Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CONFIRMATION

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 792-793).
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CONFIRMATION. s. f. Ratification, titre qui rend une chose plus ferme, plus stable. Confirmatio. Le Roi a donné des Lettres à cette ville pour la confirmation de les privilèges. On a taxe les Officiers pour la confirmation d’hérédité.

☞ Il faut remarquer que la confirmation d’un acte nul n’empêche pas qu’on n’en puisse attaquer la nullité. Quod nullum est ipso jure, perperàm & inutiliter confirmatur. Une donation qui n’est pas insinuée, est confirmée inutilement ; un héritier qui feroit quelque acte en conséquence d’une telle donation, ne seroit pas moins en droit d’en attaquer la nullité. De même la confirmation que feroit le Roi, d’un privilège qui ne seroit plus valable, ne donneroit pas plus de force à ce privilège. Quia qui confirmat, nihil dat de novo, sed datum tantùm confirmat. Il n’en est pas de même quand l’acte n’est pas nul de soi, & qu’il s’y trouve seulement quelque défaut qui peut le faire casser ; dans ce cas, si celui qui y a quelque intérêt, l’approuve en quelque façon que ce soit, il n’est plus recevable à s’en plaindre.

Confirmation se dit aussi en matière Bénéficiale de l’acte par lequel le supérieur confirme l’élection de celui qui est pourvu d’un Bénéfice électif, confirmatif. Voyez ces mots & Bénéfice.

Confirmation se dit aussi dans le discours ordinaire, de l’assurance nouvelle & plus expresse d’une chose qui avoit été annoncée comme vraie ; j’attends par le courier la confirmation de cette nouvelle. Nous avons reçu la confirmation de son mariage. Ce que vous dites là a besoin de confirmation. Il est de la prudence d’attendre la confirmation des nouvelles publiques avant que d’y ajouter foi, & d’être en garde contre les tricheries de la renommée. Voyez Confirmer.

Confirmation, en termes de Rhétorique, est la troisième partie d’un discours, dans laquelle l’Orateur doit prouver par loix, raisons, autorités, & autres moyens, la vérité des faits & des propositions qu’il a avancés, soit dans sa narration, soit dans la division. C’est ce que nous appelons preuves & moyens. Cette partie qu’on appelle généralement contention, renferme la preuve de ce que l’orateur a avancé & la réfutation des raisons de la partie adverse.

Confirmation, en Théologie, est un Sacrement de l’Eglise, le second en ordre, qui outre la grâce sanctifiante, confère des graces spéciales pour confesser courageusement la foi de J. C. Confirmationis Sacramentum. La Confirmation est un des trois Sacremens qui impriment caractère ; ainsi il ne peut être réitéré. L’Evêque seul peut donner la Confirmation. La forme de ce Sacrement consiste dans l’oraison qui accompagne l’imposition des mains & dans les paroles jointes à l’onction faite avec le Saint Chrême. On voit encore ici, (Art. XIX.) comme à la conversion de Samarie, deux Sacremens distingués. Le Baptême, qui est donné par d’autres que par les Apôtres, comme par des Prêtres, ou des Diacres : l’imposition des mains, pour recevoir le S. Esprit, c’est-à-dire, la Confirmation, qui ne peut être donnée que par les Apôtres en personne, & par les Evêques leurs successeurs. Fleury. Tertullien dit, dans son Traité du Baptême, qu’au sortir de l’eau nous recevons l’onction, d’où vient le nom de Chrétien ; qu’ensuite on nous impose la main, avec la bénédiction & l’invocation du S. Esprit : où il marque le Sacrement de Confirmation. Id. S. Cyprien, dans sa lettre 73, à Jubaïen, marque très-distinctement la tradition & l’usage de la Confirmation par l’imposition des mains de l’Evêque, depuis les Apôtres jusqu’à lui.

S. Grégoire ayant écrit L. III, ép. 9, à Janvier de Cagliari que les Prêtres ne devoient pas oindre du Saint Chrême au front les enfans baptisés ; mais seulement leur faire l’onction sur la poitrine, laissant aux Evêques à leur faire ensuite l’onction sur le front, quelques-uns en furent contristés. Il répondit donc, qu’il permettoit même aux Prêtres de faire aux baptisés l’onction du Saint Chrême sur le front, au défaut des Evêques ; d’où plusieurs Théologiens concluent que bien que l’Evêque soit le Ministre ordinaire du Sacrement de Confirmation, il n’est pas seul ministre, & que le Prêtre le peut administrer, s’il en a permission. Et Ratramne, en répondant aux Grecs, L. IV, c. 7, ne nie pas que les Prêtres aient ce droit & ce pouvoir ; mais seulement il dit que ce n’est point l’usage. Voyez plus bas ce qui regarde les Grecs. Le Concile de Rouen de 1072, canon 7, ordonne que celui qui donne la Confirmation, & ceux qui la reçoivent, seront à jeun ; & qu’on ne la donnera point sans feu. Apparemment c’étoit pour signifier le feu du S. Esprit, ou pour marquer les langues de feu qui descendirent sur les Apôtres le Jour de la Pentecôte. Dans les commencemens les Evêques la donnoient immédiatement après le Baptême, dont elle étoit en quelque manière la perfection. C’est pourquoi les Pères l’ont appelée la perfection du Chrétien, & l’accomplissement du Baptême. Dans la Confirmation l’Evêque répand le Saint Chrême sur le front des fidèles baptisés, en disant ces paroles : Je vous marque au signe de la Croix, & je vous fortifie par le Chrême du salut. N. Signo te signo crucis, & confirmo te Chrismate salutis, in nomine Patris, &c.

Caucus, Archevêque de Corfou, dans le livre qu’il a écrit touchant les erreurs des nouveaux Grecs, adressé au Pape Grégoire XIII, rapporte entre leurs erreurs celle-ci : qu’ils ne reçoivent point la Confirmation. Mais il s’est trompé ; car non-seulement les Grecs, mais aussi toutes les autres sociétés Chrétiennes d’Orient, mettent la Confirmation au nombre des Sacremens. Ce qui a trompé Caucus, c’est qu’il en a jugé par rapport aux usages des Eglises d’Occident, où ce Sacrement est conféré séparément du Baptême, au lieu que dans toute l’Eglise Orientale on le donne en même-temps que le Baptême. De plus le Prêtre parmi les Grecs administre ce Sacrement, comme on peut le voir dans la Dissertation que Lucas Holsténius a composée sur ce sujet, & que le Cardinal François Barberin a fait imprimer. Ce savant homme assure que cet usage est si ancien dans l’Eglise grecque, que le pouvoir de confirmer est devenu comme ordinaire aux Prêtres, qui ont reçu des Evêques ce pouvoir ; & c’est en ce sens que plusieurs de nos Théologiens latins disent que l’Evêque est le Ministre ordinaire de la Confirmation, mais que les Prêtres la peuvent donner, & l’ont même donnée en l’absence des Evêques, comme Ministres extraordinaires. Le Sacrement de Confirmation est marqué dans les Actes des Apôtres par l’imposition des mains. Les anciens Pères l’ont nommé Chrême & Onction, & encore aujourd’hui les Grecs l’appellent Chrisma, c’est-à-dire, Onction. Cette sainte Onction, dit le Pere Amelote, est un signe religieux qui représente & honore le Fils de Dieu, comme sacré par le S. Esprit, qui demeura en lui dès le premier moment de sa vie. Le Sauveur le déclara lorsqu’il lut cet oracle d’Isaïe dans la Synagogue de Nazareth, & qu’il l’expliqua de sa personne même : L’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a sacré de son onction. Luc c. 4, v. 18. Les plus anciens Pères latins ont aussi appelé ce Sacrement Chrisma & Unctio. Les disputes de Petrus Aurelius & du P. Sirmond sur le Sacrement de Confirmation ont fait beaucoup de bruit ; Aurelius eut d’abord un grand nombre d’approbateurs ; mais le sentiment du Père Sirmond doit être préféré ; les plus habiles gens lui ont enfin rendu Justice.