée. part.

☞ CONTRAT. s. m. Dans le Droit françois, c’est toute convention faite entre deux ou plusieurs personnes, par laquelle toute s’obligent réciproquement l’une envers l’autre, ou en seule d’entr’elles s’oblige envers les autres, à donner ou à faire quelque chose qui n’est point contraire aux loix ni aux bonnes mœurs. Pactum, pactio, conventum, conventio. Les Jurisconsultes se servent aussi de contractus. Les ventes, échanges, donations, baux & transactions, sont diverses espèces de contrats. Dans le mariage, il y a le contrat civil, qui est le consentement des parties ; & le Sacrement qui est la bénédiction du Prêtre. Dans le Droit, on distingue les contrats de bonne foi, d’avec ceux qui sont de Droit étroit & de rigueur. C’est une maxime de Droit, que d’un contrat nul on ne doit aucuns droits Seigneuriaux. Tout contrat qui peut être cassé, n’est pas pour cela nul de droit. Les contrats nuls de droit, sont ceux que la loi défend de faire, & qu’elle déclare nuls en cas qu’ils soient faits ; tels sont les contrats faits avec des mineurs sans décret, ni autorité de Justice, les aliénations des biens d’Eglise sans les formalités requises, la vente qu’une femme mariée fait de ses biens sans autorité de son mari. Le contrats gracieux n’est point sujet à vente durant la grace. On dit que les contrats au commencement sont volontaires, mais quand ils sont passés, ils sont nécessaires ; pour dire, qu’on est libre de les faire, & qu’on est obligé de les garder quand ils sont faits.

Contrat signifie aussi l’instrument par écrit qui sert de preuve du consentement donné, & de l’obligation passée par les parties. Les contrats ne portent hypothèque que du jour qu’ils sont passés ou reconnus par devant Notaires. On a fait grossoyer ce contrat, & on l’a fait sceller. Il faut faire insinuer les contrats de donations, faire ratifier en majorité les contrats par les mineurs. Toute la bonne opinion qu’on peut avoir du plus honnête-homme du monde, n’est point blessée par les précautions d’un contrat. S. Evr.

Les contrats sont la porte
Par où la noise entra dans l’Univers.

La Font.

Contrats, (Les) & tous les actes volontaires chez les Romains, étoient écrits par les parties mêmes ou par quelqu’un des témoins ou par un Secrétaire Ecrivain domestique de l’une des parties, que l’on nommoit Notaire, mais qui n’étoit point homme public, comme aujourd’hui chez nous. Cet usage passa dans les Gaules avec la domination romaine, & continua sous nos premiers Rois. Les anciennes Formules de Marculphe, & celles qui ont depuis été recueillies par d’autres Auteurs, nous en rendent un témoignage qui ne peut être suspect. Le Magistrat auquel ces Ecritures étoient ensuite apportées, & qui leur donnoit l’autorité publique en les recevant au nombre des actes de sa Juridiction, apud acta, en faisoit ensuite délivrer aux parties des expéditions écrites & scellées de son sceau, par ses Clercs ou Greffiers domestiques. Nos Rois appliquèrent à leur domaine ce qui étoit payé pour ces expéditions ; le Magistrat étoit chargé d’en rendre compte. Saint Louis, voulant débarrasser le Prevôt de Paris de tout ce qui pourroit avoir quelque rapports à la finance, créa soixante Notaires en titre d’Office, pour recevoir tous les actes volontaires de sa Juridiction.

Contrat de direction, est un contrat qui, sur l’abandonnement des biens, qui a été fait par un débiteur à ses créanciers, se passe entr’eux, par lequel, pour empêcher que les biens ne soient consumés en frais, ils conviennent qu’ils soient vendus entr’eux à l’amiable.

Contrat mohatra. Les Casuistes donnent ce nom au gain illicite que font les Marchands, en vendant leurs marchandises à plus haut prix qu’elles ne valent, & en les faisant ensuite racheter pour leur compte, par des personnes interposées, à plus bas prix qu’ils ne les ont vendues. Voyez Mohatra.

En termes de Marine, on appelle un contrat à la grosse (on sousentend aventure) ou à retour de voyage, une espèce de société entre deux particuliers, dont l’un envoie des effets par mer, & l’autre lui fournit une somme d’argent, à condition de la retirer avec un certain profit en cas de bon voyage ; & de la perdre, si les effets périssent. Voyez les autres espèces de contrats sous leurs noms particuliers.

☞ Dans une signification plus étendue, contrat se prend quelquefois pour toute convention faite entre deux ou plusieurs personnes. Dans cette acception on dit contrat verbal, contrat tacite. Acad. Fr.

CONTRAVENTION, s. f. action par laquelle on contrevient à une loi, à une ordonnance, à un arrêt, à un traité, à un contrat qu’on a fait. Legis, edicti, promissi violatio ; peccatim adversum legem, edictum, fidem datam. On n’est pas assez sévère à punir les contraventions aux contrats & aux loix. Les peines portées en cas de contraventions ne passent souvent que pour comminatoires. On appelle comme d’abus quand il y a contraventions aux Saints Conciles & aux anciens Canons. La contravention au Concordat, donne lieu à l’appel comme d’abus. Fevret.

Ce mot se prend au Palais dans une signification plus étroite :il signifie alors inéxécution d’une Ordonnance. Contravention dit moins que prévarication ; contravention n’est qu’un effet de négligence ou d’ignorance.

Contravention se dit particulièrement des fraudes qui sont commises au préjudice des droits du Roi.

CONTRAYERVA, s. m. plante qui croît en Charcis, Province du Pérou. On fait usage en Médecine de sa racine. Elle est rougeâtre en dehors, blanche au dedans, nouée & fibreuse. Son goût est aromatique, accompagné de quelque acrimonie.

Ce nom qui est espagnol, composé de contrà, & yerva, proprement herbe, signifie contrepoison, à cause que les Espagnols appellent yerva, l’ellébore blanc, du suc duquel les Chasseurs empoisonnent leurs flèches dans ce pays-là.

CONTRE, préposition. Quand elle est relative, elle signifie opposition. Contrà, adversus, adversum in aliquem. Il plaide pour un tel, demandeur, contre un tel, défendeur. Les Chevaliers combattoient autrefois contre tous venans. Les Auteurs écrivent souvent les uns contre les autres. Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

Contre se dit presque en même sens de l’entière différence qui est entre les choses, ce qui fait qu’elles se choquent, qu’elles se détruisent. Le sec combat contre l’humide, l’eau contre le feu. Il parle contre lui-même. Cette raison fait contre vous.

☞ On dit figurément élever autel contre autel, faire un schisme dans l’Eglise ; & quelquefois opposer l’autorité d’une personne puissante à l’autorité d’une autre qui ne l’est pas moins.

☞ On dit proverbialement, c’est le pot de terre contre le pot de fer; en parlant d’une personne sans crédit, sans force, qui a affaire à un autre qui en a beaucoup.

Contre signifie encore, au préjudice, sans avoir égard. In, contrà, adversum aliquem, nullâ habitâ ratione alicujus. On casse tous les actes qui sont faits contre & au préjudice des défenses des Juges. Il a fait cette entreprise contre tout droit & raison. Cela s’est passé contre mon avis. On ne peut pas venir contre son fait, faire une chose contraire à ce qu’on s’est obligé de faire. Les Juges sont homicides s’ils font mourir quelqu’un contre les loix. Pasc.

Contre se dit aussi en choses morales & spirituelles. Il dit cela contre sa pensée. Il parle contre sa conscience, contre le bon sens.

Contre, malgré : on agit contre la volonté ou contre la règle, & malgré les oppositions.

☞ L’homme de bien ne fait rien contre sa conscience. Le scélérat commet le crime malgré la punition qui y est attachée.

☞ Les valets parlent souvent contre les intentions de leurs maîtres & malgré leurs défenses.

☞ Il est plus aisé de décider contre l’avis & le conseil d’un sage ami, que d’exécuter malgré la force & la résistance d’un puissant ennemi. La vérité doit toujours être soûtenue contre les raisonnemens des savans, & malgré les persécutions des faux zélés. Syn. Fr.

☞ On dit figurément, dans le style familier, aller contre vent & marée, s’embarquer dans une affaire malgré toutes les difficultés, malgré les avis, les conseils, &c.

☞ Au jeu de la Bête, on dit faire contre, lorsqu’un des Joueurs faisant jouer, un des autre déclare ensuite qu’il joue aussi. Celui qui fait contre, s’il perd, perd le double de ce qu’il auroit gagné.

☞ On appelle substantivement le contre, le second des Joueurs qui fait jouer. Le contre paye double. Il faut nuire au contre, le faire perdre, si l’on peut.

☞ On dit encore substantivement le pour & le contre d’une affaire, d’un projet ; pour dire, le fort & le foible, les raisons qui sont pour & contre. Soûtenir le pour & le contre. Disputare verbis in utramque partem, in contrarias partes. Nous avons eu une feuille périodique intitulée le pour & contre.

☞ En termes d’Escrime, parer au contre, c’est parer en dégageant. Si votre adversaire dégage en alongeant l’estocade de quarte, vous dégagez & la parez de tierce, & si l’estocade est de tierce, vous la parez de quarte.

Contre, s. m. terme de Formier, instrument long, large & peu tranchant dont se servent les Formiers pour fendre leurs bois. Encyc.

Contre entre dans la composition de plusieurs mots de la langue, comme on le verra par les articles suivans.

CONTRÉABLE, adj. du vieux langage, contraire.

CONTRE-ALLÉE, s. f. allée qui en accompagne une plus grande, dans toute sa longueur. Allée latérale & parallèle à une allée principale. Voilà de belles contre-allées. Cette contre-allée est fort agréable. Liger.

CONTRE-AMIRAL, s. m. est l’Officier qui commande l’arrière-garde ou la dernière division d’une armée navale. Ultimæ classis divisioni imperans. Ce n’est point un Officier en titre, mais le plus ancien des Chefs d’Escadre qui en fait la fonction. En Hollande, le Contre-Amiral est un Officier des armées navales de Hollande. C’est au Contre-Amiral à avoir soin, que durant la nuit, les vaisseaux gardent leur ordre, en naviguant, pour ne point se rencontrer.

☞ On le dit aussi du vaisseau commandé par le Contre-Amiral. Il servoit sur le Contre-Amiral. Le pavillon du Contre-Amiral est blanc, de figure carrée, & s’arbore à l’artimon.

CONTRE-APPEL, en termes d’Escrime, appel opposé à celui que l’adversaire a fait, quand on s’oppose à l’ennemi finesse contre finesse, & qu’on fait un mouvement tout opposé ; comme s’il fait un appel d’engagement à l’épée par le dedans, on lui en fera un contraire par le dehors. Ficta ac simulata adversarii petitio.

CONTRE-APPROCHES, s. f. pl. terme de l’Art militaire. ce sont des lignes ou des travaux que font les assiégés, quand ils viennent par tranchées rencontrer les lignes d’attaque des assiégeans. Adversæ fossæ castrenses

☞ CONTRE-ARGUMENT, s. m. terme de Jurisprudence. Gain de service en faveur du mari sur la dot de la femme. Il n’a lieu qu’en vertu d’une stipulation expresse, excepté dans quelques coûtumes.

CONTREBALANCER ou CONTRE-BALANCER, v. a. égaler avec des poids, ensorte qu’un des côtés de la balance ne l’emporte pas sur l’autre ; mais il n’est en usage que dans le sens figuré, & signifie, ☞ compenser une chose par une autre. On le dit en parlant de la proportion qui est entre des choses opposées, en matière de morale. Compensare, æquare. Ses bonnes qualités contre-balancent ses défauts. Le mal qu’a fait cet homme-là contre-balance bien les services qu’il a rendus. Vous jugerez si des actes de cette nature peuvent contrebalancer trois ou quatre actes d’une foi irréprochable. Patru. Il voulut contrebalancer cette perte par la prise d’une ville. Histoire de Louis XIV.

CONTREBANDE. s. f. On désigne par ce mot tous les effets, toutes les marchandises dont le commerce est défendu par l’ordonnance, par les loix. Merces interdictæ. Les marchandises de contrebande sont sujettes à confiscation. Entre les marchandises de contrebande, il y en a d’entrée, comme le sel, l’huile de poissons étrangers, & quelques dentelles ou étoffes. Il y en a pour la sortie, qui sont l’or & l’argent monnoyé ou non, toutes sortes d’armes, de munitions qui servent à la guerre ou à la navigation, les chevaux de prix, le papier, l’acier, fer, mitraille, cuirs, cires, suifs, filasses, &c.

Contrebande & fraude considérées dans une signification synonime.

Contrebande se dit du commerce ou trafic de toutes marchandises ou denrées prohibées par l’Ordonnance du Prince, savoir des marchandises étrangères dont l’entrée est prohibée, & de quelques denrées nationales dont la sortie n’est pas permise.

☞ La fraude consiste à éluder le payement des droits imposés sur les marchandises nationales ou étrangères, soit dans la consommation intérieure, soit à l’importation & exportation.

On dit, faire la contrebande ; pour dire, faire commerce de marchandises de contrebande.

Ce mot vient de l’italien contrabando ; c’est à dire, contre, malgré le ban & publication des défenses.

Contrebande, terme de Blason, qui se dit lorsqu’une bande est divisée en deux parties, qui sont deux demi-bandes, qui sont de différens émaux, & dont l’une doit être régulièrement de métal, & l’autre de couleur.

On appelle la barre une contrebande, parce qu’elle coupe l’écu dans un sens contraire & opposé : Tæniæ à dextro latere ad sinistrum ductæ & alernatim oppositæ. On appelle aussi contre-chevron, contre-pal, & autres pièces honorables de l’écu, lorsqu’il y en a deux de même nature qui sont opposées l’une à l’autre, en telle sorte que le métal soit opposé à la couleur, & la couleur au métal : & on appelle un écru contre palé, contre-fascé, contre-componné, contre-bretesse, contrebandé, & contre-barre, quand il a les divisions ci-dessus ; contr’écartelé, quand un des quartiers de son écartelure est derechef écartelé. On dit de même contre-fleuré, contre-potencé, contre-varié, quand les figures sont alternées & opposées, & quand le métal répond à la couleur. On appelle aussi les animaux contre-passans, lorsque l’un passe d’un côté, & l’autre de l’autre.

CONTREBANDIER, ÈRE, s. m. & f. Celui ou celle qui fait la contrebande, qui vend des marchandises de contrebande. Mercum vetitarum mercator. Il est presqu’impossible de détruire les Faux-sauniers & les Contrebandiers. Ch. de Rior. Il y a dans les Ordonnances des peines décernées contre les Contrebandiers.

CONTREBARRE, s. f. terme de Blason, barre divisée en deux demi-barres, dont l’une est de métal, & l’autre de couleur.

CONTREBARRÉ, adj. m. terme de Blason, qui se dit d’un écu où il y a une ou plusieurs contrebarres.

CONTREBAS, adv. de bas en haut. C’est l’opposé de contre-haut. On le dit principalement en Architecture. Contre-bas marque la direction de bas-en-haut. Ad imo ad summum. Et contre-haut la direction de haut en-bas. A summo ad imum.

CONTRE-BASSE, s. f. grosse Basse de violon, sur laquelle on joue ordinairement la partie de la Basse, une octave plus bas que sur la Basse de violon commune.

CONTRE-BATTERIE, s. f. terme d’Art militaire, est la batterie d’une partie qui est opposée à celle de l’ennemi, & sur-tout celle qui tache à démonter son canon. Tormenta bellica tormentis opposita, objecta, adversa ; machinæ machinis oppositæ.

On appelle figurément contre-batterie, les préparatifs qu’on fait, des moyens qu’on prépare pour se défendre de son côté, contre les attaques & les menées d’un adversaire en quelqu’affaire que ce soit. Insidiæ insidiis oppositæ. Il faisoit cela pour ralentir les efforts du Pape, & dresser une contre-batterie dans ses Etats. Mezeray.

CONTREBIAIS. s. m. J’en sais qui, pour ne pas tomber dans cet amour propre, ont été les plus injustes du monde à contrebiais. M. Pascal.

☞ CONTRE-BISEAU. s. m. Dans les jeux d’Orgues qui sont de bois, c’est une pièce de même matière, ajustée au bas d’un tuyau, pour en fermer entièrement l’ouverture. Encyc.

CONTRE-BITTE, s. f. terme de Marine. Les contre-bittes sont des courbes qui appuient, soûtiennent & affermissent les bittes.

CONTRE-BOUTANT, s. m. pièces de bois qui poussent & arboutent, ou pilliers de pierre qui font le même effet. C’est la même chose qu’arc-boutant qui est plus usité.

CONTRE-BOUTER, v. a. contre-tenir la poussée d’un arc ou d’une plate-bande, avec un pilier ou une étaie. C’est la même chose qu’arc-bouter.

☞ CONTRE-BRASSER, v. a. terme de Marine, c’est après que les voiles sont brassées & orientées d’un bord, les brasser vivement à contre-sens.

CONTRE-BRÉTESSE, s. f. terme de Blason, rangée de créneaux de différent émail sur une même fasce, bande, barre, pal, &c.

CONTRE-BRÉTESSÉ, ÉE, adj. terme de Blason, qui se dit de l’écu & des pièces qui ont des contre-brétesses. Un écu contre-brétessé, une fasce contre-brétessée. On dit aussi contre-brétéché.

CONTRE-BRODÉ, s. m. ou plutôt adj. pris substantivement, espèce de rassade blanche & noire, dont les Européens se servant dans les échanges qu’ils font aec les Nègres des côtes d’Afrique.

☞ CONTRE-CALQUER, v. a. terme de Graveurs, tracer une seconde fois les traits marqués d’un dessein calqué, afin que l’estampe se trouve dans le même sens que le tableau ou le dessein original.

Contre-calqué, ée. part.

☞ CONTRE-CAPION, s. m. terme de Marine, pièce de bois qui sert de doublage au capion de proue, ou au capion de poupe.

CONTRE-CARÈNE, s. f. terme de Marine, c’est la pièce opposée à la carène, dans la construction d’une galère. Trabes carinæ opposita. La carène à l’égard des galères, est la même chose que la quille à l’égard des vaisseaux.

CONTRECARRER, v. a. s’opposer directement aux desseins de quelqu’un, à ses vues, à ses projets, à ses sentimens, le mortifier en faisant le contraire de ce qu’il veut. Alicui adversari palàm. Ces deux Magistrats sont rivaux, ils se contrecarrent en tout. Il voulut faire ces nouvelles troupes, afin de contrecarrer les vieilles. Vaug.

Cela lui arrive tous les jours, & il ne sauroit vivre sans me contrecarrer. R. Ce mot vient de cara, visage.

CONTR’ÉCART, s. m. terme de Blason. Parties d’un écu contr’écartelé. Partes scuti contraquadripartiti.

CONTR’ÉCARTELÉ, ÉE, adj. terme de Blason. On le dit d’un quartier d’un écu, quand il est lui-même écartelé.

CONTR’ÉCARTELER, v. a. terme de Blason, diviser en quatre quartiers un des quartiers de l’écu qui est déjà écartelé. Contraquadripartiri.

☞ CONTR’ÉCHANGE, s. m. synonime d’échange. Commutatio. Je lui ai donné une maison en contr’échange.

☞ CONTRE-CHARGE, s. f. terme de Rubanier, c’est la pierre que l’on met au bout de la corde des contre-poids. Encyc.

CONTRE-CHARME, s. m. charme contraire, qui détruit ou empêche l’effet d’un autre charme. Adversum incantamentum. Voyez Charme.

CONTRE-CHÂSSIS, s. m. châssis de verre, ou de papier que l’on met devant un châssis ordinaire. Voyez Châssis.

CONTRE-CHEVRON, s. m. terme de Blason, chevron opposé à un autre chevron de différent émail.

CONTRE-CHEVRONNÉ, adj. terme de Blason, qui se dit d’un écu qui a un ou plusieurs contre-chevrons.

CONTRE-CLEF, s. f. terme d’Architecture, c’est un voussoir joignant la clef à la droite ou à la gauche. Cuneus vicinus clavi.

CONTRE-CŒUR, s. m. le fonds d’une cheminée entre les jambages & le foyer. Focus. C’est aussi une plaque de fer ornée de sculpture, qu’on met au milieu de la cheminée pour conserver le mur, & renvoyer la chaleur.

Contre-cœur, espèce de nausée qui donne des envies de vomir. Si ce mot s’est dit, on ne le dit plus.

Contre-cœur, (À) adv. contre son inclination, à regret. Ægrè, gravatè, ægro animo. La fièvre l’a si fort dégoûté, qu’il ne mange qu’à contre-cœur. Il ne s’est résolu d’aller à cette expédition qu’à contre-cœur.

CONTRE-COMPONÉ, ÉE, adj. m. & f. terme de Blason. Contra-compositus. On dit fasce d’or & de sable, à la bordure contre-componée de même ; c’est-à-dire, l’écu étant fascé d’or & de sable, & les compons de sables, aux fasces d’or.

☞ CONTRE-COUP, s. m. réflexion, répercussion d’un corps sur un autre. Repercussus, repercussio. Le boulet alla contre le rocher, & le tua du contre-coup.

☞ On le dit au billard, lorsqu’une bille, ayant été frappée par une autre, revient ensuite frapper la première. Reciproca percussio. Ce contre-coup m’a été favorable.

☞ On appelle aussi contre-coup, l’impression qu’un coup fait à une partie opposée à celle qui a été frappée. Le contre-coup est quelquefois plus dangereux que le coup.

☞ En parlant du crâne, le contre-coup est une fente ou félure du crâne, faite dans la partie opposée à celle qui a reçu immédiatement le coup. Repercussus. Les anciens Médecins parlent de cette fracture, comme d’une chose non-seulement possible, mais qui arrive souvent. Ils prétendent que c’est l’air du dedans de la tête, qui, étant poussé à la partie opposée par le violent effort du coup, fait fendre cet endroit-là plutôt que l’autre. Ils appellent cette fracture, contre-fente, ou contre-félure. Quelques Médecins modernes soûtiennent au contraire, que le contre-coup est une chimère, & qu’il ne sauroit arriver. Leur raison est que le crâne étant composé de plusieurs pièces, le coup doit être amorti, & qu’il n’en est pas ici comme des pots de terre, qui par une vertu élastique se fèlent ou se cassent quelquefois à la partie opposée à celle qui a été frappée. Mais un grand nombre d’exemples journaliers prouve que le contre-coup est une chose très-réelle,& qu’il se fait non-seulement de devant en arrière, mais encore d’un côté de la tête à l’autre. On peut voir sur cela les Opérations de M. Dionis.

Dans les blessures du crâne, il faut prendre garde au contre-coup, c’est là où se forme l’abcès.

Contre-coup se dit figurément du malheur de quelqu’un, lorsqu’il retombe, ou qu’il porte sur un autre. Quand un Favori est disgracié toutes ses créatures s’en ressentent par contre-coup. J’ai senti jusqu’au fond de l’ame, le contre-coup de votre douleur. Costard. Il y a des louanges qui font voir par contre-coup des défauts en ceux qu’on loue. La Roch. Le contre-coup retombera sur vous : cela reviendra sur vous par contre-coup. In te recidet, in te redundabit.

CONTRE-DANSE, s. f. sorte de danse moins grave que les anciennes, & où plusieurs personnes figurent ensemble, de manière qu’elles font les mêmes mouvemens chacune de leur côté. Le bal commence par des menuets, & finit par des contre-danses. Le goût des contre-danses a fait négliger & oublier les anciennes danses.

Les contre-danses sont de petites danses figurées qui se dansent à plusieurs personnes & avec beaucoup de mouvement. Les contre-danses sont presque toutes des gavotes qui se dansent d’un air familier & badin ; mais dont les figures s’exécutent avec tant de rapidité, qu’elles échauffent extraordinairement. Les dansent réglées ne sont presque plus d’usage. On commence le bal par quelques-unes, & puis on donne dans les contre-danses qui sont plus du goût des François, & quelquefois l’on continue pendant toute la nuit. La chaîne, la chasse, la jalousie, les rats, la christine, les cotillons, &c. sont des contre-danses. Comme le nombre n’étoit pas grand, on quitta les danses françoises pour se mettre aux contre-danses. Mém. du Comte de Grammont. Dès que l’heure des conte-danses fut arrivée, son cousin Hamilton eut ordre de la mener. Id.

☞ CONTRE-DÉGAGEMENT, s. m. terme d’escrime, action de dégager dans le même temps que l’ennemi dégage.

CONTRE-DÉGAGER, terme d’escrime. Il se dit lorsque la partie dégage, & qu’en même temps vous faites aussi un dégagement, en sorte que les épées se trouvent engagées comme auparavant. Enses vicissum expediendo impedire.

☞ CONTREDIRE, v. a. qui se conjugue par-tout comme dire, excepté à la seconde personne du pluriel du présent de l’indicatif, où l’on dit, nous contredisons, vous contredisez, & non pas vous contredites. Dire le contraire. Contradicere. Contredire une proposition, contredire quelqu’un : & absolument aimer à contredire. L’esprit de pédanterie met son plus grand plaisir à chicanner les autres sur les plus petites choses, & à contredire tout avec une basse malignité. Port-R. L’impatience qui nous porte à contredire les autres avec chaleur, ne vient que de ce que nous ne souffrons qu’avec peine qu’ils aient des sentimens différens des nôtres. Nicol.

☞ Il est aussi réciproque. La plupart des Auteurs se contredisent les uns, les autres. A se invicem dissentire, diversa sentire. Il y a dans les hommes une humeur maligne qui les porte à se contredire les uns les autres. Il est encore réfléchi.Se contredire, être en contradiction, n’être pas d’accord avec soi-même, dire ou écrire des choses contraires à celles qu’on avoit dites ou écrites. Dissentire à se ipso, secum pugnare, pugnantia loqui. Prenez donc garde à ce que vous dites ; vous vous contredisez à tout moment. Un témoin qui se contredit n’est pas recevable.

Contredire, en termes de Palais, c’est faire des écritures pour combattre les pièces de la partie adverse, & les introductions qu’elle en tire, & généralement pour réfuter & détruire les raisons & les moyens dont elle se sert. Confutare. Voyez Contredits.

CONTREDISANT, ANTE, adj. qui se plaît à contredire. Repugnax. Esprit contredisant, humeur contredisante. Je connois un homme si contredisant, qu’il dispute toujours, qu’il cesse de vouloir ce qu’il veut, dès qu’un autre le veut comme lui ; qu’il quitte ses propres sentimens, dès qu’il est venu à bout de les persuader à quelqu’un, de peur d’être de l’avis d’un autre ; & qui chasse enfin la paix de toutes les conversations. M. Scud. Cette description d’un contredisant en fait la définition. Les contredisant qui ne s’emportent point jusqu’à troubler la paix, sont encore moins ennuyeux que ces complaisans qui demeurent d’accord de tout. Bell.

On le dit au Palais de ceux qui fournissent des contredits. Adversarius. Les premiers contredisans ont l’avantage. Il n’y a dans les criées que trois contredisans, le poursuivant, le saisi, les plus ancien des opposans.

CONTREDIT, ITE, part. c’est le caractère des œuvres de Dieu d’être ainsi contredites, & nous n’en devons jamais attendre un plus heureux succès, que lorsqu’il y a moins lieu, selon les vues humaines, de l’espérer. . Exh. T. I, p. 319.

CONTREDIT, s. m. allégation contraire, réponse contre ce qui a été dit. Controversia. Ce que vous dites ne peut recevoir aucun contredit. Cela est sans contredit. Les circonstances les plus décisives, & les moins sujettes à contredit. Norm. On dit que tout a lieu jusqu’à contredit.

Contredit, (Sans) façon de parler adverbiale, qui équivaut à certainement, sans difficulté, sans opposition. Sine controversia. C’étoit sans contredit le premier homme de son siècle.

Contredit est aussi une réponse qu’on fait à quelque pièce que produit une partie dans un procès, ou à l’induction qu’elle en tire. Confutatio. C’est un bon contredit contre une donation, qu’un défaut d’insinuation.

Contredits, au pl. se dit d’une pièce d’écritures qu’on fournit dans les procès pour combattre les pièces de la partie adverse, & contredire toutes les inductions qu’elle a tirées dans son inventaire de production. On a appointé les parties à écrire, produire, bailler contredits & salvations.

CONTRÉE. s. f. ☞ Ce mot se prend dans une acceptation générale pour une étendue de pays indéterminée. Regio. On dit en ce sens qu’un homme a parcouru plusieurs contrées, qu’il a voyagé dans toutes les contrées de l’Europe. Chaque contrée a ses mœurs & façons de faire particulières. La Zone Torride est inhabitable, à cause des ardeurs du soleil qui brûlent & qui dessèchent ces vastes contrées. S. Ev.

Fils du puissant Atrée,
Vous possédez des Grecs la plus riche contrée.

Racine.

☞ Le mot contrée se prend plus souvent pour un petit pays faisant partie d’un plus grand, & qui a ses bornes & ses limites. C’est ainsi que l’on dit que le pays de Caux, le Vexin, &c. sont des contrées de Normandie. Tractus.

☞ On dit à peu près, dans le même sens, ce gentilhomme a le plus beau château de la contrée,c’est-à-dire, du voisinage, des environs. Vicinia, circimjecta locta.

Ce mot vient de la préposition contra. S. Odéric, qui mourut en 1331, dit contrata, une contrée. C. 2, de son Voyage des Indes, imprimé par Bollandus, Jan. T. I, p. 986, & Mart. T. II, p. 241, C. Les Bollandistes disent que ce mot s’est formé de conterrata, & qu’il signifie un territoire, un district où il y a plusieurs bourgs & villages que l’on appelle terres, terræ ; de même que commarca, s’est dit de l’assemblage de plusieurs bourgs & villes qui sont dans les mêmes marches, {{lang|la|marcas} c’est-à-dire, dans les mêmes limites. Ils disent encore à l’endroit cité, & au IIIe T. de Mars, p. 209, E, que contrata se prend dans un sens plus étroit pour une rue, ou un quartier, dans une ville.

CONTR’ÉCAILLE, s. f. ☞ contre la disposition naturelle des écailles. Quand on écaille une carpe, il faut la prendre à contr’écaille, à rebours de l’écaille. Adversis squamis. Pendant que j’étois aux Indes, dans la côte de Malabar, on vint un jour m’avertir qu’un crocodile s’étant un peu trop éloigné de l’eau, se trouvoit égaré dans un chemin entre deux haies. J’y allai aussi-tôt avec un François & quelques-uns de nos domestiques, qui s’armèrent de mousquets & de lances. Ils lui tirèrent d’abord quelques coups qui ne firent aucun effet, parce que les balles glissoient sur les écailles, & ne les perçoient pas. Dans la suite, on réussit mieux, & en tirant en contr’écaille, on le blessa, & nous vîmes paroître du sang. Cet animal qui nous avoit d’abord regardé attentivement sans bouger de sa place, parut étonné par le bruit que l’on fit, & par les premiers coups qu’on lui tira : mais quand il se sentit blessé, il courut l’espace de quarante ou cinquante pas avec précipitation, & fit un grand bruit avec ses dents, haussant sa mâchoire supérieure, & frappant sur l’inférieure, qu’il a immobile. Enfin il s’arrêta dans la plaine, où on acheva de le tuer à coups de lances. M. Dellon, tome i de ses Voyages, p. 72, 73, ch. 10.

CONTRE-ÉCHANGE. Voyez Contr’échange.

CONTRE-ENQUÊTE ou CONTR’ENQUÊTE, s. f. Enquête opposée à celle de la partie adverse. La règle veut que dans le civil, en permettant à une partie de faire son Enquête, on permette à l’autre partie de faire sa Contre-enquête. Causes célèbres, tome i, p. 324.

CONTRE-ÉPREUVE ou CONTR’ÉPREUVE, s. f. est une image qu’on tire sur une autre fraîchement imprimée & qui marque les mêmes traits, mais à rebours, le côté droit paroissant à gauche. ☞ Le noir de l’estampe qui n’est point encore sec, se détache de l’épreuve, s’attache à la feuille du papier blanc, & donne le même dessin, mais plus pâle, & en un sens contraire, le côté droit paroissant à gauche. Imago super recentem è typo imaginem alteram expressa.

CONTRE-ÉPREUVER, ou CONTR’ÉPREUVER, v. a. tirer une épreuve sur une autre épreuve, lorsque cette autre est encore toute fraiche. Super recentem è typo imaginem, alteram imaginem exprimere.

CONTRE-ESPALIER, ou mieux, CONTR’ESPALIER, s. m. terme de Jardinier, c’est la platebande opposée à l’espalier. C’est une rangée ou file d’arbres fruitiers, ou de seps de vigne, attachée contre une petit treillage à hauteur d’appui, à quelque distance de l’espalier, avec lequel il forme une allée. Ordo arborum exactæ brevitatus applicitus muro arboribus ex adverso positus. On le dit aussi des arbres que l’on met sur le bord d’un carré, qui est le long d’une allée, & auxquels on donne la même figure qu’aux espaliers, en les palissant, & les attachant à un treillage fait exprès. Consertæ rami arbores. P. Rapin.

☞ On donne le nom de contr’espalier aux arbres ainsi disposés, parce qu’ils sont ordinairement opposés aux espaliers appliqués contre les murs. Les arbres en contr’espaliers sont conduits de la même façon que ceux en espalier, si ce n’est qu’on les tient plus bas, & que d’ailleurs ils présentent deux faces.

Contre-étambord. Voyez Contrestambord.

Contre-étrave. Voyez Contrestrave.

CONTRE-EXTENSION, s. f. terme de Chirurgie. Contra-extensio. Action par laquelle on retient une partie luxée ou fracturée, contre l’extension qu’on fait pour la remettre dans sa situation naturelle. Col de Villard.

☞ CONTREFACÉ. Voyez Contrefascé.

CONTREFAÇON, s. f. fraude qu’on fait en contrefaisant ou l’impression d’un livre, ou la manufacture d’une étoffe, au préjudice de ceux qui en ont le droit & le privilège. On dit d’un Marchand ou d’un ouvrier, qu’il a été mis à l’amende pour contrefaçon.

CONTREFACTEUR, s. m. terme de Librairie. Celui qui imprime un livre dont un autre a le privilège.

CONTREFACTION, s. f. signifie la même chose, & se dit plus particulièrement de la réimpression d’un livre, entreprise par un autre Libraire que celui qui en a obtenu le privilège. Toutes les contrefactions de livres importans, ont été jusqu’ici fort mauvaises, & n’ont point réussi au gré de ces Entrepreneurs, qui se font un jeu de mettre la faulx dans la moisson d’autrui. Obj. sur les Ec. Mod.

CONTREFAIRE, v. a. copier, imiter quelque chose, & tâcher de la rendre semblable. Imiyando effingere, exprimere. Ce bouffon sçait fort bien contrefaire toute sortes de personnes. Combien de gens se sont trouvée engagés dans la passion qu’ils ne faisoient que contrefaire ? Nicol. Ce faussaire sçait contrefaire toute sortes de seings & d’écritures. Est-il possible que le Démon ait le pouvoir de bouleverser les élémens, & de contrefaire ainsi la Divinité. S. Evr.

Contrefaire le son de la flûte, le chant des oiseaux, contrefaire la voix humaine. Vocem humanam reddere.

Contrefaire se dit plus ordinairement en mauvaise part ; pour dire, copier quelqu’un dans la vue de le rendre ridicule. Imitando aliquem propinare aliis diridendum. Cette femme se rend odieuse, elle contrefait tout le monde. L’habitude de contrefaire les autres est dangereuse.

Contrefaire, dans le commerce. On le dit particulièrement en terme d’Imprimerie & de manufactures. Faire imprimer un livre, ou fabriquer une étoffe ou autre chose au préjudice de ceux qui ont le droit ou le privilège de le faire. Adulterare, imitando effingere. Il a été condamné à une amende, pour avoir contrefait cet ouvrage.

Contrefaire, dans la signification de déguiser. Simulare. On contrefait sa voix, sa manière de parler, pour n’être pas reconnu. Contrefaire son écriture. On contrefait le libéral ou le brave pour faire sa fortune ; il n’y a point de figures qu’on ne fasse pour cela. S. Evr. Ceux qui contrefont les dévots, sont dangereux ; & ceux qui contrefont les braves, ne sont guère à craindre. Speciem viri boni præbere, præ se ferre.

☞ On dit en ce sens se contrefaire, déguiser son caractère. On ne peut pas se contrefaire long temps. Il y a bien peu d’occasions où il soit permis de se contrefaire.

☞ Ces trois verbe, contrefaire, imiter, copier, ont une idée commune qui est celle de faire ressembler ; mais on imite ce qu’on ne peut égaler ; on copie ce qu’on ne peut imiter ; on contrefait les personnes qu’on trouve ridicules.

Contrefaire signifie encore rendre difforme, défiguré. Deformare, deformem reddere. La petite vérole, les convulsions lui ont contrefait tout le visage.

☞ CONTREFAIT, AITE, part. & adj. imité, falsifié. Adulteratus, fictus, ementitus. Exemplaire contrefait. Seing contrefait. Le Sénat faisoit d’autant plus de démonstrations d’amour & de joie, qu’elles étoient fausses & contrefaite. Ablanc. Tout ce qui est contrefait déplaît avec les mêmes choses qui charment lorsqu’elles sont naturelles. La Roch.

Contrefait, difforme, mal-fait ; qui a quelque difformité de corps, soit naturelle, soit par une mauvaise habitude. Distorsus, deformis. Être contrefait, avoir la taille contrefaite. Il marche si mal, qu’il semble qu’il est tout contrefait. Le Prince de Condé, dans un corps contrefait, avoit une grandeur d’ame comparable aux Héros de l’antiquité. Mez.

CONTREFAISEUR, s. m. qui contrefait les gens, qui imite leurs paroles, leurs gestes & leurs actions. Molière, dans son Impromptu de Versailles, Sc. 5, pag. 119 du 7e. tome de ses œuvres, édition de Paris, fait dire à Mademoiselle Hervé, parlant de lui-même : point de quartier à ce contrefaiseur de gens. Il n’est pas reçu.

CONTRE-FANONS, s. m. terme de marine, ce sont des cordes amarrées au milieu de la vergue du côté opposé à la bouline, pour trousser ou carguer un côté de la voile. On les appelle autrement cargues boulines.

CONTREFASCE, s. f. terme de blason, c’est quand une fasce est divisée en deux demi-fasces, dont l’une est d’un émail, & l’autre d’un autre émail ; en sorte que l’émail de l’un est opposé à l’émail de l’autre.

CONTREFASCÉ, ÉE, adj. m. & f. terme de blason, se dit des pièces dont les fasces sont opposées. Contrefascé d’argent & de sable de trois pièces. Fasciis in transversum ductis contraque alternatim positis exaratus.

☞ CONTREFENDIS, s. m. pl. divisions & subdivisions des quartiers d’ardoises réduits enfin en portions minces, telles que celles dont on couvre les toits.

CONTRE-FENÊTRE, s. f. double fenêtre, ou contre-vent. Exterius fenestræ ostium.

CONTRE-FENTE ou CONTRE-FISSURE, s. f. terme de Chirurgie, nom qu’on donne à la fissure qui se fait par contre-coup à la partie opposée à celle qui a été frappée. On l’appelle contre-fente, pour la distinguer de celle qui se fait à la partie frappée qui s’appelle fissure.

CONTRE-FICHE, s. f. ou liens, terme de Charpenterie. Les contre-fiches sont des pièces qui font partie d’un assemblage de la Charpenterie ou couverture des bâtimens, qui servent à en lier d’autres, & à les arcbouter & soûtenir, comme celles qui sont dan une maîtresse-ferme, qui posent d’un bout sur le poinçon, & de l’autre soûtiennent la jambe de force dessus. Capreoli. On s’en sert aussi en plusieurs autres occasions.

CONTRE-FINESSE, s. f. finesse opposée à une autre finesse. On dit en ce sens, user de contre-finesse.

☞ CONTRE-FISSURE, s. f. la même chose que contre-fente, & même plus usité.

CONTRE-FLAMBANT, ANTE, adj. m. & f. terme de blason, qui se dit des pièces opposées, ondées & aiguisées en forme de flammes. On dit, d’argent à un bâton de gueule flambant, & contre-flambant de dix pièces de même. Contra vibrans, contra jaculans flammas.

CONTREFLEURÉ ou CONTREFLEURONNÉ, ÉE, terme de blason. Il se dit d’un Écu dont les fleurons sont alternes & opposés, ensorte que la couleur répond au métal. Floribus utrinque distinctus. L’Écosse porte d’or au lion de gueule renfermé dans un double trescheur fleuré, & contrefleuré de même.

CONTREFORT, s. m. ou éperon, pilier de maçonnerie, mur contreboutant, appui de murs, ou terrasses qui poussent & menacent d’écrouler. Anteris, erisina. Ces sortes d’ouvrages sont bandés en berceau, & distans les uns des autres pour soûtenir une muraille. Quand on bâtit contre une pente de montagne, il faut faire des contreforts, ou des éperons bien liés avec le mur qui soûtient les terres, à la distance de deux toises l’une de l’autre. On s’en sert aussi dans les mines.

☞ C’est aussi un terme de fortification, qui signifie des avances dans le rampart qui prennent racine au revêtement, qui sont de la même matière, & qui aident le revêtement à soûtenir la poussée du rampart. Encyc.

☞ Les Bottiers donnent aussi ce nom à des pièces que l’on coud par la tige pour rendre la botte plus forte.

Contrefort, terme de marine, c’est la même chose que clé des étais. Voyez Clé.

CONTREFRASER, terme de boulangerie. Voyez Fraser.

CONTRE-FRUIT, s. m. terme d’Architecture. On appelle fruit, une diminution ☞ du mur du bas en haut sur son épaisseur, de manière que le dedans soit à plomb, & le dehors un peu en talus. On appelle donc contre-fruit, l’effet contraire au fruit ; c’est-à-dire, que l’on fortifie le mur ou en dehors, ou en dedans, afin que le mur puisse porter plus de charge. Additum muro firmamentum.

CONTREFUGUE, terme de Musique. Voyez Fugue, où ce mot est expliqué.

CONTRE-GAGE, s. m. terme de Jurisprudence, ce que l’on donne à un créancier pour sûreté de son dû ; ou à une Seigneur, pour lui assûrer le payement de ses droits, en cas de fraude.

Contre-gage, terme de Coutume, droit en vertu duquel un Seigneur peut se saisir des biens d’un autre Seigneur, ou de ceux de ses vassaux, lorsque ce dernier a commencé à s’emparer des effets du premier ou de ceux de ses vassaux. Voyez Ragueau dans son Indice au mot Gage, qui cite deux Arrêts du Parlement de Paris, rendus l’an 1281 & 1283, contre les Comtes de Champagne & d’Auxerre.

CONTREGAGER, v. a. prendre des sûretés de quelqu’un, avant que de s’engager avec lui, & de lui accorder ce qu’il demande. Un Supérieur trouve fort mauvais que son inférieur veuille le contregager. Ac. Fr. 1718. Ce mot a disparu de la dernière édition, & n’est plus en usage.

CONTREGARDE ou Conserve, s. f. terme de Fortification, c’est un ouvrage triangulaire en forme de gros parapet, qu’on met au-delà du fossé devant la point & les faces d’un bastion. Additum propugnaculo præsidium, munimentum. Elle diffère de la demi-lune, en ce qu’elle embrasse le bastion. La plûpart des Ingénieurs l’appelle aujourd’hui enveloppe. On en fait principalement quand le bastion est sur une hauteur ; & c’est par leur moyen qu’on double & qu’on triple les bastions. Ces ouvrages sont très-propres à couvrir les parties foibles d’une place.

L’étymologie est garde : contre-garde, garde opposée à garde ; c’est-à-dire qui garde des deux côtés.

Contregarde, en terme de Monnoie, est l’Officier qui tient le registre des matières qu’on apporte à la Monnoie pour fondre. Materiæ in monetam conflandæ custos.

☞ CONTREGARDÉ, ÉE, adj. qui est couvert de contre-gardes. Les bastions contre-gardés du Maréchal de Vauban, sont d’une fort bonne défense.

☞ CONTREGARDER, v. a. garder avec soins. Se contregarder, se tenir sur ses gardes. Rabelais.

CONTRE-HACHER, v. n. terme de Graveur ou de Dessinateur, c’est dans un dessein où l’on a fait avec la plume des ombres, & des teintes par les lignes les plus égales & les plus parallèles qui est possible, en passant de secondes diagonalement, afin de rendre ces ombres & ces teintes plus fortes. Lineis parallelis diagonicas superducere.

CONTRE-HARMONIQUE, adj. terme de Géométrie. Trois nombres sont en proportion contre-harmonique, lorsque la différence du premier & du second est à la différence du second & du troisième, comme le troisième est au premier. Par exemple, 3, 5 & 6 sont des nombres en proportion contre-harmoniques : car 2 : 1 :: 6 : 3. Encyc.

CONTREHÂTIER, s. m. ustensile de cuisine, qui se dit des grands chenets qui ont plusieurs crampons, sur lesquels on peut mettre plusieurs broches chargées de viandes les unes au dessus des autres. Unicus instructus utroque foci latere capreolus. On se sert dans les cuisines des Grands Seigneurs de contrehâtiers au lieu de chenets.

CONTREHAUT, adv. de haut en bas. A summo ad imim. Cela ne se dit guère qu’en Architecture.

CONTRE-HERMINÉ, É, terme de blason, qui se dit d’un champ de table moucheté d’argent. Atra scuti area vellere pontico, argenteo distincta. C’est le contraire de l’herminé qui est un champ d’argent moucheté de sable.

CONTRE-HURTOIR, & sous-contre-hurtoir, s. m. c’est un des morceaux des bandes de fer, qui accompagnent le hurtoir.

CONTRE-JAN, s. m. terme du jeu de trictrac. Voyez Jan.

Contre-Jan, de deux tables, ou de Mézéas, terme du jeu de trictrac. Le contre-jan de deux tables se fait lorsque votre adversaire ayant son coin, vous n’avez que deux dames abbatues en tout votre jeu, dont vous battez les deux coins, & comme le coin de votre homme se trouve pris, vous perdez quatre points par simple, & six par doublet. Le jan de deux tables ne doit point être forcé ni recherché. Il faut néanmoins prendre garde.

CONTRE-JAUGER, v. a. terme d’Architecture. Contre-jauger les assemblages de charpenterie ; c’est-à-dire, transférer la largeur d’une mortoise sur l’endroit d’une pièce de bois où doit être le tenon, afin que le tenon soit égal à la mortoise. Cardinem cavo metiri.

CONTRE-INDICATION, s. f. terme de médecine. Contra-indicatio. Connoissance qu’on a par certains signes, qui détournent & empêchent de mettre à exécution les moyens que l’indication fournit pour la guérison des malade. Par exemple, la connoissance qu’on a de l’extrême foiblesse d’un malade, d’un blessé, qui empêchent de tenter une opération indiquée, est une contre-indication. Col. de Villar.

CONTRE-JOUR, s. m. endroit opposé au grand jour, où la lumière ne donne pas à plein. Lux maligna, locus minimè luminous. Les femmes cherchent d’ordinaire le contre-jour.

☞ On l’emploie pour l’ordinaire dans cette phrase adverbiale, à contre-jour, être à contre-jour ; voir à contre-jour. Mettre un tableau à contre-jour. Tabulam in malo lumine collocare.

CONTRE-ISSANT, adj. terme de blason. Il se dit des animux adossés ; & dont la tête & les piés de devant sortent d’une pièce de l’Ecu. Contra emergens.

CONTRE-JUMELLES, s. f. terme de maçonnerie, ce sont dans le milieu des ruisseaux des rues, les pavés qui se joignent deux à deux, & font liaison avec les caniveaux & les morces.

CONTRE-LAMES, s. f. pl. terme de Manufacture, ce sont dans les métiers de faiseurs de gazes les tringles de bois qui servent à tirer les lisses, d’où ils sont aussi appelés Tire-lisses.

CONTRE-LATTE, s. f. terme de Couvreurs, qui se dit des lattes qui se posent en longueur entre les chevrons pour soûtenir les lattes qui sont en travers, & qui portent les tuiles. Positæ in longum regulæ transversis sustinendis. Quand il y a deux chevrons à la latte, on fait la contre-latte de la latte même. Quand il y en a trois, il faut des contre-lattes de sciage. Celle-ci est de quatre à cinq pouces de large, & d’un demi-pouce d’épaisseur, & sert à couvrir en ardoises.