Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/791-800

Fascicules du tome 2
pages 781 à 790

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 791 à 800

pages 801 à 810


à révéler un secret qu’un ami vous dit confidemment. Familiariter, amicè.

CONFIDENCE. s. f. Communication de pensées & de société entre personnes amies ; part qu’on donne ou qu’on reçoit d’un secret. Summa cum aliquo rerum omnium communicatio, summa animorum conjunctio. Rien ne flatte plus notre orgueil que la confidence des Grands, parce que nous la regardons comme un effet de notre mérite. Rochef. Bien des gens ne sont des confidens que par impuissance de garder le secret. Id. Les crimes ne doivent jamais être la matière d’une confidence. Nicol. Les amitiés les mieux établies, & les confidences les plus étroites, se relâchent insensiblement. S. Evr. La foiblesse & la démangeaison de parler, font plus de confidences que l’amitié, S. Evr. Le Ministre ne vous a fait une confidence si privilégiée, que par vanité, & par impatience de conter sa bonne fortune. M. Esp. Il y a mille petites confidences fort cheres aux personnes qui s’aiment, & fort peu importantes aux indifférents. S. Evr.

☞ Faire une fausse confidence à quelqu’un, c’est lui dire en secret quelque chose de faux, ordinairement dans le dessein de le tromper.

Confidence, en termes de Jurisprudence Canonique, est une paction illicite ☞ qui a lieu lorsque le titulaire d’un Bénéfice ne l’acquiert qu’à condition de le résigner à un autre dans un certain temps, ou lorsqu’il conserve le titre pour lui, mais à la charge d’en donner les fruits, ou partie des fruits au résignant, ou à une autre personne. Confidentia. C’est le mot dont se servent les Canonistes. La Confidence fait vaquer le Bénéfice, & est comparée à la simonie. Le premier exemple que l’on trouve de confidence en matière de Bénéfice, est de l’an 928, où le Moine Tryphon consentit contre les règles, de n’être ordonné que pour un temps Patriarche de Constantinople, & de remettre cette dignité à Théophilacte, fils de l’Empereur Romain le Jeune, quand il seroit en âge de la posséder.

Il y a deux espèces de confidence ; l’une qui est un vrai fidei-commis, quand le Collateur confère, ou que le Résignant résigne à condition de rendre le Bénéfice à un autre. La seconde, quand l’un porte le titre du Bénéfice, & que l’autre jouit des fruits. Il y a des Bulles des Papes qui excommunient les confidentiaires, & qui les privent de leurs Bénéfices. L’Edit de Louis XIII, de l’année 1610, art. 1, porte que si quelqu’un est convaincu de simonie, ou de tenir des Bénéfices en confidence, il sera pourvu auxdits Bénéfices comme vacans. On pourroit encore ajouter une 3e espèce de confidence, qui est plus cachée ; lorsque des personnes de qualité, qui ne peuvent pas jouir des Bénéfices, les font donner à des Ecclésiastiques qui leur payent de grosses pensions.

CONFIDENT, ENTE. s. m. & f. Ami intime à qui on confie ses plus secrètes pensées. Qui alicujus consiliis intimus est. Qui consiliorum est particeps, quicum arcana omnia, seria, joca, communices. Achates étoit le confident d’Enée. Il n’est point de confidens que les hommes ménagent avec tant de soin, que ceux qui peuvent devenir leurs Accusateurs. M. Esp.

☞ On le dit figurément & poëtiquement en parlant des bois, des rochers, des échos, &c.

Déserts, seuls confidens de toute ma douleur,
Je viens vous découvrir les secrets de mon cœur. La Suze.

CONFIDENTIAIRE. s. m. Qui est coupable de confidence ; qui prête son nom pour posséder le titre d’un Bénéfice, & en laisser le revenu à un autre, ou la liberté d’en disposer quand il voudra. On le dit aussi de celui à qui on prête son nom. Confidentiarius. C’est le mot dont se servent les Canonistes. Ce mot est relatif aux deux personnes qui font la paction illicite.

CONFIER, v. a. ☞ Commettre quelque chose à la fidélité ou au soin de quelqu’un, sur la bonne opinion que nous avons conçue de sa discrétion ou du secours qu’on en peut attendre. Se confier, prendre confiance. Aliquid alicui credere, concredere, committere, alicui considere. Quand on a de vrais amis, on leur doit confier tous ses secrets. On ne doit confier les places fortes qu’à ceux dont la fidélité est bien éprouvée. Il ne faut pas se confier à la foi d’un ennemi réconcilié. Le secret est un dépôt sacré, sur lequel la haine & l’infidélité, même de celui qui nous l’a confié, ne nous donne point de droit. Bouh. La vanité & l’impatience de conter une bonne fortune, disposent tellement à s’ouvrir & à se confier, que les plus petites occasions sont des pièges inévitables, même aux plus retenus. M. Esp. On ne découvre, & on ne confie ses plus secrettes pensées, que pour décharger son cœur des chagrins ou des joies qu’on ne peut plus retenir. Id. La nation Juive, l’objet du mépris des autres nations, est pourtant celle à qui Dieu avoit confié ses oracles sacrés. Claud. Je te veux bien confier ma vengeance. Rac.

CONFIÉ, ÉE. part. & adj. Qui est commis à la discrétion, à la prudence de quelqu’un. Creditus, concreditus, commissus.

Un secret follement confié.
Par d’indiscrets amis est bientôt publié. Vill.

CONFIGURATION. s. f. Forme extérieure, ou surface qui borne les corps, & leur donne une figure particulière. Voy. Figure & Surface. Forma, species. Les moules différens donnent une différente configuration aux corps sur lesquels ils sont formés. Le fœtus acquiert peu à peu sa parfaite configuration, La vue courte, ou la vue longue, viennent de la diverse configuration du cristallin.

☞ On le dit particulièrement des parties insensibles des corps, de leur tissu, de leur arrangement particulier. Selon quelques philosophes, ce qui fait la différence spécifique entre les corps, c’est la diverse configuration & la diverse situation des parties, le tissu intérieur des parties insensibles. Selon eux les élémens de tous les corps, des métaux, des végétaux, de l’air, de l’eau, &c. sont les mêmes, l’eau ne diffère de la pierre que par la manière dont les élémens de ce corps sont arrangés, par leur tissu, par leur configuration particulière, c’est pourquoi Descartes ne demandoit que de la matière & du mouvement pour composer un monde.

Configuration, ou aspect des planètes en Astrologie, est une certaine distance que les planètes ont entr’elles dans le Zodiaque, par laquelle, selon les Astrologues, elles s’aident ou se nuisent les unes aux autres. Cette distance se mesure par le nombre des degrés du Zodiaque, qui sépare ces deux planètes. Situs, positio.

CONFINER. v. n. Borner, être proche des confins d’une contrée, d’un pays. Confinem esse, conterminum. Mon héritage confine avec les communes de la Paroisse. La France confine avec l’Italie, & n’en est séparée que par les Alpes. Il se construit aussi avec le datif. La Champagne confine au Barrois. Ces terres confinent à la forê.

Confiner, v. a. signifie, enfermer en certain lieu de peu d’étendue, Aliquem certis finibus conscribere, concludere. Confiner dans un cloître, dans une prison, dans une île. ☞ Il signifie aussi reléguer, bannir hors des confins d’un certain territoire. Vous me confinez parmi les bêtes sauvages qu’on ne peut apprivoiser, relegare, ablegare, amandare.

☞ On dit aussi se confiner dans une solitude, dans une province, &c. pour dire, s’y retirer volontairement. Elle s’est confinée dans sa maison de campagne.

Au bout de l’Univers vas, cours te confiner,
Et fais place à des cœurs plus dignes de régner. Rac.

Confiner un héritage, en Jurisprudence, c’est en marquer les confins.

CONFINÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe pris en signification active, car dans la signification neutre il n’a point de participe passif. Relegatus, deportatus, &c.

CONFINS. s. m. pl. Limites d’un champ, d’une Seigneurie, d’un pays. Confinia. Il faut mettre dans une saisie réelle les bornes & confins d’un héritage, c’est-à-dire, ses tenans & aboutissans. Les confins de l’Espagne sont la mer & les Pyrénées. Il entra dans les confins de la Médie. Vaug.

☞ Les confins se prouvent par les bornes, les titres & les témoins. Les bornes prouvent les confins d’un héritage, ou d’une paroisse, ou d’un territoire, lorqu’elles ont été placées sur les confins, pour servir de limites.

☞ Les titres qui prouvent les confins sont les papiers terriers par lesquels l’étendue & les limites d’un territoire sont déclarés & désignés par tenans & aboutissans. Lorsque ces deux preuves manquent, on a recours à la commune renommée, qui consiste dans le témoignage de plusieurs habitans du lieu ou des environs qui déclarent qu’ils ont vû un tel labour, ou tel héritage, tel Curé dixmer jusqu’à tel endroit, ou tel Seigneur se faire payer de ses droits jusqu’à tel endroit, qu’ils ont oui dire la même chose à leurs prédécesseurs & que c’est la commune renommée.

☞ Il ne faut pas confondre les bornes avec les confins. Les confins, comme on voit, appartiennent à la chose, ils la finissent. Les bornes lui sont étrangères ; elles la renferment dans le lieu qu’elle occupe ; elles servent à marquer les limites. Voyez Bornes, Limites, Terme.

Confins, se dit aussi figurément. La lumière de la raison nous conduit jusques sur les confins de la Religion. Abad.

CONFIRE, v. a. Je confis, tu confis, il confit, nous confisons, vous confisez, ils confisent. Je confisois, je confis. Je consirai. Confis. Qu’il confise. Donner aux fruits, aux fleurs, aux herbes, aux racines, certaines préparations en les infusant dans du sucre, du syrop, de l’eau-de-vie, & pour les rendre plus agréables au goût, ou pour les conserver plus long temps. Condire. Les Anciens ne confisoient qu’avec le miel, maintenant on confit avec le sucre. On confit des cerises, des abricots, des prunes, des oranges, des citrons, &c. avec du sucre.

Confire signifie aussi, laisser tremper, imbiber long temps un mets dans la sauce, dans le vin, dans le beurre, dans le vinaigre. On confit les cornichons, les capucines dans le vinaigre. Voyez Cornichon.

Confire des sardines. C’est, après qu’elles ont pris un peu de sel, les faire frire dans la poële, ou rôtir sur le gril, & les mettre dans de petits barils, avec du laurier, du vinaigre, du poivre & du girofle, qui font comme une espèce de sauce.

On dit aussi qu’un fruit est tout confit sur l’arbre pour dire, qu’on ne l’a cueilli qu’en sa pleine maturité. Maturus, conditus. Il se dit particulièrement des fruits doux, comme l’abricot, les figues. Les Provençaux se vantent de manger les fruits tout confits sur les arbres.

Confire est aussi un terme de chamoiseur, qui signifie, donner une certaine préparation aux peaux avec de l’eau, du sel, de la farine, & autres choses dans une cuve appelée confit. Parare, apparare. Il faut confire ces peaux.

CONFIT, ITE. part. & adj. Conditus. ☞ On dit que les fruits sont confits sur l’arbre, quand ils sont extrêmement mûrs, & cuits par le soleil. Ce mot se prend quelquefois au figuré, dans le style familier seulement ; une femme toute confite en dévotion ; pour dire, qu’elle est dans les grandes pratiques de la dévotion.

Bien est-il vrai qu’il parloit comme un livre,
Toujours d’un ton confit en savoir vivre. Vert-vert.

CONFIRMATIF, IVE. adj. Qui confirme, qui rend une chose ferme & stable. Decretum, edictum quo aliquid confirmatur. Cette maxime est fondée sur la loi, & sur plusieurs ordonnances confirmatives. Cet arrêt est confirmatif d’une telle sentence du Juge inférieur. Cette nouvelle est confirmative de celle que j’avois déjà apprise.

En matière bénéficiale, on appelle Bénéfice électif confirmatif, celui pour l’élection duquel il faut la confirmation du Supérieur, comme du Pape ou du Roi. Beneficium quod confirmatione indiget. On prétend qu’un Bénéfice électif confirmatif, peut être résigné par permutation, & que la résignation en peut être admise en Cour de Rome malgré ceux à qui appartient l’élection. Le Roi prétend avoir le même privilège pour les Bénéfices électifs confirmatifs, dont il est le Collateur absolu, vice Ordinarii, & vice Papæ, sauf au Chapitre à exercer son droit d’élection en cas de vacance du Bénéfice par mort.

CONFIRMATION. s. f. Ratification, titre qui rend une chose plus ferme, plus stable. Confirmatio. Le Roi a donné des Lettres à cette ville pour la confirmation de les privilèges. On a taxe les Officiers pour la confirmation d’hérédité.

☞ Il faut remarquer que la confirmation d’un acte nul n’empêche pas qu’on n’en puisse attaquer la nullité. Quod nullum est ipso jure, perperàm & inutiliter confirmatur. Une donation qui n’est pas insinuée, est confirmée inutilement ; un héritier qui feroit quelque acte en conséquence d’une telle donation, ne seroit pas moins en droit d’en attaquer la nullité. De même la confirmation que feroit le Roi, d’un privilège qui ne seroit plus valable, ne donneroit pas plus de force à ce privilège. Quia qui confirmat, nihil dat de novo, sed datum tantùm confirmat. Il n’en est pas de même quand l’acte n’est pas nul de soi, & qu’il s’y trouve seulement quelque défaut qui peut le faire casser ; dans ce cas, si celui qui y a quelque intérêt, l’approuve en quelque façon que ce soit, il n’est plus recevable à s’en plaindre.

Confirmation se dit aussi en matière Bénéficiale de l’acte par lequel le supérieur confirme l’élection de celui qui est pourvu d’un Bénéfice électif, confirmatif. Voyez ces mots & Bénéfice.

Confirmation se dit aussi dans le discours ordinaire, de l’assurance nouvelle & plus expresse d’une chose qui avoit été annoncée comme vraie ; j’attends par le courier la confirmation de cette nouvelle. Nous avons reçu la confirmation de son mariage. Ce que vous dites là a besoin de confirmation. Il est de la prudence d’attendre la confirmation des nouvelles publiques avant que d’y ajouter foi, & d’être en garde contre les tricheries de la renommée. Voyez Confirmer.

Confirmation, en termes de Rhétorique, est la troisième partie d’un discours, dans laquelle l’Orateur doit prouver par loix, raisons, autorités, & autres moyens, la vérité des faits & des propositions qu’il a avancés, soit dans sa narration, soit dans la division. C’est ce que nous appelons preuves & moyens. Cette partie qu’on appelle généralement contention, renferme la preuve de ce que l’orateur a avancé & la réfutation des raisons de la partie adverse.

Confirmation, en Théologie, est un Sacrement de l’Eglise, le second en ordre, qui outre la grâce sanctifiante, confère des graces spéciales pour confesser courageusement la foi de J. C. Confirmationis Sacramentum. La Confirmation est un des trois Sacremens qui impriment caractère ; ainsi il ne peut être réitéré. L’Evêque seul peut donner la Confirmation. La forme de ce Sacrement consiste dans l’oraison qui accompagne l’imposition des mains & dans les paroles jointes à l’onction faite avec le Saint Chrême. On voit encore ici, (Art. XIX.) comme à la conversion de Samarie, deux Sacremens distingués. Le Baptême, qui est donné par d’autres que par les Apôtres, comme par des Prêtres, ou des Diacres : l’imposition des mains, pour recevoir le S. Esprit, c’est-à-dire, la Confirmation, qui ne peut être donnée que par les Apôtres en personne, & par les Evêques leurs successeurs. Fleury. Tertullien dit, dans son Traité du Baptême, qu’au sortir de l’eau nous recevons l’onction, d’où vient le nom de Chrétien ; qu’ensuite on nous impose la main, avec la bénédiction & l’invocation du S. Esprit : où il marque le Sacrement de Confirmation. Id. S. Cyprien, dans sa lettre 73, à Jubaïen, marque très-distinctement la tradition & l’usage de la Confirmation par l’imposition des mains de l’Evêque, depuis les Apôtres jusqu’à lui.

S. Grégoire ayant écrit L. III, ép. 9, à Janvier de Cagliari que les Prêtres ne devoient pas oindre du Saint Chrême au front les enfans baptisés ; mais seulement leur faire l’onction sur la poitrine, laissant aux Evêques à leur faire ensuite l’onction sur le front, quelques-uns en furent contristés. Il répondit donc, qu’il permettoit même aux Prêtres de faire aux baptisés l’onction du Saint Chrême sur le front, au défaut des Evêques ; d’où plusieurs Théologiens concluent que bien que l’Evêque soit le Ministre ordinaire du Sacrement de Confirmation, il n’est pas seul ministre, & que le Prêtre le peut administrer, s’il en a permission. Et Ratramne, en répondant aux Grecs, L. IV, c. 7, ne nie pas que les Prêtres aient ce droit & ce pouvoir ; mais seulement il dit que ce n’est point l’usage. Voyez plus bas ce qui regarde les Grecs. Le Concile de Rouen de 1072, canon 7, ordonne que celui qui donne la Confirmation, & ceux qui la reçoivent, seront à jeun ; & qu’on ne la donnera point sans feu. Apparemment c’étoit pour signifier le feu du S. Esprit, ou pour marquer les langues de feu qui descendirent sur les Apôtres le Jour de la Pentecôte. Dans les commencemens les Evêques la donnoient immédiatement après le Baptême, dont elle étoit en quelque manière la perfection. C’est pourquoi les Pères l’ont appelée la perfection du Chrétien, & l’accomplissement du Baptême. Dans la Confirmation l’Evêque répand le Saint Chrême sur le front des fidèles baptisés, en disant ces paroles : Je vous marque au signe de la Croix, & je vous fortifie par le Chrême du salut. N. Signo te signo crucis, & confirmo te Chrismate salutis, in nomine Patris, &c.

Caucus, Archevêque de Corfou, dans le livre qu’il a écrit touchant les erreurs des nouveaux Grecs, adressé au Pape Grégoire XIII, rapporte entre leurs erreurs celle-ci : qu’ils ne reçoivent point la Confirmation. Mais il s’est trompé ; car non-seulement les Grecs, mais aussi toutes les autres sociétés Chrétiennes d’Orient, mettent la Confirmation au nombre des Sacremens. Ce qui a trompé Caucus, c’est qu’il en a jugé par rapport aux usages des Eglises d’Occident, où ce Sacrement est conféré séparément du Baptême, au lieu que dans toute l’Eglise Orientale on le donne en même-temps que le Baptême. De plus le Prêtre parmi les Grecs administre ce Sacrement, comme on peut le voir dans la Dissertation que Lucas Holsténius a composée sur ce sujet, & que le Cardinal François Barberin a fait imprimer. Ce savant homme assure que cet usage est si ancien dans l’Eglise grecque, que le pouvoir de confirmer est devenu comme ordinaire aux Prêtres, qui ont reçu des Evêques ce pouvoir ; & c’est en ce sens que plusieurs de nos Théologiens latins disent que l’Evêque est le Ministre ordinaire de la Confirmation, mais que les Prêtres la peuvent donner, & l’ont même donnée en l’absence des Evêques, comme Ministres extraordinaires. Le Sacrement de Confirmation est marqué dans les Actes des Apôtres par l’imposition des mains. Les anciens Pères l’ont nommé Chrême & Onction, & encore aujourd’hui les Grecs l’appellent Chrisma, c’est-à-dire, Onction. Cette sainte Onction, dit le Pere Amelote, est un signe religieux qui représente & honore le Fils de Dieu, comme sacré par le S. Esprit, qui demeura en lui dès le premier moment de sa vie. Le Sauveur le déclara lorsqu’il lut cet oracle d’Isaïe dans la Synagogue de Nazareth, & qu’il l’expliqua de sa personne même : L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a sacré de son onction. Luc c. 4, v. 18. Les plus anciens Pères latins ont aussi appelé ce Sacrement Chrisma & Unctio. Les disputes de Petrus Aurelius & du P. Sirmond sur le Sacrement de Confirmation ont fait beaucoup de bruit ; Aurelius eut d’abord un grand nombre d’approbateurs ; mais le sentiment du Père Sirmond doit être préféré ; les plus habiles gens lui ont enfin rendu Justice.

☞ CONFIRMER, v. a. qui a différentes acceptions. C’est en général rendre plus ferme, plus stable en employant un nouveau moyen, un renfort. Firmare, confirmare. Les miracles confirment les premiers fidèles dans la foi. Cela m’a confirmé dans mon opinion, dans mon projet.

☞ On le dit à-peu-près dans le même sens en parlant des droits, des privilèges & autres choses semblables que les Souverains ou Seigneurs continuent à ceux qui en jouissent, en leur accordant de nouvelles lettres. Le Roi a confirmé les droits, les privilèges de telle ville, de telle communauté, de telle compagnie : il les a confirmés dans leurs privilèges, &c. Il y a une nouvelle Ordonnance sur ce sujet qui confirme toutes les autres.

Confirmer, en terme de Jurisprudence, c’est déclarer ou reconnoître un acte valable : reconnoître par un acquiescement à son exécution, ou en ordonner l’exécution par un jugement. Une donation, un testament, &c. sont confirmés ou par un jugement, ou par l’acquiescement des parties. Le Juge supérieur confirme ou infirme une sentence dont est appel.

Confirmer signifie encore avoir recours à une nouvelle preuve, ou au témoignage d’autrui, pour appuyer quelque chose. C’est un renfort qu’on oppose au doute, & donc on appuie ce qu’on veut persuader. Dans cette acception, on le regarde comme synonyme d’assûrer & d’affirmer ; mais ces mots ont leurs nuances particulières. Le trop d’attention à vouloir tout confirmer, rend la conversation ennuyeuse & fatiguante. Les gens impolis veulent quelquefois confirmer par leur témoignage, ce que des personnes fort au-dessus d’eux, disent en leur présence. La bonne manière défend de rien affirmer, que lors qu’on est dans le cérémonial de la justice ; elle ordonne d’avoir soin de confirmer ce qui peut paroître extraordinaire, ou être sujet à contestation ; & elle permet dans le discours, l’air & le ton assûrant, lors qu’on s’apperçoit que les personnes à qui on parle ne sont pas au fait de ce qu’on dit, & n’en jugent que par la contenance de l’Orateur. ☞ On confirme une nouvelle qui avoit été débitée pour vraie, quand on en donne de nouvelles assûrances, des assûrances plus expresses. On confirme un fait, une proposition que l’on a avancée, en apportant de nouvelles preuves, de nouvelles autorités, de nouveaux moyens. Cette lettre confirme la nouvelle de sa mort. Il a confirmé cette vérité par des autorités tirées des Pères de l’écriture.

☞ On le dit aussi avec le pronom personnel. Se confirmer, devenir plus ferme, plus stable, plus solide. Firmari, confirmari. Sa santé se confirme de jour en jour, c’est-à-dire qu’on a tous les jours de nouvelles preuves que sa santé se rétablit de plus en plus. On nous avoit mandé telle chose de l’armée ; mais ce bruit ne se confirme pas.

Confirmer un cheval, terme de Manège. C’est achever de le dresser aux airs du manège.

Confirmer signifie aussi conférer le Sacrement de Confirmation, Sacrement qui fortifie dans la grâce reçue au Baptême. Confirmationis sacrumentum impertiri. Un tel a été confirmé par tel Evêque. Le droit de confirmer n’appartient qu’aux Evêques. Voyez Confirmation, sacrement.

☞ On dit en théologie que Dieu confirme en grace, qu’un Chrétien est confirmé en grace ; pour dire, que Dieu accorde une surabondance de grace, par le moyen de laquelle on persevère dans la justice. Les Apôtres furent confirmés en grace, quand ils eurent reçu le Saint-Esprit.

☞ CONFIRMÉ, ÉE. part. Voyez le verbe.

☞ CONFISCABLE. adj. Qui peut-être confisqué. Fisco addiscendus. Ses biens sont confiscables au Roi. Maucroix.

CONFISCANT. adj. v. terme du Palais, sur qui peut tomber la confiscation. On dit des gens de mainmorte, qu’il faut qu’ils donnent au Seigneur un homme vivant, mourant & confiscant ; pour dire, par la faute duquel le fief puisse être confisqué.

CONFISCATION. s. f. Adjudication qui se fait au profit du Roi ou des Seigneurs Haut-Justiciers, des biens d’un homme condamné à mort. On le dit aussi des biens confisqués. Bonorum alicujus fisco addictio, confiscatio. Il y a des provinces où la confiscation n’a point de lieu, si ce n’est en crime de Lèze-Majesté. Le Roi Jean a accordé ce privilège à l’Aquitaine. Ce crime emporte confiscation. Il a obtenu du Roi la confiscation d’un tel. La confiscation est au profit du Roi quand il y a félonie. S. Louis réunit à la Couronne le Comté de Dreux, ôté par arrêt de confiscation à Pierre de Dreux. La Guyenne, l’Anjou, la Touraine, le Maine, l’Auvergne, sont venus à la Couronne par confiscation. L’Hommeau.

☞ Le mot confiscation vient de celui de fisc qui signifioit autrefois les trésors du Prince & ceux de la République, exprimés par le mot orarium, d’où l’on pourroit dire que les Seigneurs Haut-Justiciers n’ayant point de fisc, la confiscation ne devroit regarder que le Prince.

☞ Cependant ils jouissent de ce droit pour les biens & effets d’un homme condamné à mort naturelle ou civile dans l’étendue de leur seigneurie, & cela en vertu d’anciennes concessions de nos Rois, renouvellées & confirmées dans la suite ; mais sur la confiscation qui appartient aux Seigneurs Haut-Justiciers, l’on adjuge une amende au Roi, pour réparation de l’injure faite au public par le crime du condamné.

☞ CONFISERIE. s. f. L’art de faire des confitures & autres ouvrages en sucre, biscuits, macarons, &c. Conditus, conditura. Cet Officier entend bien la confiserie.

CONFISEUR. s. m. Qui confit, qui prépare des fruits ou autres choses avec du sucre. Conditor. Cet Officier est un excellent Confiseur. Voyez Confiturier.

CONFISQUER, v.a. Adjuger au fisc, ou à ceux qui en ont les droits. Alicujus bona fisco addicere, confiscare. On confisque les corps & les biens des criminels & des rebelles. On confisque au profit des Traitans toutes les marchandises qu’on veut faire passer en fraude, & sans payer les droits établis. Qui confisque le corps, confisque les biens au profit du Roi ou du Seigneur de fief : c’est un axiome du Droit françois, qui veut dire que celui qui est condamné pour crime à perdre la vie, doit aussi perdre les biens ; cependant les veuves de ceux qui sont condamnés, ne perdent point leur douaire, ni leur part des biens de la communauté par le forfait de leurs maris. L’Hommeau.

On dit, en matière de fiefs, qu’un vassal confisque son fief ; lorsqu’il dénie à son Seigneur celui dont il relève, & qu’il ne lui veut pas rendre la foi & hommage ; & alors on dit que le fief tombe en commise. Voyez ce mot.

Confisqué, ée. part.

Confisqué se dit aussi d’un homme dont la fortune est ruinée, ou dont la santé est désespéree. Expression du discours familier. Perditus, eversus, labefactus, confectus. C’est un homme confisqué, qui ne relevera jamais de cette maladie. Sa fortune est confisquée, il a déplu à son maître, il est confisqué.

CONFIT. s. m. terme de chamoiseur. Sorte de cuve où l’on met confire les peaux de mouton, d’agneau & de lièvre. Locus ad moliendas præparandasque pelles idoneus, conditorium. Mettre les peaux au confit.

Confit. Les Marroquiniers appellent aussi confit, l’excrément du chien délayé dans l’eau tiède, dont ils se servent pour la fabrique de leurs maroquins.

CONFITEOR. s. m. Terme latin. Prière qu’on fait avant que de se confesser. Confessio. On la fait aussi dans l’église à la messe, à prime, & à complies en certains offices marqués dans le Bréviaire. On dit aussi à ceux qui sont en danger de mourir, ou qui y sont condamnés, dites votre confiteor.

On a dit aussi populairement d’un homme qu’on doit appliquer à la question, ou à qui l’on fait subir l’interrogatoire : on lui fera dire son confiteor, c’est-à-dire, avouer le fait, dire ce qui en est.

CONFITURE. s. m. Préparation faite avec du sucre ou du miel, qu’on donne aux fruits, aux herbes, aux fleurs, aux racines, ou à certains sucs, pour les rendre plus agréables au goût, ou pour les conserver. Il se dit presque toujours au pluriel. Condimentum, fructus saccharo conditi.

☞ On fait des confitures liquides & des confitures sèches. Les liquides sont des fruits entiers ou divisés, confis dans un sirop liquide, de la même couleur que les fruits qui y ont bouilli. Les sèches sont des fruits qui, après avoir bouilli dans un sirop, ont été égoutés & séchés au four.

☞ On fait aussi des confitures musquées, ambrées, glacées.

Les confitures à mi-sucre, sont celles où l’on met peu de sucre, afin qu’elles conservent davantage le goût du fruit. Il y a une instruction pour les confitures, les liqueurs & les fruits, ou l’on apprend à confire toutes sortes de fruits, &c. Paris 1715, & plusieurs autres depuis.

Confiture, au figuré, vieux mot synonyme à assaisonnement. Condimentum. La confiture d’amitié git en mœurs douces. Amicitiæ condimentum, suavitas morum ; condimenta omnium sermonum facetiæ.

Ce mot vient du latin confectura. Ménage. On trouve dans la basse latinité, confecta dans ce sens. De-là s’est fait confectura, & de celui-ci le nom françois. Confecta vient de conficere, faire préparer, accommoder. Les confitures sont des fruit préparés. C’est dans le même sens qu’on les a aussi appelés dans la basse latinité compositalia. Voyez les notes du P. Papebroch sur les actes des SS. Berthold & Meurie. Jan. T. IV, p. 62.

CONFITURIER. s. m. Marchand qui fait & qui vend des confitures. Conditor. Quelques-uns l’appellent Confiseur. Quelques autres distinguent ces deux mots, & appellent Confiseur, celui qui confit effectivement les fruits ; & Confiturier, celui-là seulement qui en fait commerce.

CONFITURIERE. s. f. Celle qui fait & qui vend des confitures.

CONFLAGRATION. s. f. Incendie générale d’une ville ou de toute autre place considérable. Incendium, exustio, deflagratio. Il y eut de beaux édifices ruinés dans la conflagration de Troye. Néron fit accuser les Chrétiens de la Conflagration de Rome.

☞ Ce terme est peu en usage en ce sens : il paroît restreint à signifier l’embrasement universel qui, selon les livres saints, doit arriver à la fin des siècles, dans lequel la terre sera consumée par un déluge de feu. Encore vaudroit-il mieux se servir, même dans ce cas, d’embrasement, synonyme plus autorisé par l’usage.

Les Payens semblent avoir eu quelque idée de la conflagration du monde, qui arrivera au dernier jour.

Les magnifiques images de nouveaux cieux, & d’une terre nouvelle reformée du cahos après la conflagration, ont effectivement saisi tout le monde. Rousseau.

CONFLANTS, CONFLANS ou CONFLANT. C’est le lieu ou deux rivières se joignent. Confluentes. Voyez Confluent. On a donné en France le nom de Conflant à plusieurs lieux qui sont proche de l’endroit où deux rivières le joignent, situés au confluent de deux rivières. Conflans, bourg au dessus de Paris, à l’endroit où la Marne entre dans la Seine. Conflans-Sainte-Honorine, bourg de l’île de France, à l’endroit où l’Oise se mêle à la Seine. Conflans en Jarnisi, bourg du Duché de Bar en Lorraine, au confluent d’une petite rivière avec l’Orne. Conflant est une des deux Vigueries de Roussillon. Dans la Marche on nomme Confoulens un bourg appelé en latin Confluentes.

Ce nom conflants s’est formé du latin confluentes.

CONFLIT ou CONFLICT. s. m. Choc de plusieurs personnes armées, qui font bien du bruit avec leurs armes. Il vieillit. Conflictus.

Conflit se dit figurément des contestations qui se font dans les procès & dans les disputes de l’école. Il y eut un grand conflit quand on traita cette question. Contentio, controversia, dissidium. Il n’y a rien de plus ordinaire entre deux sectes opposées, qu’un certain conflit de remontrances & de malédictions foudroyées de part & d’autre, qui fait sourire les Lecteurs. Il n’est pas encore usité en ce sens.

Conflit de Juridiction, terme de Jurisprudence. Contestation entre les Officiers de différentes Juridictions qui prétendent respectivement que la connoissance d’une affaire leur appartient. De jure orta contentio. Quand il y a conflit entre deux Juridictions indépendantes, & qui ressortissent devant le même Juge supérieur, on peut s’adresser à ce Tribunal pour faire régler le conflit, c’est-à-dire, pour faire régler dans laquelle des deux juridictions on procédera. Si le conflit est entre deux Cours supérieures, ou entre deux Juridictions qui ressortissent à différens Tribunaux, on le pourvoit au Conseil en réglement de Juges.

CONFLUANT. s. m. Voyez CONVIVANT.

CONFLUENS. s. m. Nom d’une Société établie en Italie par César Bianchetti, neveu du Cardinal Laurent Bianchetti. Confluentes. Ce saint homme établit deux Sociétés de Gentilshommes, qui s’engageoient à procurer l’avancement de la doctrine chrétienne. Les uns, sans demeurer en communauté, s’assembloient à certains jours dans un lieu marqué pour y vaquer aux exercices de piété, & prendre ensemble des mesures touchant l’exécution de leur dessein. On appela ceux-ci Confluenti.

Il établit dans la suite une seconde Société composée de personnes zélées, qui vivans en communauté, concouroient aux pieux desseins des premiers, d’autant plus efficacement, que débarrassés de tout autre soin, ils en faisoient leur unique affaire. Ces seconds furent appelés Conviventi, comme vivans ensemble. P. Hélyot, T. VII, C 22. Ces deux mots sont italiens. Les premiers Confluenti, parce qu’ils s’assembloient à certains jours, & les seconds Conviventi, parce qu’ils vivoient en communauté.

CONFLUENT s. m. Le lieu où deux rivières se joignent, & mêlent leurs eaux. Confluens, confluentes. De ce mot a été fait Conflant, comme le Conflant de Charanton, où la Marne & la Seine se joignent ; Conflant Sainte-Honorine, où l’Oise & la Seine le joignent, & le Coblens des Allemands, où la Moselle entre dans le Rhin. Quand on parle de la jonction & du mélange de deux fleuves, on ne sçauroit dire le conflant ; il faut dire le confluent de deux fleuves. Vaug. Corn.

Nicolas Bergier, dans son Livre des grands chemins, dit que ces sortes de lieux s’appeloient autrefois Condé, d’un vieux mot françois qui est encore en usage en quelques lieux. Voyez Condé.

CONFLUENT, ENTE. adj. Terme dont se servent les Médecins, en parlant de cette espèce de petite vérole, dont les pustules se confondent les unes dans les autres. Voyez Petite vérole, petite vérole discrète.

CONFOLENT, petite ville de France. Confluens. La ville de Confolent est située sur les confins de l’Angoumois, du Poitou & de la Marche. Elle est baignée de la Vienne, qui commence-là à porter bateau. M. De Lisle la place dans l’Angoumois. Dans le pays on prononce quelquefois Confoulant.

Ce nom vient sans doute de Confluens, lieu où deux rivières se joignent, & qu’on appelle communément Conflant, Conflent, & sans doute qu’il a été donné a ce lieu, comme celui de Conflant à bien d’autres, parce qu’en cet endroit il y a quelque petite rivière qui tombe dans la Vienne.

CONFONDRE. v. a. C’est un composé de fondre, qui ne se dit point au propre, mais au figuré. Confundere, perturbare. Je confonds, je confondis, j’ai confondu, je confondrai, que je confonde, que je confondisse, je confondrois, je suis confondu. ☞ Mettre pêle-mêle, brouiller plusieurs choses ensemble. Ce mot emporte toujours un vice d’arrangement, soit naturel, soit artificiel, miscere, confundere.

Le monde n’étoit au commencement qu’une masse grossière, & un cahos épouvantable, où tout étoit confondu. S. Evr. Tous les élémens étoient confondus dans le cahos.

L’âge, qui toute chose efface,
Confond les titres & les noms. Voit.

Les fleuves, par divers canaux,
Apportent à la mer le tribut de leurs eaux,
Et sans y rien changer, se confondent en elle. L’Ab. Tétu.

Confondre signifie aussi ne pas faite distinction entre des personnes ou des choses différentes ; prendre l’un pour l’autre. Alterum pro altero accipere. On confond souvent les deux Sénèques, les deux Plines. Vous confondez Aristote avec Platon. Il ne faut pas confondre le fait avec le droit, les droits spirituels avec les temporels.

☞ Je ne veux point de ces amis qui me confondent dans leur cœur avec tout l’Univers. S. Evr.

Confondre signifie aussi convaincre, réduire à n’avoir rien à répondre. Convincere, os occludere. Ce raisonnement confond mon adversaire. Cette déposition a confondu l’accusé.

Si-tôt que sur un vice ils pensent me confondre,
C’est en me corrigeant que je sçais leur répondre. Boil,

Dieu peut confondre Aman, il peut briser nos fers,
Par la plus faible main qui soit dans l’univers. Racine.

CONFONDU, UE. part. Il a les significations de son verbe, en latin comme en françois.

☞ CONFORMATION. s. f. terme de Grammaire. Arrangement des diverses parties qui composent un corps. Conformatio, constructio. Ce mot, dit M. l’Abbé Girard, ne se dit guère qu’à l’égard des parties du corps animal. Elle naît de leur rapport, & résulte de la disposition qu’elles ont à s’aquitter de leurs fonctions. La nature la produit plus ou moins convenable, selon la concurrence accidentelle des causes physiques.

☞ La forme naît de la construction, & résulte de l’arrangement des parties.

☞ La figure naît du dessein, & résulte des contours de la chose.

☞ La forme est ordinaire ou extraordinaire ; la figure est gratieuse ou désagréable ; la conformation est bonne ou mauvaise.

☞ La tournure de l’esprit dépend de la conformation ; les causes naturelles s’en écartent moins que les arbitraires.

Conformation ne se prend point au figuré, comme figure & forme.

☞ Sous ce point de vue, conformation est aussi un terme de médecine. C’est ainsi qu’on dit qu’une bosse est un vice de conformation. La conformation des membres de cet embryon n’étoit pas assez parfaite pour en faire la dissection.

☞ C’est aussi un terme de physique. Les corps, disent les Newtoniens, réfléchirent les différentes couleurs de la lumière, suivant leur différente conformation, c’est-à-dire, suivant la différente contexture, & la consistence particulière des parties dont ils sont composés.

CONFORME. adj. m. & f. ☞ Qui a la même forme, ou plutôt qui a les mêmes qualités qu’une autre chose. Il ne faut point confondre ce mot avec ressemblant, comme on le fait dans l’usage ordinaire. Conformité dit plus que ressemblance. Une seule qualité qui est la même dans deux sujets différens, suffit pour la ressemblance ; il en faut plusieurs pour la conformité. De plus, conformité ne se dit que des objets intellectuels, ressemblance se dit de tout. Voyez ce mot. Conformis, consentaneus, consentiens. Humeurs, caracteres conformes. Ces deux amis ne vivront pas longtemps ensemble ; leurs humeurs ne sont pas conformes. Toute doctrine qui n’est pas conforme à celle de l’église, est condamnable.

☞ C’est dans le même sens qu’on se sert de ce mot pour marquer le rapport exact, la convenance d’une chose avec nos goûts, notre façon de penser, &c. César choisit la secte d’Epicure, comme la plus douce & la plus conforme à son naturel & à ses plaisirs. S. Evr. Cette femme a fait une action plus conforme à son désespoir qu’à son sexe. Vill. Hécube fait de trop belles réflexions dans Sénèque : elles sont plus dignes de la tranquillité d’un Philosophe, que conformes à l’état douloureux où ses malheurs l’avoient réduite. P. le Bossu. Les hommes ne souffrent qu’avec peine qu’on leur arrache l’estime pour ceux dont l’état est conforme aux désirs de leur cœur. Port R.

☞ On dit au Palais que la copie d’un acte est conforme à son original.

Conforme, en termes de Logique, se dit de la convenance, de la ressemblance exacte d’une idée, ou d’une opération de l’ame à son objet. Conformis, e. Une idée, un jugement n’est vrai qu’autant qu’il est conforme à son objet, c’est-à-dire, autant qu’il le représente tel qu’il est.

CONFORMÉMENT. adv. D’une manière conforme. Congruenter, convenienter. Il a été donné plusieurs déclarations conformément, & en exécution de l’Edit d’un tel jour. On a jugé conformément à la loi, au contrat.

CONFORMER, v. a. Rendre conforme. Accommodare ad aliquid. Un Prédicateur doit conformer sa vie à sa doctrine. La loi du Seigneur conforme les ames à ses instructions salutaires. Pasc. Conformer ses intérêts aux volontés de quelqu’un. Rochef. Il se dit aussi avec le pronom personnel. fingere se, accommodare se. Il faut qu’une femme se conforme aux sentimens de son mari. Ceux qui se conforment à notre humeur, nous gagnent bien plus par cette complaisance d’actions, que par des paroles. M. Esp.

CONFORMÉ, ÉE. part. pass. & adj. Il a les significations de son verbe. Il signifie aussi, qui est d’une certaine conformation naturelle. Ainsi on dit, qu’un corps est bien ou mal conformé, qu’un enfant est bien ou mal conformé pour dire, qu’il est d’une conformation naturelle bonne ou mauvaise. Voyez Conformation.

CONFORMISTE. s. m. & f. Qui est conforme. Il ne se dit qu’en matière de Religion, & signifie en Angleterre celui qui fait profession de la Religion dominante. On appelle Non-Conformistes, en parlant de l’Angleterre, toutes les sectes différentes de celle qui est reçue & autorisée par les loix, c’est-à-dire, de l’Eglise Anglicane, qui ne s’y conforment pas. Alienus, dissidens, dissentiens. Ainsi les Luthériens, les Presbytériens, les Quakers, les Sociniens, les Anabaptistes, &c. sont Non-Conformistes. On a décerné sous Charles II plusieurs peines contre les Non-Conformistes.

Conformiste, (Non) en amour, signifie celui qui pratique l’amour antiphysique. Pæderastes. Voyez Sodomiste.

☞ CONFORMITÉ. s. f. Rapport, convenance qui se trouve entre des choses qui ont les mêmes qualités. Voyez Conforme. Conformitas, convenientia, consensio. Conformité d’esprit, d’humeurs, de caractères, de sentimens. Conformité de Traités.

Conformité à la volonté de Dieu, soumission de sa propre volonté à celle de Dieu qui lui sert de règle.

Conformité. Terme de Logique. Convenance, ressemblance parfaite d’une opération de l’ame avec son objet. Conformitas cum objecto. C’est la conformité d’une idée, d’un jugement avec son objet qui les rend vrais.

Conformité, (Non) en Angleterre, signifie une différence dans le culte de la Religion, refus de se soumettre à la Religion dominante, & aux cérémonies de l’Eglise Anglicane. Abalienatio, dissentio opinionum.

Quelques-uns appellent l’amour des garçons le péché de non-conformité. M. Ménage s’est servi de cette expression, pour parler plus honnêtement. Pæderastia.

On les accusa, (les Templiers) d’avoir des amours abominables, & du crime que l’on appelle en Italie le péché de non-conformité. Beavuval-Basnage.

Conformité, (en) manière de parler adverbiale, pour dire, conformément à. Vous m’aviez donné tel ordre, j’ai écrit, j’ai agi en conformité. Mauvais style de Pratique ou de Commerce.

CONFORT. s. m. Vieux mot, qui signifie aide. Subsidium, auxilium, præsidium. Consolation, soulagement, encouragement. Gloss. sur Marot. Il est encore en usage en cette phrase du Palais. Il est enjoint aux Prevôt des Maréchaux de donner aide & confort aux exécuteurs de cet arrêt.

CONFORTATIF, IVE. adj. Qui fortifie. Remède confortatif. Il est aussi substantif. Ce remède est un grand confortatif. Medicamen corroborans. C’est un terme de Médecine.

CONFORTATION. s. f. Terme de Médecine, pour dire corroboration. Voyez ce mot. Un estomach affoibli a besoin de confortation. Il y a des remèdes pour la confortation des nerfs.

CONFORTEMAIN. Terme de Pratique, qui se dit de certaines Lettres de Chancellerie qu’un Seigneur féodal prenoit autrefois pour rendre sa saisie & exécution du fief de son vassal plus authentique, étant confirmée par l’autorité supérieure ou royale ; mais l’usage en est maintenant abrogé. Regium auxilium beneficiario Dynastæ præditum, in vindicando clientelæ suæ prædio. Le Seigneur qui n’a point de justice, & qui veut saisir, s’adresse aujourd’hui au Juge du lieu où est situé le fief ou l’héritage censuel.

CONFORTER, v. a. Fortifier, rendre plus fort. Corroborare. Il ne se dit guère qu’en Médecine. Ce remède conforte le cœur.

On le dit quelquefois figurément pour encourager, consoler. Il a conforté cet affligé par plusieurs raisonnemens de Morale ; il l’a conforté dans sa disgrace. Il est vieux, & en la place il faut dire, consoler.

Conforté, ée. part.

☞ CONFOULENS ou CONFOLANS. Petite ville de France dans la Marche, aux confins de l’Angoumois & du Poitou, sur la Vienne.

CONFRAIRIE. Ecrivez & prononcez Confrérie.

CONFRATERNITÉ. s. f. Le corps de la Confrérie & relation qu’il y a entre des personnes qui sont du même corps, d’une même compagnie. Sodalitas. Ils sont de la même confraternité. En considération de la confraternité.

CONFRÈRE. s. m. Un des membres d’une Confrérie. Sodalis. Il y a une indulgence plénière pour tous les Confrères.

Confrère se dit aussi des membres d’un même corps ou d’une même compagnie. Deux Conseillers en même Siège sont confrères. Deux Académiciens sont confrères. Deux Médecins, deux Avocats, sont confrères. Les Auteurs sont à présent mes confrères. S. Evr.

Le Médecin Tant-pis visitoit un malade,
Que visitoit aussi son confrère Tant-mieux. La Font.

Confrère se dit aussi parmi les Pères de l’Oratoire. C’est le nom qu’ils donnent chez eux à ceux qui ne sont pas Prêtres. Ainsi ils disent le Confrère un tel est sorti, le Confrère un tel est mort.

CONFRÉRIE & non pas CONFRAIRIES. s. f. Société de personnes qui s’assemblent pour quelques exercices de dévotion, ou pour quelque pratique de piété : comme la Confrérie du Scapulaire, du Cordon de S. François, &c. Sacra Sodalitas, sacrum Sodalitium. Dans tous les Corps d’Artisans il y a des Maîtres de Confrérie, qui s’élisent comme les Jurés. Nulle Confrérie ne peut s’établir sans le consentement de l’Evêque du Diocèse. Il faut de plus de lettres dûement vérifiées.

Confréries, (Les) appelées en latin Sodalitates, tirent leur origine des Payens, comme Polydore Virgile l’a remarqué dans son livre de inventione rerum. Le bon usage que les Chrétiens en font, a purifié tout ce qu’il y avoit d’impur dans une si mauvaise source. On prétend que Numa Pompilius avoit établi dans l’ancienne Rome des Confréries pour tous les Arts & Métiers. Il ordonna des Sacrifices, que chaque profession devoit faire aux Patrons & aux Dieux tutélaires qu’il leur avoit donnés.

Il y a dans Rome une Confrérie qui est appelée l’Archiconfrérie ou la grande Confrérie, sous le titre de Notre-Dame des Suffrages. Elle a été approuvée & confirmée par une Bulle du Pape Clément VIII en 1594. Elle a été établie en faveur des âmes du Purgatoire. Le Souverain Pontife lui a accordé des privilèges excessifs, & qui ne seroient pas reçus facilement en France, quoiqu’elle y ait été reçue, au moins dans quelques villes, & principalement dans le Dauphiné.

Il y a neuf différentes sortes de Confréries en France. 1o. Des Confréries de dévotion. Telle est celle qui fut établie à Paris sous le règne de Louis le Jeune, l’an 1168, composée d’abord de 36 Prêtres, & de pareil nombre de Laïques notables Bourgeois, en mémoire des soixante & douze disciples de J. C. Les femmes n’y furent admises qu’en 1224 que la Reine & plusieurs Dames de piété & du premier rang désirèrent y être reçues. Elle porte encore le nom de Confrérie de Notre-Dame. 2o. Il y en a d’établies pour exercer la charité & les œuvres de miséricorde. 3o. Des Confréries de Pénitens sous différens titres. 4o. Les Confréries érigées à l’occasion des Pèlerinages, comme sont à Paris celles du S. Sépulchre aux Cordeliers ; de S. Jacques, en son Eglise rue S. Denys ; de S. Michel. 5o. Les Confréries établies par les Négocians, pour attirer les bénédictions de Dieu sur leur commerce. Telle fut la Confrérie des Marchands de l’eau, établie à Paris en 1170. 6o Les Confréries des Officiers de Justice, comme celle des Notaires établie à Paris en la chapelle du Châtelet en 1300 ; celle de la Compagnie du Lieutenant-Criminel de Robe-Courte, en l’Eglise de S. Denis de la Chartre, celle de la Compagnie du Guet, en l’Eglise de S. Michel, celle des Huissiers à cheval, & des Sergens à verge, en l’Eglise de Sainte Croix de la Bretonnerie. En quelques villes de Province celle de S. Yves, de laquelle sont tous les Officiers des Présidiaux, Conseillers, Avocats & Procureurs. 7o. La Confrérie de la Passion, dont nous parlerons ailleurs. 8o. Toutes celles des Artisans & des différens Métiers. 9o. Il y a eu des Confréries de factions, qui se couvroient du voile spécieux de la Religion pour troubler l’Ecat. Telles furent celles dont il est fait mention dans le Concile de Montpellier tenu l’an 1214, & dans les Conciles de Toulouse, d’Orléans, de Cognac, de Bourdeaux & de Valence, tenus en 1214, 1234, 1258, 1248 & 1255, & en celui d’Avignon, de 1326. De la Mare, Tr. de Pol. L. II, T. XII, c. 1 & 2.

Une des plus célèbres Confréries est celle qu’on nomme des Pénitens, qui est à Lyon, & dans plusieurs villes de la Provence & du Languedoc. Il n’y a que les hommes qui puissent entrer dans cette Confrérie. Les uns portent un sac blanc, & les autres un sac de toile bleue. La plus célèbre Confrérie qui soit dans Paris est celle de la paroisse de la Madelène, qu’on nomme la grande Confrérie.

CONFRONTATION. s. f. Action par laquelle on confronte, soit des choses, soit des personnes. Diversarum rerum inter se collatio, contentio, comparatio. En matière criminelle, c’est la représentation à l’accusé des témoins qui ont déposé contre lui, laquelle se fait après le recollement. Testium compositio. La contestation en matière criminelle ne commence qu’à la confrontation. Ce procès a été instruit par recollement & confrontation. La confrontation des témoins ne se doit pas faire hors des prisons & de l’auditoire, autrement il pourroit y avoir nullité. Auboux. Dans la confrontation quelquefois on produit au témoin quelqu’un revêtu des habits de l’accusé ou l’accusé même entre trois ou quatre autres personnes, pour voir s’il le reconnoît, mais cela ne se doit faire que rarement & pour de grandes raisons,

☞ Il y a confrontation des complices l’un à l’autre, qui a lieu lorsqu’ils s’accusent l’un & l’autre, ou qu’ils se contrarient dans leurs réponses. C’est ce que les praticiens appellent accuration ou affrontation. Cette confrontation mutuelle de deux accusés d’un même crime ne peut être faite qu’après que tous les témoins auront été récollés & confrontés, parce qu’elle n’est faite que pour éclaircir ce qui peut rester de douteux après le récollement & la confrontation des témoins, & que dans ce récollement & cette confrontation il peut survenir de nouveaux faits & de nouvelles charges, dont il est nécessaire que le Juge soit instruit avant que de procéder à la confrontation mutuelle des accusés.

☞ Dans les inscriptions en faux, on fait confrontation des écritures.

Confrontation se dit aussi de différens passages que l’on confère l’un avec l’autre. Par la confrontation des passages on a trouvé que, &c.

CONFRONTER, v. a. Mettre deux personnes en présence l’une de l’autre, pour éclaircir la vérité de quelque fait qu’ils rapportent différemment. Componere. Deux couriers nous apportent deux avis différens du succès de cette bataille, il les faut confronter ensemble.

Confronter se dit particulièrement en matière criminelle, des témoins que l’on confronte à un accusé, ou des accusés que l’on confronte les uns aux autres. Testes cum reo componere. Les témoins ne sont point confrontés, qu’ils n’aient été auparavant récollés, pour voir s’ils persistent en leurs dépositions.

Confronter se dit par extension des choses que l’on compare les unes aux autres, pour connoître les rapports qu’il y a entr’elles. Conferre, comparare. J’ai confronté ces deux passages de l’Ecriture, & j’en ai trouvé la conciliation.

CONFRONTÉ, ÉE. part. Il a les significations de son verbe, en latin comme en françois. Il n’y a que les témoins confrontés, dont la déposition fasse preuve, & doive être lue lors du jugement. Ecritures confrontées. Copie confrontée à l’original.

Confronté. Terme de Blason, qui se dit lorsque l’écu est parti, & que dans chaque côté il y a deux animaux qui se regardent. Adversi, adversis frontibus. La Colombière l’a confondu mal-à-propos avec afronté.

☞ CONFRONTEMENT. s. m. Ce mot est cité dans Bosnier sur l’Edit de 1670, comme étant de l’Edit de la Chambre de Languedoc du 24 Mars 1662. Il n’est plus en usage.

☞ CONFUS, USE. adj. Ce mot désigne toujours un défaut d’arrangement soit naturel, soit artificiel ; & se dit tant au propre qu’au figuré. Confusus, perturbatus.

☞ On le dit des choses qui sont pêle-mêle, mêlées sans aucun ordre, ou qui ne sont pas à leur place. Le chaos n’étoit qu’un assemblage confus des élémens. Tous ses livres, tous ses meubles sont encore confus à cause de son déménagement.

☞ On dit dans ce sens un bruit confus, un cri confus, formé par plusieurs personnes à la fois. Inconditus.

☞ Ce terme appliqué à l’esprit & à ses productions présente la même idée. Un esprit, un discours confus, une science confuse, où il n’y a point d’ordre, où tout est embrouillé. Les plus sages Payens n’ont eu que des idées confuses de la divinité. Port-R. confus dans leur science, plus confus encore dans l’explication de ce qu’ils enseignent. Bouh.

☞ On dit aussi dans ce sens un bruit confus, incertain, dont on ne sait aucune particularité bien distincte. Les commencemens de la Monarchie Françoise ne fournissent qu’une matière si brute & si confuse, que toute l’adresse de l’art ne suffit pas pour débrouiller ce cahos.

Confus se dit aussi pour honteux & embarrassé, soit que la honte & l’embarras viennent d’une faute commise, soit qu’ils soient l’effet de la modestie. Pudore suffusus. Ce passage formel doit rendre confus les Hérétiques.

☞ On dit par compliment. Je suis tout confus de l’honneur que vous me faites.

Le Renard honteux & confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendroit plus. La Font.

Confus, en Jurisprudence, est synonyme à confondu, réuni. On dit en parlant d’une personne qui réunit en elle les droits actifs & passifs qui concernent un même objet, que ces droits sont confus en sa personne.

CONFUSÉMENT. adv. D’une manière confuse. Confusè, obscurè. J’ai appris cela confusément. J’ai serré tous ses papiers confusément. Les hommes n’envisagent la mort que confusément, & y courent brutalement. Maleb. On fait aisément comprendre par les yeux, ce qu’un long circuit de paroles ne fait entendre que confusément. S. Evr.

CONFUSIBLE. adj. Terme d’Augustin, qui se dit d’un Religieux qui mérite châtiment & consulton. Pudore suffundendus. Il est confusible.

CONFUSION. s. f. Mêlange confus de plusieurs choses. Confusio. C’est un homme peu soigneux, dont les livres, les meubles, les papiers sont en confusion. Tout le peuple marche en confusion aux Processions. Le cahos des Anciens étoit une confusion générale des élémens. Il y a une certaine confusion qui a ses charmes, aussi-bien que l’ordre ; & de plus il ne faut pas appeler confusion, un mélange bien entendu de diverses choses. Vaug.

Confusion se dit encore d’une grande multitude de personnes ou d’une grande abondance de choses. Il y avoit une grande confusion de peuple à l’entrée du Roi. Il y avoit une grande confusion de toutes sortes de gens. On nous a servi une confusion étonnante de mets, de plats.

Confusion signifie aussi désordre qui se trouve dans les choses morales, dans une famille, dans un Etat. Perturbatio. La diversité des Religions met tout en confusion dans un Etat. Les procès mettent de la confusion dans les familles. Il remplit tout de confusion & de troubles. Vaug. Dans les confusions d’une guerre civile, avec une puissance si énorme, un brouillon est à craindre. Patru.

☞ En terme de guerre, confusion signifie désordre, quand les rangs sont rompus, sans pouvoir se rétablir. Tout est perdu quand la retraite se fait en confusion.

Confusion est encore un terme de Droit : il se dit quand on acquiert la propriété d’un héritage sur lequel on avoit une servitude ; de même quand un créancier devient héritier de son débiteur. Courtin. ☞ Ce qui ne peut s’entendre que de l’héritier pur & simple, qui se trouve créancier ou débiteur du défunt auquel il succède. La dette par l’addition de l’hérédité se trouve confuse en sa personne, & l’obligation est éteinte ; parce que personne ne peut être créancier & débiteur de soi-même. Mais cette confusion n’a pas lieu à l’égard de l’héritier bénéficiaire, lequel, nonobstant cette qualité, en cas que les biens de la succession ne soient pas suffisans pour payer les dettes du défunt & les legs, s’il y en a, peut poursuivre le payement de ce qui lui est dû, ou par préférence aux autres créanciers, si la dette est privilégiée ou par concurrence, ou selon l’ordre de son hypothèque & par préférence aux légataires. La raison est que l’effet du bénéfice d’inventaire est d’empêcher que la qualité d’héritier ne préjudicie à celui qui a eu recours à ce bénéfice.

☞ Il y a confusion de droits & d’actions toutes les fois qu’une même personne réunit en elle les droits actifs & passifs qui concernent le même objet. Par exemple, quand le propriétaire du fief dominant devient propriétaire du fief servant, &c.

Confusion se dit aussi de la chose confondue. Confusio. Eutychès soûtenoit la confusion des natures divine & humaine, en Jesus-Christ, & que la nature humaine avoit été absorbée & engloutie par la nature divine. Claude.

Confusion de lumière, terme d’Astronomie. Confusio luminis. Il se dit lorsqu’une planète se joint à une autre, & qu’auparavant qu’elle y soit jointe, une troisième, par un mouvement rétrograde, vient se mettre entre deux.

Confusion, dans le langage des anciens Chimistes, est synonyme à solution & dissolution. Voyez ces mots. Les Chimistes modernes entendent par ce mot, mélange de plusieurs substances différentes, qui ne contractent point d’union chimique, telles que les poudres composées, les potions troubles, de façon que ces parties peuvent toujours être séparées par des moyens méchaniques. Enfin quelques-uns entendent par confusion une union intime, une distribution exacte des parties d’un corps confondues parmi les parties de l’autre, de façon qu’elles ne peuvent plus être séparées. L’eau & le vin, différentes liqueurs vineuses, &c. constituent par leur mélange une confusion de cette classe.

dissolution signifie aussi honte. Pudor. Il a eu une grande confusion de savoir qu’on a découvert la trahison qu’il a faire à son ami. J’ai bien de la confusion de recevoir toujours de vos bienfaits. On ne se presque jamais des vices qui ne font point de confusion au dehors. Fléch. Il ne faut pas couvrir ceux qu’on veut corriger d’une confusion qui les irrite, & qui les révolte. De Vill.

Confusion est aussi un terme d’Augustin, qui veut dire, une faute publique qu’on fait en lisant, ou en chantant. Error publicus. Il a fait une confusion à Vèpres.

☞ En confusion. Façon de parler adverbiale, qui signifie ordinairement en désordre, comme quand on dit marcher, se battre en confusion. L’armée se retira en confusion, confuse, inordinatè ; & quelquefois, en abondance, en grande quantité ; comme quand on dit, vous trouverez de tout en confusion. Affatim, affluenter.

CONFUTATION. s. f. terme Dogmatique, qui se dit d’une réponse qui détruit un argument, ou de la partie du discours où l’on répond aux objcections de son adversaire, & où l’on résoud ses difficultés. C’est une partie de la confirmation. Confutatio. Ce mot vieillit, on dit ordinairement réfutation.

CONFUTER. vieux v. a. Détruire les argumens, & les objections d’un adversaire. Confutare, refutare. On dit ordinairement réfuter, du latin confutare.

CONGALI ou CONGAL. s. m. Nom d’homme. Congallus. S. Congal, ou Comgal, Abbé de Benchor, dans le Comté de Donne en Irlande, mourut l’an 601, âgé de quatre-vingt-un ans. Ussedrius, Britan Eccles. Antiq. Il fut le père d’une Congrégation de Religieux très-considérable en Irlande, & que l’Auteur de l’Hist. des Ord. Monast. & Relig. P. II, ch. 20, met au nombre des Chanoines Réguliers.

CONGE. s. m. Vaisseau pour mesurer des liqueurs chez les Romains. Congius. Dioscoride dit que le conge contenoit dix livres d’eau, poids Romain : ce qui revient à six setiers. On voit encore à Rome dans le Palais Farnèse le conge de Vespasien, avec une inscription. Il peut servir de règle pour s’assurer des mesures anciennes, & de la proportion qu’elles avoient avec les nôtres. M. Peiresc en fit faire à Rome une copie, que l’on garde à Paris à Sainte Geneviève. Lancelot.

☞ CONGÉ. s. m. signifie en général permission que donne un supérieur à un inférieur qui le dispense de quelque devoir auquel il étoit obligé envers lui. Potestas, venia. Un Moine ne peut sortir du Couvent sans le congé de son supérieur ; un mineur ne peut se marier sans le congé de ses parens. Une femme ne peut s’obliger sans le congé de son mari, sans la permission, sans l’autorité.

☞ Ménage dérive ce mot de commiatum qu’on a dit pour commentum. Les Italiens disent congedo.

Congé. Permission que donne un maître à son domestique de s’absenter pour quelque temps ; il a accordé à son domestique un congé d’un mois, ou la permission de se retirer pour toujours, ou l’ordre de le faire, en cas de mécontentement. Son maître lui a donné son congé. Missio, dimissio. On le dit aussi de la permission que demande le domestique de se retirer, de quitter son maître. Il a demandé son congé à son maître.

Congé se dit aussi généralement de tout ordre que l’on donne à quelqu’un de se retirer d’une maison, de se désister de quelque prétention. Dimissio. Ce jeune homme recherchoit telle fille en mariage ; mais les parens lui ont donné son congé. On a donné congé à cet écornifleur.

Congé est aussi l’acte ou déclaration que peuvent faire réciproquement le propriétaire d’une maison à son locataire, pour en faire déloger le locataire, ou celui-ci au propriétaire, pour être déchargé des loyers. Dimissio. Il faut donner congé avant les six mois pour une maison entière ; avant les trois mois pour une portion ; & avant les six semaines pour des chambres.

Congé, en termes de Palais, est un Acte donné au défendeur, ou une décharge de l’assignation donnée à la requête d’un demandeur, qui ne comparoît pas pour plaider sa demande. Provocato data missio adversus provocantem non tuentem in jure suam provocationem. On appelle congé de défaut, & de non-comparence, lorsqu’il y a des demandes respectives, & qu’il n’y a qu’une partie qui comparoît. Le congé de défaut se donne à l’appelant qui a été anticipé contre l’anticipant défaillant, parce qu’il est en quelque façon défendeur & demandeur. On a prononcé le congé à l’audience en présence du Procureur. Il y a aussi un congé faute de bailler copie des pièces justificatives de la demande. Il faut faire juger le profit du congé.

Congé d’adjuger est une Sentence ou un Arrêt, qui est rendu sur l’assignation qui est donnée à la partie saisie, par le poursuivant criées, à l’effet de proposer ses moyens de nullité, si aucun il y a, contre les exploits de commandement, saisie-réelle, établissement de Commissaire, signification d’icelle saisie, apposition d’affiches avec pannonceaux Royaux, signification de ladite apposition, Procès verbal des quatre criées, & quatorzaines anciennes & ordinaires & accoutumées, certifications d’icelles, & Sentence ou Arrêt de rapport.

Congé, terme d’Architecture. Adoucissement en portion de cercle, comme celui qui joint le fût à la ceinture de la colonne. C’est la même chose que escape. Voyez Escape.

Congé se dit aussi de l’action d’aller saluer les personnes à qui l’on doit beaucoup de respect, & prendre leurs ordres avant que de partir. Salutem dicere. Les Officiers, avant que de partir pour l’Armée, vont prendre congé du Roi, ou simplement vont prendre congé.

☞ On le dit aussi de l’adieu qu’on dit à ses amis quand on va en campagne. Il partira demain, il prend aujourd’hui congé de ses amis. Je n’ai pas voulu partir sans prendre congé de vous. Inviso te, proficisci nolui.

☞ Quand on dit qu’un Ambassadeur a eû son audience de congé, on entend qu’il a eu la dernière audience publique qu’il devoit avoir avant son départ. Voyez Audience.

Congé, terme de Collège. Jour auquel les classes vaquent, ou l’on ne va point en classe. Dies vacationis, vacatio à scholis. C’est demain congé. Les Ecoliers perdent leur temps, quand les congés sont trop fréquens.

Congé, dans l’Art Militaire. Permission donnée à un Soldat de s’absenter de l’armée, ou de quitter tout-à-fait le service. Missio.

Congé absolu, chez les Romains, mérité par l’âge & le service. Missio justa & honesta. Congé absolu, pour raison de blessures, ou infirmités. Pour malversations, &c. Turpis & ignominiosa missio. Congé accordé sous les Empereurs aux vétérans dispensés de tout, excepté de combattre contre l’ennemi. Exauctoratio. Voyez ce mot & vétéran. Congé accordé aux vétérans qu’on renvoyoit avec la récompense promise, plena missio.

Congé, en termes de Marine, est une Patente qu’un Roi ou une République donnent à leurs Sujets, pour leur permette de naviger, de courir les Mers, faute de la représentation de laquelle on est réputé corsaire. Diploma navigandi potestatem faciens.

Congé est aussi une permission de naviger que doivent prendre tous les vaisseaux qui sortent des ports, soit des Gouverneurs, soit des Juges de l’Amirauté, comme il est enjoint par l’Ordonnance de la Marine. Commeatus. Il faut remarquer qu’on se sert du mot de congé, ou passeport quand on le donne à des sujets ; de sûreté, quand on le donne aux ennemis. Le congé sur les côtes de Bretagne s’appelle Brieux, & on dit, parler aux Hebrieux ; pour dire, demander ce congé. Voyez l’Ordonnance. On dit congé pour sortir d’un port, & permission pour y entrer.

Congé au menu. On nomme ainsi à Bourdeaux les permissions qui sont données aux Marchands par les Commis du grand Bureau des Fermes du Roi, pour faire charger sur leurs vaisseaux qui sont en chargement, des marchandises par le menu, c’est-à-dire, en détail & en petites parties.

Congé d’entrée, est un acquit que les Buralistes délivrent à l’effet de pouvoir enlever des vins ou autres marchandises, & les faire entrer dans la ville. Ces congés qui se donnent aux Postes, s’appellent des laissez-passer.

Congé de remuage. Autre véxation usitée dans les Aides. C’est une permission qu’où obtient au Bureau des Aides, pour faire enlever & transporter les vins d’une cave dans une autre. Il est défendu à tous particuliers d’enlever, ou faire enlever, aucuns vins de leurs caves, celliers & autres lieux, ni de les transporter en d’autres maisons, sans prendre un congé de remuage, à peine de confiscation & de cent livres d’amende. Ordonn. des Aides de 1686.

Congé d’encavement, terme de Commis aux Aides. Permission d’encaver, de mettre du vin dans la Cave. Facultas plena vino dolia in cellam vinariam dimittendi. Il n’a pu montrer son congé d’encavement.

Congé dans les Arts & Métiers. Déclaration par écrit que tout garçon ou compagnon est obligé de prendre du maître chez qui il travailloit, pour justifier qu’il l’a quitté de son bon gré, & qu’il y a rempli l’objet pour lequel il s’y étoit engagé. Il est défendu aux autres maîtres, sous peine d’amende, de recevoir un Compagnon qui ne soit pas muni d’un pareil congé ou certificat.

☞ Aller au congé, c’est aller chez le Maître d’où sort l’Ouvrier qu’on veut engager, pour y prendre les informations nécessaires.

☞ On dit proverbialement, pour boire de l’eau & coucher dehors, on n’en demande congé à personne.

CONGÉABLE. adj. terme de coutumes, qui se dit d’un domaine dont le possesseur est obligé de se dessaisir à la volonté du Seigneur duquel il est tenu, en lui payant ses améliorations. Il y en a beaucoup de cette sorte en Bretagne.

CONGÉDIER, v. a. Donner congé, permission de se retirer. Il se dit des troupes, ce qu’on appelle autrement licentier. Exercitum dimittere, missionem dare copiis. On le dit aussi des compagnies, ou des assemblées. Dimiterre, missum facere. On a congédié le Clergé, les Etats. On a congédié cet Ambassadeur avec de riches présens.

Du Gange dérive ce mot de congeare, terme de la basse latinité. On dit bit autrefois congéer.

Congédier, renvoyer, donner ordre de se retirer. Dimittere. La nécessité l’a contraint de congédier la plus grande partie de ses gens. Cette fille a congédié tous ses amans pour se retirer dans un Cloître.

On dit aussi en Fauconnerie, congédier l’oiseau, quand il n’est plus en état de servir son maître.

Congédié, ée. part. Dimissus.

CONGÉLATION, s. f. terme de Médecine. C’est un nom qu’on a donné à la Catalepsie, à cause que ceux qui en sont attaqués, ont les membres roides & sans mouvement, comme s’ils étoient gelés. Voyez Catalepsie. Col de Villars.

Congélation. M. Félibien écrit ce mot avec deux ll. Action par laquelle une chose est congelée ; & état où sont les liqueurs congelées, fixation d’un fluide par le froid. Voyez Glace. Congelatio. La congélation se fait toujours par le froid, & en cela diffère de la coagulation, qui se fait par d’autres causes.

☞ Quelques-uns confondent mal-à-propos la coagulation avec la congélation. Les blessures des aspics sont mortelles par la prompte congélation qui se fait du sang, qui en empêche la circulation. Il faut dire coagulation, épaississement.

Congélation se dit aussi des choses congelées, de certains corps fluides qui viennent à se durcir, par quelque cause que ce soit. On trouve dans les Alpes mille sortes de congélations de toutes sortes de sucs qui sont d’une variété admirable. On s’en sert à orner des grottes.

☞ Les congélations sont des sucs de la terre congelés, dans les montagnes, dans les grottes & dans les cavernes souterainnes. On en apporte du Levant, de Norvège, des Alpes, qui sont d’une variété admirable dans leurs figures. Elles représentent des glaçons, des grappes de raisin, des tuyaux, des colonnes, &c.

☞ Parmi les congélations appelées concrétions cristallines, celles qui sont opaques & qui forment différentes figures rondes & relevées en relief, se nomment Stalagmites.

☞ Les congélations qui croissent en longueur, formant des Cylindres, s’appellent Stalacites. Elles sont transparentes comme l’eau qui les forme, & de diverses figures, souvent unies & pyramidales, différentes en cela des Stalagmites qui sont opaques & toujours rondes. Ce n’est que du spat qui s’attache à la pierre, & se forme au moyen de l’eau qui passe à travers les crevasses des grottes & des carrières. Cette eau s’arrête au haut de la voûte ; elle y paroît suspendue en goutes de figure cylindrique ; & par sa pesanteur, tombe & se coagule en plusieurs couches, dont l’élévation, petit-à-petit, en forme d’arbustes, gagne souvent le haut de la voûte. L’eau qui tombe continuellement augmente le volume de ces congélations, & en varie infiniment les formes.

☞ Dans les caves de l’observatoire, dans l’endroit le plus spacieux, occupé par un gros rocher, on voit des congélations formées par des goutes d’eau qui tombent de la voûte. Cette eau en se filtrant au travers de la roche, se charge dans son chemin d’une matière terrestre & d’un suc pierreux qui se coagule & revêt la pierre par où elle passe. Toute la voûte en est tapissée. Ces goutes en se coagulant se sont alongées d’un pouce avant de tomber. L’eau qui gagne le bas va se perdre sans causer aucun changement.

☞ Tournefort dit que ce n’est point l’eau qui forme ces congélations ; mais que ce sont des pierres & des marbres qui ont un germe, & qui végètent comme les plantes.

L’Académie de Florence a fait plusieurs expériences sur les congélations artificielles. Elle les explique fort nettement dans ses Saggi di naturali ezperienze, & voici les remarques qu’elle fait : on met le liquide que l’on veut congeler dans une phiole de verre. Lorsque l’on plonge la première fois cette phiole, au moment qu’on la touche, on remarque dans le cou de la phiole un petit soulévement du liquide, mais qui se fait très-vîte. Ensuite le liquide se retire dans la phiole, par un mouvement très-réglé, & d’une médiocre vîtesse jusqu’à un certain point, où il reste en repos, autant que les yeux en peuvent juger. Ensuite on le voit peu-à-peu recommencer à s’élever, mais par un mouvement très-lent, & qui paroît toujours égal. Après quoi, sans aucune accélération proportionnelle, il fait subitement un saut si rapide, qu’il est impossible de le suivre des yeux, & comme cette impétuosité furieuse commence en un instant, elle finit de même en un instant, & après cette rapidité si grande, le liquide prend un mouvement à la vérité fort vîte, mais incomparablement moins que le précédent, & continue ainsi à s’élever, & quelquefois même jusqu’au haut du cou de la phiole, & jusqu’à en sortir. Pendant tout le temps que ces choses se passent, on voit par fois venir sur l’eau de petits corpuscules d’air, ou d’une substance encore plus subtile, tantôt en plus grande quantité, & tantôt en moindre ; mais cette séparation ne commence que lorsque l’eau a pris un grand froid, comme si ce degré de froid avoit la faculté de séparer ces parties, & de les faire sortir de l’eau. Or, tous ces accidens sont toujours arrivés de la même manière, & toutes les fois qu’on a répété l’expérience. Du reste ayant examiné avec soin quel étoit le temps précis de la congélation, & pour cela ayant souvent un peu retiré la phiole de la glace, ou quelque soigneusement qu’on ait fait l’observation, on n’a jamais pu remarquer la moindre veine de glace, mais la ligueur a toujours paru ou toute fluide ou toute